Rencontre avec Hugo Jardin au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier EP à paraître prochainement !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs?

Je suis auteur, compositeur, interprète et entrepreneur dans le sens où j'ai monté mon label pour me produire moi-même ; je suis impliqué dans tout le travail du label, des dossiers de subvention aux visuels même si je collabore avec des photographes et des réalisateurs. Je joue de la guitare et je participe aux arrangements de mes chansons en compagnie du réalisateur Robin Leduc qui est a œuvré notamment pour Silly Boy Blue, Marie-Flore, Juliette Armanet et Peter Cat Recording Co. ; qui est un groupe Indien incroyable que j’adore. Même si je fais beaucoup de choses moi-même comme du montage et de l’étalonnage, je suis aussi très aidé par ma famille de cœur qui est composée de gens travaillant maintenant dans l'associatif ; avant, ils étaient entrepreneurs dans le numérique et ils m’ont appris ce qu’est la vie d'entrepreneur. En parallèle à la musique, je suis en train d’écrire mon premier roman et je fais du mime, de la danse Butō et je suis porte-parole jeunesse de #JamaisSansElles qui est une association qui œuvre pour l’égalité filles-garçons ; et d’ailleurs, c’est avec Tatiana F-Salomon, Natacha Quester-Séméon, Sacha Quester-Séméon et Étienne Parizot qui dirigent cette association que j’ai monté mon label et c’est vraiment un travail commun.

Quelle a été l'impulsion pour te lancer en solo en 2023 avec « Nuit Vacillante » ?

J’ai commencé la musique par le Punk à la Bérurier Noir, nous avions même fait les premières parties des Sales Majestés et le but, c’était juste de monter sur scène, de crier et d’être libres. La musique, je m’y suis intéressé plus tard et j’ai eu un groupe à New York. Ensuite, j’ai changé complètement de braquet et j’ai fait beaucoup de piano-voix ; je faisais de la chanson française en compagnie d’un pianiste et mon défi était de faire cela dans des lieux qui n’étaient pas du tout fait pour comme des afters dans des boîtes de nuit et des squats. Après cela, j’ai fait des spectacles dans lesquels je mélangeais du mime, de la danse, de la poésie improvisée et je me produisais avec différentes formations musicales qui allait du Free Jazz au Shoegaze mais jusqu’à ma rencontre avec les personnes citées dans la question précédente, j’étais très seul, je n’étais pas accompagné et ce sont vraiment elles qui m’ont aidé à me construire. J’étais plus intéressé par la scène que par le studio mais quand le COVID est arrivé, j’en ai profité pour construire le projet et c’est là que je me suis lancé avec Robin Leduc.

Ton premier EP va-t-il s'inscrire dans la lignée musicale de tes deux premiers singles ? « Nuit Vacillante » et « Lana », t'ont-ils permis de trouver ta direction artistique?

Non, ces deux singles ne sont pas représentatifs de ce que va être le premier EP. En revanche, ceux qui sont sortis après à savoir « Eaux Troubles » et « Cantique I » seront dans ce disque. Sur « Nuit Vacillante », il y avait une pâte un peu Cold Wave à la Joy Division que j'aime beaucoup mais qui me correspond moins finalement. Par ailleurs, les thèmes de ces deux morceaux ne rentraient pas dans la direction artistique plus SF de l’EP qui abordera la fin d’un monde et l’émergence d’un nouveau.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Humaniste et poétique; je l’espère en tout cas. Les paroles sont assez descriptives et elles peuvent être sombres mais il y a toujours une ouverture à la fin et une ligne d’horizon dans la musique.

Sur ton disque à paraître, il y aura « Cantique I » que nous connaissons déjà et « Cantique II » qui sortira le 06 juin ; ces deux morceaux se répondent-ils ?

Oui et sur l’EP, il y aura même trois morceaux qui vont se répondre car « Rêve » viendra compléter ces deux titres même s’il ne s’appelle pas « Cantique III ». Ces deux cantiques parlent vraiment d’un moment de bascule tandis que « Rêve » parle du moment où la bascule va arriver mais on ne veut pas la voir venir. « Cantique I » qui est un peu plus poétique et « Cantique II » se répondent complètement, le premier est plus l’énoncé du second que je vois comme un tableau.

De quoi parles-tu dans « Eaux Troubles » ?

Dans cette chanson, je parle de l’obsession amoureuse mais pas d’amour ; et cela, j’y tiens beaucoup. Le personnage liste toutes les choses qu’il a soi-disant aimées chez la personne et il pose la question « Pourquoi un jour n’aimons-nous plus ce qui pourtant n’a pas changé ? » et au bout d’un moment, cette question disparaît au profit de la liste qui reprend, se mélange et s’enrichie. A la toute fin du morceau, la phrase « j’aimais la façon que tu avais de me regarder » est répétée en boucle et c’est un peu la clé de cette chanson car en réalité, il ne l’a jamais aimée, c’est juste de l’obsession amoureuse.

Pourquoi as-tu opté pour du spoken word au lieu du « chant traditionnel » sur ce titre?

On prend souvent les libertés des gens que l’on admire et pour ma part, j'ai toujours eu beaucoup d’admiration pour Léo Ferré et j'avais remarqué qu'il prenait la parole sur certains morceaux et cela même en live et cette prise de parole m’a toujours beaucoup marqué. J'étais fasciné quand j'étais petit et que je regardais ça. C’est bien davantage Léo Ferré qui m’a influencé que le spoken world, le slam ou le Rap. D’ailleurs, la musique derrière est plus influencée par du Rock un peu à la Radiohead qu’autre chose. « Eaux Troubles » est un morceau qui est né d’une improvisation de basse-batterie et c’est en la réécoutant à plusieurs reprises que j’ai calé mon débit dessus avant de l’enregistrer en une prise en studio. J’ai aimé l’idée de m’adapter à un torrent qui n’était pas le mien.

Comment développerais-tu le lien que tu as à l'écriture ?

Je viens vraiment des mots. L’écriture a été mon premier amour car pendant longtemps, j'ai préféré lire de la poésie qu’écouter de la musique. L'écriture poétique m'intéresse bien plus que l'écriture fictionnelle que je trouve un petit peu plus fausse. Par ailleurs, j'aime aussi le fait que l'écriture poétique soit une écriture qui se dit parce qu'en fin de compte, les rimes, c'est fait pour l'oreille, ce n’est pas fait pour les yeux ; il y a quelque chose qui me plaît énormément là-dedans.

Que proposes-tu sur scène lors de tes concerts ? Y a-t-il plus que de la musique ?

Avant, j’étais très focalisé sur le fait qu’il fallait que ça tienne la route musicalement mais depuis une résidence avec mes musiciens à la rentrée dernière, j’essaie de proposer d’autres choses sur scène. J’ai toujours admiré les artistes ; comme Bowie ; qui arrivaient à mélanger les arts. Sur scène, entre les morceaux, il y a des choses dites ; des poèmes ou des interventions ; et maintenant, j’intègre du corps car j’aime beaucoup les arts corporels tels que le mime et le Butō.

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?  

Jacques Brel, Radiohead ; tous les groupes de Thom Yorke et de Jonny Greenwood ; David Bowie, Léo Ferré,  Ney Matogrosso, Chico Buarque, Caetano Veloso, Joy Division, The Cure, Siouxsie and the Banshees, The Clash, Sex Pistols, Suicide, Leonard Cohen, Bob Dylan, tous ceux qui ont une attention très particulière aux mots...J’écoute aussi de la musique classique et du Jazz.

Quels sont tes prochains projets ?

Nous serons en concert aux Trois Baudets le 05 juin et « Cantique II » sortira le lendemain. Le 20 juin, nous jouerons pour le Festival 36h Saint Eustache. Un single paraîtra à la rentrée un peu en amont de l’EP ; qui sortira à l’automne ; et il sera accompagné d’un clip. Idéalement, j’aimerais que mon premier roman puisse sortir d’ici fin 2026.