Rencontre avec Pierre Welsh au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son album partagé avec Ella de Loria !

Comment est née votre collaboration artistique avec Ella de Loria ?

Nous sommes tous les deux signés chez December Square et nous nous sommes rencontrés lors d’une soirée organisée par le label ; trois artistes étaient programmés dont Ella de Loria et moi-même avec mon groupe. Quelque temps plus tard, nous nous sommes retrouvés par hasard à un événement et comme nous avions bien aimé ce que chacun faisait, Ella m’a proposé d’y chanter en duo sur le titre « Where The Wild Roses Grow » que Nick Cave a interprété en compagnie de Kylie Minogue, il y a eu une bonne alchimie ; nos voix se sont très bien mariées ; et nous avons passé un très joli moment assez émouvant car ce morceau est intense. Comme j'avais des compositions en anglais que j'avais laissées de côté ; puisque je suis passé au français par la suite ; j’ai eu l’idée d’essayer de les faire avec elle à la suite de cette première expérience.

Aviez-vous déjà dans l’idée d’enregistrer un album ou est-il né d’une évidence après un premier duo ?

Quand Ella est venue chanter en studio, nous avons retravaillé les compos déjà existantes, ça a très bien fonctionné humainement et artistiquement et c’est là que je me suis dit que j’allais écrire un album dans la perspective du duo ; c’était un peu différent mais hyper intéressant.

« God, Love, Art & Desire » se termine par un épilogue, cela veut-il dire que ce disque est conceptuel ou en tout cas qu'une histoire y est racontée ?

Oui, il y a un vrai fil conducteur dans cet album. Pour ce disque, j’ai été très inspiré par « Just Kids » le livre de Patti Smith.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans l’histoire de Patti Smith et de Robert Mapplethorpe ?

S’il peut y avoir plein de fils différents autour de cette histoire qui est hyper riche, j’ai surtout été intéressé par ces deux artistes qui créaient chacun de leur côté et qui se sont invités dans l'univers artistique de l'autre tout en le respectant. La relation entre Patti Smith et Robert Mapplethorpe a évolué au fil du temps. Au début, il y a eu une rencontre amoureuse, ils ont vécu ensemble mais au bout d'un moment, Mapplethorpe a découvert son homosexualité, le couple s’est séparé mais ils se sont retrouvés de manière régulière jusqu’au dernier jour de Mapplethorpe. Alors que cette histoire a comme toile de fond le New York hyper violent, hyper agressif et hyper transgressif de ces années-là, il y a un contraste intéressant car je trouve qu’ils ont fabriqué leur petit monde à eux deux comme une bulle de pureté cousue d’un fil d’innocence. Dans ce livre, j’ai adoré tout le questionnement qu’il y a autour de la création et du fait d’être artiste et d’ailleurs dans l’album, il y a un morceau qui n’est qu’une suite d’interrogations comme cela.

Quels thèmes abordez-vous sur cet album ?

En fait, ce sont les thèmes qui ressortent dans le titre de cet album à savoir Dieu, l'amour, l'art et le désir et comment ces différents points cardinaux ; en quelque sorte ; interagissent les uns avec les autres.

Le fait d'y chanter tous les deux vous a-t-il permis de créer des dialogues au sein des chansons ?

Toutes les chansons ne sont pas construites comme des dialogues mais plusieurs le sont. Un morceau comme « Gone » ; par exemple ; est vraiment un dialogue. Quant à « The Ultimate Goal » qui est une succession de questions, Ella pose une question et moi, je réponds par une autre ; c’est une sorte de ping-pong de questions entre nous.

Comment décririez-vous l'univers développé sur ce disque ?

Poétique ; je l’espère ; pur, sincère, esthétique et intense.

Que mettriez-vous en avant chez Ella de Loria ?

Ella était très habitée quand elle a interprété ces chansons et j’ai trouvé cela remarquable. Elle s’est nourrie de ces textes comme si c’était les siens et cela dès le départ. Être capable de transformer la création de quelqu’un d’autre pour qu’elle devienne sienne, c’est la magie des grands interprètes. Son interprétation a emmené les morceaux ailleurs. Par ailleurs, quand elle arrive quelque part, les choses s’illuminent, Ella crée beaucoup d'empathie autour d'elle et les gens ont envie de travailler avec elle. Dans ce projet commun, j’ai apporté la profondeur et Ella la lumière. C’est une très belle rencontre humaine !

Pouvez-vous nous parler de la mise en image de « Damned & Adored » ?

Dans ce clip, il y a un clin d’œil à Mapplethorpe au travers de la fleur car il avait beaucoup travaillé sur la sensualité des fleurs et la sexualité ; d’ailleurs, dans le texte de ce morceau, il est question de sexual flowers à un moment donné.  Le réalisateur a voulu travailler autour de la fleur en matérialisant cette partie du texte, il l’a prise en gros plan de manière extrêmement esthétique ; dans l'esprit de Mapplethorpe ; et pour ma part, j’interprète le fait qu’elle brule comme l’incarnation du désir.

Ce premier pas discographique commun vous a-t-il donné envie d'en créer d'autres ensemble à l'avenir ?

Nous en avons parlé un petit peu, nous avons envie de continuer à travailler ensemble car nous y avons trouvé beaucoup de plaisir mais pour le moment, Ella est partie faire le tour du monde en bateau et je pense que nous allons attendre qu’elle retrouve la terre ferme. Pour le moment, je ne sais pas encore quelle forme cela prendra...Peut-être que nous composerons plus ensemble...

Quels sont vos prochains projets ?

J’aimerais bien refaire des clips avec Le Turk dont j’aime beaucoup l’univers ; c’est un très bon réalisateur. Il y aura probablement un concert et une soirée du label à l’automne. Je sortirai probablement quelque chose durant la deuxième moitié de 2026 ; j’espère avec Ella mais c’est un peu tôt pour le dire...