Retrouvailles avec Mary Bach au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son second EP à paraître !
Tu as sorti un premier EP à l'automne 2021, qu'est-ce qui a été le plus souligné sur ce disque ?
Je pense que les thèmes abordés par rapport à l’âge que j’avais et ma voix qui est assez reconnaissable ont été les principales choses qui ont été soulignées. Les textes de ce premier EP étaient assez engagés sur des sujets de société et ce ne sont pas forcément les thèmes de prédilection d'une jeune fille de 21 ans.
Que s'est-il passé pour toi d'un point de vue musical ces trois dernières années ?
Il y a eu beaucoup de scènes ; j’ai fait à peu près une centaine de concerts entre le premier EP et ce qui est en train d'arriver. Je me suis pas mal produite en première partie notamment de Gauvin Sers, Solann, Malik Djoudi, Tim Dup, j’ai accompagné Agnès Jaoui en tournée sur une dizaine de dates et il y a eu aussi des festivals. Par ailleurs, j'ai fait Les Rencontres d'Astaffort et ça a été un tournant très important pour moi car j’y ai rencontré Daran qui est l’arrangeur du prochain EP qui est en train de sortir et je m’y suis découverte moi-même en découvrant les autres.
Peux-tu nous en dire plus sur ton expérience durant ces Rencontres d’Astaffort ?
Il faut savoir que j'avais toujours travaillé toute seule auparavant et me mettre dans la position de créer avec d’autres me faisait peur car il y a forcément un moment de fragilité et de recherche car on ne sait pas vraiment où l’on va ni même ce que l’on va faire alors que pour ma part, je suis très carrée, très droite, je prépare énormément tout car je suis comme ça et j'ai besoin d'être sûre de là où je vais quand je vais faire quelque chose avec d'autres gens. Œuvrer collectivement durant Les Rencontres d’Astaffort a été une perte de repères pour moi mais en même temps, ce mode de fonctionnement m'a permis de m’ouvrir, je me suis beaucoup nourrie de ce que faisaient les autres pour pouvoir, moi-même, avancer et c’est à ce moment-là que la chanson « Étrange Absence » est née et c’est elle qui a amené la couleur de l’EP à venir.
As-tu cherché à affirmer le son de « Du Sens SVP » sur son successeur ou au contraire as-tu suivi de nouvelles directions ?
J'ai suivi de nouvelles directions même s’il y avait déjà des prémices de musique électronique sur mon premier EP notamment dans « Paradoxe Artificiel » et « Tous Ces Fous » qui était un piano-voix assez intemporel dans lequel on amenait quand même de l'électro. Sur mon second disque, j’ai eu envie d'y aller à fond car mon premier EP était un peu un catalogue de tout ce que j'avais écouté dans ma vie et de tout ce que j'aimais mais du coup, je pouvais perdre un peu des gens et même moi, je me suis perdue car à vouloir trop mettre d'influences, on finit par ne plus vraiment savoir vers quelle direction aller complètement. Daran étant quelqu'un qui a vraiment l'habitude de faire des albums à la fois pour lui et pour les autres, il sait qu’il faut trouver une direction précise pour un projet et ne pas la lâcher et dans le cas présent, ça a été le piano et l’Electro. Mon second EP est beaucoup plus défini. On a voulu affiner les choses, trouver une cohérence et donner une couleur commune aux morceaux.
Tu as amorcé l'arrivée de ton second EP avec « Au Sommet », pourquoi ce titre-là plutôt qu'un autre ?
Même si je n’ai pas complètement conscientisé cela, je pense qu’« Au Sommet » est le titre qui fait le plus la jonction entre mon premier EP et le second. Ce morceau est celui où le piano a la plus grande place ; même plus que l'électronique ; parce qu’on s'est servi de l'arrangement piano pour ensuite arranger le reste. Par ailleurs, en termes de thématique, c'est un peu une continuité d'« Alice » qui avait beaucoup marqué les gens.
Quelle thématique abordes-tu dans « Etrange Absence » ?
Cette chanson parle de l'absence du père et du fait que quand quelqu'un n'est pas là, on a tendance à l'idéaliser et en même temps à le voir partout et finalement de par son absence, il est encore plus présent ; il y a une forme d'omniprésence de l'absence.
D'où est venue l'idée d’aborder ce thème ?
Cette chanson est née d’un travail commun avec Sophie Cantier et Maëlydée. A Astaffort, on nous fait travailler sur des leviers d'écriture afin de ne pas commencer sur des feuilles blanches. Le premier jour, ils nous ont distribué des journaux et nous devions y entourer des accroches, des choses qui nous interpellaient et qui pouvaient nous permettre de faire une chanson. Parmi tout ce qui avait été noté sur un tableau, nous avons décidé de travailler sur étrange-absence et je ne sais pas pourquoi ça m'a directement évoqué l'absence du père et les filles m'ont suivie. À ce moment-là, j'étais moi-même dans une situation familiale assez complexe notamment parce que j’étais en train d'arrêter de travailler avec mon père ; avec qui j'ai commencé la musique et grâce à qui je fais de la musique aujourd'hui ; et je pense que c’est ce qui a fait que j'avais besoin de parler de ce thème-là ; un thème plus familial que sociétal comme ceux de mon premier EP.
Peux-tu nous en dire plus sur la mise en image de cette chanson ?
J’ai confié la réalisation de ce clip à Glenn Beauvais ; qui est réalisateur et assistant réalisateur ; que j'ai rencontré sur le tournage d’une série pour TF1 il y a quelques années car je suis aussi un peu comédienne. Glenn est également professeur à Ynov ; une école de cinéma à Bordeaux ; et il m’avait proposé de faire éventuellement un clip ensemble car il avait du matos et des étudiants super motivés. Il n’avait encore jamais rien réalisé mais il avait le souhait de commencer par quelque chose de plus personnel et un clip permet plus de liberté qu'un court ou long car il n'y a pas de son et on n'est pas obligé de raconter une histoire de façon très narrative ; ça peut être beaucoup plus imagé. Le clip d’« Etrange Absence » sera suivi d’un autre à la rentrée car mon prochain titre parlera lui aussi d’absence mais d’une autre façon. C'est une histoire que j’ai écrite moi-même et je suis très contente des moyens mis à ma disposition car le résultat est vraiment très professionnel par rapport à l’artiste indépendante que je suis. Le clip d’« Etrange Absence » illustre l'histoire d'une jeune fille qui est constamment en recherche de quelque chose, elle a un manque à combler, c’est comme une espèce de photo de famille de son existence, elle se perd dans les bras d'inconnus car elle croit reconnaître quelqu'un qui lui manque. La question derrière cela serait comment déconstruire le manque pour pouvoir construire son avenir et arrêter de regarder le passé pour regarder le futur ?
Comment mettrais-tu en parallèle la teneur des textes de tes deux EPS ?
J’ai l'impression que je me mets moins à la place de personnages pour pouvoir parler sur mon second EP, j'utilise peut-être davantage la première personne, je pense que je me cache moins, je parle de sujets qui me touchent personnellement et je les mets peut-être moins en parallèle avec des sujets de société.
Il y a quelques mois, tu as partagé un titre avec Verso, comment est née cette collaboration ?
Nous avions tous les deux bénéficié d’une bourse pour nos projets respectifs et nous nous sommes rencontrés grâce à la SACEM qui organisait des rencontres sur deux jours au Studio des Variétés. Durant ces deux jours géniaux, l’artiste pluridisciplinaire Sandra Nkaké nous a parlé de son métier et nous du notre avec les complications qu'il peut y avoir, ça a servi à tisser des liens entre les auteurs-compositeurs et durant la dernière journée, on a écrit une chanson. Sandra avait enregistré des voix, on était divisé en deux groupes et on devait écrire une chanson ensemble. Pendant ces deux jours, on a aussi écouté tous les projets de tout le monde et fait des retours qui étaient toujours très bienveillants. Malgré le fait que nous évoluons dans des styles extrêmement différents, j’ai trouvé que Verso était très sensible et que sa façon de rapper provoquait beaucoup d’émotion et nous avons eu envie de faire un morceau ensemble. Nous nous sommes retrouvés dans mon studio à la campagne, Verso est venu avec des musiciens, des beatmakers et un ingé son afin de créer deux chansons. La première ; « En Haut » ; était sortie sur l’EP « Eyes On Gaza » et « S.O.S » est un peu dans la continuité mais elle montre une face plus sombre du duo.
Qu'est ce qui lie selon toi toutes les chansons de ton second EP ?
Principalement les textes qui parlent beaucoup de manque, d’absence et d’autodestruction et musicalement, l’électronique et le piano ; c’est le même qui a été utilisé dans tous les morceaux.
Quels sont tes prochains projets ?
Mon prochain titre sortira fin septembre, il sera accompagné d’un clip et il y en aura encore un autre au moment de la parution de l’EP à l’automne. Il y aura du live, je serai notamment en première partie de Daran le 20 septembre à Sortie 13 à Pessac, le 12 novembre à La Manufacture Chanson à Paris et le 22 novembre dans la région bordelaise. Une live session est prévue également. Je vais me diriger vers un projet Electro-Rock et même Techno...La première chanson sortira début 2026 ; un clip a déjà été tourné à Berlin.