Retrouvailles avec Néo Nubis au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de son premier EP !
Ton premier titre intitulé « Des Monstres » est sorti il y a un an, comment a-t-il été accueilli et qu’est-ce que les gens ont le plus mis en avant dans ton projet ?
Il a été vraiment bien accueilli. Pourtant ça n’a pas été simple au début car j’ai commencé ce projet relativement seul mais au fil des mois, une équipe s’est constituée autour de moi et des gens se sont mis à suivre ma musique plus régulièrement. L’accueil s’est fait sur le long terme et il continue aujourd’hui. Les écoutes de « Des Monstres » continuent d’augmenter un an après sa sortie et on me fait toujours des beaux retours. Il y a même eu des performances de drag queens sur cette chanson. C’est fou. Différentes personnes se sont réapproprié ce morceau et ça m’a réchauffé le cœur ; je ne m’y attendais pas du tout. L’originalité et la radicalité dans les choix de productions ont été mises en avant par les gens qui ont aimé ce pas de côté par rapport à ce qui peut se faire dans la Pop Française aujourd’hui et cela m’a vraiment fait plaisir car j’ai à cœur de faire une musique différente, alternative, afin de cultiver et défendre mon originalité, ça m’a plu qu’on souligne cela. Les retours des gens m’ont donné confiance en ce projet et en mon identité artistique.
Que s’est-il passé musicalement pour toi ces derniers mois ? As-tu affiné la direction artistique de ton EP ? As-tu commencé à préparer le live ?
J’ai eu à cœur de continuer à cultiver cette originalité en poussant les curseurs au maximum et en allant encore plus loin dans mes désirs esthétiques et musicaux. J’ai beaucoup évolué personnellement et artistiquement. Durant ces derniers mois, trois autres singles sont sortis dont deux qui ont été mis en images. Quant au live, j’adore ça, il y a eu plusieurs dates ces derniers mois ; j’ai notamment joué récemment en première partie d’Only Fire au Badaboum. Le public était incroyable, faire de la musique prend complètement son sens quand je suis sur scène, c’est tellement génial !
« Post Mortem » est-il un EP conceptuel ou tout du moins, y retrouve-t-on un fil rouge ?
Oui, il y a complètement un arc conceptuel autour de ce disque. J’ai conçu cet EP comme un geste ramassé et avec un fil du rouge. Avec la formule « Post Mortem », j’avais envie de célébrer l’idée de la mort en tant que passage obligé vers d’autres vies, d’autres mondes, d’autres versions de soi-même. Cet imaginaire-là est davantage beau et poétique que fatal ou tragique. Cet EP est conduit par un profond mysticisme mais un mysticisme Pop et futuriste qui me permet d’inventer ma propre mythologie ; je suis moi-même mystique en tant que personne et d’autant plus en tant qu’artiste et il était évident que ce disque me ressemble. Il raconte mon intériorité, mes rêves, mes peurs, mes croyances…
Pourquoi as-tu fait le choix de ne pas inclure ton second single ; « Sans Doute » ; sur ce disque ?
Je me suis posé beaucoup de questions quant à la structure de cet EP. Je n’avais pas envie que ce soit une compilation des titres déjà sortis avec un inédit ou un featuring avec quelqu’un pour avoir plus de streams. Je ne souhaitais pas être dans une logique ni de compilation ni de stratégie mais d’être pleinement dans quelque chose d’esthétique, de poétique et de conceptuel et sans doute que cette chanson ne rentrait pas dans cet arc-là. « Sans Doute » est une chanson que j’adore faire en live mais étrangement, je l’écoute peu contrairement aux autres. J’ai un rapport différemment avec cette chanson…c’est peut-être le vilain petit canard ; c’est comme cela que je la perçois.
Quelles thématiques abordes-tu sur ton EP ?
L’imagerie de la mort est omniprésente dans cet EP mais avec des « sous-textes ». Ce disque parle de renaissance, de reconstruction de soi, de l’idée de tuer des versions antérieures de soi-même, de devenir, de rencontre avec soi-même…Il y a quelque chose de profondément identitaire derrière ce concept qu’est « Post Mortem ». « Rien Qu’une Âme » parle beaucoup plus de la réincarnation, de ce que l’on pourrait potentiellement devenir une fois que l’on n’habite plus un corps. C’était important pour moi d’évoquer cela car j’ai cette croyance profonde que nous ne sommes que des âmes qui habitent des corps que nous n’avons pas choisis et que nous n’aimons pas. Il faut savoir se concentrer sur l’essentiel, se recentrer parfois, ne pas oublier que tout ce qui est matériel finalement ne compte pas y compris le corps, c’est essentiel de cultiver son intériorité et c’est en tout cas ce que je fais en tant qu’artiste.
Hormis le noir et le blanc que l’on retrouve dans tes visuels, quelle couleur donnerais-tu à « Post Mortem » et pourquoi celle-ci ?
Je pourrais choisir la facilité en répondant le vert en référence à « Matrix » qui m’a inspiré mon nom et parce qu’il y a également cette idée de double réalité et de vie alternative dans ce film. J’avoue que même si j’ai beau penser en termes d’images, de textures, de décors ; je conçois vraiment une chanson comme une pièce où il y aurait plein d’éléments à composer ; je ne réfléchis vraiment pas en termes de couleurs…joker pour cette question !
Afin de faire référence au titre du dernier single sorti avant l’EP, peux-tu partager avec nous ton dernier rêve ?
Mes rêves sont beaucoup trop étranges pour que j’accepte de les dévoiler (rires). Je fais des rêves complètement absurdes mais ils sont bien ancrés dans la réalité ; ils ne sont pas psychédéliques mais je peine à les comprendre. En tout cas, j’aime bien me réveiller en me disant tous les matins que mon dernier rêve ne sera pas le dernier et en pensant déjà au prochain.
« Post Mortem » cristallise-t-il ta direction musicale ou penses-tu que la suite sera autre ?
Ça ne m’intéresse pas tellement de refaire la même chose. J’ai à cœur de pousser les curseurs et j’irai forcément plus loin et ailleurs à l’avenir. J’ai envie d’expérimenter d’autres sonorités. J’ai le souhait de m’imprégner d’autres univers musicaux d’autant que j’écoute beaucoup de musique ; aujourd’hui plus que jamais ; et que je découvre d’autres pans de l’histoire de la musique. Je ne veux pas dupliquer une recette rassurante. J’ai envie de proposer aux auditeurs des choses que l’on n’a peut-être pas l’habitude d’entendre. Je crois qu’on sous-estime souvent le public, on a tendance à croire qu’il est prédisposé à certains types de musique et pas à d’autres alors que je pense que le public est très intelligent et très sensible et que de ce fait, on peut lui mettre dans les oreilles de choses que l’on entend peu ou pas.
Quel genre de film pourrait illustrer musicalement « Post Mortem » ?
Je crois que ça serait fatalement un film de David Lynch parce qu’absurde, mystique, onirique, à la fois sombre et décalé. Si je devais choisir l’un de ses films, je crois que je choisirais « Lost Highway » qui est très conceptuel tout en étant profondément onirique. J’espère que cet EP convoque cet imaginaire du rêve, des vies antérieures, des vies futures, ces mondes périphériques dans lesquels on aime bien se plonger quand la réalité est soit trop ennuyante soit trop difficile et les films de David Lynch sont pas mal pour cela, on est transporté ailleurs et j’espère que le public ressentira cela en écoutant ma musique.
Contrairement à pas mal de nouveaux artistes Français, tu as choisi notre langue pour t’exprimer, était-ce un choix évident notamment pour que les auditeurs aient accès directement au sens de tes textes ?
Ce n’est pas exactement cela. J’avais vraiment à cœur de créer une Pop Française. Mine de rien, nous sommes quelques d’artistes émergents et indépendants à réfléchir, à conceptualiser la pop et à proposer de la Pop musique en Français ; je pense à des artistes comme Kalika, Chéri, Joana ou Thx4crying ; la Pop n’est pas forcément Américaine ou Anglaise. Malheureusement ça reste un genre sous-estimé et peu compris ici. L’anglais m’intéresse pour sa musicalité mais j’écrirai toujours en français même si un jour, l’anglais me tend les bras. J’ai la chance que ma musique soit écoutée aux Etats-Unis et ça me fait toujours plaisir de me le rappeler. Ça peut être intéressant justement d’exporter la langue française comme le fait Yelle par exemple ! Et puis c’est prenant de jouer avec cette contrainte du français et c’est la langue avec laquelle je parle, c’est plus facile d’exprimer ce que je ressens.
Quels sont tes prochains projets ?
Même si je vis l’instant présent à fond, je ne peux pas m’empêcher de penser à demain et à après-demain, je fais beaucoup de plans sur la comète, je rêve souvent éveillé. J’espère qu’il y aura des dates de concert car j’aime le live. L’EP sortira en physique un peu plus tard. Il y aura du contenu, des visuels, des performances, il va falloir faire vivre « Post Mortem »…Et en même temps je pense déjà à l’EP suivant qui commence à se dessiner un petit peu dans ma tête. Je retourne en studio fin Juin d’ailleurs !