Rencontre avec Baroudeur au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Mon prénom c’est Théo, je suis auteur, compositeur et interprète. En tant que Baroudeur, j’écris, je compose, je chante et produis des chansons. À mes côtés, il y a des musiciens comme le guitariste Raphaël Gautier et Jules Heuzé qui est batteur et bassiste.
Pourquoi as-tu choisi Baroudeur comme nom de scène ? Serait-ce un terme qui te caractérise bien ?
J’ai choisi ce pseudo car j’ai l’impression d’avoir passé ma vie à essayer de me rassembler artistiquement, pendant des années j’ai accumulé plein de morceaux dans des genres très différents, et j’avais donc la sensation de barouder sans cesse entre divers styles et d’être dans une sorte de voyage permanent. Il y a vraiment un côté pluriel dans mon projet. Mais surtout, je trouve très intéressante la figure du baroudeur. Un baroudeur, ce n’est pas un touriste et à vrai dire, ce n’est même pas vraiment un voyageur puisqu’un voyageur part quelque part alors que le baroudeur est dans un état de voyage permanent. J’aime aussi le fait que le sens premier de ce mot se rapporte au combat, un baroudeur c’est un combattant. Ce sens-là a complètement disparu mais le mot en a gardé une certaine rudesse. Pour finir, c’est également une petite référence à Pierre Barouh qui a grandement contribué à importer la Bossa Nova en France dans les années 70 et qui a notamment réussi à fédérer autour de lui tout un tas chanteurs très libres et farfelus comme Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Areski Belkacem…
« Lettre à un Ami » a-t-il été un premier extrait évident pour annoncer ton EP ?
Oui, complètement. C’est une chanson très personnelle qui parle justement de la difficulté d’avancer quand on ne se sent pas appelé dans une direction plus qu’une autre, et ça résonne avec cette notion de baroudeur. Ça pose la question de notre multiplicité et de l’enjeu de se rassembler suffisamment pour faire des choses. Je trouvais ça bien de commencer par là.
Cette chanson est-elle adressée à un ami précis ? Peut-être est-elle destinée à toi-même afin de t’auto-motiver…
Exactement ! C’est un peu comme quand on lève la main en classe et qu’on pose une question « pour un ami » ; en général, c’est plutôt pour soi. Mais c’est un peu des deux car j’ai réalisé que nous étions nombreux à être dans cette situation-là ; à se sentir attirés par un truc puis un autre et ainsi de suite jusqu’à arriver à envier les personnes qui n’ont qu’un objectif, qu’une passion dans laquelle ils s’investissent intégralement. Ces personnes donnent l’impression d’être des spécialistes et souvent, elles font complexer les gens qui s’intéressent à plein de choses. Cette chanson n’est donc pas adressée à un ami en particulier mais à plein de gens autour de moi qui se sentent concernés par cette situation. Mais effectivement, c’est aussi beaucoup adressé à moi-même.
Que vois-tu de manière très concrète de la fenêtre de ce 4ème étage qui donne son nom à ton premier EP ?
Déjà, je vois les oiseaux du quartier, Momo au rez-de-chaussée leur distribue du riz et du pain assez régulièrement. Il y a pas mal de pigeons ramiers, de moineaux et de pies. Dans ce logement social, il y a une cour assez étonnante car s’ils en ont fait une, ils veulent qu’il n’y ait rien dedans afin que les gens ne s’y posent pas. Il faut imaginer un carré d’herbe totalement vide, entouré de béton et de briques.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Multiple. Dans le texte, j’aime cultiver l’espièglerie car cela permet de titiller des cordes sensibles avec tendresse et bienveillance. Contrasté aussi, car ça part dans plein de directions, et enfin, sensé car il est important pour moi que mes chansons aient du sens et que ce sens soit facilement compréhensible.
Musicalement parlant, as-tu très vite cerné la direction que tu voulais donner à ton projet ?
Pas du tout et la direction du projet serait justement de m’autoriser à barouder dans plein de choses. Pour ce premier EP, j’ai choisi ces cinq chansons car elles sont toutes différentes et cela me permettait d’annoncer tout de suite la couleur. J’ai envie de me permettre de partir dans toutes les directions en espérant que la cohérence se trouve dans le regard que je porte sur les choses.
Quelles thématiques abordes-tu sur « Du 4e Étage » ?
« Lettre à un Ami » parle de la difficulté à se mobiliser quand on s’intéresse à plein de choses sans que l’une d’entre elles ne prenne le dessus. « Deux Sans Toit » est née d’une rencontre que j’ai faite lors de mon premier grand voyage à l’âge de 18 ans. J’ai rencontré un mec qui vivait dans la rue et après avoir discuté avec lui, je me suis rendu compte que j’avais énormément d’idées reçues sur ce que ces personnes pouvaient vivre ou ressentir. Cet homme m’a parlé du regard des autres, du froid durant l’hiver, de la recherche de nourriture qui peut être laborieuse et des questions d’hygiène mais il m’a dit que le pire pour lui était le fait de ne pas avoir d’endroit où se réfugier à deux quand on est amoureux de quelqu’un qui vit dans la rue aussi. Je me suis pris ça comme une vraie bonne claque dans la tronche car j’ai réalisé que je n’avais jamais envisagé cela. J’ai réalisé qu’on n’était jamais « Deux Sans Toit ». « Sérotonine » parle de dépression, mais d’une manière assez inhabituelle : L’idée c’est que cette hormone a plaqué mon pote et du coup, il déprime. Sauf qu’en attendant, c’est moi qui m’occupe de lui et je demande à la Sérotonine de revenir car mon pote est insupportable. « Les Oiseaux du Quartier », c’est mon témoignage du 4e étage, c’est ce que je vois en tant que mec qui a grandi dans la campagne avant d’atterrir en banlieue parisienne et qui réalise que c’est difficile d’en partir et que beaucoup sont nés et resteront toute leur vie – parfois malgré eux – dans cet environnement de béton de routes, de voitures. C’est une métaphore avec le symbole d’un oiseau victime de braconnage. Enfin, « Au Bord de l’Eau » est une ode à la flemme de faire le ménage.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Côté chanson, il y a des anciens comme Brassens, Henri Salvador, Barbara, des moins anciens comme Mickey 3D ou Mathieu Boogaerts, mais cette partie chanson est toute petite par rapport à tout ce que j’écoute. Je suis très friand de musique électronique ; je pense notamment à Jon Hopkins, James Holden et Weval. J’ai longtemps écouté de la Techno et de la House mais aujourd’hui, c’est plus de l’Electronica et de l’IDM. J’écoute beaucoup de Jazz autant dans ses dérivations Brésiliennes que dans ses formes plus anciennes à la Duke Ellington. J’aime aussi des choses très douces notamment les morceaux d’Avishai Cohen et par moments, j’ai des petits kifs un peu plus énervés comme Joey Valence & Brae ou des classiques comme Locked Club. J’aime bien quand ça attaque un peu des fois.
Vas-tu faire ton baptême du feu en termes de live avec ce premier EP ?
Oui, tout à fait. Nous avons récemment tourné une vidéo du set live afin de donner une idée de ce que ça pourrait être, de manière à pouvoir le présenter bientôt sur scène.
Envisagerais-tu de faire remixer tes chansons ?
Je ne me suis pas posé la question mais je serais super curieux de voir ce que des artistes de musique électronique pourraient en faire. Nous verrons au fil des propositions…
Quels sont tes prochains projets ?
« Du 4e Étage » sort le 1er mars avec des vidéos pour accompagner chaque titre. Je commence déjà à préparer la suite, il y aura plusieurs singles dans les mois qui suivent, au moins deux d’ici l’été, et certainement un deuxième EP à la rentrée !
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