Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rencontre avec Bleu Reine au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « La Saison Fantôme » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Clément Arnould

(c) Clément Arnould

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis Léa Lotz, j’ai 32 ans, je suis originaire de la région parisienne ; je vis maintenant à Paris ; et j’ai pas mal d’attaches familiales dans l’Est de la France. Je suis musicienne ; multi instrumentiste ; j’ai commencé par le piano classique vers mes 6-7 ans et j’en ai joué jusqu’au BAC. En parallèle à cela, j’ai toujours développé un intérêt pour les instruments amplifiés. Je me suis mise à la basse à l’adolescence puis à la guitare au lycée de manière autodidacte. J’ai entrepris d’écrire des chansons au moment où j’ai commencé la guitare et encore aujourd’hui, c’est l’instrument dont je me sers le plus pour composer. Pour la petite anecdote, je ne suis ni fille de ni Crésus, je me suis acheté moi-même ma première guitare ; une Gibson à laquelle je suis très attachée ; à mes 18 ans après avoir travaillé durant deux mois dans un Monoprix. Mon projet Bleu Reine existe depuis 2018, un premier EP est paru début 2019 et l’album « La Saison Fantôme » est sorti ce 1er décembre. Pour ce disque dont j’ai fait une partie de la production, j’ai travaillé avec Clément Arnould qui a fait les prises de son et le mixage en très grande partie. Depuis 2020, j’ai commencé à superposer les casquettes dans mon projet car à l’heure actuelle, je suis auteure, compositrice, interprète, arrangeuse, je m’occupe de la production de manière collégiale et à côté de cela, je fais pas mal d’illustrations car même si je ne viens pas de là, j’adore les arts visuels. Depuis quelques années, je fais mes clips et j’ai aussi une émission de radio sur les musiques de film.

T’es-tu toujours illustrée musicalement en solo ?

Non, j’ai accompagné à la basse pas mal de groupes qui jouaient plutôt de la musique saturée ; du Metal, du Hard Rock ; et je suis venue tardivement à la voix ; j’ai d’abord été choriste pour ces groupes-là. A partir du moment où je me suis mise à la guitare, j’ai commencé à avoir d’autres types de groupes dont un qui a duré sept ans ; nous étions partis de mes démos et nous avions bâti un projet à deux plutôt en anglais et orienté Rock Anglo-Saxon. Sans m’en rendre compte, je pense que le fait de ne pas chanter en français me frustrait pas mal tout comme le fait de ne pas pouvoir lier d’autres influences que j’avais ; je pense notamment à Emilie Simon. Quand ce projet s’est terminé, j’avais 25 ans, j’étais en recherche d’autre chose, j’ai commencé à écrire en français et j’ai rencontré mon label à ce moment-là.

Peux-tu nous en dire plus sur ton nom de scène ?

Il faut savoir que lorsque j’ai été signée, je n’avais que des mémos vocaux sur mon téléphone, je n’avais ni maquettes ni pseudo. Il a fallu trouver un nom car je devais me produire au Supersonic mais je n’avais pas du tout pensé à cet élément-là car je ne savais pas si je me destinais au solo ou au groupe. J’ai fait une short list ; un peu à l’arrache ; en me disant que j’aimerais bien avoir un nom évocateur et comme j’imaginais beaucoup de choses en rapport avec les couleurs, je me suis arrêtée sur le bleu qui est la seule couleur commune au jour et à la nuit ; le bleu m'intéressait notamment pour la correspondance qu’il y  a entre ces deux mondes. Le fait de transformer bleu roi en Bleu Reine me permettait d’apporter une touche de féminisme un peu latent qui me ressemble bien car si j’exprime mes engagements un peu à la marge, ils sont quand même bien là. Je trouvais que ce nom pouvait se lire de différentes manières ; à la fois comme une couleur mais aussi comme quelque chose qui aurait rapport avec le côté médiéval qui me caractérise aussi pas mal.

(c) Bleu Reine

(c) Bleu Reine

Peux-tu expliciter le titre de ton album ? A quoi fait référence cette saison fantôme ?

Ce titre a presque été le guide de la production de cet album. C’est un titre en dehors de la tracklist qui existe en lui-même ; il arrive en couvercle sur l’album et en même temps, c’est aussi le socle de ce disque. Ce titre est venu très tôt et je pense qu’il m’a aidée à garder ce fil. Je pense que le côté saison me réconciliait avec l’aspect pluriel de ma musique mais aussi avec ce que j’avais à cœur d’exprimer. En travaillant avec moi, Clément m’a permis d’accepter le fait qu’il y ait plusieurs visages dans ma musique, que des choses se succèdent et que c’est un cycle naturel. En schématisant un peu, les choses plus Pop et lumineuses renverraient à l’été ou au printemps. En revanche, ce qui est plus obscure et introspectif permet de laisser mourir des cycles afin de recommencer différemment après. Le côté saison représente le fait d’accepter qu’il y ait plusieurs visages en nous et le terme fantôme évoque ceux par lesquels j'ai été traversée pendant que je faisais ce disque mais aussi la sensation que j’avais de me diluer dans mon rapport au monde ; ça m’arrangeait presque parfois de me sentir transparente. La saison fantôme en serait une cinquième un peu hors-cadre, un endroit secret qui ne serait pas sur la carte.

La photo de la pochette qui illustre ton album pourrait sous-entendre une certaine mise à nu dans ce disque…est-ce le cas ?

Cette photo illustre à la fois quelque chose qui était très mis en scène et un accident. J’étais persuadée d’avoir mis un retardateur à dix secondes et en fait, la photo a été prise au bout de trois. J’avais prévu une pose qui n’était pas du tout celle-là et la photo a été prise au moment où j’étais en train de m’installer pour la faire. Cette photo me prend sur le vif alors que comme c’est moi qui étais censée me prendre, logiquement, il ne devait pas y avoir de surprise dans cette séance. Je suis à la fois pratiquement nue et en même temps, on ne voit pas mon visage et c’est tout le paradoxe de cette photo accidentelle ; je trouve qu’il y a une sorte de jeu entre le dévoilement et la pudeur. En général, ma musique et mon humour dans la vie de tous les jours parlent un peu pour moi ; je suis moins à l’aise pour parler de moi quand il faut le faire de manière plus frontale. « La Saison Fantôme » est une mise à nu mais partielle car je m’exprime beaucoup par des détours et des images dans mes textes. Dans ce disque, je parle beaucoup de moi mais aussi d’autres choses afin de noyer un peu le poisson.

(c) Bleu Reine

(c) Bleu Reine

« La Saison Fantôme » est-il dans la continuité musicale de l’EP « Élémentaire » paru début 2019 ?

Oui, je pense que c’est une continuité même si l’album est vraiment plus abouti que l’EP qui était un premier jet à bien des égards. La production de l’EP a été très différente de celle de l’album ; avec le recul, je pense que j’ai été seule sur de mauvaises choses et un peu trop accompagnée sur d’autres alors que j’aurais aimé être un peu plus libre. En ce qui concerne la production de l’album, j’ai été beaucoup plus aux manettes ; ce disque s’est beaucoup plus enraciné en moi et il m’a fait travailler plus longtemps. J’ai vraiment noué une relation beaucoup plus solide et riche avec cet album. « La Saison Fantôme » est la suite logique du travail que j’avais à peine commencé sur l’EP.

Comment qualifierais-tu l’univers développé dans ton premier long format ?

Romantique, romanesque, onirique, synesthétique et parfois féerique notamment dans le travail des chœurs. C’est un album qui est un peu entre deux mondes et je l’ai voulu intemporel.

Quels thèmes abordes-tu sur ce disque ?

Même s’il ne l’aborde pas vraiment, cet album est très lié à la dépression. Ce disque m’a permis de parler de solitude, de liberté et du lien entre les deux. En dehors de cela, on retrouve les thèmes de la nature, des contes et légendes de la vieille Europe, des mondes imaginaires et de notre vision du réel.

Comment aimerais-tu retranscrire « La Saison Fantôme » en live ?

J’ai un line-up fixe depuis peu. Sur scène, Vincent Kreyder est à la batterie, Lou Maréchal du groupe HEU est à la basse et Clément Arnould est au clavier ; quant à moi, je suis à la guitare et à la voix. J’aime bien me dire qu’une fois que les chansons sont figées en studio, je peux m’amuser à fouiller les mondes au maximum en live car je ne cherche vraiment pas à les retraduire de manière exhaustive sur scène. Je n’ai pas l’intention de copier-coller le studio à la scène ; de nouvelles choses seront déployées en live. En termes de décors, j’imagine qu’il y aura des choses tissées autour du végétal et de la forêt ; nous verrons en fonction des moyens dont nous disposerons. En tout cas, ça sera un décor de conte pour adultes.

(c) Maéva Bérol & Léo Lotz

(c) Maéva Bérol & Léo Lotz

Que retrouve-t-on  dans ta culture musicale ?

Plus jeune, j’ai beaucoup écouté des groupes tels que System Of A Down, Nirvana et Metallica ; cette époque-là est vraiment une madeleine de Proust pour moi. A la fin de mon adolescence/début de ma vingtaine, j’ai pas mal traîné avec des gens qui s’intéressaient à des musiques encore plus extrêmes comme le Black Metal ; genre à prendre avec de grosses pincettes car il y a beaucoup de dérives qui sont encore très actuelles et qui ne me concernent pas. Dans cet univers-là, il y a toujours eu quelque chose qui me fascinait presque comme un gamin qui va dans un train fantôme. J’ai été marquée par cela car ça me donnait l’autorisation d’aller vers quelque chose qui n’était pas forcément beau. A l’époque, on a tous vu passer et écouter des artistes telles que Melissa Auf der Maur et Mylène Farmer qui étaient très féminines mais pour ma part, je n’avais pas de modèles de filles qui arrivaient à se faire une place sans être forcément là-dedans. Dans la nouvelle scène Française, j’aime beaucoup Dominique A, Françoiz Breut, Lonny, Alcest et Léa Jacta Est que l’on retrouve sur mon album. J’aime aussi la fibre romantique du groupe Cocteau Twin et je suis vachement nourrie par la Bedroom Pop et la Folk très intimiste ; je pense notamment à SoKo, Joni Mitchell, Nick Drake et Malicorne pour le côté médiéval. Plus récemment, j’ai découvert le groupe Japonais de Rock progressif Kikagaku Moyo et Ana Roxanne qui fait de l’Ambient.

Quels sont tes prochains projets ?

Le 13 mars, nous présenterons l’album au Point Éphémère ; nous serons quatre sur scène et il y aura des guests dont Léa Jacta Est qui joue du thérémine sur « Belle Qui Tiens Ma Vie ». D’autres dates se profilent pour 2024 ! Une live session enregistrée via Le Cargö arrive prochainement et nous allons en tourner d’autres car nous avons deux résidences programmées début janvier et en février. J’aimerais bien mettre en images un nouvel extrait de l’album…  

Rencontre avec Bleu Reine au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « La Saison Fantôme » !
https://www.facebook.com/bleureineofficial
Commenter cet article