Rencontre avec Claudia Parisi au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis autrice, compositrice et interprète. Je suis d’origine Italienne et je compose en français, en italien, en dialecte mais aussi en anglais. Je suis également prof de chant ; transmettre est quelque chose qui me convient parfaitement.
Comment as-tu débuté dans la musique ?
Ça a commencé par une sorte de hasard. Un pote du lycée m’a dit qu’une amie qu’on avait en commun recherchait une voix pour faire des chœurs derrière elle. Je suis retrouvée au Studio Guillaume Tell sans avoir aucun cours de chant et c’est là que j’ai découvert le milieu de la musique. Finalement, ils ne m’ont pas prise pour faire les voix mais ils m’ont dit qu’ils aimeraient que j’écrive quelque chose d’un peu funky en italien. C’est parti comme cela avec trois potes dont Azaiez Mami qui a accompagné notamment pas mal d’artistes sur Taratata mais même si cette expérience m’a plu, je n’ai pas pensé toute de suite à faire de la musique d’un point de vue professionnel, j’ai continué mes études et ce n’est que plus tard que j’ai répondu à une annonce afin de faire du piano-bar ; je me suis installée dans le Var et j’ai fait cela ; mais aussi du bal musette ; pendant de nombreuses années et c’est à partir de là que j’ai été considérée comme chanteuse professionnelle ; j’ai gagné ma vie de cette manière tout en composant avec le bassiste du groupe. Par la suite, j’ai pris des cours avec une prof de chant classique en Italie ; elle a été une sorte de mentor pour moi ; et quand j’ai découvert le Jazz ; je suis tombée amoureuse du Scat ; j’ai décidé d’en faire. Avant de sortir un premier EP cette année, j’ai fait des reprises tout en travaillant un répertoire Pop Italien que j’ai revisité en Jazz et je me suis même produite au Ronnie Scott’s à Londres.
Quel a été le déclencheur à la composition de « Tra Due » ?
Quand je composais des chansons, c’était vraiment pour moi car j’y abordais des choses que je n’osais ou ne pouvais pas dire de vive voix mais cela restait dans ma sphère personnelle et c’est mon entourage qui m’a incitée à aller jusqu’au bout en sortant un disque. Par ailleurs, la perte de mon père pendant le COVID a été un déclencheur important. Durant cinq mois, je suis restée à Supersano dans la région du Salento d’où mes parents sont originaires et le fait d’être immergée dans le quotidien de ce petit village a tout fait remonter à la surface.
Sur ce disque, on retrouve plusieurs langues, serait-ce parce que tu cherches encore la tienne d’un point de vue musical ?
La langue s’impose souvent d’elle-même. Dans tout ce que je fais, rien n’est calculé et je n’ai pas envie de faire des compromis. Il faut savoir que le dialecte est ma langue maternelle, ce n’est pas l’italien ; mes parents sont originaires de là-bas et ils sont d’une génération où l’on n’apprenait pas l’italien à l’école. Bien sûr, je parle, je lis et je comprends l’italien mais je m’adresse à ma famille avec le dialecte qui est la langue du cœur. Sur ce disque, comme je parle de mes parents et de leur rencontre, la langue s’est imposée. En ce qui concerne le français, c’est une langue riche qui demande du travail, elle a besoin de poésie et nécessite de savoir manier les mots/les phrases. En anglais, cela part d’un yaourt et ensuite, j’essaie d’en garder la musicalité.
Le titre de ton disque illustre-t-il une situation personnelle ?
Effectivement, tra due se traduit par entre-deux en français et cela illustre le fait que je suis entre deux cultures, entre deux pays que j’aime à 100%.
Quelles thématiques abordes-tu sur « Tra Due » ?
Sur ce disque, j’ai voulu donner la parole à mes parents ; une parole qu’ils n’avaient pas eue. Ces chansons parlent notamment de déchirure, d’exil mais également de joie et de souvenirs de jeunesse. Sur « Tra Due », je parle également de transmission, de liens, de double culture, de la nostalgie de mon enfance…
Comment as-tu voulu habiller les morceaux de ce disque qui rend hommage à l’Italie mais qui ne sonne pas variété Italienne ?
On cherche toujours à faire des choses qui nous ressemblent. Je voulais mettre une patte traditionnelle dans ce disque avec l’accordéon tout en ayant un mélange des genres car c’est quelque chose que j’aime. Je souhaitais qu’il y ait notamment de l’harmonica ; cela vient d’Ennio Morricone qui est l’une de mes influences ; du blues ; c’est ma trame ; de la variété Italienne ; mes parents et mon grand-père en écoutaient beaucoup ; et du Jazz. Sur cet EP, j’ai eu la chance d’être entourée de musiciens talentueux ; ce sont vraiment de belles pointures ; qui ont su capter le personnage.
Toi qui est entre deux pays/deux cultures, que trouves-tu en France qu’il n’y a pas en Italie et inversement ?
J’aime la convivialité et la générosité qu’il y a en Italie. On n’y mange très bien également ! En France, il y a un côté cérébral qui me plait car on est capable d’intellectualiser des sujets et d’en parler durant des heures. Je pense qu’il y a moins de légèreté en France qu’en Italie. Ici, j’ai le sentiment que l’on peut parler de choses profondes très vite.
As-tu prévu d’interpréter tes chansons des deux côtés des Alpes ?
J’aimerais bien ; j’y travaille, je regarde notamment du côté des festivals…Ça serait vraiment un accomplissement pour moi et je sais qu’il y a quelqu’un là-haut à qui cela ferait plaisir car la transmission vient de lui.
Chez quelles artistes féminines te retrouves-tu ?
Chez Dalida ; c’est mon côté drama queen, je me retrouve dans son caractère ; et chez Serena Brancale ; dont l’objectif est de porter Les Pouilles le plus loin possible en mélangeant dialecte et modernité.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai l’intention de repartir en studio afin de proposer des versions alternatives de « Paese Meu » et de « Terminus » dans la lignée de celle d’« Ovunque Sei » qui était orientée Jazz-World. Le clip de « Mama Ho » sortira à la rentrée. J’espère qu’il y aura du live dans les prochains mois…Je commence à travailler sur de nouvelles compositions.