Rencontre avec Mathieu Becquerelle au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteur-compositeur-interprète et pianiste, originaire de Marseille mais je vis en région parisienne depuis pas mal de temps. Je suis venu à Paris car j’y ai suivi une troupe de théâtre musical. J’ai joué dans de nombreuses pièces, parfois pour jeune public, et dans la comédie musicale Sister Act au Théâtre Mogador. Je suis arrangeur : je fais beaucoup de polyphonie, je fais partie de deux groupes a cappella. Je suis également directeur musical : j’accompagne beaucoup de projets et de comédiens qui chantent sur scène. À l’heure actuelle, ce sont mes chansons qui me tiennent le plus à cœur mais il y a toujours un lien avec le théâtre musical car elles racontent toutes une histoire.
Quel a été le déclic pour enfin oser sortir ton premier album ?
Ça a été un ensemble de choses. J’ai toujours composé depuis mes 15 ans : Elton John a été une révélation à cette époque-là.La chanson n’a jamais été loin, mais ayant été pris dans le tourbillon du théâtre musical, et peut-être aussi à cause d’une certaine retenue de me mettre à nu avec mes compositions, j’ai attendu plus de 20 ans pour faire ce premier album. Un déclic a été l’arrivée de mes 40 ans ; ça me va très bien d’avoir cet âge-là mais je me suis dit que ça faisait plus de 20 ans que j’avais commencé à écrire et donné mes premiers concerts et il était temps de m’y remettre. Le second déclic est venu de l’un de mes élèves qui m’a demandé en 2020 d’écrire une chanson au sujet de son père. Il m’a permis de l’enregistrer et de tourner le clip dans sa région natale, à côté de Saint-Etienne. Tout s’est un peu mis en route à ce moment-là : j’ai renoué avec mes chansons et j’ai eu envie d’aller plus loin.
À quoi fait référence ce poisson qui baptise ton disque ?
L’album a failli s’appeler « Laisser Une Trace » - nom du premier single - car le temps passant, et même si j’adore participer à des spectacles, je souhaitais aussi que mes propres chansons existent quelque part et donc laisser une trace musicale dans ce monde. Et puis, je voulais un titre d’album qui me définisse, je me suis demandé qui j’étais…un poisson ! C’est mon signe astrologique et il me plait. Sur la pochette de l’album, il n’y a rien dans le bocal car finalement, c’est moi le poisson qui ose enfin sortir du bocal, me montrer et faire le grand plongeon dans l’océan de la musique. Par ailleurs, cela faisait sens aussi avec la chanson écologique « Mal De Mer » dans laquelle c’est un poisson qui parle.
Comment as-tu souhaité ce disque d’un point de vue musical ? T’es-tu projeté sur la scène en arrangeant tes chansons ?
Je suis un peu de la vieille école, j’aime les sons acoustiques, je n’ai jamais été en contact avec des sons électroniques, même si j’adore ça. J’ai été construit par le piano classique, les partitions et après, la composition. L’acoustique est vraiment ce que je sais faire ; me poser à un piano, chercher des accords, imaginer des contre-chants au violoncelle par exemple - le violoncelle étant mon instrument préféré après le piano. C’est celui qui se rapproche le plus de la voix humaine et je trouve hyper sensuel le fait que le ou la violoncelliste enlace son instrument. Sur scène, je serai accompagné d’une violoncelliste et d’un guitariste, ce qui me permettra de temps en temps de me détacher du piano afin d’aller chanter au plus près des gens.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Poétique ; je l’espère, romantique, passionné, presque lyrique et très intime car je parle beaucoup de moi dans mes chansons. Et tout en parlant de moi, j’ai réalisé que je parlais des autres aussi : j’ai eu beaucoup de retours de gens qui se sont retrouvés dans les paroles de « Laisser Une Trace ». Ça m’a fait énormément plaisir car ce côté intime finit par déboucher sur quelque chose de plus collectif.
Quelles thématiques abordes-tu sur « Poisson » ?
Je parle d’amour, d’écologie, d’homosexualité, du coming out, car cela fait partie de moi. Mais aussi du couple et de manière plus large encore, du besoin de connexion avec l’autre, que ce soit d’un point de vue amoureux ou amical. Il y a aussi la guerre et puis Maurane qui est une inspiration forte pour moi. Sur ce disque, j’ai fait une reprise de « Ça Casse » qui a été écrite par Peter Lorne. Je lui ai envoyé ma version ainsi que la chanson hommage à Maurane et il m’a fait un très beau retour.
Il y a indéniablement de l’engagement écologique dans « Mal De Mer », comment as-tu voulu faire passer des messages dans cette chanson ?
Je crois que je fais toujours les choses assez en douceur. Même dans la vie, je ne suis pas un revendicateur. Je peux dire plein de choses fort et haut mais je ne suis pas violent ou en tout cas, je n’ai pas cette rage nécessaire que certains ont pour porter des messages avec conviction, force et intensité. Je pense que je trouve mon intensité au travers de quelque chose de métaphorique puisque par exemple, dans cette chanson, c’est un poisson qui parle. J’ai eu envie de me mettre à la place de cet animal qui a de la peine : il ne reconnait plus son habitat, sa chambre comme je le dis, qui était bleue auparavant mais qui noircit peu à peu. Cette chanson date d’il y a 20 ans mais elle est malheureusement toujours d’actualité.
Afin de reprendre le titre du deuxième extrait de « Poisson », où te sens-tu comme à la maison en dehors de chez toi ?
Sur scène ! Je crois que c’est l’endroit où je me sens le mieux. Il y a quelque chose de physique qui se passe avec le public et cela donne un sentiment de bien-être pur et dur qui est inimitable. Par contre, monter sur scène est toujours aussi terrifiant dans les premières minutes. On se demande ce qu’on fait là ! Mais après, on s’y sent comme à la maison.
« Poisson » fige-t-il la direction musicale que tu veux suivre à l’avenir ou as-tu déjà de nouvelles envies ?
J’ai déjà de nouvelles envies. Comme « Poisson » est le fruit de toutes ces années de composition, il présente un paysage musical très large qui correspond à une version de moi qui a été assez nostalgique et parfois même pessimiste mais à présent, j’ai envie de choses festives. À l’avenir, j’aimerais aller vers plus de chansons emplies de bonne humeur, ce qui n’empêche pas de faire passer des messages et de raconter des histoires. Michel Fugain a toujours réussi à faire cela hyper bien tout comme Juliette Armanet plus récemment. Je pense aussi à Véronique Sanson qui a dans son répertoire de grandes ballades mais aussi des chansons plus rock et plus énergiques.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Maurane bien sûr, mais aussi ses acolytes belges Axelle Red, Brel ou encore Lara Fabian. Le Québec a tellement de grands chanteurs selon moi : Lynda Lemay, Céline Dion,Robert Charlebois, Diane Tell…J’ai aussi beaucoup écouté Sinclair et Stevie Wonder, je suis fan de funk et de soul, mais aussi Michel Legrand et toutes les grandes comédies musicales Américaines…
Quels sont tes prochains projets ?
Je vais présenter l’album en piano-voix au Kibélé le vendredi 26 janvier, jour de la sortie du disque. Le 1er mars, nous serons en trio aux Trois Baudets et le 9 mars à Ecouen dans le 95. J’aimerais beaucoup jouer ces chansons autour de Marseille, ma ville natale. Je sais que beaucoup de gens ne pourront pas être à Paris pour les concerts de lancement, alors je voudrais faire comme un deuxième acte de sortie avec une ou plusieurs dates dans le Sud. Des concerts avec les groupes vocaux Opus Jam et Les Voix Animées sont en train d’être validés. Je chante également au sein de La Compagnie Pliez Bagage et parfois, je le fais dans le cadre de tournées solidaires pour des publics empêchés notamment dans des centres d’hébergement d’urgence pour les SDF, des hôpitaux pour enfants avec handicap…Sur la saison 2024/2025, j’aurai des dates à Verneuil-sur-Seine où je réside ; un concert en solo au piano pour la Fête de la Musique le 21 juin ; et il y aura très certainement un atelier d’écriture autour de la chanson proposé aux habitants de ma ville. J’ai aussi envie d’écrire une comédie musicale, mais il faut trouver le temps de le faire ! Je déborde d’envies et de projets.
Nouvelle sortie le 26 janvier 2024
https://bfan.link/poisson?fbclid=IwAR2tIVzJok1LRsiIxos9txhjcA7KYPQcv2fwklcgeH4hE71RK2Nre3yghWY