Rencontre avec Jean-Pierre Mader lors du concert Disco Park 80 !
Il est incontestablement l’un des chanteurs indémodables des années 80, tout le monde a déjà chanté ou dansé sur ses tubes Macumba, Disparue, Un Pied Devant L’Autre…
Jean-Pierre Mader incarne l’accent chantant de Toulouse, l’artiste talentueux et sympathique a répondu à nos questions lors du concert Disco Park 80 organisé à Chatou vendredi dernier.
Un souvenir mémorable car il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir interviewer en tête à tête l’un de ses artistes préférés.
Vous avez commencé votre carrière dans les groupes Tangara puis Les Gaulois, aviez-vous déjà l’envie de vous diriger vers une carrière solo ?
J’ai démarré vraiment simplement au lycée avec des copains, ça s’appelait Tangara, on jouait des petits morceaux à nous que nous avions composés, j’avais donc commencé à composer un peu mais aussi à trouver des riffs de basse.
C’était l’époque où nous écoutions tous religieusement les Stones, les Beatles, Led Zeppelin…
Après, j’ai rejoins Les Gaulois qui était un orchestre de bal, cela a été mon premier contact, ma première inspiration, on jouait tout ce qui passait à la radio.
Je me souviens que l’une des premières chansons que j’ai joué était Lady Lay de Pierre Groscolas à la basse et je devais aussi faire les chœurs, c’est là où je me suis un peu intéressé à la variété française.
J’étais avec une équipe formidable de gens qui aimaient la variété Française, on jouait par exemple les premiers disques de Michel Jonasz ou des Martin Circus.
Toute ma culture de chansons Françaises, je l’ai eu grâce à ce groupe Les Gaulois et aux bals, il faut savoir qu’un certain Francis Cabrel a été le chanteur des Gaulois et moi j’ai écouté des cassettes où Francis Cabrel chantait des morceaux que j’ai joué après, il a fait un radio crochet et c’est comme cela que je l’ai remplacé au chant.
Cela a été une très belle expérience, j’avais 18 ans, j’étais étudiant à Toulouse et tout d’un coup, je partais le week-end avec des gars plus âgés qui avaient 21 ans mais 3 ans à cette époque ça faisait beaucoup, je découvrais une autre vie, celle un peu de patachon et j’adorais vraiment cette époque.
Quelle est l’histoire de votre titre Disparue ?
Disparue est une musique que j’avais au fond d’un tiroir, j’avais composé ce titre avec des sons plus métalliques par rapport à la version que l’on connaît mais je ne trouvais pas les paroles.
Richard Seff, le copain avec qui je travaillais à l’époque et qui avait écrit des tubes pour Mike Brant ou Gérard Lenorman, adorait cette musique mais lui non plus ne trouvait pas les paroles.
Un soir, on est allé voir un film de Costa Gavras qui s’appelle Porté Disparu, c’est l’histoire un peu politico d’une fille qui se fait enlever, j’ai trouvé le film génial et en sortant on a chantonné fille perdue, ça n’allait pas et tout d’un coup il m’a chanté à l’oreille disparue.
Ca a fait tilt, on a changé mon riff de synthé très métallique par un son de bandonéon, ça s’est passé dans une Argentine un peu imaginaire, très bande dessinée.
C’est une histoire qui fonctionne à deux niveaux, l’enlèvement politique, la Ford Falcon, la police secrète…mais aussi pourquoi pas une histoire d’amour où je cherche cette fille un peu partout et je ne la reverrais jamais.
En enregistrant Macumba, sentiez-vous que le titre allait autant marcher et de ce fait devenir incontournable ?
Franchement non car Macumba a plusieurs histoires.
La moitié de la chanson jusqu’au refrain avait été composée pour Philippe Lavil à l’époque de son titre Il Tape Sur Des Bambous, j’étais musicien à Toulouse et je connaissais son producteur Jean Mareska qui était vraiment un mec adorable, je lui avais passé la maquette que j’avais fait moi tout seul, il l’avait gardé pour l’album car Philippe trouvait ce titre intéressant mais tout compte fait l’un dans l’autre ils ne l’ont pas gardé.
Je leur avais fait ce qu’on appelle un yaourt , ce n’était pas la peine de faire un texte puisque je savais qu’ils travaillaient avec un grand auteur populaire Didier Barbelivien, je crois que je l’avais fait plus ou moins en Espagnol.
C’est après avoir fait Disparue que Richard Seff m’a dit de me rappeler de ce titre que j’avais fait et qu’il aimait bien, on l’a retravaillé dans l’esprit de Disparue, c’est alors que nous avons trouver ce refrain un peu plus new-wave et ce son de cuivre synthétique.
A l’époque, on était tous plus ou moins fans d’Etienne Daho et mon producteur m’avait dit tu n’as qu’à faire comme Daho et aller enregistrer à Londres.
Au lieu d’aller à Londres, j’ai préféré aller enregistrer à Rimini pour finaliser le morceau.
Je sortais pas mal et j’écoutais beaucoup de maxis, c’est moi qui ai eu l’idée en premier de travailler avec des DJs Italiens.
Quatre jours après, on arrivait la bas pour mixer et remixer Macumba et on a fait le maxi, j’ai vraiment commencé à me brancher à l’Italodisco qui mine de rien est une des composantes de mon son et du coup j’ai ouvert la brèche sur Rimini et l’Italodisco en France.
Comment s’est faite la rencontre avec Françoise Hardy qui a écrit votre tube En Résumé En Conclusion ?
Ca s’est fait au sein de ma maison de disque car elle avait signé chez Flarenasch et on m’avait demandé une mélodie pour son album Vibrations.
Je lui avais chanté une chanson sur son répondeur qui est devenue Dire Tout, elle m’a dit qu’elle écoutait tout le temps le morceau qu’elle adorait mais elle ne trouvait pas les paroles et puis un jour elle m’a laissé un message et elle avait trouvé le début de la chanson, est-ce que l’on peut dire tout quand on est en couple, les non-dits, c’était vraiment bien et cette chanson figure sur l’album.
Un peu par courtoisie mais aussi par envie, je lui avais dis peut-être qu’un jour vous me ferez un texte.
Nous avions un ami commun Jean-Noël Chaléat qui a travaillé avec Alain Chamfort ; un jour, Françoise m’a proposé En Résumé En Conclusion, Jean-Noël est venu à la maison, on a fait la maquette et on l’a enregistrée.
C’est tout simple en fait, ce sont des rencontres qui se font.
Et pour la petite anecdote, pour une émission télé où Françoise chantait Dire Tout, ils cherchaient un clavier et je l’ai fait, j’ai donc été musicien pour elle pour Sacrée Soirée.
Vous êtes également producteur et réalisateur, pour qui avez-vous travaillé ?
Quand les années 80 se sont achevées, j’ai sorti un bel album intitulé J’Aère qui n’a pas du tout marché, il y avait notamment Ici Ou Ailleurs, des choses un peu particulières, peut-être un peu trop compliquées, le public n’a pas suivi et les médias moyennement, j’ai donc décidé de faire une pause.
J’ai eu la chance d’avoir une copine qui fonctionnait beaucoup en Allemagne, Ute Lumper, j’ai fais son album en Français où il y avait notamment son duo avec Art Mengo intitulé Parler D’Amour dont j’ai fait les arrangements et la production.
Le téléphone a résonné pour autre chose, j’ai pu collaborer avec des artistes comme Michel Fugain, Bernard Lavilliers, Serge Regiani, Philippe Leotard, un très bon groupe tzigane Les Yeux Noirs…
J’ai fait plein de choses pendant dix ans et sans m’en apercevoir j’ai du produire ou arranger une vingtaine ou une trentaine d’albums de variété Française.
Cela m’a permit de rester assez frais, si bien que quand je suis revenu dans ces années 80, je n’avais pas rechanté depuis 10/15 ans, on aurait dit un débutant mais je crois que j’ai gardé en moi cette fraîcheur.
Comment définiriez-vous votre évolution artistique ?
Je dirais que c’est un peu chaotique, voir atypique mais c’est quelque chose qui me ressemble assez, je suis allé de quelque chose de très populaire sans le savoir vers quelque chose de plus pointu qui m’a fait perdre le public populaire, après j’ai pu redevenir musicien et tout d’un coup ça s’est de nouveau rélargit maintenant peut-être pour les bonnes raisons.
C’est vraiment la période que je préfère !
Que ressent-on devant la frénésie du public lors de tournées comme celles de Stars 80 ou celle provoquée par le concert Disco Park 80 ?
C’est une vraie renaissance et je ressens beaucoup de plaisir.
L’idée est de se dire qu’on a beaucoup de chance car nous sommes des privilégiés dans cette génération là, il n’y aura pas des musiciens qui démarreront comme moi à 18 ans et qui à plus de 50 ans feront encore de la musique.
Je ressens vraiment l’empathie que me donne le public, je trouve ça super ; quand j’arrive sur scène, les gens chantent la chanson à ma place, je me dis c’est quand même formidable.
Dans les aéroports, les gens sont gentils, ils viennent me voir.
Je vis cette période en me disant que c’est peut-être la dernière fois que je fais ça car j’avance en âge et je me dis que c’est quand même formidable d’avoir vécu ça car c’est un retournement de situation auquel je ne m’attendais pas du tout.
Quelle serait votre plus beau souvenir artistique des années 80 ?
Il y en a pas mal mais je vais t’en donner un quand même, ce n’est pas vraiment un souvenir artistique mais ça y touche.
Un jour, je faisais l’émission Champs-Élysées présentée par l’ami Michel Drucker, j’arrive un peu en avance de peur d’être en retard, bien évidemment le Toulousain, le provincial.
Tout d’un coup, je vois un gars très gentil, c’est George Michael qui venait de sortir son 45 tours en solo Careless Whisper, il me demande si ça ne me dérangeait pas qu’il passe avant moi pour la répétition.
Il a du me trouver sympa car il m’a demandé s’il pouvait rester pour ma répétition et j’ai donc chanté Macumba avec le même matos devant George Michael qui était attentif.
Il a eu la gentillesse de me dire qu’il avait trouvé cela formidable, Wonderful.
Ca c’est super et ça fait partie de mes highlights.
Avez-vous des projets musicaux actuellement ?
Oui, si on veut car mine de rien beaucoup de projets se télescopent.
On reprend la tournée Stars 80 le 20 octobre pour plus de 35 dates archi complètes partout, on va finir à Bercy le 20 décembre et on va offrir au 3 millionième spectateur ; ce qui n’est pas rien ; un voyage à Las Vegas pour aller voir d’autres spectacles que le notre.
La tournée m’occupe donc pas mal, il va y avoir sûrement la préparation d’un second film Stars 80 qui d’ailleurs va passer sur TF1 le dimanche 13 septembre, ce qui est encore un témoignage de confiance que nous fait la chaîne en nous diffusant comme film du dimanche soir.
Ensuite, il est question d’un album tous ensemble, de façon collégiale, il faut trouver une idée, quelque chose qui se rapprocherait un peu du Magical Mystery Tour des Beatles, il faudrait trouver un lieu ou une ambiance qui nous permettrait de composer soit en duo soit en trio afin de pouvoir faire une sorte de mini comédie musicale.
On voudrait vraiment trouver une idée directrice pour ne pas s’éparpiller et rester dans une unité de temps et de lieu.
On aimerait sortir ce disque en 2007, on va essayer !
Si je vous dis Toulouse, vous me répondez ?
En ce moment, je te réponds Cats On Trees, c’est un groupe qui fonctionne très bien et je suis ravi de voir des jeunes arriver.
Toulouse est vraiment une ville ouverte, c’est un lieu formidable, je m’y plais beaucoup même si ça ne m’empêche pas d’en partir et je suis toujours heureux d’y revenir.
J’aime cette ville et elle me le rend bien, je le vois dans la rue au contact des gens, ils ont mis du temps à me connaître mais j’ai l’impression depuis quelques années, depuis Stars 80 que la vision des Toulousains a vraiment changé à mon sujet, faire 5 ans dans ce métier c’est facile, 10 ans ce n’est pas évident mais comme nous faire 30 ans et être toujours là, je crois que les gens se sont rendu compte de ce chemin parcouru.