Rencontre avec Audran au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution d'« EMOJI+ » !

Quelles sont tes différentes casquettes dans l’artistique ?

J’écris les paroles de mes chansons mais ce n’est pas moi qui fais les instrumentaux. En revanche, je m’occupe des arrangements, je rajoute notamment du saxophone et parfois d’autres instruments mais de manière très simple. En parallèle à la musique, je suis également acteur, comédien au théâtre, je réalise et j’ai déjà mis en scène.

As-tu longtemps hésité entre acting et musique ou as-tu commencé les deux simultanément ?

Bordeaux n’est pas ma ville natale mais j’y ai grandi et c’est là-bas que j’y ai découvert le théâtre. Le fils de la prof est devenu mon meilleur ami et nous avons très rapidement écrit ensemble de la poésie rythmée. Tous les domaines se sont très vite couplés. Par contre, si je voyais bien que la musique était un kif, je commençais à peine alors qu’il y avait quelque chose de beaucoup plus instinctif sur scène et cela même quand j’interprétais des chansons d’autres artistes. Il a fallu que je travaille beaucoup plus l’écriture de manière autodidacte. J’ai tout de suite voulu être acteur mais la musique, cela s’est fait petit à petit, le temps que je peaufine mes textes.

Les deux se nourrissent-ils l’un l’autre et si oui, de quelle façon ?

On peut dire cela car je réalise pas mal de mes clips. Tous les métiers se couplent assez facilement puisque ma casquette de réalisateur me permet de faire des clips et l’écriture m’offre la possibilité de déverser des choses que je n’aborderai pas sur scène. Tout cela s’agence assez naturellement.

Quel a été le déclic pour présenter un premier EP en 2022 ?

En réalité, j’en avais déjà présenté auparavant mais il faut savoir que j’adore les alter egos ; comme Fernando Pessoa ; je me suis d’abord appelé Lino Nayati. J’ai sorti des morceaux mais je n’en étais pas satisfait pleinement et j’ai préféré les supprimer des plateformes. Il ne reste que « Suave » qui a cartonné sur Soundcloud et même maintenant, je ne le maîtrise plus. Ensuite, j’ai fait un morceau sur la bande originale de la série « Les Bracelets Rouges » dans laquelle je jouais et à l’époque, j’avais choisi Ocelot comme pseudo avant de changer une fois de plus pour m’appeler Audran. J’ai mûri la chose, j’ai fait comme une sorte de renaissance avec des morceaux bien travaillés et c’est ainsi qu’un premier EP officiel est paru en 2022.

Le Rap a-t-il été un style évident pour commencer à t’exprimer musicalement ?

Oui, c’était quelque chose d’assez commun à ma génération ; tous mes potes rappaient. J’ai toujours adoré la rythmique et les assonances du Rap. Par ailleurs, j’aime beaucoup raconter des histoires dans mes titres et le Rap m’a paru être une porte d’entrée moderne et stylée pour l’époque. Par contre, je m’oriente de plus en plus vers la Pop maintenant et je me suis rendu compte qu’auparavant, j’avais un peu une image d’Épinal concernant ce style que j’associais à la soupe diffusée par les radios ; même si souvent, la soupe est inspirante. J’ai pris conscience que j’ai fait cela pour me fondre dans une masse de génération, tout simplement, alors que maintenant, je prends tous les bons côtés de ce que j’aime pour être beaucoup plus sincère. L’album qui sortira en 2024 me ressemblera beaucoup plus.

Pourquoi as-tu fait le choix de rassembler tes deux premiers EPS sur « EMOJI+ » ?

Kevin Sohier qui avait mixé mon disque avait fait un travail super à La Canopée Studio à Clamart ; ville où je réside ; il a entièrement retapé ce lieu magnifique où il a accueilli notamment les X Men, Oxmo Puccino, Nekfeu et des artistes de la 75^e Session ; mais étrangement, quand l’EP est sorti, je trouvais que le mastering était un peu étouffé. A chaque fois que j’écoutais mes morceaux sur les plateformes, j’étais obligé de monter le volume. J’ai fait remasteriser cela afin d’offrir à mon public et à moi-même une version beaucoup plus pleine et ouverte. Par ailleurs, ce mega EP remasterisé par Edouard Carbone me permettait de sortir deux nouveaux clips.

Comment vois-tu ton évolution entre « 2K22 » et « EMOJI » ?

« 2K22 » était très sombre et très sociétal, on retrouvait de l’Auto Tune et des voix déstructurées sur ce disque qui était clairement axé sur une génération digitale ; d’où la pochette qui représentait un bébé cyborg. Ensuite, je me suis un peu plus apaisé sur « EMOJI » qui est vraiment un court-métrage auditif d’un jeune garçon un peu paumé qui détruit toute sa génération et son époque ; il fait une liste de tous ses compatriotes jusqu’à arriver à lui-même qui est peut-être le pire, c’est un garçon de classe moyenne assez intelligent qui comprend tout ce qui se passe mais qui n’agit pas. Il est un peu voyeur et non-actif. A la fin de cette nuit, il s’apaise au petit matin, il se dit que la vie est quand même assez belle et qu’il faut juste que chacun fasse son petit bonhomme de chemin. « EMOJI » marque une vraie transition Pop et je suis assez fier de cela car cela annonce vraiment l’album qui sortira en 2024 et il sera clairement tourné vers quelque chose de beaucoup plus calme.

Quels seraient les trois émojis que tu choisirais pour te représenter personnellement ?

Peux-tu nous en dire plus sur la mise en images d’« Ainsi Soit-Il » et notamment nous présenter Jacopo Leone avec qui tu échanges dans cette vidéo ?

J’ai tout de suite eu ce clip en tête. Je crois beaucoup aux énergies, aux ondes, aux cycles et à la numérologie et dans cette chanson, j’ai voulu parler du soleil, du fait que tout recommence et que si l’on tombe, on rebondit ; ce sont les vertus de l’échec. Le clip commence par une live session avec Ôm ; un ami musicien qui est formidable ; ensuite, la caméra nous quitte, elle part dans les cieux, on peut m’attendre échanger avec Jacopo Leone à propos de Dieu ; je lui demande s’il y croit, il me répond que non mais que Dieu croit peut-être en lui ; et la caméra réatterrit devant Aussi qui est la boutique de Jacopo avec qui je discute avant de rentrer en m’imaginant que le cycle va recommencer. Jacopo est un être extraordinaire, c’est un poète anciennement architecte en Italie, il avait un concept à savoir faire des maisons avec des murs que l’on aurait pu changer tous les jours mais évidemment, des projets architecturaux comme celui-là sont impossibles à vendre, il est parti de son pays et à créer Aussi qui est un lieu incroyable ; il l’a appelé ainsi car quand les gens lui demandaient si c’était une boutique, une brocante ou un atelier, il répondait invariablement aussi car c’était tout cela à fois. Jacopo a un projet littéraire de 4000 pages avec pas moins de sept livres dans le livre. J’avais fait une petite série de documentaires sur les métiers insolites et j’avais présenté ce collectionneur fantaisiste en introduction. Jacopo a des punchlines à gogo.

Que peux-tu nous révéler sur ton album à paraître en 2024 ?

Cet album devrait sortir aux alentours de la rentrée 2024, il s’intitulera « A Blanc » et il parlera de beaucoup de changements survenus dans ma vie. Ce disque sera une mise à nu. On retrouvera des morceaux très travaillés avec de l’Auto Tune et d’autres, au contraire, où j’assumerai mon côté Bob Dylan. Les onze morceaux de cet album raconteront une histoire…

Quels sont tes prochains projets ?

Je suis actuellement sur les planches dans « Le Testament de Médicis » qui se joue au Théâtre Lepic tous les weekends. A partir du 23 janvier, durant quatre mois et demi, je jouerai dans l’adaptation du film « Le Cercle Des Poètes Disparus » au Théâtre Antoine. Au cinéma, je jouerai le rôle principal dans le film « Le Larbin » produit par SND, cette adaptation d’un film Russe intitulé « Kholop » sortira en juin 2024. Je suis très content de ce petit conte familial très agréable à regarder dans lequel on retrouvera également Kad Merad, Clovis Cornillac, Isabelle Carré et Christian Hecq de la Comédie Française. En ce qui concerne la musique, j’essaie de travailler le live notamment avec mes amis Oscar Lesage et Stan ; j’aimerais coupler live et mise en scène théâtre avec mon ami Romain Bouillaguet qui est très doué pour cela afin de raconter vraiment une histoire.