Rencontre avec Antoine Lang au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !
Pourquoi as-tu fait le choix de publier ton premier album sous ton véritable nom après avoir sorti deux EPS sous une autre identité ?
Quand mon second EP est sorti en 2020, il y a eu une concordance du temps qui n’était pas la bonne car une semaine après nous étions confinés et ma vie personnelle n’était pas au beau fixe. Du coup, j’ai préféré prendre mon temps et surtout chercher à retrouver mes bases après avoir fait beaucoup de choses dans la contrainte par naïveté, par manque d’expérience aussi.
La période COVID a donc joué là-dedans. Anatole Wisniak et Gautier Vexlard, les co-producteurs de l’album avec qui j’étais confiné, ont écouté des petits bouts de musiques et m’ont aidé à trouver cette nouvelle énergie très différente mais sans aucune attente ni véritable projet au départ.
Aussi organique que ça puisse paraître, ça devenait évident que ce travail se ferait sous mon nom. Il s’est concrétisé avec une autre expérience de la musique et de la vie en général.
Comment vois-tu ton évolution artistique depuis « Je Vois, Je Crois » ? Qu’as-tu changé/upgradé au niveau musical, dans l’écriture et vocalement parlant ?
J’aime toujours ce premier EP « Je Vois, Je Crois » qui possède une naïveté qui marque vraiment un temps de ma vie. A cette époque-là, je m’amusais, je découvrais les logiciels sur mon ordinateur mais je n’étais pas producer. Si mon son était un peu minimal avec très peu de pistes, c’était un peu malgré moi. Il s’avère que quand le projet est sorti, c’était la tendance d’avoir des boîtes à rythmes cheap et du coup, les gens ont pensé que c’était une direction artistique choisie ; mais ce n’était pas le cas.
Ensuite, l’évolution a été progressive. Je suis très éclectique, j’écoute de tout mais j’aime particulièrement quand ça vibre, groove c’est vraiment ce que je cherche le plus possible, je pense que l’on se rapproche de cela sur l’album. Pour l’écriture de ce dernier, il y avait ce désir précis. Le fait de m’être entouré d’excellents musiciens l’a rendu possible. Nous avons maquetté la plupart des morceaux durant le premier confinement sans savoir que nous faisions un album et quand nous nous sommes rendus compte que nous en avions pas mal, nous les avons produits durant quasiment 6 mois. Nous avons donc pris autant de temps à écrire l’album qu’à le produire ; c’est un luxe que peu d’artistes ont de nos jours.
Dans un second temps, nous avons fait beaucoup de prises afin que la voix sorte bien. En revanche, j’ai moins de recul sur l’évolution de mon écriture car j’écris toujours de manière très spontanée ; je ne me force jamais à écrire. Pour l’album, à partir du moment où nous avions pas mal de musiques, je me suis senti libéré car j’ai pu élargir à fond tous les sujets.
Ce premier album a-t-il pris son temps afin qu’il puisse voir le jouer dans des conditions optimales ? L’équipe autour de toi s’est-elle agrandie ces dernières années ?
Nous avons vraiment pris le temps de terminer la production, le mixage et le mastering. Je ne voulais rien forcer. L’une des raisons qui a déclenché la parution de ce premier album a été le fait que je l’ai envoyé au label Américain 22TWENTY (Oracle Sisters, Flora Hibberd..) qui a eu un coup de cœur.
Leur retour a été la petite étincelle dont j’avais besoin et c’est là que je me suis dit ok, on active. A vrai dire, nous aurions pu sortir ce disque six mois plus tôt mais j'attendais ce coup de pouce du destin. Effectivement, l’équipe s’est agrandie ; Anatole, Gautier et moi ; nous sommes producteurs à 100% et nous travaillons main dans la main avec 22TWENTY qui prend en charge le marketing et la promo.
Peux-tu expliciter le titre de ton premier long format ?
« Big Data » est le morceau qui est sorti le plus vite, j’en ai rêvé une nuit, j’avais le texte, tout était là, j’étais à côté de la cabine du studio et je l’ai maquetté en deux heures. Ça a été vraiment une fulgurance. « Big Data » est le morceau qui ressemble le moins aux autres de l’album et je me suis dit que si je voulais le garder, il fallait mieux le mettre en avant plutôt que de le cacher.
Par ailleurs, j’ai un rapport ambivalent avec le monde numérique et nous sommes désormais complètement dedans. Nos données personnelles sont récupérées et utilisées à notre insu et je me suis dit : faisons un pied de nez à cela et assumons que sortir des chansons revient ouvertement à offrir ses datas avec toute l’ironie que cela a. Cet album, c’est en fait mon big data à moi, une mise en abîme.
Quelles thématiques abordes-tu sur « Big Data » ?
Au-delà de cette histoire de datas et de mise en abîme, cet album est surtout la reflection de mon mood à cette époque. J’étais assez perdu et dans une vraie forme de dépouillement. Et c’est aussi un moment idéal à l’introspection et la création, entouré d’amis précieux, dans des lieux calmes et proches de la nature..
En terme de sujets, il y a des choses très disparates : « Zuzana » est une chanson sur une amie disparue, « Brassy Girl » m’évoque la nuit, les tentations, « Stop & Go » illustre la sensation d’être toujours en train d’avancer et de reculer, « Peur De Moi » qui est vraiment la chanson la plus intime que je n’ai jamais écrite parle de la peur de ses propres émotions…
As-tu construit ton album de manière « conceptuelle » ?
Je ne l’ai pas construit de manière « conceptuelle » à proprement parler mais avec du recul et en parlant je constate qu’il y a un vrai cheminement, celui d’une transformation. Tout d’abord, il y a une ouverture et conclusion dans ce disque qui sont deux balades dans des genres différents. Le premier titre « Garage » parle de quelqu’un qui semble tenir parce qu’il continue de remplir ses vases d’eau. Tandis que le dernier titre parle de la nécessité de faire trêve, de manière apaisée, comme si à la fin de l’album cette personne se trouvait à un endroit plus serein et apaisé. Entre ces deux titres, on passe par une variété d’émotions et d'expériences reliées entre elles par des interludes. C’est parfois tourmenté, parfois joyeux, sans concessions. Il y a quelque chose de l’ordre du Yin et du Yang dans l’album. Les deux énergies coexistent tout du long.
Musicalement parlant, j’ai l’impression que tu es arrivé à créer ton propre style, comment le définirais-tu ?
C’est un beau compliment, merci ! Par contre, ça serait impossible pour moi de définir un style…Quand nous avons commencé à réellement produire, nous n’avions qu’une seule règle à savoir n’avoir aucune barrière de genres. Nous n’avons jamais essayé de faire un genre pour ressembler à quelqu’un. J’aime vraiment des projets très différent allant du Jazz, à la Nu Soul, au Rock, Rap… ; quelque part, le genre où je me retrouve le moins serait la chanson mais je trouve ça bien de m’être accroché à continuer à écrire en français. En français, Stephan Eicher est l’un des artistes « contemporains » que je préfère dans les textes et dans la manière d’interpréter ; c’est marrant car il n’est pas Français mais on l’apprécie beaucoup en France. J’adore quand des étrangers viennent vers le français et j’ai l’impression d’avoir cette approche-là ; cela vient peut-être de mon parcours car je n’ai pas vécu en France toute ma vie. En même temps, au lieu de foncer vers l’anglais, j’ai gardé cette langue en essayant d’y mettre ma patte sans chercher à ressembler à des projets très codifiés même si certains sont très bien faits dans leur genre.
D’où vient le côté solaire très présent sur plusieurs titres de ton album ? Serait-ce d’une envie d’évasion en plein confinement ?
Il faut savoir que j’ai vécu un confinement assez chouette, j’étais chez des amis au Pyla et nous avions la chance d’avoir la forêt et l’océan qui n’était pas loin ; les conditions du premier confinement ont été assez incroyables. Quant au second, j’étais tellement heureux d’avoir ce temps pour faire l’album que j’étais plutôt bien. Le côté solaire dont tu parles fait partie de moi ; je pense vraiment avoir ces deux facettes ; et je suis heureux que tu le sentes dans l’album car c’était important pour moi ; la musique, c’est tout cela, c’est comme la vie, tout n’est pas tout blanc ni tout noir. Et ça rejoint cette idée du Yin et du Yang dont je parlais plus haut.
As-tu prévu d’emmener ailleurs les morceaux de « Big Data » en live ?
Nous serons quatre en live et nous avons envie que ça envoie sur scène. Lors des concerts, j’ai envie que les arrangements soient très organiques et aussi parce qu’auparavant je tournais avec un ordinateur et un ingé son et je trouvais qu’il ne se passait pas assez de choses car tout reposait uniquement sur ma performance. Ça a été une très bonne école mais j’ai besoin de vivre des choses, de suer, d’entendre la musique. J’ai fait en sorte que ça transpire dans les arrangements de l’album et maintenant, il faut que ça transpire en live à 1000%. Je dis toujours à mes musiciens de ne pas avoir peur de mettre de la musique dans la musique. En live, nous jouons notamment « Stop & Go » en version presque Bossa Nova et « Big Data » sonne assez rock par exemple.
Penses-tu déjà à ce que tu voudrais faire différemment sur ton prochain album ?
J’ai des idées assez claires sur la couleur à suivre. En produisant « Big Data », je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup les sons organiques et c’est quelque chose qui me parle pour la suite. Ainsi que les arrangements vocaux.
Quels sont tes prochains projets ?
La Release Party de l’album se fera le 11 janvier au Pop-up du Label ; https://dice.fm/partner/popup/event/a5a6x-big-data-release-party-11th-jan-popup-paris-tickets ; ça va être une belle fête. Nous jouerons avec Flora Hibberd qui est un super projet Anglais basé à Paris et qui est signé sur le même label avec lequel nous collaborons aux Etats-Unis. C’est quasi sûr qu’il y aura des guests. J’ai très envie de jouer cet album maintenant !
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