Rencontre avec Anne Roumanoff à l’occasion de son nouveau spectacle Aimons-Nous Les Uns Les Autres !
Votre nouveau spectacle s’intitule Aimons-Nous Les Uns Les Autres, comment nous le présenteriez-vous ?
J’ai essayé de faire un spectacle très ancré dans l’époque actuelle qui parle de la société d’aujourd’hui et de toutes les tensions qu’il y a.
Je pense que nous vivons dans un monde qui est en pleine mutation mais aussi en pleine crise et où il y a plein de changements, il y a des choses horribles mais aussi des choses formidables qui sortent de cela et j’avais envie de parler de ce mélange un peu bizarre.
Dans ce spectacle, j’ai essayé de prendre en compte toutes les questions que l’on peut se poser sur l’avenir au travers de regards un peu différents sur la société Française vue par des gens qui y participent mais aussi de l’extérieur comme par exemple avec la touriste Américaine ou la coach qui travaille sur le développement personnel.
Ce sont des points de vue sur l’époque et aussi comment les gens s’y adaptent.
Quelle est la part de vécu personnel dans ce spectacle ?
En général, il y a toujours une résonance en moi quand j’aborde un thème mais le but n’est pas de raconter ma vie sur scène car je ne pense pas que cela intéresserait les gens.
J’ai la chance de donner des spectacles qui durent longtemps, quand je fais un sketch, il faut que cela m’amuse, que j’ai du plaisir et que j’ai quelque chose à dire sur le sujet mais ce n’est pas nécessairement quelque chose que j’ai vécu, je peux l’imaginer ou l’extrapoler.
Quand je fais mon spectacle, ce que j’aime vraiment c’est m’évader.
L’autodérision, est-ce quelque chose de nécessaire pour être humoriste ?
Oui, je pense que quand on se moque des autres, la première des politesses est de commencer par soi, on ne peut pas s’exclure des gens de qui on se moque, cela ne serait pas correct.
Qu’est ce qui vous inspire le plus pour écrire des sketchs ?
En fait, cela part souvent des choses qui m’énervent mais aussi des choses qui m’ont touché ou ému.
Lorsque j’écris un sketch, c’est toujours sur quelque chose qui ne m’a pas laissé indifférente.
On ne fait pas rire avec le bonheur, on fait rire avec les problèmes.
Y-a-t-il des sujets sur lesquels vous vous auto-censurez ?
Non, je ne pense pas.
Je me cale sur les réactions du public, si je veux faire rire sur quelque chose et que le public ne rit pas, je ne vais pas insister, la chose principale est d’être comprise par le public.
J’ai déjà jeté deux ou trois sketchs car je ne les trouvais pas assez drôles ou parce que le public ne réagissait pas comme je l’aurais souhaité, on peut aussi avoir des surprises, des choses qui me font moyennement rire mais sur lesquelles les gens explosent de rire.
Vous faites rimer humour et amour, est-ce que ce sont vos deux moteurs dans la vie ?
Je ne sais pas si l’humour est mon moteur car dès fois j’en manque (rires).
Je dirais qu’au lieu d’être mon moteur, l’amour est mon essence, c’est ce qui aide à avancer dans la vie.
Quelle est votre point de vie sur la Tv réalité présente dans votre spectacle ?
Je le dis dans ce spectacle ; ce qui me frappe c’est plus la manipulation des gens normaux pour en faire des objets télévisuels et je pense que c’est quelque chose dont le public est très conscient et c’est pour cela que le public rit tellement à ce sketch.
J’incarne une productrice un peu cynique qui est prête à tout pour avoir les images dont elle a besoin, ce qui est souvent le cas dans ces émissions là, je les comprends mais je pense que le public est de moins en moins dupe et c’est une bonne chose.
D’où vous est venue l’idée de cette fable politique façon Jean De La Fontaine ?
J’ai toujours aimé Jean De La Fontaine et j’avais envie de trouver une manière de parler de politique de façon différente et donner un autre éclairage.
J’ai transformé les hommes politiques en animaux et c’est un texte qui a beaucoup de succès, je l’avais fait dans mon précédent spectacle et dans Aimons-Nous Les Uns Les Autres je l’ai mis en rappel car les gens me le demandaient.
Vous êtes diplômée de Sciences Po Paris, quel a été le déclic pour devenir humoriste ?
J’ai voulu être comédienne dès l’âge de 12 ans, j’ai pris des cours des théâtres et j’ai fais Sciences Po pour gagner ma vie si je n’y arrivais pas.
Ce n’était pas un but en réalité, ce qui m’intéressait était le fait que ces études duraient 3 ans et qu’il n’y avait pas de mathématiques, j’aimais beaucoup l’histoire et la géographique et je dois dire que j’ai choisi ces études plus par élimination que par intérêt profond.
Quelle sont vos références dans l’humour ?
Je ne sais si j’ai vraiment des références, je suis plutôt à l’affût de ce qui se passe, des nouvelles personnes qui apparaissent, des nouvelles manières de faire…
Il n’y a personne que je porte au pinacle.
Je pense que dans l’humour, c’est comme dans la musique, c’est à chacun de créer son propre style, il ne faut pas copier ce qui existe déjà.
Je m’emploie à creuser mon propre style plutôt que d’agir par rapport à des références.
Si je vous dis La Classe, qu’est ce qui vous vient à l’esprit instinctivement ?
La Classe a été la première émission télé qui m’a donné ma chance et qui m’a permis d’être relativement connue à 22 ans et de remplir une salle de spectacle pendant 9 mois.
Je dois beaucoup à cette émission, j’ai du passer un an et demi au Théâtre Des Blancs Manteaux avec mes deux premiers spectacles, c’était une salle de 100 places mais j’ai fait le plein non stop et j’ai pu ensuite passer dans une grande salle.
La Classe a été un vrai tremplin mais je ne rigolais pas tous les jours car l’ambiance était un peu particulière avec beaucoup d’hommes assez macho mais rétrospectivement je me dis qu’il n’y avait pas une si mauvaise ambiance, c’est juste que moi je découvrais le show-biz, la dureté et l’hypocrisie et à l’époque, je n’étais pas spécialement armée pour tout cela.
Qu’est ce que Rouge Vif ?
Rouge Vif est le nom de ma chronique dans Le Journal Du Dimanche, ce n’est pas moi qui ai trouvé ce titre mais je l’aime bien.
On m’a proposé à l’été 2009, c’est un exercice très intéressant et qui m’a aidé à progresser en écriture.
Ce sont des papiers très travaillés car c’est un journal de référence, on fait attention à ce que l’on dit, ce n’est pas comme en radio, les mots sont pesés, il y a des « décideurs » qui les lisent, ça m’a donné une certaine rigueur dans l’écriture.
Ce que je trouve formidable, c’est qu’on me laisse explorer différentes formes pour ces chroniques, aucune ne ressemble à une autre, j’ai une grande liberté d’expression à condition que cela soit drôle et pertinent.
J’apprécie beaucoup cette liberté mais aussi les feedback que l’on me fait car ce sont des chroniques très lues également sur Internet, ces chroniques ont une vie après la parution du journal et cela est très intéressant aussi.
Votre précédent spectacle s’intitulait Anne(Rouge)Manoff, quel est votre rapport à cette couleur ?
C’est anecdotique, c’est une couleur qui est pour moi ma tenue de travail mais dans la vie de tous les jours, je peux m’habiller en noir ou en bleu par exemple.
C’est devenu un code couleur en marketing, je sais que quand je vais des apparitions publiques, je porte des tenues rouges.
Vous êtes partie récemment en tournée Francophones, c’était un peu votre tour du monde, qu’en gardez-vous comme souvenirs ?
Tour du monde, n’exagérons rien (rires).
Pour la première fois, je suis allé à Londres au mois de janvier, à New York, à Miami, à Tunis, aux Antilles…
C’est toujours intéressant de faire voyager un spectacle car les gens ne rient pas forcément aux mêmes endroits.
C’est quelque chose de très chouette mais j’ai trouvé cela un peu surprenant lorsque je me suis rendue aux Etats-Unis, les gens étaient en admiration tout d’un coup alors que je silionne la France depuis des années et que je fais 200 dates dans plein d’endroits, c’est à la limite plus méritant que de faire une date ponctuelle à New York alors que j’ai joué dans une petite salle mais je vais y retourner et j’aime énormément cela !
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Anne Roumanoff - Site officiel de Anne Roumanoff
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