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Rencontre avec Arno Santamaria au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Au Temps Pour Moi » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) D.R

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Comment expliquerais-tu le fait qu’il y ait eu près de neuf ans d’attente avant de découvrir ton quatrième album ?

En réalité, j’ai commencé à écrire un album qui était prévu de sortie en 2019. Je mets un peu du temps à écrire des disques, environ trois ans. Je pense que quand un bon disque est bien travaillé, il a de la valeur ; je préfère travailler les choses dans le fond, qu’elles aient une belle forme et qu’elles soient représentatives du moment. Je fais très attention à ce qu’un album soit riche de ce que j’ai envie de défendre. Quand j’ai eu fini ce premier jet qui était prêt à sortir et alors que j’étais déjà un peu lent dans mon travail, nous sommes arrivés sur le COVID et cela a éteint plein de choses… Je me suis retrouvé piégé par mon temps aussi bien par rapport à ce que je devais sortir que dans ma création car je fais partie des gens que ça n’a pas du tout aidé d’avoir un petit COVID ; ça m’a complètement éteint car à part la chanson « On Ne Vit Qu’Une Fois » qui est née à ce moment-là et que l’on retrouve dans ce quatrième album, j’ai juste fait de la postproduction et des arrangements. Au-delà de cela, j’ai eu beaucoup de moments en dehors de mes albums et cela a décalé un peu mon propre travail car j’ai œuvré pour d’autres artistes notamment pour David Hallyday ; je lui ai fait de gros titres dont « Ma Dernière Lettre » qui a été un single important. Tout cela explique cette absence.

Peux-tu expliciter le titre de ce nouveau disque ?

Ce titre a une double signification mais il peut en avoir encore d’autres si on veut. Dans « Au Temps Pour Moi », il y a la valeur de l’excuse ; une excuse légère car au temps pour moi, ce n’est pas je suis désolé. Je crois que dans ce disque, globalement, je m’excuse de plein de choses notamment de relations ratées, de choses que j’ai voulu construire mais que j’ai ratées…ça y est j’ai arrêté de rater mais je m’en excuse (rires). D’un coup, j’ai eu besoin de prendre conscience que j’étais faillible ; je pense que c’est lier à l’expérience et au temps qui passe. « Au Temps Pour Moi », c’est aussi le temps qu’il faut pour reconstruire, c’est un temps de recul nécessaire sur la vie, sur ce que j’aimerais devenir, faire et aimer encore car c’est quelque chose de fondamental.

Sur « Au Temps Pour Moi », regardes-tu plutôt dans le rétroviseur, vers l’avenir ou dirais-tu que ce disque est ancré dans le présent ?

Ce temps qui passe est devenu un élément vecteur de ce que j’allais raconter dans ce disque parce qu’au final, je suis à la fois nostalgique d’une période, inquiet de celle qui va arriver et pas tout à fait dans mon présent car je ne sais pas trop quoi en faire. Je ne sais pas si je peux faire mieux ; je suis un peu paumé dans mon présent.

Rencontre avec Arno Santamaria au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Au Temps Pour Moi » !

Quelles thématiques abordes-tu sur ton nouvel album ?

Sur ce nouvel album, je parle d’amour ; un thème que je n’ai pas énormément évoqué sur mes précédents disques ; et d’ailleurs, je pense que je parle plus de rupture ou d’erreurs de l’amour. La thématique du temps est présente également. Je parle aussi de la relation à l’autre et du fait que tout est encore possible ; j’évoque un demain ultra positif.

Quel serait le message principal véhiculé dans ce disque ?

Dans cette idée du temps que j’ai narré en articulant les titres, l’avenir est toujours solide et joli. Le présent a une légère nostalgie et le passé n’est pas si triste. Ce n’est pas grave, tout ira mieux demain et pour de vrai et je rêverais d’ancrer cela chez les gens. Evidemment, tout ira mieux demain !

Peux-tu nous en dire plus sur les deux duos présents sur « Au Temps Pour Moi » ?

Je partage la chanson « Peu Importe » avec Sarah Caillibot que j’avais découverte à The Voice sur une reprise de « Pull Marine », je l’avais trouvée fantastique. Par la suite, Sarah a repris « Ma Mère » qui est une chanson assez forte de mon répertoire et cette reprise a failli sortir. J’ai été doublement surpris ; par sa prestation dans l’émission et par le fait qu’elle reprenne l’un de mes morceaux ; j’ai réussi à la contacter pour lui dire que j’adorais ce qu’elle faisait mais aussi pour la remercier d’avoir repris aussi bien ma chanson. Je m’étais dit que nous pourrions peut-être collaborer un jour et « Peu Importe » s’y prêtait bien car cette chanson est un vrai échange entre un homme et une femme sur la position que l’on peut avoir dans un couple qui décide de se séparer. Sarah est une excellente chanteuse qui est actuellement sur le spectacle musical « Bernadette de Lourdes » où elle incarne la mère. Quant au second duo, je l’ai enregistré avec mon fils Andrea qui incarne son vrai rôle sur « Tu Seras Un Homme Mon Fils ». Pour ce morceau, j’ai utilisé le poème de Kipling de la manière la plus classique qui soit et j’ai imaginé la réponse d’un fils à ce texte que j’ai toujours trouvé sublime et en vrai, même si c’est écrit au cordeau, le gamin le contredit car il ne peut pas adhérer à tout. J’ai écrit la réponse de mon fils en le connaissant et je ne me suis pas trompé. Il se passe vraiment quelque chose quand nous chantons cette chanson sur scène.

(c) D.R

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Qu’as-tu voulu exprimer dans le clip qui illustre « C’Est Pas Demain La Veille » ?

J’ai voulu exprimer la dualité car nous sommes tous noirs et blancs et c’est pour cela que j’incarne les deux rôles dans ce clip. Au départ, je n’avais pensé cette chanson ainsi car je l’avais écrite en étant en colère contre quelqu’un ; c’était vraiment une revenge song à l’état brut. Ensuite, j’ai pris du recul et j’ai aligné d’autres choses. Je me suis dit que l’on est tous le bâtard de quelqu’un et parfois, on peut déconner aussi, c’est pour cela que pour la mise en images, j’ai voulu incarner les deux rôles puisque je suis faillible aussi. J’ai décidé d’assumer cela en oubliant ma revenge song. Pour l’originalité, j’ai fait appel à un arbitre qui est joué par Patrick Balkany qui vient positionner les méandres de ce que peut représenter la question que j’ai remise au centre de l’artiste. J’ai choisi Patrick Balkany car je cherchais un personnage clivant. Quand j’ai réussi à l’avoir, je me suis dit que c’était super car nous allions être dans le fond de ce que j’ai eu envie de dire car il y a des gens qui le détestent et d’autres qui l’aiment. Patrick Balkany était parfait pour incarner cet arbitre et moi, je joue la stupeur du fait qu’il l’incarne. Et en plus, je lui fais jouer un mafieux, si ça, ce n’est pas une double lecture !

Pourquoi as-tu choisi de dresser un pont entre ta musique et celle de Lucienne Delyle sur « Loin des Amants de Saint Jean » ?Serait-ce par rapport à l’évolution des relations ?

Je crois que j’ai réussi à donner à ce titre une couleur moderne tout en gardant une couleur un peu d’époque même s’il n’y a pas d’accordéon et que c’est un quatuor à cordes qui joue sur ce morceau.  Effectivement, tu viens de donner ma réponse car « Loin des Amants de Saint Jean » illustre un rapport aux relations. A l’époque où la chanson de Lucienne Delyle est sortie ; au début des années 40 ; et même dans celles qui la précédent, on prenait le temps de rencontrer physiquement les gens, on ne passait pas par quelque chose de virtuel comme à notre époque. Le moment de la rencontre est celui qui va construire quelque chose notamment une idée, un fantasme, une envie, une amitié, un amour…Pour moi, on a perdu cela aujourd’hui puisque c’est devenu très difficile de générer une amitié immédiate par un dîner car on n’a plus le temps ou parce que l’on est sur son portable la moitié du repas. Par ailleurs, on peut changer de relations à foison avec les applications. Pour ma part, je crois qu’il y a quelque chose de valeureux et de valable dans le rapport à l’autre quand on le rencontre pour de vrai. A l’époque de la chanson « Les Amants de Saint Jean », on allait déjeuner, on allait prendre un thé, on écoutait de la ginguette, on prenait le temps de se regarder, de se parler et d’aimer et effectivement, ce temps-là où l’on se tournait la tête est loin !

Comment synthétiserais-tu ton nouvel opus en quelques adjectifs et/ou mots forts ?

Sincère ; car je parle aussi de moi dans ce disque même si des choses sont romancées ; dans le temps, écrit et travaillé ; mais je n’enlève jamais le travail de la version sincère des choses et cela se vérifie d’autant plus sur scène car c’est toujours habité.

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Tu as écrit pas mal de titres pour David Hallyday, qu’apprécies-tu le plus dans votre collaboration ?

Son amitié mais aussi sa simplicité. David est un homme tranquille, facile à vivre, multiple dans le bon sens du terme et il est talentueux. Quand nous sommes ensemble, on peut se dire les choses et on s’écoute. Quand nous travaillons ensemble, je suis sincère pour lui. Quand j’ai écrit « Ma Dernière Lettre », ça a été évident. David apparaît en guest dans le clip qui illustre « Une Femme Comme Une Autre ».

Ton premier album éponyme fête ses 15 ans cette année, quel regard as-tu sur le chemin que tu as parcouru ?

Qu’est-ce que j’aimerais revenir à cette époque-là ! Nous sommes typiquement dans l’histoire de temps. J’adorerais tout refaire avec mes connaissances actuelles car il y a eu du chemin de parcouru. Evidemment, je me sens meilleur qu’il y a 15 ans. Je me sens plus sincère, plus efficace, plus aligné, plus construit et cela serait super dans une valeur artistique d’il y a 15 ans où nous étions encore professionnalisés dans notre métier alors qu’aujourd’hui, nous sommes très amateurisés puisque tout est possible, tout le monde peut tout faire et ça ne va pas s’arrêter, c’est parti pour cela. Il y a 15 ans, j’étais professionnel de ce métier qui m’a permis grandir mais peut-être que dans six mois, je ne le serais plus. Tout ce qui arrive aujourd’hui et qui va nous empêcher de continuer à être des artistes qui vont travailler un instrument, une idée, un savoir-faire scénique, un savoir du métier global est en train d’éteindre cela car tout est facile et possible ; c’est la petite parenthèse que j’émettrai.

Quels sont tes prochains projets ?

Je vais rentrer des collaborations, je vais doucement glisser vers des duos afin de donner une suite à cet album qui s’appellera « Au Temps Pour Nous ». Sur ce prochain disque, il y aura des titres d’« Au Temps Pour Moi » transformés en duos mais également des inédits qui aborderont la valeur du temps qui passe. Il se pourrait qu’il y ait de la nouveauté d’ici la fin de l’année ainsi que des dates de concerts. Fin 2025, je ferai L’Olympia !

Rencontre avec Arno Santamaria au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Au Temps Pour Moi » !
https://www.facebook.com/ArnoSanta
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