Rencontre avec Ellie Bloom au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de « Tu Planes » !
Quelles casquettes as-tu dans l’artistique ?
En premier lieu, je suis autrice, je n’ose peut-être pas dire que je suis compositrice à 100% car c’est quelque chose qui grandit encore ; j’aime chercher les sons et ensuite, je travaille avec Yannic Fonderie qui est un très bon producteur ; et je suis interprète-chanteuse-performeuse. Je m’accompagne au piano pour écrire ma musique mais ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de faire sur scène ; et petite, j’ai joué de la flûte traversière. Je danse à ma façon, j’ai mes propres petits mouvements/gestes mais il est certain que j’aimerais apporter cette dimension-là sur scène un jour avec des passages chorégraphiés.
Quel a été le déclic pour te lancer en 2022 avec « Me Voilà » ?
A un certain moment, ma vie a fait que je n’ai pas pu suivre mon instinct. Pendant très longtemps, j’ai vécu en mode survie à la suite du divorce de mes parents. Parce qu’il fallait avoir un diplôme et un beau boulot qui payait bien, je me suis dirigée vers le monde juridique. Très jeune, j’ai dû m’assumer toute seule, j’ai donc étudié le droit et je suis devenue juriste jusqu’à ce que le COVID arrive. Comme je m’occupe de tout ce qui à trait à l’immigration, la sécurité sociale et la fiscalité pour les expatriés, je suis un petit tombée dans un vide car les gens ne pouvaient plus voyager. A ce moment-là, j’avais du temps et je me suis dit que j’allais prendre des cours de chant. J’ai toujours chanté depuis mon plus jeune âge mais ce n’était ni poussé ni apprécié, je n’avais pas forcément confiance en moi et je voyais plutôt cela comme un loisir. Durant ces cours qui se passaient super bien, j’ai découvert mon timbre, ma voix et mes capacités. J’avais senti que le monde du juridique ne collait pas tout à fait avec la personne que j’étais à ce moment-là et c’est alors que j’ai commencé à écrire. J’ai écrit beaucoup de choses sans forcément vouloir écrire une chanson au début mais ça a été comme si je m’ouvrais à un nouvel univers. Les mélodies me venaient naturellement. J’ai eu à cœur de faire un premier single et comme je suis un peu quelqu’un qui fonce et qui ne se satisfait pas de quelque chose de petit pour commencer, je me suis dit que j’allais faire un premier EP et le fait de l’avoir nommé « Me Voilà » avait du sens car jusqu’à la sortie de ce disque, les gens de mon entourage direct ne comprenait pas ma démarche. Au-delà de faire carrière dans la musique, j’avais surtout envie de me retrouver. Le concert que j’ai donné récemment aux Trois Baudets avec les musiciens incroyables qui m’accompagnent depuis le début m’a confortée dans l’idée que je suis comme un poisson dans l’eau sur scène ; je m’y sentie tellement bien. Je crois que j’ai vraiment trouvé ma vocation. Je suis très reconnaissante d’avoir la chance de pouvoir le faire. « Me Voilà » a été comme un coming out de moi-même en tant qu’artiste.
As-tu su très rapidement vers quelle direction musicale tu souhaitais te diriger ?
Je savais clairement vers quelle direction je voulais aller mais je crois que j’ai eu du mal à traduire la chose au début. Pour moi, ce premier EP a été une carte de visite afin d’ouvrir certaines portes. Ce disque m’a permis de rencontrer des personnes qui ont pu m’aider à grandir un petit peu plus. Je suis très fière de ce premier disque mais on sent qu’il est plus chaotique.
« Tu Te Perds » et « Tu Planes » s’inscrivent-ils dans la continuité de tes précédents titres et synthétisent-ils bien ton second EP à paraître à la rentrée ?
Pour moi, ce n’est pas une continuité, c’est même une grande évolution musicale par rapport au premier EP. Ces deux singles donnent très bien la couleur du second EP car toutes les chansons de ce disque sont dans la même direction. J’ai voulu me diriger vers l’Electro-Pop surtout la Dark Electro-Pop car c’est ce que j’aime écouter tous les jours. Avec ce second EP intitulé « Entre Deux Mondes », j’ai vraiment découvert et confirmé mon son.
De quoi parlent ces deux chansons ?
« Tu Te Perds » parle du fait de se battre contre la mauvaise chose. Pendant des années, je me suis battue par rapport au fait de vouloir répondre à ce que les autres ; et la société ; attendaient de moi jusqu’à ce que je commence à me débattre. C’est mon corps qui m’a dit en premier que ça suffisait. Dans cette chanson, je parle de moi-même et du fait de m’être perdue pendant un certain laps de temps. Mon corps traduisait ce malaise et cette recherche par rapport à mon authenticité ; ce qui était en moi depuis toute petite et qui a été tout le temps réencadré par cette petite sorcière que j’évoque dans les dernières paroles de cette chanson. « Tu Planes » fait une très belle suite à « Tu Te Perds » car cette chanson parle de s’encourager soi-même et j’aimerais que les paroles puissent faire écho chez les auditeurs afin de les aider aussi ; je crois que c’est le but de chaque artiste. J’ai souvent entendu le fameux « ne te fais pas trop remarquer ; chut, tais-toi ! » et en grandissant, je n’avais pas compris que ça m’avait fort touchée mais maintenant, j’ai assimilé cela en tant qu’artiste mais aussi en tant que personne et j’ai compris que je ne suis sûrement pas la seule à ressentir cela. « Tu Planes » parle du fait de briser les conditionnements sociaux et générationnels. Dans le dernier refrain, je dis que je plane dans ma maladie car je me le suis permis.
Peux-tu expliciter le titre de ton second EP ? Quels sont ces deux mondes ?
En fait, c’est plein de mondes mais c’est toujours entre deux. Quand mes parents ont divorcé, j’ai été déchirée littéralement entre deux mondes à savoir entre le Canada et la Belgique. Ce titre fait aussi référence au fait d’être entre mon ancien moi et mon nouveau moi au niveau artistique ; j’essaie de grandir, j’apprends tous les jours mais parfois, c’est facile de retomber dans ses habitudes. En ce moment, j’essaie également de jongler entre mon métier artistique et mon métier juridique. Je dois changer tout le temps de casquettes d’autant que je suis aussi maman ; j’ai deux petites filles de 10 et 11 ans et un mari qui voyage beaucoup. Je suis constamment entre deux mondes. Je trouvais qu’« Entre Deux Mondes » marquait une jolie évolution après « Me Voilà ».
Tu es originaire de Belgique, un pays qui est réputé pour les productions Dance et Electro, ces courants musicaux ont-ils fait partie de ton éducation musicale ?
Mon papa écoutait plein de musiques différentes et c’est peut-être pour cela que j’aime tous les genres. Je fonctionne au coup de cœur, je peux écouter n’importe quel genre et en retirer de l’inspiration. Mon éducation musicale a été très universelle, je ne pense pas qu’un courant en particulier m’ait forgée en tant qu’auditrice.
Qui retrouve-t-on parmi tes artistes de référence ?
J’ai surtout été marquée au niveau des sonorités et des vibes par Oscar and the Wolf dont je suis très fan mais aussi par Mylène Farmer ; enfant, j’étais obnubilée par ses concerts que nous regardions à la maison car mon papa les achetait sous la forme de grands laserdisc. J’aime beaucoup également des artistes tels que Michael Jackson, Emma Peters, Pierre de Maere…
L’Eurovision, c’est bientôt, te verrais-tu y représenter la Belgique dans les années à venir ?
Je ne m’attendais pas à cette question mais avec grand plaisir même si je crois que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre !
Ta musique étant plus électronique maintenant, as-tu prévu de faire remixer tes nouvelles chansons ?
Ce n’est pas encore prévu mais j’y pense. J’ai quelques artistes en tête qui pourraient remixer mes chansons de façon significative…Peut-être pas à l’heure actuelle mais c’est quelque chose qui m’intéresserait en tout cas.
Quels sont tes prochains projets ?
Il y aura sûrement un troisième single qui sortira en amont de l’EP qui est prévu pour l’automne. Le clip de « Tu Planes » a été tourné, il est très chouette et il paraîtra idéalement d’ici la fin du mois de mai. Il se pourrait qu’il y ait des live sessions.