Retrouvailles avec Carl Vermont au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son EP baptisé « Stereochrome » !
Avant de publier ton premier EP solo, tu as sorti plusieurs singles, qu’est-ce qui a été le plus souvent mis en avant dans ces titres ?
L’univers est souvent ressorti ; on a parlé du côté onirique et coloré du projet et aussi de la cohérence sonore qu’il existe entre la production qui est assez moderne et une touche un peu retro et acoustique dans les instrumentations.
Peux-tu expliciter le titre de ton disque ?
Initialement, j’avais pensé appeler ce disque « Or Ciel Couleur Pluie » que l’on retrouve dans les paroles de la chanson « La Rivière des Oiseaux Peints » qui est très influencé par la peinture mais finalement, j’ai trouvé que ce titre n’était pas assez impactant. Baptiser cet EP avec un seul mot me paraissait être une bonne idée. J’aime le terme stereochrome qui peut évoquer plein de choses. Il y a le côté stéréo qui va évoquer plutôt la musique et le côté chrome qui va évoquer la couleur et cela forme une synesthésie qui est une figure de style poétique que j’affectionne beaucoup ; elle consiste à mélanger les sens et de ce fait, avec stereochrome, c’est comme si on voyait de la couleur en stéréo. Dans ce titre, il y a une petite touche vintage qui peut faire penser à technicolor ou à mondovision, des choses qui incarnaient le futur à une époque mais qui sont un peu désuètes aujourd’hui.
Comment est né ton duo avec June Milo sur « C’était Demain » ?
Nous nous sommes connus grâce à des amis musiciens que nous avons en commun et je lui avais déjà proposé de faire un duo sur l’un des singles qui sont sortis en amont de l’EP. June m’avait invité à chanter avec elle « Sealed With A Kiss/Derniers Baisers » pour l’une de ses vidéos en mosaïque qui est un peu sa marque de fabrique. Je m’étais occupé de la production et de la réalisation musicale et June avait fait les arrangements vocaux et dans un coin de ma tête, j’avais gardé l’idée de retravailler avec elle. J’avais vraiment à cœur de faire un featuring sur cet EP et c’est tout naturellement que j’ai demandé à June car j’adore la façon dont elle écrit pour la voix. Je trouve qu’elle est très forte dans les arrangements vocaux ; les notes peuvent frotter un peu ; c’est sur un fil ; mais c’est très doux et harmonieux.
Cette chanson a-t-elle été pensée immédiatement comme telle ?
Non, pas tout de suite. Cela faisait un petit moment que je voulais faire une chanson intitulée « C’était Demain » et même un spectacle mais je me suis dit que c’était un peu ambitieux et que ça ne serait pas pour tout de suite. Faire une chanson a été plus simple mais je ne l’ai pas pensée immédiatement comme un duo. A vrai dire, je ne pensais même pas qu’elle aurait cette tournure-là. Au départ, je pensais qu’on allait prendre chacun une partie mais June Milo en a fait quelque chose de très personnel en apportant toute la magie de ses arrangements vocaux et cela donne un côté très électrique à ce titre. Quand on se lance dans une chanson, ce n’est pas toujours simple de savoir exactement où l’on va, il y a toujours une part d’exploration, ça se décide petit à petit.
Qu’est-ce qui te manquerait le plus de cette période passée que tu évoques dans ce titre ?
L’Atari 520 ! C’est vraiment mon côté madeleine de Proust car j’y ai beaucoup joué en famille quand j’étais petit ; cela m’évoque le souvenir de quelque chose d’un peu cosy, d’une autre façon d’être, c’était l’enfance et des moments de vie ensemble alors qu’aujourd’hui, nous sommes tous sur un petit écran. J’étais fasciné par ces univers mais aussi par les musiques 8-Bit de ces jeux. J’aurais adoré composer des musiques comme celles-là. Je dois encore avoir l’Atari 520 dans un vieux carton, il faudrait que je le ressorte.
Tu parles aussi des vies connectées dans « C’était Demain », dirais-tu que toi-même, tu y as succombé plus « par obligation » que par envie réelle ?
C’est difficile à dire…Je dis souvent que si je ne faisais pas de musique et que je n’avais pas à faire ma promo, je pense que je ne serai pas sur les réseaux sociaux mais c’est facile à dire. Je ne sais pas qui je serai si je ne faisais pas de musique. J’ai quelques amis qui ne sont pas sur les réseaux sociaux, cela montre que c’est quand même possible. Après, c’est comme chaque innovation, il y a une part de choses magiques et une part de magie noire aussi et de choses extrêmement insidieuses. Personnellement, je ne peux pas dire que je sois fan de toutes ces choses connectées mais en même temps…C’est une vaste question ! La chanson ne tranche pas non plus à 200%, il y a une douce nostalgie, on ne dit pas forcément que c’était mieux avant mais c’était autre chose. Sur les réseaux sociaux, c’est la comparaison permanente au reste du monde qui me dérange le plus car je trouve que cela efface les identités, les différences, les manières de faire et cela créé une espèce de frénésie et d’imitation continue de ce que l’on peut voir. En tout cas, pour un musicien, c’est quand même chouette de pouvoir diffuser sa musique et de rentrer sur des playlists.
Afin de compléter le titre qui clôt ton EP, qu’est-ce qu’il y aurait après Paris ? Serait l’appel de la forêt, comme pour boucler la boucle ?
C’est beau ! Je crois que tu as tout dit, c’était un peu l’idée en mettant « L’Appel de la Forêt » au début et « Après Paris » à la fin de ce disque. Pour les gens qui m’écoutent en boucle ; ce qui me fait toujours plaisir ; c’est sans fin et c’est exactement cela. Dans « L’Appel de la Forêt », on retrouve une envie d’ailleurs afin de sortir des carcans, d’une vie posée et urbaine mais c’est toujours un va et vient…et puis, il y a quand même ma fenêtre qui s’ouvre !
« Stereochrome » fige-t-il ta direction artistique ou penses-tu que la suite sera autre ?
« Stereochrome » ne fige rien du tout. Je suis très heureux déjà d’avoir sorti cet EP et pour moi, c’est un début. Sur cet EP, j’ai beaucoup exploré notamment la production, c’est la première fois que je m’aventurais là-dedans pour moi, ça m’a pris beaucoup de temps et d’énergie et j’aimerais bien me recentrer sur ce qui me caractérise le plus à savoir la guitare et la voix sur les prochains. Je vais essayer de ne pas trop me perdre dans du beatmaking et du sound design même s’il y en aura toujours. J’aimerais bien revenir aux fondamentaux.
Peux-tu me donner un adjectif, un mot et un élément pour synthétiser ton disque ?
Chatoyant, synesthésie et l’eau qui est un élément assez présent dans les titres.
Le live est-il déjà d’actualité ou attends-tu d’avoir plus de titres à présenter sur scène ?
Le live est d’actualité. Nous serons deux sur scène ; je serai accompagné de Guillaume Marsault qui est multi instrumentiste et batteur dans plein de projets ; et j’ai envie que ça soit un peu « Rock ‘n’ Roll » dans le sens où j’aimerais vitaminer un peu les titres qui sont assez contemplatifs. Lors des concerts, en plus des morceaux de l’EP, je présenterai quelques covers bien sentis et un titre inédit.
Quels sont tes prochains projets ?
Il y aura des live sessions et je compte aussi faire quelques petites vidéos à la guitare. J’aimerais bien enchaîner assez rapidement avec du neuf début 2024 afin de continuer d’être actif. Je serai en concert le vendredi 26 janvier 2024 à la Péniche Anako pour la release party d'EP et le vendredi 5 avril 2024 à la Manufacture Chanson. Il se pourrait que l’EP sorte en vinyle et je garde également en tête mon spectacle « C’était Demain ? ».