Rencontre avec Tom Poisson au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Jean-Michel » !
Tu as déjà une carrière bien remplie à ton actif ; comment expliquerais-tu l’éclectisme/le côté pluridisciplinaire de tes différents projets ?
Tout simplement parce que je fonctionne à l’envie, j’ai besoin de trouver du relief dans tout cela même si mon travail est toujours centré autour de la chanson en français ; c’est ce que j’estime savoir faire le mieux et c’est ce qui me passionne. Même si la chanson en français est la matière brute que je manipule, j’aime bien aller piocher ailleurs ; tantôt, ça va être un jeune public et sur scène, cela va prendre la forme d’un conte musical avec de la théâtralité et tantôt, ça va être un album assorti d’une nouvelle de quarante pages ; sur scène, il va falloir aussi une part de théâtralité et pourquoi pas également de la vidéo… J’ai fait partie de troupes de théâtre, nous avons fait les charrettes, les roulottes…et j’aime bien également les concerts dans une forme un peu plus classique ; depuis quelques temps, je suis retourné à une forme très classique avec un micro statique sur scène qui prend tout autour de lui ; la moindre respiration, la moindre petite percussion corporelle, la moindre hésitation ; c’est quelque chose de très sensible et on a vraiment l’impression de chanter à l’oreille de quelqu’un.
« Jean-Michel » s’inscrit-il dans la lignée musicale de tes précédents disques ou as-tu cherché à emprunter d’autres voies ?
J’ai cherché à emprunter d’autres voies. Plus qu’une idée, j’avais une intuition en ce qui concerne cet album. Comme j’aime bien les artistes qui triturent les matières sonores, qui cuisinent un peu Electro pourvu que cette Electro soit chaude et organique ; des artistes comme James Blake, Billie Eilish et Jane Added ; je me suis dit qu’il y avait une recette à trouver entre mon savoir-faire de chanson et cette musique plus Anglo-Saxonne et la rencontre avec Denis Piednoir a été décisive. Nous avons fait un test sur un titre entre deux albums et d’ailleurs, « Je Cours » figure enfin sur « Jean-Michel ». Nous avions déjà les bases ; la mise en place de la recette ; ensuite, je l’ai bordé de contraintes mais Denis adore cela et finalement, plus je lui donnais des directives précises, plus il avait vraiment une voie dans laquelle s’engouffrer et c’est là où Denis est le meilleur.
Comment est née ta collaboration avec Alice Chiaverini et Denis Piednoir qui t’accompagneront sur scène ?
J’ai rencontré Denis sur mon précédent spectacle quand il a remplacé Paul Roman ; un autre artiste talentueux ; qui était à mes côtés sur scène. Ça n’a pas évident de trouver quelqu’un qui avait autant de talent et de savoir-faire que lui pour le remplacer et c’est Paul lui-même qui a pensé à Denis ; sans savoir à l’époque qu’il allait devenir mon acolyte et même réaliser le futur album. Au départ, Denis était juste un collègue de scène mais par contre, je me suis vite rendu compte de sa musicalité et du fait que nos voix se mélangeaient très bien sur scène. A partir de là, nous avons creusé un peu. Pour ce nouvel album, j’avais très envie de travailler en trio afin d’aller plus loin vocalement mais aussi rythmiquement. Même si j’adorais cela sur l’album précédent qui était plus Folk, à deux, nous étions quand même limités. En ce qui concerne « Jean-Michel », sur scène, il fallait rendre justice à cette part Electro que nous avons empruntée, nous avions très envie de travailler avec une femme notamment pour des raisons vocales et nous sommes tombés sur une perle rare. Alice Chiaverini joue très bien du piano, c’est une très bonne rythmicienne et elle chante redoutablement bien. Alice et Denis ont une belle conscience de l’autre et c’est précieux pour moi.
Pourquoi as-tu donné ton véritable prénom à ce disque ; serait-ce parce que « Jean-Michel » est ton album le plus personnel à ce jour ?
Musicalement, ce n’est peut-être pas le plus personnel mais c’est effectivement le cas dans ce que je raconte. Il n’y a pas de fiction dans cet album ; tout est vrai ; c’est vraiment ce que je suis comme papa, comme bonhomme, comme citoyen du monde, inquiet par plein de choses mais encore ; je l’espère ; très optimiste. Il n’y a pas que du joyeux dans cet album.
« Tanguer ! » a-t-il été un titre évident pour annoncer ce nouveau pas discographique ?
Quand j’ai écrit « Tanguer ! », on ne peut pas dire que j’allais très fort ; c’était vraiment le creux de la vague pour plein de raisons ; mais la musique est un bon moyen pour rebondir. Nous nous sommes dit que ce titre était suffisamment immédiat pour signifier qu’un nouvel album arrivait et qu’il y avait aussi un peu une rupture par rapport au précédent et à mon savoir-faire en général qui est plus sur de l’acoustique et du Folk.
Quelles thématiques abordes-tu sur « Jean-Michel » ?
Sur ce disque, il y a des sujets sociétaux tels que la fin du monde et la pensée binaire ; cette injonction permanente à choisir un camp ; et des sujets plus intimes. Sur cet album, il y a de la réflexion, de la nuance et du doute. Je parle notamment de résilience, du fait de rester maître de son destin, de la beauté de l’éphémère et j’aborde le thème de l’enfance ; je m’adresse à mon fils, moi l’enfant qui vient de perdre sa maman.
Comment synthétiserais-tu l’univers de cet album en quelques adjectifs ?
Sincère ; c’est pour cela que cet album s’appelle « Jean-Michel » ; et organique ; de par ces sons que nous avons triturés et qui sont ; je l’espère ; assez près de la peau et pas froids ; inquiet mais optimiste.
Que peux-tu nous révéler sur ton nouveau spectacle ? Vas-tu te livrer encore plus entre tes chansons ?
J’ai toujours adoré le live et j’ai toujours assaisonné mon répertoire de mille choses extra-musicales ; des interludes un peu incongrus. A certaines périodes, cela a pu être un défaut car j’étais trop avec les gens mais j’espère avoir trouvé la bonne équation notamment avec Alice et Denis. En live, il y a une vraie connivence avec les gens et il y a toujours une ou deux petites surprises ; des covers un peu décalées. Même si les textes sont chargés, cela reste tout le temps digeste ; à mon sens.
Quel(s) message(s) aimerais-tu que l’on retienne de « Jean-Michel » ?
Doutons, réfléchissons, ne parlons pas trop vite, respirons.
Afin de compléter le titre de l’une de tes chansons…après quoi ou après qui cours-tu ?
Après moi. Finalement, on peut être son plus grand ennemi car parfois, on s’empêche de faire des choses et d’être heureux. Il faut courir après soi, essayer de comprendre son endroit profond, comprendre vraiment qui on est afin de pouvoir être heureux tout simplement.
Quels sont tes prochains projets ?
Le clip du second extrait ; « Y’A Du Bruit » ; est en train d’être monté. J’espère qu’il va y avoir un maximum de live sessions. Des concerts sont prévus ; nous serons le 23 mars au Petit Duc à Aix-en-Provence et le 28 mars au Café de la Danse à Paris ; et j’aimerais monter une tournée dans les chapelles/les églises car ces édifices construits par l’homme et cette réverbe naturelle se prêtent très bien à notre répertoire. Certaines chansons n’auront pas le même sens dans une salle de concert lambda et dans un lieu « sacré » ; elles résonneront très différemment ; nous nous sommes rendu compte de cela au moment de livrer ces chansons. Avec Denis, nous allons sans doute enregistrer un ou deux inédits et peut-être aussi remettre au goût du jour le tout premier titre de Tom Poisson ; « Elisabeth Martin » ; cela aurait du sens pour les 20 ans de carrière. Je pense que je vais remettre les mains dans le moteur dès que j’aurai l’énergie pour écrire un nouveau spectacle ; sans doute un jeune public ; sur lequel je me positionnerai en tant qu’auteur, metteur en scène et producteur.
Tom Poisson - TANGUER! (clip officiel)
Réalisation et montage Fernando De Azevedo Avec Tamara Fernando & Tom Poisson Tanguer! (Tom Poisson / Denis Piednoir & Tom Poisson) Extrait de l'album JEAN-MICHEL, sortie nationale le 26 janvier ...