Rencontre avec Arnaud du groupe Malted Milk au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « 1975 » !

Votre nouvel album s’intitule « 1975 », cela signifie-t-il pour autant qu’il est tourné vers le passé ?

D’une certaine manière, oui car 1975 fait référence à mon année de naissance et comme nous jouons de la musique plutôt Soul et Funk, c’est également un clin d’œil musical à la période un peu magique de ce style qui est était à son apogée entre 1974 et 1976. Ce titre d’album illustre une certaine nostalgie de l’enfance ; cette période était plus insouciante pour les enfants de l’époque comparativement à celle que connaissent ceux d’aujourd’hui. Cela faisait sens.

Toi qui es né en 1975, que gardes-tu en mémoire des années 70 ?

Si j’habite à Nantes depuis longtemps, j’ai passé toute mon enfance à la campagne en Vendée et je vais toujours dans ce petit village aujourd’hui. J’ai le souvenir du contact avec la nature, de jouer dehors avec mes deux frères, de la liberté que nous avions dans ce petit village. J’ai gardé en mémoire cette liberté et cette insouciance. A notre époque actuelle, les enfants ne vivraient pas les mêmes choses que moi dans les années 70 et certainement pas de la même manière.

Comment « 1975 » s’est-il créé musicalement parlant ?

Nous avions déjà commencé à expérimenter une collaboration avec Marco Cinelli ; un auteur et compositeur Italien qui vit à Londres ; sur un EP qui est sorti fin 2021. Dès cette première collaboration, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup d’atomes crochus musicalement et humainement aussi entre nous et nous n’avons pas voulu en rester qu’à un EP. Nous avons voulu aller un peu plus loin avec Marco sur la vision globale d’un album entier ; nous avons bénéficié de son regard extérieur. Nous nous sommes laissé guider par l’écriture des chansons ; certains morceaux sont nés de jams. Par exemple, le morceau « 1975 » a été composé plutôt par notre bassiste, je l’ai enregistré en maquette lors d’une répétition et la partie que nous avons gardée est celle qui a été jouée la toute première fois. Nous avons procédé ainsi pour plusieurs morceaux ; nous avons gardé les premiers jets pour construire les chansons ensuite. Nous n’avons pas cherché à refaire en studio des choses qui groovaient déjà et cela nous a évité de réapprendre toutes les chansons (rires). Nous avons gardé l’énergie intuitive du départ et nous avons construit dessus. Au Garage Hermétique où nous avons enregistré ce disque, nous avions accès à tout un parc de claviers vintage des années 80 ; des choses assez rares ; et ça a été hyper intéressant car nous avons pu nous lâcher sur les matières sonores ; ça a été l’occasion d’expérimenter des sons. Une fois rentré à la maison, j’ai pu refaire mes voix et peaufiner les textes avec Marco. Par ailleurs, nous avons travaillé avec un auteur Américain qui habite New York et qui a apporté quelques petites nuances aux textes.

Comment expliquerais-tu votre longévité, cela vient-il du fait que vous vous renouvelez tout le temps ?

Je ne sais pas si nous avons l’impression de nous renouveler totalement à chaque fois mais il est vrai qu’à une époque, le groupe avait un aspect plus Blues avant que l’on ne s’oriente vers la Soul et le Funk. Aujourd’hui, nous sommes plus dans la maturité de servir les chansons le mieux possible et cela est passé par le fait de retirer beaucoup de matière ; nous avons épuré au fil des années. Notre longévité s’expliquerait par le plaisir de continuer à faire et à jouer de la musique ensemble. Pour le live, nous aimons trouver des variations vocales et musicales afin que le public qui vient nous voir n’ait pas l’impression d’entendre simplement l’album studio ; nous avons une approche ludique de la scène.

Quelles thématiques abordez-vous sur ce nouvel album ?

Sur ce disque, nous parlons notamment de nostalgie, de constat sociétal, de séparation…

Peux-tu nous parler de la mise en images de la chanson « Love For Yourself » ?

Dans ce clip, on suit le parcours d’un personnage qui est rattrapé par son enfance, il se rend compte qu’il a fait des erreurs, qu’il a mis en avant certaines choses dans sa vie et qu’il a mis de côté son insouciance.

Quels seraient les messages importants véhiculés sur « 1975 » ?

Nous ne sommes pas dans un discours politique, nous souhaitons que cela reste musical mais en même temps, il y a une certaine complainte dans la musique Soul et cela rejoint les racines du Blues. Nous parlons de choses qui nous touchent dans le monde actuel, le message global de ce nouvel album est un cri du cœur, nous sommes dans un constat qui est assez négatif mais par contre avec le bras levé. Il y a l’idée de se réunir et de se relever ensemble afin de ne pas se laisser abattre par la situation. C’est un message d’espoir.

Comment synthétiserais-tu l’univers de Malted Milk en quelques adjectifs ?

Sensible ; et cela passe par la voix ; solide ; car c’est une musique qui possède une rigueur rythmique ; et pétillant ; particulièrement avec ce nouvel album car nous avons pensé certains apports d’instruments comme on le ferait en cuisine ou en peinture afin de relever ou donner de l’éclat.

Votre musique étant rythmée, l’avez-vous déjà faite remixer ou cela pourrait-il arriver prochainement ?

Oui, ça serait possible et nous sommes déjà en discussion avec certains potes qui bossent un peu dans ce sens-là. Je l’avais fait de manière personnelle avec C2C pour le morceau « Down The Road » qui avait cartonné et c’est vrai que c’est un exercice intéressant.

Quel serait ton meilleur souvenir lié à la musique Soul ?

Je pense que ce serait un voyage aux Etats-Unis. A m’origine, je devais accompagner un bassiste Américain qui vivait en France mais sur place, ça s’est un peu mal passé. J’ai été accueilli en Floride par un super copain Américain et par la force des choses, j’ai retrouvé Archie Turner qui était le claviériste avec qui j’avais commencé la tournée. La mère d’Archie s’était remariée avec Willie Mitchell qui était le producteur de Hi Records l’un des gros labels Soul de Memphis ; Al Green qui est l’un des plus grands chanteurs Soul pour moi avait été découvert par ce label. Quand je suis allé à Memphis, connaissant Archie, j’ai pu contacter et rencontrer Willie Mitchell qui est décédé depuis et j’ai pu visiter le studio mythique de Hi Records, j’ai pu toucher du doigt la réalité des lieux où tous ces disques avaient été faits, j’ai pu me rendre compte qu’il tournait encore et que ce n’était pas devenu un musée. Ce studio n’était pas figé dans le passé et c’était cool. Willie a transmis l’apprentissage de la production en studio à son fils Boo. Par ailleurs, lors de ce voyage, j’ai pu rencontrer Al Green dans son église ; il enregistre encore un petit peu mais maintenant, il prêche et j’ai pu assister à une séance de gospel. Pour moi, c’est une légende de cette musique-là.

Quels sont vos prochains projets ?

La tournée est lancée, plusieurs dates sont déjà programmées, le 23 mars, nous partagerons l’affiche du Poitiers Retro Festival avec Ben l’Oncle Soul, nous serons notamment en concert au Stereolux à Nantes le 28 mars et à La Maroquinerie à Paris le 31 mai. Des live sessions tournées sur Nantes sortiront prochainement ; notamment une en quintet enregistrée pour Radio France Bleue.