Rencontre avec Liquid Jane au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !

Comment te présenterais tu à nos lecteurs ?

Je suis originaire du Sud de la France ; de la région Paca ; j'ai grandi au bord de la mer dans le Var. Je suis auteure, compositrice et interprète. Si le chant est mon instrument préféré et de prédilection ; j'ai fait des études en technique vocale ; je suis aussi guitariste et je joue de la basse, de la batterie...

Le titre de ton premier EP illustre-t-il une réflexion personnelle quant au fait de te lancer dans la musique ?

Avant de construire mon projet Liquid Jane il y a deux ans, j’ai fait partie de plein de projets en groupe ou en collectif et à bientôt 30 ans, j’ai eu envie de me centrer sur moi. Ca fait plus de dix ans que c’est mon métier et cela fait sept ou huit ans que je gagne ma vie avec la musique, j’ai fait énormément de choses mais surtout par et pour les autres. A un moment donné, je me suis demandé ce que je voulais transmettre et mettre en avant moi-même en tant qu’artiste. J’avais plusieurs choix de titre pour ce premier EP mais « Trop Tôt ou Trop Tard » illustrait bien le questionnement qui m’habitait alors. Par ailleurs, pour les femmes dans la musique ou même dans la culture en général, il y a comme une « date de péremption », des pros m'ont déjà dit que je commençais à être un peu vieille alors que je n’ai que 29 ans et c’est pour cela que j’ai voulu faire un petit trait d'humour avec ce titre d’EP. Est-ce que c'est trop tôt car le projet n'est pas encore assez grandiloquent ou est-ce que c'est trop tard car je vais entrer dans la trentaine dans pas longtemps.

As-tu tâtonné avant de trouver ta couleur musicale ou l'avais-tu déjà précisément en tête ?

J’ai tâtonné avant de la trouver car j’ai fait plein de choses différentes notamment énormément de Rock psychédélique, du garage, j'ai écrit pour des gens, j'ai été backeuse de rap, j'ai toujours chanté la Soul Music et écouté énormément de Chanson Française et je voulais réussir à mêler tout cela dans mon projet en faisant une sorte de musique assez anglophone mais chantée en français. J’ai mis du temps à digérer cela et cet EP est un premier test ; c’est un peu ma première carte de visite dans ce style-là qui me ressemble pour de vrai.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Mon rapport à la lune et à la nuit est assez présent dans mon univers et d'autant plus dans cet EP qui parle beaucoup de la vie la nuit et des rencontres que l’on peut faire dans ces moments-là. Le nom Liquid Jane en lui-même fait référence aux sons que j'aime bien ; que ce soit à la guitare ou aux claviers. Je pense qu’il y a un côté assez méditerranéen dans ma musique ; c’est comme si on assistait à un coucher de soleil fin juin dans une calanque.

Inclure du français dans ta musique Soul a-t-elle été une évidence ?

Disons que j'ai créé l'évidence parce que j'ai toujours écrit en français même si j'ai toujours hésité à le faire. Plus j'ai gagné en maturité et c'était vital pour moi de m’exprimer en français pour que le public qui évolue autour de moi puisse m'entendre, me comprendre et s'identifier plus facilement afin de pouvoir porter le projet différemment. Je chante aussi en anglais, c'est quelque chose qui me plaît beaucoup car j’aime les sonorités et les expressions mais le français possède quelque chose de brut qui permet aux gens de me comprendre directement et je trouve ça hyper important.

De quoi parles-tu sur ton premier EP ?

Je parle de rencontres un peu éphémères, du fait d’être constamment sollicité socialement tout en étant profondément seul et de devoir se forcer à se sociabiliser afin de palier à cette solitude. Sur cet EP, j’aborde la vie dans la ville.

Livres-tu toujours une part d'intimité dans tes textes ou t'éloignes-tu parfois de ce que tu vis ?

On va dire que j’enjolive un petit peu mais ça part toujours d’une expérience, de quelque chose qui s'est passé, de quelqu’un ou d'une situation qui m'a marquée et qui ne m’a pas forcément fait du mal. Quand j’écris, je ne calcule pas, j’y vais à l’instinct et ensuite, je mets en forme. Beaucoup de personnes me demandent si je parle d’elles dans mes chansons mais je ne saurai le dire moi-même.

Qu'as-tu voulu exprimer dans le clip qui illustre « Trop Tôt ou Trop Tard » ?

J’ai co-réalisé ce clip avec Jade Garnier ; une super meuf qui fait partie du collectif qui Pollen Session. Nous avons eu l’idée d'imager ce que l’on donne aux gens en utilisant un bouquet de roses. Au début du clip, quelqu'un passe à toute vitesse et m'arrache une rose du bouquet sans rien me demander et cela illustre les mini agressions du quotidien. Un peu plus loin, je donne une rose à un barman mais il n’en prend pas soin, il finit par se piquer avec et il la jette ; cela illustre le fait de donner beaucoup sans vraiment s'attendre à recevoir. Dans ce clip, il y a également un tableau qui représente les multiples féminités ; il y a même notamment ma maman et des amies hyper proches. J’avais à cœur d’imager les différences en présentant quelque chose de multigénérationnel et cela illustre l’entraide, le partage, la beauté de l’échange entre femmes car chacune partage sa rose à contrario des autres scènes où les personnes ne faisaient pas attention à cette fleur. A la fin du clip, ce bouquet part un peu en fumée et je m’inonde de mes propres pétales de roses.

Comment est né ton duo avec Jon Onj sur son album « Tekibama » ?

Alors, c’est très drôle ! Quand Jon a débarqué à Marseille, je cherchais un nouveau colocataire et il m'a contacté. Il avait déjà fait un concert à Marseille et je voyais donc qui s’était de loin mais je ne voulais pas vivre avec un gars que je ne connaissais pas et donc, je lui ai dit merci mais non merci. De fil en aiguille, comme nous avions plein de connaissances en commun, nous nous sommes croisés à un concert et il m’a proposé de venir composer avec lui la semaine suivante. Nous avons écrit le morceau en un après-midi et depuis, nous sommes devenu hyper potes. Jon est un amour, nous collaborons sur plein de choses et nous nous entraidons beaucoup. L’entraide entre musiciens est quelque chose en quoi je crois beaucoup car ça ne peut que mieux nous porter.

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

Ma culture musicale est très éclectique. Pêle-Mêle, je peux citer des artistes tels que Claude Nougaro, Janis Joplin, Erykah Badu, Amy Winehouse, Queens of the Stone Age...

Quels sont tes prochains projets ?

Mon premier EP sortira le 16 mai ; je réalise à peine que ça y est c’est maintenant car cela fait des mois que l’on bosse toujours. Une très belle live session produite par Pollen Session sur mon titre « L’Inconnue » sera mise en ligne le 30 mai ; ça va être shiny shiny ! Je jouerai en solo en guitare-voix le 05 juillet à La Douve Blanche Festival et je serai en première partie de Terrenoire le 08 juillet au Théâtre de Verdure de Ramatuelle. Quelques belles dates parisiennes se profilent pour fin 2025/début 2026. Je suis ravie de pouvoir présenter mon projet ailleurs et que des gens me proposent des choses ! Il se pourrait qu’il y ait un autre clip mais rien n’est encore officiel...et sinon, je prépare des morceaux avec le beatmaker NxQuantize qui est un ami depuis très longtemps. En parallèle à tout cela, je bosse déjà sur l’écriture de mon prochain projet en collaboration avec mes musiciens.