Rencontre avec Renard Tortue au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur l’actualité du duo !
Pouvez-vous présenter Renard Tortue à nos lecteurs ?
Nils : Nous sommes tous les deux auteurs, compositeurs et interprètes au sein de Renard Tortue qui existe depuis cinq ans sous ce nom. Nous sommes deux potes qui avons commencé à faire du son dans nos chambres ; chez l’un ou chez l’autre ; et petit à petit, le projet a pris forme. Pour ma part, j’ai commencé par la prod à l’âge de 14 ans, j’étais surtout focalisé sur l’instru même si nous écrivions déjà un peu tous les deux.
Louis : Il y a un peu plus de trois ans, nous avons rencontré Wolby (la méduse) qui est « l’homme à tout faire » dans le projet et c’est à ce moment-là que Renard Tortue a évolué de manière plus professionnelle. Nous essayons de tout faire par nous-mêmes mais cette fois, ça se passe la plupart du temps dans la chambre de Wolby.
N : Wolby nous enregistre et il arrange nos morceaux ; il a vraiment une bonne connaissance du son, c’est un peu notre « machine ». Renard Tortue, c’est Louis et moi sur le devant de la scène, Wolby ne veut pas forcément faire partie de l’image du groupe mais par contre, dans le fond, il est très présent, il fait partie intégrante du projet.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
L : Nous devions avoir dans les 8 ans, c’était en primaire à Champigny-sur-Marne. Nils est arrivé en CE1, il est devenu pote avec mon meilleur ami de l’époque et petit à petit, nous sommes devenus amis.
N : Au début, nous avions plutôt des amis en commun et c’est au collège que nous sommes vraiment devenus amis car nous étions dans le même cours de violon et ensuite, nous avons fait du théâtre ensemble. Nos liens se sont resserrés durant ces années-là.
L : Et nous avons créé un vrai groupe de potes autour de nous.
Que partageriez-vous avec les deux animaux qui forment votre nom de duo ?
N : C’est une bonne question ! Je peux être lent dans la vie dans le sens où j’ai besoin d’être dans ma bulle et de faire les choses petit à petit. J’y vais lentement mais surement. Je prends le temps de bien faire les choses afin de ne pas griller les étapes. Quant à Louis, il a la force de réunir les gens, il va chercher les plans, là où moi, je vais plus faire mes petites prods dans mon coin.
L : Nous avons beaucoup de musiciens et de rappeurs autour de nous et même si ce n’est pas vraiment un trait du renard, il y a ce truc de gambader un peu partout et d’aller chercher des influences chez les autres, de se nourrir de choses extérieures.
N : Alors que moi, à l’inverse, je vais beaucoup plus rester dans ma pièce à faire mes sons dans ma petite carapace.
Comment voyez-vous votre évolution musicale depuis la sortie de « Pakomifo » en 2021 ?
N : C’est une belle évolution. Le fait de sortir enfin des morceaux, cela permet aux gens de pouvoir les écouter et en concert, l’énergie est différente car ils les connaissent.
L : Sortir des morceaux permet de prendre du recul et de se rendre compte de ce qu’est sa musique ; quand elle appartient aux autres, on arrive à plus définir son style. Nous ne referions peut-être pas aujourd’hui certaines chansons qui sont dans « Pakomifo » mais il y a quand même un ADN dans ce disque et nous l’avons affiné depuis. Il y a quelque chose d’assez hybride dans Renard Tortue car nous sommes entre la chanson française, le Rap et la musique électronique.
N : Nous avons posé des bases avec « Pakomifo » et aujourd’hui, nous avons beaucoup plus synthétisé toutes nos influences.
L : Il y a beaucoup plus de cohérence, c’est moins éparpillé.
Vous avez récemment dévoilé un double single, « Taleur » et « Vite » se répondent-ils ?
N : Oui, complètement. Ces morceaux illustrent le fait que Louis et moi avons tendance à énormément parler avant de faire les choses mais maintenant, il est temps d’aller vite aux choses concrètes. Dans ces deux titres, on retrouve le passage de l’adolescence à l’âge adulte car quand on est ado, on se cherche un peu, on ne sait pas très bien ce que l’on veut mais aujourd’hui, nous allons sur nos 24 ans, il y a un peu cette pression de la société, c’est la vraie vie, il faut y aller, il faut tracer.
L : Dans « Taleur », il y a un peu un sentiment de culpabilité d’avoir laissé trop de place à la procrastination alors que dans « Vite », on exprime ce besoin d’aller de l’avant sans griller les étapes et avec efficacité.
N : Même si nous n’en parlons pas forcément dans « Vite », il faut être conscient qu’aller trop vite parfois, cela peut être néfaste car on peut mal faire les choses. Il y a un paradoxe entre ces deux morceaux car à la fois, il faut tracer mais sans trop s’éparpiller.
Pouvez-vous nous parler du double clip qui illustre ces chansons ?
N : Nous avons écrit ces clips avec notre ami Louis Ligné qui est passionné de vidéo et de montage mais aussi rappeur sous le nom de L, Le Rappeur.
L : Nous avions plusieurs idées différentes pour « Taleur » mais au final, nous sommes allés sur cette histoire de la toile blanche, de temps qui passe et d’œuvre inachevée. En ce qui concerne « Vite », nous sommes retournés dans l’esprit que nous avions dans les Gabzeries ou dans le clip de « Dans La Merde ». C’était purement du kif.
N : Nous avons écrit plein d’idées plus absurdes les unes que les autres, nous avions une trame quand même car nous voulions créer un contraste entre ces deux clips. Le clip de « Taleur » est plus lent et plus contemplatif que celui de « Vite » car cela allait avec cette idée de procrastination.
L : La qualité d’image est moindre dans le second clip comme si c’était tourné à l’iPhone et tout va très vite avec des effets un peu cheap comme si ça avait été fait dans la précipitation.
N : Au final, les gens nous ont plus fait de bons retours sur le clip de « Vite ». Nous avions peu de budget pour cette vidéo mais nous avons pris beaucoup de plaisir à la faire. Nous avons fait avec les moyens du bord.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
N : L’écriture est la vraie force de Louis ; il se prend beaucoup la tête sur les détails mais à la fin, ses textes sont hyper léchés. Je n’ai pas la même précision que Louis. Il a un côté fédérateur ; il ouvre la bulle.
L : J’ai toujours kiffé la vision de Nils ; je me suis toujours dit qu’il avait un coup d’avance. Quand il a quelque chose en tête, il s’y tient et j’admire cela car pour ma part, je peux être très indécis. Pareillement, là où je peux avoir tendance à m’éparpiller, Nils va recentrer.
N : C’est ce qui fait la force de notre projet ! Là où je peux avoir un fil rouge, Louis va chopper des inspirations différentes et ça va permettre de voir plus large.
Quelle est l’étape de création qui vous plait le plus ?
N : Même si j’aime toutes les étapes, je vais répondre la prod car c’est par là que je commence et pour moi, c’est comme un embryon, les couleurs prennent forment et cela va me donner une émotion et ensuite, le texte. Je trouve que ce moment-là est très fort. C’est un peu un nouveau monde qui s’ouvre.
L : Je suis tout à fait d’accord avec Nils car je vois très bien ce qu’il veut dire. Ce moment où tout devient instinctif, hyper fluide, est très jouissif. C’est beaucoup de temps de travail pour juste quelques minutes de kif.
Avez-vous tous les deux d’autres projets musicaux en parallèle à Renard Tortue ?
L : Nils a un projet solo qui s’appelle Nils Handz et le mien ; Loufox ; est en cours ; je travaille cela en parallèle toujours avec Wolby et avec mon grand frère qui est multi instrumentiste. Ce n’est pas encore d’actualité, peut-être en 2024 car pour l’instant, ma priorité reste Renard Tortue.
N : Nous avons toujours créé chacun de notre côté. Nous disons souvent en concert que nous sommes un couple libre (rires). Nous avons notre projet en duo mais nous respectons aussi l’indépendance de chacun. Pour ma part, j’ai déjà publié deux EPS.
L : Je travaille également en parallèle à tout cela en co-composition avec Wolby sur le projet de la rappeuse Asfar Shamsi.
Qui retrouve-t-on dans la culture musicale de chacun ?
N : « L’Ecole des Points Vitaux » de Sexion d’Assaut est le premier album que j’ai acheté. Quand j’étais petit, j’ai fait beaucoup de breakdance et j’ai baigné dans la culture Hip Hop/Rap. Maître Gims a été le premier a apporté un aspect mélodieux dans le chant au Rap. Sexion d’Assaut avait des textes de fous, des mélodies qui rentraient dans la tête et une énergie de groupe incroyable mais ce n’est plus du tout ce que j’écoute aujourd’hui. Ensuite, il y a eu James Blake, Flavien Berger et Stromae. J’aime le côté hybride de ces artistes qui mêlent l’électronique à un côté très chanson.
L : J’adhère à tout ce qu’a cité Nils et je vais ajouter pour ma part Orelsan, C2C, Deluxe, Caravan Palace…Plus jeune, je piquais le lecteur MP3 de mon frère qui écoutait du Rock et grâce à lui, j’ai découvert Led Zeppelin, Guns N’ Roses, The Strokes et les Red Hot Chili Peppers qui m’ont vraiment marqué musicalement.
N : Je suis obligé de citer les Beatles aussi que mon père écoutait en voiture ; ils étaient très forts dans les mélodies et les harmonies.
Quels sont vos prochains projets ?
L : Notre prochain titre « Les Oiseaux » sort le 23 juin.
N : Nous travaillons actuellement sur notre premier album ; ça y est, c’est le grand bain.
L : D’ici la sortie de l’album, nous aimerions sortir deux ou trois singles qui seront accompagnés de clips.
N : Nous avons des idées de concepts…
L : Le 13 juillet, nous jouerons deux fois à la Traversée du Val d’Europe du File7 à Magny-le-Hongre et le 16 juillet, nous nous produirons à Creil.
N : Un premier concert parisien se profile d’ici fin 2023.
Renard Tortue - Tic-Tac (Taleur & Vite)
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