Rencontre avec Virginie Peyral au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur l’album « La Furie » de Rimendo !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis pianiste, compositrice et créatrice dans le sens où j’aime créer des choses et des projets. J’accompagne plusieurs artistes mais j’ai quand même monté mon groupe depuis dix ans et c’était important pour moi. J’aime écrire de la musique pour les autres ; je suis inspirée par l’humain, les gens et les âmes et à travers l’art, j’ai bien l’idée de transformer et de sublimer quelque chose qui n’est pas joli au départ. En dehors de Rimendo, j’ai un autre projet piano qui s’appelle Quartier Japy et qui est sur les gens de mon quartier. J’aime que la musique sans mots puisse véhiculer quelque chose ; pour moi, elle a le pouvoir de figer des émotions. A côté de cela, j’enseigne également au Conservatoire du Centre et c’est quelque chose qui me plait beaucoup car j’aime bien la transmission du savoir.
Quand tu as crée Rimendo avais-tu dans l’idée de t’éloigner de ce que tu avais pu faire auparavant d’un point de vue musical ou au contraire affiner cela avec d’autres musiciens ?
Oui et non car j’avais fait une formation Jazz à l’American School avant de partir « faire le métier » en faisant du bal et là, je ne m’y retrouvais pas du tout artistiquement. Mon idée était d’aller plutôt vers le Jazz, la chanson et la création et dans ce sens-là, j’ai affiné avec Rimendo car j’ai crée ce projet après avoir vu ce que je ne voulais pas faire.
Comment s’est fait le choix des musiciens qui t’accompagnent dans cette aventure ?
Le groupe a un peu changé depuis les débuts. En ce qui concerne « La Furie », ça a été différent pour chacun car les instruments et les rôles ne sont pas les mêmes ; par ailleurs, les rencontres et les histoires sont différentes. Je voulais surtout des artistes et ce sont tous de très bons musiciens. Sur ce projet, chaque personne a vraiment une personnalité artistique. Nicolas Grupp qui est à la batterie est vraiment le roc du groupe dans son caractère, c’est quelqu’un qui est ancré, il est très ouvert musicalement, il vient du Jazz mais il joue de beaucoup de musiques différentes. J’aime bien raconter des histoires et je trouve que Nicolas les illustre vraiment à la batterie, il sait accompagner, il est mega à l’écoute et c’est très agréable. Sylvain Dubrez que l’on retrouve à la contrebasse est aussi guitariste de Jazz et il a une façon bien à lui d’accompagner, il a également ce côté très solide et ouvert ; il a une grosse culture musicale. Sylvain est très intègre dans ses choix artistiques et il a une parole importante dans la création. Julien Alour est un ami de longue date, nous nous sommes retrouvés sur la tournée Boris Vian, il nous avait accompagnés en Russie. Nous avons monté ce nouveau projet ensemble, il a composé « Rosa Parks » et il a largement participé au thème de « La Bastia » ; je dis toujours que c’est la deuxième voix du projet car la trompette et le chant y sont traités de la même façon. Julien a une personnalité artistique très forte qui permet aussi d’aller dans d’autres horizons.
Sarah Olivier a-t-elle été une interprète évidente pour ce projet ?
Sarah a été une évidence quand je l’ai rencontrée sur Boris Vian et « La Furie » est la continuité de notre collaboration. Quand Lou Tavano qui était présente au début du projet n’a pas pu continuer sur Boris Vian, j’ai dû chercher quelqu’un, j’ai fait des recherches sérieusement comme quand on cherche une actrice et après avoir googlisé plein de noms, je suis tombé sur Sarah Olivier et je me suis dit que c’était elle ; à l’époque, son album « Pink Galina » venait de sortir, ce n’était donc pas parce que je l’avais vu faire du Boris Vian ; il y a eu un truc physique. Je lui ai envoyé un message en espérant qu’elle accepte car je n’avais pas de plan B et Sarah m’a répondu qu’elle adorait Vian et qu’elle connaissait son répertoire par cœur ; c’était incroyable. Quelques années après quand j’ai eu envie de faire autre chose et surtout un projet de création, je lui ai demandé si elle voudrait écrire les textes car je pensais que ça lui correspondrait bien aussi.
Te verrais-tu chanter toi-même ?
Je pense que c’est salvateur de chanter, je le fais beaucoup avec mes élèves au conservatoire et j’y prends beaucoup de plaisir mais j’ai tellement de super chanteuses autour de moi que je préfère leur laisser la place car je ne minimise pas la place des chanteuses. Dans les projets que je monte, je ne pourrai pas chanter moi-même.
Peux-tu expliciter le titre de votre album qui est sorti le 26 mai dernier ?
Je voulais faire un projet original qui me tienne à cœur, quelque chose qui me ressemble sans parler de vie personnelle. Mon premier projet était autour de poèmes d’hommes (Baudelaire, Aragon,…) chantés par une femme et arrangés par une femme, il en a été de même pour le projet sur Boris Vian et pour celui-ci, je voulais mettre la femme au premier plan car il y avait matière à. Il y a un côté guerrière que j’aime bien dans « La Furie » qui fait référence aux femmes vengeresses/justicières.
Qu’est-ce qui relieraient tous les destins abordés dans cet album ?
Ce sont des histoires de femmes mais ce n’est pas un projet féministe dans le sens engagé politiquement du terme. Toutes ces femmes sont des héroïnes de la mythologie jusqu’à nos jours, elles ont vécu des choses et elles ont toutes une histoire palpitante à raconter.
Pourquoi avez-vous retenu ces femmes-là en particulier ?
Il y a eu un travail de recherche sur Internet et dans des livres. Je suis partie du mythe des furies et j’ai cherché qu’elles avaient été les femmes justicières ; celles qui étaient venues répandre la justice quand les hommes avec un grand H ne l’avaient pas fait. J’ai découvert l’histoire de Diana la chasseresse de violeurs Mexicains, elle tuait des chauffeurs de bus et elle n’a jamais été arrêtée. J’ai trouvé très inspirant le destin de Sampat Pal Devi du gang des saris roses. Je voulais qu’il y ait un personnage emblématique afin que le projet puisse être identifié afin de faire découvrir les autres destins et pour moi, Rosa Parks a été ce repère emblématique. « La Bastia » raconte l’histoire de Las Patronas qui donnaient à manger aux migrants au Mexique ; on représente ici un peu la mère nourricière. « Sœurs de Sel » évoque l’histoire de Gisèle Halimi et de Djamila Boupacha ; la sororité n’est pas forcément quelque chose qui est hyper mis en valeur surtout à notre époque. Sarah a suggéré l’écrivaine Colette qui menait sa vie de femme comme elle l’entendait. Comme j’aime bien tout ce qui touche à l’ésotérisme, je me suis intéressée aux Nornes qui dans la mythologie Nordique tissaient les fils du destin. Sarah m’a fait découvrir Grisélidis Réal qui était écrivaine, artiste peintre, poétesse et prostituée. Elle a eu une vie incroyable. Le texte de « Grisélidis » est vraiment le sien, il est puissant et incroyable.
De laquelle te sentirais-tu la plus proche et pourquoi ?
Il y en aurait deux ! Diana, par rapport au côté justicière et au fait de se défendre comme on n’a pas de choix et Minorde qui est l’anagramme de Rimendo et cela peut tout aussi bien représenter Sarah ou moi. Minorde est la déesse des nuits parisiennes. Je reçois beaucoup chez moi, j’aime écouter les histoires de tout le monde, faire de grandes tablées, je suis une vraie parisienne qui aime beaucoup la nuit. D’ailleurs dans le clip de « Minorde », elle cache Diana qui est en fuite, la boucle est bouclée.
Comment allez-vous retranscrire cet album sur scène ? Allez-vous « planter des décors » ?
Non, nous ne plantons pas de décors car beaucoup de choses sont déjà dites. Il y a la volonté que cela reste un concert. En revanche, Sarah est aussi comédienne et elle a une expression sur scène qui amène beaucoup de choses, elle joue un peu le rôle de la conteuse entre chaque morceau, elle se retire de son personnage, elle redevient Sarah Olivier puis elle rentre dans le personnage dont elle interprète l’histoire.
Quels sont les prochains projets de Rimendo ?
Le but est de faire découvrir le projet aux programmateurs et aux festivals et cela passera par le live d’autant que Rimendo prend tout son sens sur scène. Le 10 novembre, nous jouerons à La Petite Scène à Palaiseau. J’espère que ce projet durera plusieurs années et que nous le porterons sur scène en France et à l’étranger.