Rencontre avec Anjaa au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution d’ « Enfermée dans un Corps » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ? 
J'ai commencé ma carrière musicale de manière professionnelle au sein d’un duo baptisé Dune dans lequel j'étais autrice, compositrice et co-arrangeuse mais je ne mettais pas vraiment les mains dans le cambouis en termes de prod. Assez récemment, je me suis remise à jouer au piano ; instrument que j’ai appris toute petite ; afin de m'accompagner sur mon projet solo. 
T’arrive-t-il encore de collaborer avec Thomas qui était à tes côtés dans Dune ?
Oui, Thomas intervient sur les arrangements de mes chansons, il m’aide parfois à trouver quelques petits accords harmoniques et c’est lui qui joue quasiment tous les instruments. Pour ma part, j’ai joué du synthé basse et j’ai fait quelques claviers lors des enregistrements en studio et nous avons fait appel à un super batteur ; Florian Gouëllo ; qui bosse de Los Angeles. Thomas avait préprogrammé les parties de batterie et ensuite, elles ont été rejouées par Florian. Thomas est vraiment hyper important dans ce projet auquel il a donné une identité sonore. Nous avons beaucoup d’atomes crochus et une vision commune.
Quel a été le déclic pour revenir avec ce projet solo ?
Ce projet solo ; qui est avant tout un projet de musiciens ; est venu de plusieurs choses notamment de l’arrivée du COVID. Avec Dune, nous avions une mini-tournée qui était prévue et tout s’est arrêté d’un coup. Durant cette période, il y a eu un retour à soi-même ; et je pense que cela a été le cas pour bon nombre de personnes. Il y a eu du questionnement car quand on est artiste et qu’on ne joue plus, qu’on ne chante plus et qu’on n’est plus visible, on se demande qui on est. Durant ces mois de confinement, j’ai pris conscience que si j’aimais chanter en anglais, j’avais l’impression de ne pas être complètement en transparence avec mon intimité car les mots qui m’habitent à l’intérieur sont en français et j’ai eu à cœur de me rapprocher de cela. Le COVID a été une opportunité de renaître à soi, de se perdre, de se retrouver et en l'occurrence, pour moi, ça m’a vraiment permis de me trouver. Il y a eu une vraie cette nécessité d'écrire en français et c’est ainsi qu’est née ma première chanson intitulée « Mars ou Jupiter » qui est sortie en avril 2023. Cette chanson qui a été bien reçue m’a donné confiance. Par ailleurs, je suis devenue maman et cela a aussi été un appel de la vérité car on ne ment pas à un enfant.

T’es-tu pas mal cherchée musicalement avant de lancer ce nouveau projet ?
Oui, bien sûr et même durant Dune, il y a eu plusieurs phases. Nous avions commencé en faisant une musique un peu Souly Folk ; très guitare ; et ensuite, nous sommes tombés sous le charme de la musique électronique, nous avons voulu mettre des synthés dans nos chansons et cela a donné quelque chose de plus Pop aux accents très British. Je me suis donc beaucoup cherchée et je pense que l’on se cherche toujours. Chez moi, se chercher ; tester de nouvelles choses ; est un chemin de vie ; le monde bouge, on se nourrit de différentes choses, on découvre et on apprend de nouvelles choses...
« Invincible » a-t-il été un premier single évident pour annoncer ton premier EP ?
Je pense que ce n’est jamais évident de choisir un single. Cela s’est fait de manière assez spontanée après plusieurs rencontres importantes ; Nicolas Santi-Weil et Marc Collin ; qui sont les boss du label sur lequel je suis signée ; mais aussi Marc Hernandez ; mon manager. Il faut savoir que j’avais pas mal de chansons, certaines ont été écrites il y a quelques temps et d’autres plus récemment dont « Invincible » qui est sortie comme un jet. Ce titre avait quelque chose de très authentique pour annoncer ce premier EP. 
Qu’est-ce qui a été le plus souvent mis en avant concernant ce morceau paru fin janvier ?  
C’est surtout le message que porte cette chanson qui a touché les gens, je pense qu’il est venu donner de la force au bon moment. Par ailleurs, j’ai eu aussi beaucoup de retours sur l’aspect musical d’« Invincible » qui est un peu un petit ovni ; l’originalité de ce morceau a été soulignée. 

De quoi parles-tu dans son successeur baptisé « Enfermée dans un Corps » ?
Je crois ; et j’ai assez envie ; que chacun puisse s’approprier cette chanson comme il l’entend...Ce titre ; qui parle notamment des limites de l’incarnation ; est arrivé à un moment très sombre de ma vie ; à la fin d’une grosse dépression ; et j’ai rassemblé tout ce mal-être ; qui était aussi vraiment physique ; dans « Enfermée dans un Corps » qui peut être interprété de différentes façons. 
Quelles ont été tes envies visuelles pour la mise en images de ce nouveau morceau ?
J’avais envie d'une image presque archétypale ; quelque chose qui est dans l'inconscient collectif ; afin d’illustrer l’idée d'enfermement et qu'elle soit visible et c’est pour cela que j’ai pensé à une armure mais une armure d’aujourd’hui. Je souhaitais montrer un chevalier qui a besoin de se libérer d’un carcan afin de retrouver la lumière. 
Le visuel fait-il partie intégrante de ton projet ? 
Oui, c'est un prolongement. Je pense que ça va de soi. Initialement, je n'étais pas quelqu'un qui donnait une immense priorité à l’image mais avec les années, j’ai compris la force qu’elles peuvent avoir et porter. En revanche, si le visuel est un appui qui peut la hisser, la musique demeurera toujours ce qui compte en priorité pour moi.

Que retrouve-t-on dans tes textes ? 
L’écriture vient assez spontanément et quand je me replonge dedans, j’y vois des images. J’ai une double lecture et c’est presque comme de l’autothérapie. Comme dans tout, il y a différents mouvements dans mon écriture, cela part de jets sur lesquels je reviens. J’essaie d’être sur plusieurs dimensions en m’adressant au corps et au monde imaginaire. Il y a un mix entre des choses très directes et d’autres plus conceptuelles ; ça jongle pas mal entre les deux. J’adore les métaphores cosmiques !
Comment décrirais-tu ton univers ? 
Nostalgique, poétique et introspectif. C’est un univers de quête. 
Qui retrouve-t-on dans tes inspirations musicales pour ton projet ? 
The Do, Raphaël; qui est un pilier pour moi ; Alain Souchon, Benjamin Biolay, Feist…
Quels sont tes prochains projets ?
Idéalement, l’EP sortira au printemps et il y aura un focus track. J’espère qu’il y aura des live sessions et des concerts ! Courant 2026, je publierai soit un second EP soit un album.