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Dernière interview pour « Trahisons » avec la comédienne Gaëlle Billaut-Danno !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Emilie Deville

Photo Emilie Deville

Comment nous présenterais-tu « Trahisons » ?

Je dirais que « Trahisons » est plus qu’une comédie dramatique classique .C’est une pièce intrigante, originale dans sa construction et dans sa forme et universelle dans son propos car elle dissèque l’humain dans toute sa complexité, en particulier quand il s’agit d’amour.

Quelle est l’histoire d’Emma de ton personnage ?

Tout d’abord, il est important de resituer le parcours d’Emma dans l’époque. Tout se passe entre 1968 et 1975. 1968 est une année charnière pour la société et pour les femmes en particulier car cette année-là, beaucoup de repères sociaux explosent. Avoir ce contexte historique en tête m’est apparu un axe très important quand j’ai commencé à travailler le personnage d’Emma. Car à cette époque, la femme entrevoie de nouvelles perspectives de vie sur tous les plans : intellectuellement, sentimentalement, socialement. Pour moi Emma a reçu de ses parents un exemple de modèle familial bourgeois classique où la femme est à la maison, ne travaille pas et élève les enfants. Quand elle rencontre Robert elle est pleine de ce schéma et n’en envisage pas d’autres. Emma épouse Robert car c’est un homme brillant et rassurant, ils se rencontrent jeunes et elle projette sur lui l’image même qu’elle pouvait avoir de son père et du mari solide. Elle l’aime aussi bien sûr. C’est indéniable. Puis arrive la rencontre avec Jerry qui fait voler en éclats ses repères. Et ça lui plait ! Comme dans la société à cette époque, quelque chose de nouveau s’ouvre chez elle !!Et elle choisit de s’y engouffrer. Jerry pose un autre regard sur elle. Elle se sent considérée intellectuellement, valorisée. Il la révèle aussi à elle même sensuellement. Tout au long de la pièce on comprend qu’Emma a continué à se libérer de ses carcans années après années pour devenir une femme plus libre, plus autonome. Bref le parcours d’Emma dans Trahisons est pour moi l’histoire d’une émancipation profonde.

Photo Emilie Deville

Photo Emilie Deville

Quels sont ses traits de caractère les plus marquants ?

Christophe Gand, notre metteur en scène, a insisté sur le côté solaire d’Emma. Pour lui c’était capital qu’elle véhicule cette lumière car c’est cette lumière qui la rend très séduisante. Elle peut aussi parfois être mélancolique mais au fond d’elle-même, elle est portée par une énergie de vie très forte. Elle peut sembler égoïste car sa quête d’elle-même passe avant tout et elle peut parfois ne pas être consciente des dégâts qu’elle fait en vivant sa mue. Mais c’est quelqu’un de positif, de joyeux, de passionné et qui croit en la possibilité d’une évolution, d’une concrétisation d’une autre vie. Elle veut tout au fond : la sécurité, la reconnaissance intellectuelle, l’exaltation physique, une famille, un travail…finalement, c’est une femme moderne, non ?

As-tu des points communs avec Emma ?

Surement car je suis persuadée que nous ne sommes pas choisis par hasard par un metteur en scène ou un réalisateur. Christophe Gand serait donc plus à même de répondre à cette question. J ‘espère avoir un peu de la lumière d’Emma. Ainsi qu’un désir très fort de m’accomplir tout comme elle. J’ai surement aussi une forme d’égoïsme, fréquent chez les comédiens…C’est vrai que nous sommes assez tournés vers nous-mêmes et nos proches en font souvent les frais en particulier dans les périodes de création (rires).

Photo Emilie Deville

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Que mettrais-tu en avant dans « Trahisons » ?

Je mettrais en avant, plus que le triangle amoureux, le trio humain : trois personnalités fortes qui ont chacune envie de suivre leur propre aspiration, qui se côtoient, qui s’aiment, et qui se débattent avec leurs tourments intérieurs. Et puis bien sûr l’originalité de la construction du récit que vous découvrirez en venant voir la pièce !!

Qui t’accompagnent sur scène ?

J’ai beaucoup de chance. Je suis très bien entourée. Je tiens à remercier tout particulièrement Yannick Laurent qui incarne Jerry car c’est grâce à lui que je suis arrivée sur ce projet. C’est quelqu’un qui a une grande générosité. Sur scène, c’est quelqu’un de très exigeant, de très investi et de très à l’écoute également. De très érudit aussi. Nous échangeons beaucoup. Avant la pièce, je n’avais jamais rencontré François Feroleto qui joue Robert et pourtant, j’ai eu tout de suite l’impression de le connaitre. Peut être que lui dira le contraire (rires) mais il y a des évidences qui se créent avec certains comédiens et c’est le cas avec François. Nous nous sommes reconnus tout de suite dans un registre de jeu commun. C’est aussi quelqu’un qui travaille beaucoup dans la décontraction et c’est très agréable. Tous les trois nous avons une belle complicité sur scène et c’est un plaisir de nous retrouver chaque soir. Je n’oublie pas Vincent (Arfa) qui est aussi une pièce maitresse du puzzle car c’est lui qui nous fait voyager dans le temps. C’est un jeune homme impliqué, délicieux et très prometteur.Bref j’ai la grande chance d’être la seule femme au milieu de ces trois hommes charmants !! Je suis une veinarde.

Photo Alexandre Icovic

Photo Alexandre Icovic

Comment décrirais-tu la mise en scène de Christophe Gand ?

Christophe a une vision très précise de ce qu’il veut faire. Il vient du cinéma et il a donc une vision assez cinématographique de ce qu’il veut donner. C’est quelqu’un de très humble qui est à l’écoute de ses comédiens mais aussi des conseils que certaines personnes avisées peuvent lui donner. Il n’a pas d’ego mal placé. Mais il sait très bien ce qu’il veut au final. C est quelqu’un de très doux et Le travail s’est fait dans la complicité, l’échange, la détente c’était très agréable. Et je pense que ca se sent dans sur le plateau. Son autre grande qualité c’est qu’il sait très bien s’entourer.Sa mise en scène est à son image : délicate, précise, pas prétentieuse, pleine d’humour, de sincérité et d’esthétisme.

Quel serait ton conseil à une femme qui vivrait le même dilemme amoureux qu’Emma ?

(Rires) Comme dit la maxime, les conseilleurs ne sont pas les payeurs et je me garderais bien d’avoir un conseil. Même à mes plus proches amis, je leur dis toujours que je veux bien être une oreille mais je ne veux pas les conseiller sur leurs relations personnelles car c’est toujours très délicat.

Photo Alexandre Icovic

Photo Alexandre Icovic

Dans quel type de théâtre aimes-tu le plus jouer ?

J’adore les grands auteurs. La qualité d’un texte est pour moi un appui, un souffle. J’ai eu l’occasion de jouer de la comédie de boulevard mais je dois dire que c’est moins mon répertoire. Je m’épanouis pleinement dans un théâtre où on défend quelque chose aussi. Et où l’acteur a aussi la place pour faire un vrai parcours et un travail d’incarnation avec son personnage.

Quels sont tes prochains projets ?

Je joue dans la prochaine saison d’« Engrenages » sur Canal +. J’ai aussi deux projets au théâtre pour 2018, une création dont je ne peux pas parler encore et « Meurtre Mystérieux A Manhattan » un Woody Allen avec Virginie Lemoine et Patrick Braoudé, mis en scène par Elsa Royer. Et puis on espère tous que « Trahisons » va poursuivre son joli parcours.

Photo Alexandre Icovic

Photo Alexandre Icovic

Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir découvrir « Trahisons » ?

Je pense que « Trahisons » est une invitation pour le spectateur à entrer dans l’intimité de ces trois personnages. A traverser avec eux un tourbillon émotionnel. Il y a presque à certains moments quelque chose de voyeuriste aussi, qui peut être dérangeant et palpitant à la fois, comme quand on surprend malgré nous une conversation intime à une table voisine…. Alors si vous voulez voir trois personnages s’aimer, se désaimer et se débattre devant vos yeux avec beaucoup de sincérité et de plaisir, vous êtes les bienvenus au Lucernaire !!

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