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Rencontre avec Alain Klingler au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « 38470 » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) D.R

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Quelle esthétique avez-vous voulu donner à votre nouvel album ?

J’ai mis très longtemps pour trouver la personne avec laquelle je voulais faire cet album en ce qui concerne la réalisation des chansons et lorsque j’ai rencontré Mathieu Geghre pour la première fois, ça a été incroyable car tout s’est condensé en deux heures ; nous avions les mêmes idoles sans le savoir. Tout comme moi, Mathieu adore notamment Warren Ellis le musicien qui travaillait avec Nick Cave, Jean-Louis Murat, le film « L’Inconnu Du Lac » et il se trouve que j’ai écrit une chanson dessus…Au terme de cette première rencontre, je lui ai confié deux ou trois piano-voix et il m’a renvoyé la chanson « Marlene Dietrich Masculine » qui déploie toute une évocation cinématographique déjà dans le texte mais aussi dans ce que Mathieu a apporté dans l’arrangement. Très vite, s’est dessiné cette esthétique-là. On va dire que Mathieu est responsable de l’esthétique de cet album car je donne toujours carte blanche aux gens à partir du moment où je travaille avec eux. Si je choisis quelqu’un, ce n’est pas pour l’empêcher de faire ce qu’il doit faire, tout est ouvert.

« 38470 » est-il simplement un code postal ou y-a-t-il un sens moins évident à ce chiffre ?

C’est le code postal du village où j’habite, c’est l’endroit où j’ai composé les chansons de l’album et c’est aussi le lieu où nous avons pris la photo qui illustre la pochette de ce disque ; ça s’est imposé ainsi mais pour moi, il y a aussi une référence subliminale avec Jean-Louis Murat car je me suis dit qu’il n’avait pas fait de chanson avec son code postal, j’ai voulu le faire avant qu’il ne le fasse et malheureusement, il ne pourra pas le faire. Au départ, j’avais pensé que cet album pourrait s’appeler « Rêves d’Ours » qui est l’un des titres de ce disque car il y avait l’idée de la tanière ; c’est une chanson qui a vraiment été écrite pendant le confinement ; mais finalement, c’est la même chose car ce village est ma tanière.

On a la sensation que plusieurs de vos nouvelles chansons pourraient être développées plus longuement, cela viendrait-il de vos expériences théâtrales ?

Vous êtes très fort car une chanson est une réduction d’une trentaine de pages. J’écris beaucoup et à un moment, je me concentre et je réduis cela sur deux ou trois pages. Effectivement, la chanson excède avant et après ; c’est très étonnant ; et chaque chanson obéit à ce régime d’écriture-là.

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Avez-vous toujours en tête « un décor » pour chacune de vos chansons avant de vous mettre à les écrire ?

Généralement, une chanson vient soit d’une situation vécue soit d’une image composée par deux mots mis ensemble. Par exemple, quand j’ai décidé d’écrire la chanson « Dîtes à La Marquise », tout ce qui allait me tomber dessus pendant une semaine, un mois ou plusieurs mois s’est mis en branle et c’est pour cela qu’un texte peut faire trente ou quarante pages. Je crois beaucoup à la synchronicité et pendant ce temps-là, tout va me parler de la chanson. Il y a, effectivement, l’idée d’un décor et à chaque fois, c’est une expérience pour moi car je vis très longtemps avec cela. Chaque chanson est une borne dans le temps. Des années après, je revois très bien les obsessions qui étaient les miennes pendant toute l’élaboration d’un texte qui est toujours une arborescence dans laquelle je tranche ensuite ; je fais toujours une sorte de cut-up dans ma propre écriture pour élaborer une chanson.

D’où vient le côté littéraire et même poétique inhérent à votre œuvre ?

Je lis beaucoup, je suis toujours accompagné des mots, j’écris un journal…Longtemps, j’ai pensé que la vie écrite était plus importante que la vie réelle. Une phrase peut me transporter. Poétiquement, les mots sont très importants, ils me renvoient à des choses qui m’échappent ; c’est quelque chose d’un peu inconscient. La littérature occupe une grande place dans ma vie.

Quelles thématiques abordez-vous sur « 38470 » ?

Cet album parle de désir ; qu’il soit amoureux ou sexuel ; d’expériences vécues, d’histoires que j’aime endosser car j’adore l’écriture du je. Toutes ces chansons sont des obsessions.

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Comment est né le duo avec The Man Inside Corrinne ?

Nous nous connaissons depuis très longtemps. The Man Inside Corrinne a vu mon tout premier spectacle et je l’ai suivi dans ses différentes carrières de DJ ou de créature de la nuit. Nous avons une amie très proche en commun. Quand j’ai écrit « La Vie Est Chic Par Accident », j’ai pensé immédiatement à lui, je me suis dit que ça serait formidable de la faire en duo et il a accepté. Cette chanson qui évoque une traversée dans la nuit avec tout son côté crapuleux et fashion fait que je ne pouvais penser qu’à lui car il incarne cela à la perfection.

Comment expliqueriez-vous l’éclectisme musical présent sur votre album ?

Si chaque chanson à son panorama musical, cela vient peut-être du fait qu’il y a eu trois arrangeurs sur ce disque car en plus de Mathieu Geghre qui a arrangé sept chansons, Ignatus en a arrangé une et Franck Lobielti trois. Par ailleurs, ce qui est anthologique à moi-même, c’est le fait que j’adore la variété ; j’aime tout aussi bien une œuvre de Nick Cave qu’une chanson de Calogero, de Barbara, d’Alain Bashung, de David Bowie ou de Michel Berger.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les deux clips réalisés par Edward Barrow qui illustrent les deux premiers extraits de ce nouveau disque ?

Edward Barrow est également chanteur, il a fait deux EPS avec Mathieu Geghre qui m’avait fait écouter ce qu’il faisait, j’étais allé le voir en spectacle et ça m’avait plu. Nous avons pris un verre ensemble et comme il se trouve qu’il avait réalisé les visuels de ses disques, je lui ai demandé de réaliser celle de « 38470 » ; chose qu’il n’avait jamais fait pour quelqu’un d’autre que pour lui-même. Par la suite, comme il avait la pochette de mon album, je lui ai demandé s’il aimerait réaliser le clip du premier extrait. Au départ, pour « Ton Corps Est Mon Décor », j’aurais souhaité faire une vidéo avec une caméra posée sur le corps d’un danseur qui aurait été nu ; nous aurions montré des détails de très près ; mais cela ne s’est pas fait à cause d’un désistement et c’est pour cela que nous avons cherché des images sur Internet, nous leur avons donné une homogénéité en les passant dans un effet. J’apparais un tout petit peu dans ce clip mais de façon cryptée comme le sont parfois mes chansons. En ce qui concerne le clip de « La Vie Est Accident », l’idée était de le réaliser en mode fauche man sans argent, Edward a mis une caméra dans une voiture, il a filmé pendant une heure et il a mis les images en accéléré.

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Comment résumeriez-vous « 38470 » en utilisant un mot, une couleur, un adjectif et un élément ?

Désir, bleu, bigarré et le feu.

Quels sont vos prochains projets ?

Des concerts en piano-voix sont prévus afin de défendre ce disque en live. Je vais présenter un spectacle baptisé « Bobin/Leprest » à Avignon ; je vais y mêler des textes de Christian Bobin avec des chansons d’Allain Leprest car j’ai beaucoup d’amour pour les deux. Je serai seul sur scène ou parfois avec le musicien Michel Hennequin. J’ai pour projet d’écrire des chansons pour Chloé Mons afin de faire un disque ensemble. Avec Mathieu Geghre, nous avons composé la musique de « Bois Dormant » le nouveau spectacle de Christophe Roussel. « La Splendeur » sera peut-être mis en images…

Rencontre avec Alain Klingler au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « 38470 » !
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