Rencontre avec Bobin au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de l’album « Que Tout Renaisse » !
Quinze ans après sa parution, quel regard as-tu aujourd’hui sur « Singapour » ?
C’est un album important pour moi. Avant ce disque, j’ai publié deux albums de façon plus confidentielle et j’ai l’impression que « Singapour » m’a ouvert des portes, il m’a permis d’atteindre une audience plus large, il a été diffusé sur des médias nationaux…et cela m’a permis de continuer à faire mon métier dans de meilleures conditions. Artistiquement, c’est un album auquel je me réfère encore un peu ; il m’arrive parfois de rejouer les chansons qui composent « Singapour » sur scène. J’ai le sentiment d’avoir trouvé un peu mon style sur cet album et je creuse ce sillon depuis quinze ans. « Singapour » a été une première pierre.
Comment vois-tu l’évolution au fil du temps du duo d’auteur/compositeur que tu formes avec ton frère Philippe ?
Le binôme que je forme avec mon frère Philippe est tellement ancien que j’ai l’impression qu’il a toujours existé (rires). Nous avons commencé dans notre chambre alors que nous habitions encore chez nos parents. Notre jeu préféré était d’écrire des chansons tous les deux. Forcément, au fil du temps, nos échanges créatifs ont pas mal évolué. J’ai l’habitude de dire que je mets un point final à ses textes et que Philippe mets un point final à mes musiques. Même si c’est Philippe l’auteur et que moi, je suis le compositeur et l’interprète, j’ai de plus en plus une participation active aux textes. J’ai l’impression qu’au fil du temps, la veine sociale sera un petit peu plus discrète…c’est en tout cas ce qui se dessine depuis les deux derniers albums ; « Singapour » était quand même très versé là-dessus alors que maintenant, on tend ; non pas à la laisser de côté mais ; à l’aborder de manière plus subtile, de façon plus délicate. J’aimerais développer une veine un peu plus abstraite ; moins ancrée dans le réel ; à l’avenir
Vous êtes-vous déjà amusés à « échanger les rôles » ?
Non, naturellement, c’est resté assez cloisonné même si au tout début, c’était très mélangé ; à l’époque, je pouvais écrire des textes et Philippe pouvait composer des musiques. Assez rapidement, nous avons compris quels étaient les points forts de chacun. Le « mythe » de l’auteur-compositeur-interprète qui fait absolument tout ne m’a jamais impressionné. Je pense vraiment que le plus important est tout simplement de faire de bonnes chansons ; peu importe si nous sommes dix à être crédités sur une chanson. Finalement, c’est la chanson qui est plus grande que nous.
Comment qualifierais-tu ton univers artistique ?
Nostalgique, social voire sociétal, introspectif et délicat. Alain Souchon fait partie de mes grandes références, je trouve qu’il arrive à parler de la société de façon élégante et j’aimerais que l’on applique cette élégance à mes chansons.
Peux-tu expliciter le titre de ton nouvel album ?
J’avais envie d’un titre avec de l’espoir. C’est presque un vœu ou une prière. Depuis quelques temps, nous vivons dans un monde difficile et j’avais à cœur d’apporter un peu de lumière. Ce titre correspond bien à la photo prise en extérieur qui illustre la pochette. Il y a comme un retour aux sources.
« Que Tout Renaisse » est aussi le titre d’une chanson partagée avec Buridane, comment est né ce duo ?
Avec Philippe, nous avons écrit cette chanson sans penser forcément à un duo. « Que Tout Renaisse » faisait partie des nombreuses chansons de la cuvée car nous avons beaucoup écrit avant d’en retenir onze au final. Cette chanson a tiré son épingle du jeu ; je dois que j’y étais assez attaché. Dans mon album précédent, j’avais partagé une chanson avec Kent ; un artiste que j’adore et un ami en plus ; et j’avais bien aimé l’exercice du duo. Sur ce nouveau disque, j’avais envie de partager une chanson avec une voix féminine, j’adore celle de Buridane ; son timbre, ce qu’elle véhicule, ses chansons ; qui est en plus une super amie. « Que Tout Renaisse » s’est imposée assez facilement. J’ai quand même envoyé plusieurs chansons à Buridane au cas où elle soit un peu mitigée mais mon intuition première était la bonne. Je suis très heureux de partager ce titre avec elle.
Plusieurs chansons de « Que Tout Renaisse » tournent autour de la musique, l’une d’entre elles parle des Beatles, t’es-tu forgé d’un point de vue musical principalement avec eux et d’autres artistes anglophones de cette époque ?
Oui, ce groupe a vraiment été mon premier immense coup de cœur musical. C’est mon cousin qui est un peu plus âgé que moi qui m’a fait découvrir les Beatles. Je n’imagine pas comment les Beatles ne pourraient pas être une influence majeure quand on est musicien parce qu’ils ont inventé énormément de choses dans la Pop au niveau mélodique et harmonique. Je me souviens que je n’étais vraiment pas vieux quand j’ai écouté pour la première fois les Beatles, je devais avoir 7 ou 8 ans et ça s’est imprégné en moi, ça fait partie de mon ADN. Par extension, j’ai tiré le fil de cette musique des sixties et j’ai découvert ensuite Jimi Hendrix, les Rolling Stones, The Kinks que j’aime beaucoup et des songwriters plus Folk de la même génération tels que Bob Dylan, Neil Young, Leonard Cohen et un peu plus tard, Bruce Springsteen.
Quels autres thèmes abordes-tu sur ton nouvel album ?
Avec le recul, nous nous sommes rendu compte que pas mal de chansons retenues parlaient de soumission, de liberté, de se contraindre soi-même ou de l’être à cause d’injonctions sociétales, de retour à la nature, de mort, du temps qui passe, d’amour en fin de parcours et d’héritage culturel.
« Soleil d’Automne » donnerait-il une idée de la saison qui représenterait au mieux ce disque ?
Je suis complètement d’accord ! Il y a du contraste sur cet album. Sur quelques chansons, il y a un côté renaissance mais il y a aussi un côté crépuscule/fin de cycle et pour moi, l’automne, c’est aussi cela. Soleil d’automne est une expression oxymorique finalement car cette saison n’est pas forcément très ensoleillée ; cela peut contraster à l’image de l’album ; c’est le rai de lumière qui vient illuminer une période ou un monde qui est assez sombre.
Tu as annoncé cet album avec « J’Ignorais Que J’Avais Des Ailes »…où aimerais-tu qu’elles te portent ?
Quelle belle question ! Je pense que j’aimerais que ces ailes me portent vers l’autre ; tout simplement. Au fil des années, j’ai fini par me dire que le fait d’écrire des chansons était presque un prétexte pour aller vers l’autre ; c’est un vecteur de rencontres. Evidemment, le fait de faire des chansons m’anime beaucoup mais le fait de les porter sur scène, de faire de la route et de rencontrer des gens m’anime énormément et c’est cela qui me fait vibrer. J’aimerais que l’enthousiasme demeure encore longtemps ; je suis certain qu’il va demeurer !
Quels sont tes prochains projets ?
Le Festival Chant des Sucs qui se déroule en Haute-Loire m’a offert une carte blanche et j’aurai le plaisir d’accueillir Kent, Michele Bernard, Evelyne Gallet et Yves Marc le 22 septembre. Ces quatre artistes qui sont des amis seront autour de moi pour une belle soirée. J’aime beaucoup ces soirées de mélange de répertoires. Une live session de plusieurs chansons enregistrées en solo pour l’émission Label Influence sortira très bientôt. Les 17 et 18 novembre, je serai en concert à A Thou Bout d'Chant à Lyon ; c’est vraiment une salle de cœur pour moi. Pas mal de dates arrivent !
Frédéric Bobin - Folk song à la française
Singapour , paru en 2008, avait marqué les esprits, inscrivant l'univers des frères Bobin dans une folksong qui honore les laissés-pour-compte. Les Larmes d'Or, quant à lui, propose un cheminem...