Rencontre avec Kloé Lang au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Ce Que La Nuit » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis Franco-Suisse, autrice, compositrice et interprète. Je compose avec un petit clavier Wurlitzer mais je dirai que le chant est mon instrument principal. Même si j’ai fait du violon quand j’étais enfant et que j’ai toujours aimé chanter, j’ai un parcours un peu particulier en ce qui concerne la musique car ce n’était pas un métier que j’imaginais faire. J’ai commencé par faire du théâtre et donc par être actrice ; ce que je suis toujours si on me le demande mais je le fais moins à présent ; et ensuite, j’ai écrit et réalisé des films ; je suis donc également scénariste et réalisatrice.

Pourquoi as-tu choisi de débuter ta discographie avec un disque de reprises de Barbara et de Janis Joplin plutôt qu’avec des chansons originales à l’exception d’« Aimez-Moi » ?

J’ai eu cette idée quand j’ai terminé mon école de théâtre. Je trouvais que Barbara et Janis Joplin se ressemblaient beaucoup et j’ai eu envie de créer un spectacle afin de raconter une histoire à travers leurs chansons mais comme je n’étais pas du tout chanteuse à l’époque, je pensais que c’était beaucoup trop ambitieux. Après avoir déposé un appel à projet il y a quelques années, La Manufacture Chanson a été intéressée. J’ai contacté Michael Wookey a ce moment-là afin de créer les arrangements de ce projet qui était vraiment live pour moi ; je continuais dans la lignée du spectacle vivant. Sur scène, je chantais onze chansons dont une à moi et il y a eu une révélation, je me suis dit que j’allais rester un peu ; j’ai plongé dans un nouveau monde et j’aime bien cela. L’album est sorti car il y a eu le COVID et nous ne pouvions plus faire de scène.

Pour « Ce Que La Nuit », tu as de nouveau collaboré avec Michael Wookey, qu’apprécies-tu le plus chez lui et que dirais-tu qu’il apporte à ton œuvre ?

J’aime son univers. Michael est très habité, il y a une vraie sensibilité chez lui et j’apprécie sa recherche dans les sons. Je trouve qu’il y a une poésie énorme dans son travail mais aussi quelque chose de l’enfance ; je me retrouve beaucoup dans ce côté brut, sincère, honnête et franc. C’est quelqu’un qui est très à l’écoute et qui sait très bien me traduire car je parle beaucoup en termes d’images, de sensations, de sentiments et d’émotions ; j’ai l’impression que je suis une réalisatrice qui fait de la musique et d’ailleurs, Michael a fait la musique de mes films. Je crois qu’il y a quelque chose qui le touche et qui lui parle dans ma musique. Nous nous comprenons.

Musicalement parlant, « Ce Que La Nuit » est-il dans la lignée de son prédécesseur ?

Ces deux disques sont quand même différents. J’ai écrit et composé les chansons de « Ce Que La Nuit », elles sont intimes et sensibles, elles sortent vraiment de moi. Au niveau des arrangements, j’ai eu envie de rythmiques un peu électroniques, d’Electro organique, de transformer des sons du réel afin de créer une matière ; je l’avais fait un peu dans mon précédent disque mais les mélodies sont très différentes sur « Ce Que La Nuit ». Je voulais pouvoir retranscrire toute seule sur scène tout ce qu’il y a sur ce disque ; je voulais que tout soit à mon niveau.

Comment décrirais-tu l’univers de cet EP ?

Je dirai que l’univers de cet EP est profond, subtil, sensible, poétique, onirique, viscéral, intime et doux.

Que t’offrirait la nuit d’un point de vue artistique ?

La nuit, il y a quelque chose qui se relâche et cela permet de laisser émerger ce que l’on cache la journée ; j’aime beaucoup cela ; j’ai l’impression que ça laisse la place à toutes les parts d’ombre que l’on peut avoir ; tout d’un coup, elles ont leur place et elles sont mises en lumière. Je ne saurai dire si j’écris la nuit mais je sais que je peux m’oublier quand je créé et cela peut durer…et ça peut se prolonger pendant la nuit (rires). J’écris beaucoup et pas forcément que des chansons.

Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?

Sur ce disque, je parle notamment d’amour en général, il y a aussi des questionnements un peu philosophiques sur la vie, la mort, le changement et j’aborde également des angoisses mais toujours avec douceur ;  j’ai besoin que ce soit doux, beau et transcendant.

Ton écriture est-elle plutôt direct ou imagée ?

Mon écriture est très imagée mais parfois elle peut être plus directe comme dans la chanson « Maman ». J’ai l’impression que ce qui est imagé me permet plus de donner des mots sur des sensations, des feelings, des émotions parce que ce ne sont pas des situations concrètes, c’est plus de l’impalpable. Comme je suis aussi réalisatrice, les images me parlent vachement. Derrière les émotions, je mets des images, derrière les images, je mets des sons et les mots viennent essayer de rassembler cela. Quand je n’ai pas les beaux mots, j’ai l’impression que je fais des textes plus concrets (rires).

Idéalement, comment aimerais-tu présenter « Ce Que La Nuit » sur scène ?

J’aime bien l’idée de créer une sorte de bulle. Pour le moment, je pose une guirlande lumineuse en rond sur le sol et j’aime me dire que c’est l’endroit de la magie où l’on va transmettre des choses, où l’on va traverser des émotions mais en étant abrité/sécurisé. J’ai à cœur que ce soit un moment suspendu durant lequel on peut tous un peu se consoler. Même si on peut aborder des choses un peu dures, on sait que ça va bien se passer car il y a de la bienveillance.

Qui retrouve-t-on dans tes références musicales ?

Je suis très sensible aux textes et aux voix. J’aime bien Raphaële Lannadère (L), Sandra Nkaké, Emily Loizeau, Clara Ysé, Barbara et Janis Joplin que j’ai beaucoup chantées, Nina Simone, Françoise Hardy, Lhasa, Alain Bashung, David Bowie, Joan Baez et Tracy Chapman que l’on écoutait beaucoup chez moi durant mon enfance…Pour moi, ANOHNI (anciennement Anthony and the Johnsons) est un peu The Master, c’est la magie, la beauté, c’est ma grosse référence. J’aime beaucoup Kae Tempest également ; j’ai été très émue durant l’un de ses concerts.

Quels sont tes prochains projets ?

« Ce Que La Nuit » sortira le 26 janvier et le clip de la chanson qui donne son nom au disque devrait paraître fin février. J’aimerais bien faire des live sessions. Je vais être en résidence en février avec Michael afin d’affiner les arrangements pour le live. Je serai en concert à L’Itinéraire Bis à Toulouse le 15 février, à L’Atelier à Valleraugue le 23 février et à La Manufacture Chanson à Paris le 06 mars. D’autres concerts sont en train de se programmer. J’ai toujours des projets de films en tant que réalisatrice mais la musique prend beaucoup de temps…J’aimerais écrire de nouvelles chansons dans les prochains mois afin de publier un album en 2025 !