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Rencontre avec François Sagat à l’occasion de la parution de son premier album baptisé « Videoclub » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Jonathan Icher

(c) Jonathan Icher

Était-ce une évidence d’œuvrer avec Tommy Marcus sur « Videoclub » ?

L’idée de faire un album n’est pas la mienne mais celle de Tommy Marcus, je ne me serai jamais lancé moi-même dans un projet de long format car pour moi, c’est terrifiant, c’est un acte de dévouement, c’est quelque chose de très intime surtout que j’ai écrit la plupart des chansons. L’idée initiale était d’enregistrer uniquement une reprise du titre « Follow Me » d’Amanda Lear pour s’amuser et cela devait se faire juste avant le COVID. Deux ans plus tard, nous nous sommes revus en avril 2022 et Tommy m’a dit qu’il avait une autre idée à savoir créer tout un album. Il m’a annoncé cela de but en blanc et à la fin du rendez-vous, il m’a dit que ça serait bien que j’essaie d’écrire mes propres textes. Même si j’avais déjà écrit quelques petites scénettes quand j’ai réalisé un film, écrire des chansons était quelque chose de complètement inconnu pour moi. Tommy m’a appris tout un procédé pour écrire et cela comprenait notamment un mood board avec ce qui m’inspire que ce soit des films, des livres, des artistes…et à partir de cela il m’a proposé des instrumentaux.

Comment vous-êtes vous rencontrés ?

Nous ne nous sommes pas rencontrés par hasard, nous avons été présentés par Cyrille Marie de PinkX TV. Au départ, je pense que c’est Tommy qui avait envie de faire quelque chose avec moi. Je le connaissais de nom en tant que DJ mais de moi-même, jamais, je n’aurai été le voir pour un tel projet. Je me suis aperçu qu’en général, ce sont les gens qui viennent vers moi.

Quand tu t’es lancé dans la musique, as-tu été confronté à différents obstacles du fait de ta carrière dans le X ? As-tu été obligé de faire encore plus « tes preuves » ?

Je m’y attendais car j’avais commencé à faire du live avec Jean-Luc Verna il y a une dizaine d’années et j’avais eu quelques critiques pas très sympathiques. Quand on est acteur porno, c’est un automatisme, les gens n’ont pas de respect ; c’est comme cela, je l’ai vécu depuis le début. Si tu restes dans le porno, tout va bien mais quand tu commences à vouloir t’exprimer différemment ou même t’exprimer tout court, ça passe rarement ; j’ai l’impression que c’est propre aux actrices et auteurs porno et à tous les gens qui travaillent dans le sexe. Bien entendu, cela ne m'a pas empêché de continuer. Par la suite, j’ai fait un EP avec Igor Dewe en 2018 et j’ai eu de bons retours ; ils venaient le plus souvent de la part de jeunes qui étaient beaucoup plus ouverts. En revanche, j’ai été pas mal ignoré de la presse ; j’ai senti un peu un dédain, on m’a tourné le dos mais ce n’est pas grave car à notre époque, grâce aux réseaux sociaux, les morceaux sont beaucoup plus palpables dans la longueur, certains reviennent et tout d’un coup, les vues augmentent sur Youtube.

(c) Jonathan Icher

(c) Jonathan Icher

Quel son as-tu voulu donner à ce disque ?

Sur « Videoclub », il y a des instrumentaux forts et vibrants, je voulais qu’il y ait des synthés, des influences Hi-NRG, des petites touches Italo Dance et de la musique électronique à la Vangelis.

As-tu fantasmé cette période musicale où l’as-tu quand même vécue dans les clubs à la fin des années 90 ?

Quand je suis arrivé à Paris en 1997, Le Palace était déjà fermé, j’ai commencé à sortir au Queen mais c’était juste pour voir car à l’époque, je faisais une école de mode et je ne sortais pas tout le temps. J’ai connu quelques autres boites comme La Loco, La Salle Wagram…mais la musique que l’on retrouve sur mon album, je l’ai plus connue en tant qu’auditeur. Je suis né à la fin des années 70, le Disco m’est passé sous le nez mais inconsciemment, ce sont peut-être des choses que mes parents ont écoutées. Par exemple, j’adore Klaus Nomi et Kraftwerk alors que ce sont des artistes que je n’ai pas connus à l’époque. Sur cet album, il y a deux chansons plus Pop, c’est un style que j’ai commencé à aimer à la fin du lycée. Si j’ai écouté quelques groupes Rock comme The Smashing Pumpkins, The Breeders et les Pixies, j’étais plus Madonna, Prince et Janet Jackson. J’avais l’âge d’écouter cela. Je me rappelle aussi que j’avais bien aimé l’album en anglais de Vanessa Paradis qui avait été réalisé par Lenny Kravitz.

Comment s’est passé le travail d’écriture de ton album ?

Une fois que j’ai eu fait mon choix parmi les instrumentaux réalisés par Tommy, il m’a demandé de lui donner des mots clés dans un premier temps et ensuite, de les développer en petits textes qui racontaient soit une histoire soit une émotion. Grâce à ces petits paragraphes, j’ai réussi à écrire des paroles. Dans un premier temps, j’ai voulu le faire en français mais je me suis pris un mur car c’était extrêmement dur. Même pour un public non francophone, c’est toujours très charmant d’entendre des chansons dans notre langue et ce charme-là n’est pas négligeable à l’international.

(c) Jonathan Icher

(c) Jonathan Icher

As-tu pensé « Videoclub » comme un album « conceptuel » ?

Non, pas vraiment. J’aime ce terme mais pour moi, conceptuel est l’inverse d’accessible. Ce n’est pas un album d’« activiste », c’est un disque d’entertainment, c’est vraiment pour le plaisir, il ne faut non plus chercher trop loin. Il n’y a pas forcément de messages. En revanche, l’idéal est d’écouter cet album dans l’ordre des chansons car c’est un peu un voyage intersidéral dans un vaisseau spatial.

Quels thèmes abordes-tu sur ce disque ?

Sur cet album, je parle de sexe ; c’est un sujet extrêmement intéressant pour moi ; de séduction, d’horreur, de danger, de voyage cosmique, d’extase, d’hallucinations et de rêves sans que cela ne fasse référence à la prise de drogue. Dans la chanson « Dark City », je voulais relater la période des années 90 des clubs et des sex clubs avec le spectre du Sida ; une période extrêmement sulfureuse mais avec une notion de danger ; la tentation, le désir et la mort sont des choses énigmatiques. « The Boys Club » qui suit « Dark City » est beaucoup plus lumineux ; comme si on était dans un club à ciel ouvert avec des gens heureux durant la saison estivale.

(c) Jonathan Icher

(c) Jonathan Icher

J’ai trouvé qu’il y avait quelque chose d’assez poétique lorsque tu t’exprimes en français, avais-tu à cœur de montrer une autre facette de toi ?

Le français est plus intime. C’est ma langue mais aussi ma vraie voix car quand on chante en anglais, on a une intonation différente ; on est quelqu’un d’autre. A l’oreille, le français est très beau ; j’ai l’impression que c’est la plus belle langue pour moi. Sur mon album, les passages en français sont parlés, c’est un peu plus facile que de chanter car quand on parle, on délivre quelque chose de différent. Il y a très peu de passages en français mais au moins, on s’en souvient. J’aurais aimé écrire une chanson avec des paroles entièrement en français mais le timing m’en a un peu empêché.

Dans « Chemical Game », tu donnes la définition de ce qu’est un jeu vidéo, à quoi ressemblerait un jeu virtuel dont tu serais le héros ?

(Rires) A la base, cette chanson est une couverture pour parle de relations de rivalité et de non-amour. Pour répondre à ta question, un jeu comme SimCity dont je serai le personnage principal, un truc un peu sale et dark avec des maisons closes. Un jeu qui mélangerait sexe et Sm ; quelque chose que je ne fais pas dans la vie.

(c) Jonathan Icher

(c) Jonathan Icher

Pourquoi as-tu choisi de reprendre « Follow Me » d’Amanda Lear ? Quel est ton rapport avec cette artiste ?

J’ai beaucoup de fascination pour Amanda Lear. Pour moi, elle est la définition de ce qu’est une icône. Comme Batman ou Karl Lagerfeld, c’est un personnage. C’est très étrange mais je n’arrive pas à l’imaginer dans la vie de tous les jours. Déjà dans les interviews qu’elles donnaient dans les années 70, elle était extrêmement en avance sur son temps. Le fait qu’elle dénigre la musique Disco me fait rire, c’est une sorte de pied-de-nez car pour moi, c’est un peu la reine du Disco. J’ai choisi de reprendre « Follow Me » que je connais depuis pas mal d’années par rapport à une soirée qui était organisée à Paris Bastille et qui portait le même nom à la grande époque où je sortais. La chanson est sublime et la version longue est encore meilleure.

Peux-tu nous en dire plus sur ton lien avec Alison Moyet ; célèbre chanteuse Anglaise qui a débuté sa carrière au sein du duo Yazoo ?

Alison est une cousine éloignée ; c’est la cousine de mon père. Une partie de ma famille est anglophone. Nous nous parlons sur Twitter. Il n’y a pas très longtemps, elle m’a envoyé une photo d’après-guerre de mon grand-père et elle m’avait dit que je ressemblais un peu à son père. C’est drôle !

Quels sont tes prochains projets ?

Nous réfléchissons à une mise en images de « Dark City ». J’aimerais présenter trois ou quatre morceaux en live mais pas plus car je ne me sens pas encore prêt pour faire un concert entier. Je préfère attendre afin de proposer un vrai show professionnel et abouti scéniquement parlant. Je vais continuer la promotion de l’album et j’aimerais bien faire un disque de reprises…

https://twitter.com/sagatfrancois?lang=fr
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