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Rencontre avec Louise O’sman au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « L’Heure d’Été » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Amélie Blanc

(c) Amélie Blanc

Quel regard as-tu aujourd’hui sur ton premier album ; « Joyeuse Ville » ; paru en 2019 ?

C’est une très bonne question car quand on sort un second album, on a un autre regard sur le premier et sur le chemin que l’on a parcouru durant ces quatre années. Je dirai que « Joyeuse Ville »  était très brut. Je vois vraiment cet album ; qui a été enregistré en Belgique avec des musiciens Belges et arrangé par deux super arrangeurs ; comme un premier jet.

Pourquoi as-tu attendu cinq ans avant d’en proposer un second ?

Je pense que c’est une question de maturation. Au-delà de cela, il y a plusieurs raisons notamment le fait d’être instrumentiste dans pas mal de groupes. J’ai beaucoup travaillé à côté de mon projet, je n’ai pas vraiment eu de pause d’un point de vue scénique puisque j’ai enchaîné les tournées avec différents projets. Je n’ai pas ce timing qu’ont parfois les auteurs-compositeurs qui écrivent pendant un an avant d’enregistrer un disque qu’ils défendent durant deux ans de tournée ensuite avant de repartir sur un nouveau projet. Pour ma part, je suis un peu dans un flux continu. En revanche, la création est là tout le temps, j’écris beaucoup dès que j’ai un laps de temps pour m’arrêter et je le fais souvent dans les trains car je trouve qu’on y est dans des espaces temps assez clos qui sont propices à l’écriture et à l’imagination. Pendant ces dernières années, la matière s’est construite et il y a eu de nouveaux partenariats. Mon premier album était signé sur Homerecords.be et si les gens de ce label ont été très importants dans le début de mon parcours et que ça s’est très bien passé avec eux, j’ai souhaité œuvrer avec un label implanté en France pour mon second album. « Joyeuse Ville » a eu une diffusion un peu moindre en France car l’exposition de ce disque avait été recentrée sur le réseau Belge. J’ai eu à cœur de replacer ce nouvel album dans un autre contexte de diffusion.

Musicalement, « L’Heure d’Été »  s’inscrit-il dans la continuité de « Joyeuse Ville » ou as-tu eu de nouvelles envies ?

Je pense que l’on n’est jamais au même endroit et j’ai souhaité que ces nouvelles chansons soient transparentes dans l’évolution de mon parcours. Quatre ans après, c’est toujours moi, c’est toujours le même fond dans l’univers et dans l’écriture des textes mais au niveau de l’enveloppe, j’ai eu d’autres idées, j’ai eu envie d’explorer d’autres univers. Mon second disque a été pensé différemment par rapport au premier ; je suis partie de la matière organique du concert et j’ai travaillé avec deux musiciens-arrangeurs en amont de l’enregistrement. Les arrangements de « L’Heure d’Été » se sont faits en live avec les musiciens sur presque deux ans avant d’entrer en studio ; il y avait donc déjà une connivence entre nous.

(c) Amélie Blanc

(c) Amélie Blanc

Que symbolise pour toi cette heure d’été qui baptise ton second album ?

Pour moi, c’est l’heure longue mais ce n’est pas forcément l’heure joyeuse qui renvoie à l’été et à la chaleur. Dans cette heure d’été, je vois plutôt la longueur du temps que l’on peut aussi retrouver en hiver mais dans un autre contexte. Ce que j’aime dans le passage à l’heure d’été, c’est le fait d’avoir plus de lumière et plus de temps dans une journée. Tout l’album s’articule autour du thème du temps qui me fascine ; le temps qui nous traverse, ce qu’il laisse sur nous autant psychologiquement que physiquement, ce que l’on fait de ce temps, toutes ces choses immobiles autour de nous qui restent à leur place, la nature qui continue de faire son chemin et nous qui traversons cet espace temps de manière presque mystérieuse.

Dirais-tu que l’été est la saison qui te représenterait le mieux ?

Non, pas du tout (rires). J’aime beaucoup l’hiver mais aussi pour ce passage à l’été. J’aime la mutation du temps et l’évolution qui est inhérente aux saisons. Comme j’habite à Marseille, l’été est synonyme de grosse chaleur et d’affluence touristique. Par ailleurs, nous les artistes-musiciens, nous sommes pas mal sur les routes durant la période estivale car nous jouons beaucoup notamment dans les festivals. C’est un autre climat qui est beaucoup moins dans l’introspection alors que mon projet l’est, il y a dedans une idée de temps suspendu, d’observation, de contemplation et pour moi, l’été n’est pas trop une saison qui se prête à cela. J’aime beaucoup plus l’automne, l’hiver, le printemps pour observer les bourgeons. Pour moi, l’été, c’est écrasant, c’est la chaleur, c’est le bruit, le monde, l’effervescence, les festivals, l’extériorité…alors que j’affectionne  cette introspection qui est beaucoup liée à l’écriture ; cette intimité d’une expression qui est plutôt dans un intérieur et dans une longueur.

Outre le temps, quelles thématiques abordes-tu sur ton second disque ?

Je parle notamment des cases dans lesquelles nous met la société et plus particulièrement des femmes à qui on assigne des places qu’elles n’ont pas choisies. Sur ce disque, je parle de nos manques et de comment  en faire des richesses. J’aborde la question de faire des enfants dans notre société et ce thème rejoint celui de l’écologie. Il y a également une chanson que j’ai écrite pour ma mère et qui parle de ces personnes protectrices qui continuent de nous aider à vivre. Je parle aussi du formatage de notre société et notamment de l’industrie musicale…

Rencontre avec Louise O’sman au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « L’Heure d’Été » !

D’où te vient ce goût certain pour la poésie et l'écriture ?

J’ai beaucoup lu quand j’étais petite. Pour moi qui étais beaucoup dans la lune, la lecture était un monde magique qui m’ouvrait des portes. Ça a été une vraie révélation. Si j’ai écrit dans des journaux intimes, ce n’est que tardivement que j’ai commencé à écrire des chansons et j’étais très admirative des artistes qui en écrivaient car cet exercice me semblait complètement hallucinant. J’ai fait des études d’histoire et de sociologie des arts, durant ces années-là, j’ai du écrire trois mémoires et je me suis vraiment éclatée dans l’écriture même si c’était un fond scientifique. Je me souviens que je travaillais beaucoup les introductions et les conclusions, j’aimais même mettre un peu de caractère dramatique dans la formulation. Être plongée dans ce bain d’écriture m’a beaucoup plu. Un auteur tel qu’Emile Zola m’a beaucoup accompagnée ainsi que des poètes dont Yves Bonnefoy, Arthur Rimbaud et Charles Beaudelaire. J’aime beaucoup aussi Federico García Lorca et d’ailleurs, j’ai mis l’un de ses poèmes en musique et je le chante en espagnol durant le live. Des fois, je manque de temps pour lire mais pour moi, la lecture est un antidépresseur. Je pense que pour écrire, il faut lire, c’est le principe des vases communicants.

As-tu développé le chant en même temps que l’accordéon ou cela est-il venu plus tard dans ton parcours ?

C’est venu beaucoup plus tard. J’ai commencé l’accordéon à l’âge de 6 ans et cet instrument m’a toujours accompagnée même durant mes études en Espagne et au Mexique ; il a toujours été là même si à l’époque, je ne faisais pas de la musique dans un but professionnel. L’accordéon est presque une prolongation de moi (rires). Le chant a été beaucoup moins naturel pour moi et il est venu par l’écriture quand j’ai commencé à écrire des chansons. Mes textes étaient tellement intimes que cela me semblait très bizarre de les faire chanter par quelqu’un d’autre. J’avoue que je suis traqueuse, je fais beaucoup d’exercices avant de monter sur scène, j’ai besoin de me mettre dans une bulle et pourtant, j’adore le live, j’y trouve une plénitude mais c’est moins naturel pour moi que l’accordéon. J’ai un rapport très émotionnel et très affectif avec le chant qui n’est pas forcément facile mais que j’apprivoise tous les jours et je prends de plus en plus de plaisir dans le partage.

Comment décrirais-tu ton univers artistique en quelques mots et/ou adjectifs ?

Imagination, paysages, interrogations/réflexions, coloriste, contemplatif, onirique, immersif, aérien mais aussi aquatique, introspectif.

(c) Bruno Cariou

(c) Bruno Cariou

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

Barbara, Jacques Brel, Georges Brassens, Anne Sylvestre, Michèle Bernard, Anouar Brahem, Daniel Mille, Lionel Suarez, Marc Berthoumieux, Richard Galliano, Debout sur le Zinc, La Rue Ketanou, Les Orgues de Barback, Tryo, Glenn Gould, Loreena McKennitt, Luiz Gonzaga, Gilberto Gil, Marinês, Jakob Bro, Bill Frisell

Quels sont tes prochains projets ?

Une live session de la chanson « L’Heure des Lys » enregistrée avec Hakim Hamadouche ; dont j’aime beaucoup l’univers qui résonne avec mes origines Algériennes assez anciennes ; sortira dans les prochaines semaines. Un clip est prévu pour illustrer « L’Ombrelle ». Nous avons pas mal enchaîné les concerts en trio dernièrement et ils reprendront à partir de juillet et j’aurai quelques concerts en solo car on me demande encore parfois le spectacle du premier album. Nous présenterons l’album le 22 janvier 2025 à La Manufacture Chanson à Paris.

Rencontre avec Louise O’sman au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « L’Heure d’Été » !
https://www.facebook.com/louiseosmanmusic/
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