Rencontre avec BIRRD au Studio Luna Rossa à l’occasion de sa récente collaboration avec le Musée du Louvre !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je m’appelle Stefan alias BIRRD pour ce projet, j’ai 32 ans, je viens de Rouen en Normandie, je suis auteur, compositeur et producteur de musique Electro dans le sens où je compose toute ma musique chez moi tout seul dans mon studio, j’arrange mes propres morceaux jusqu’au bout et j’écris parfois des paroles quand paroles il y a dans ma musique car elle est très souvent instrumentale. Il m’est arrivé de travailler occasionnellement avec des arrangeurs pour faire des retouches sur certains morceaux mais habituellement, j’essaie de faire moi-même le maximum pour que mon propre son soit respecté jusqu’au bout de la chaîne ; même si la partie mixage et mastering m’échappe un peu car elle nécessite un vrai studio de production et celle-là, je la laisse à des professionnels chevronnés pour embellir la musique. Je travaille beaucoup avec des synthés ; je ne suis pas très fan des plugins d’ordinateur ; et du field recording ; je m’intéresse beaucoup aux sons du quotidien, ces rythmes un peu improbables auxquels on ne prête pas trop attention mais quand on tend un peu l’oreille, on se rend compte qu’il y a des rythmes, de la mélodie, de la texture un peu partout. J’aime bien me balader avec mon enregistreur et capter ces rythmes et ces sons afin de les incorporer dans ma musique mais je les modifie tellement que l’on ne s’en rend pas forcément compte ; ça fait juste partie de mon process de création ; souvent les sons triturés, tordus, mis dans tous les sens et à la fin, cela fait cette musique qui est à mi-chemin entre la musique synthétique et assez organique.
As-tu toujours évolué dans la musique électronique ?
Pas du tout. J’ai commencé la musique à l’âge de 12 ans en prenant des cours de piano et ensuite, j’ai fait de la guitare. Plus tard durant mes études, j’ai eu un groupe de Blues à la fac ; nous faisions un mélange un peu improbable entre Blues, Rap et Funk ; j’ai jouais de la guitare et du clavier. J’ai commencé à me mettre dans la musique électronique en 2012 au moment où mon groupe s’est séparé, je n’avais plus de partenaires de jeu et je n’avais pas envie de jouer de la guitare tout seul chez moi. J’ai commencé à m’intéresser à la MAO et là, un monde de possibilités électroniques s’est ouvert à moi et c’est comme cela que je suis arrivé dans l’Electro. Ensuite, pendant très longtemps, j’ai eu un job à côté, la musique était plutôt une passion que j’assouvissais le soir, le weekend et la nuit en plus de mon boulot. Le projet BIRRD est né pendant le confinement. J’ai décidé de quitter mon job afin de me lancer à fond dans la musique car j’avais atteint le niveau de maturité à mon sens qui me permettrait de faire des vraies choses tout de suite. Avant ce projet, j’ai expérimenté plein de styles, je suis passé notamment par la Dubstep et le Hip Hop.
Savais-tu où tu te dirigeais dès les premiers pas de BIRRD ?
Cela dépend ce que l’on entend par premier pas car BIRRD à deux ans finalement. Avant la naissance de ce projet, je ne savais pas vraiment où j’allais, j’étais plutôt dans une expérimentation un peu sauvage où je n’essayais pas de trouver un style particulier ; je découvrais la production, les synthés, le field recording, l’édition audio…mais je ne me fixais pas trop de direction artistique. Après avoir fait un tour d’horizon de plein de possibilités, j’ai fini par trouver l’esthétique que j’aie aujourd’hui avec BIRRD ; elle me plaît et elle me correspond vraiment même si BIRRD évolue de titre en titre et d’EP en EP.
Comment décrirais-tu ton univers ?
En termes de style, si je peux me décrire et me permettre de presque me mettre dans une case, je dirais que c’est une musique Techno mélodique, planante, un peu sombre qui peut s’écouter chez soi au casque ou dans un club sombre bien tard la nuit.
Comment est née ta récente collaboration avec le Musée du Louvre ?
L’année dernière, j’ai signé avec Yotanka Records qui est un très chouette label indépendant nantais. Yotanka Records m’a accompagné dès le début et c’est pour cela que mon projet a pris de l’ampleur assez vite. Le Musée du Louvre a contacté le label car ils avaient déjà en tête ce projet de visite guidée autour de la musique Electro et ils voulaient savoir si Yotanka Records avait des artistes à leur proposer ; j’étais parmi les artistes proposés et le Musée du Louvre a bien accroché sur mon esthétique et du coup, nous avons travaillé ensemble sur cette visite guidée musicale.
Peux-tu nous en dire plus sur tes inspirations pour ce projet ?
Le Louvre ne m’a donné aucune contrainte artistique pour créer, ils m’ont juste dit que l’objectif était de créer de la musique en rapport avec les six tableaux que j’ai pu choisir moi-même à partir d’une sélection selon un parcours. J’ai créé mes musiques en fonction de ce que m’évoquaient les tableaux. Il n’y avait pas de rapport avec l’histoire du tableau ou le peintre en lui-même, ce n’était pas une visite historique ou qui parlait d’art graphique, c’était vraiment mon interprétation personnelle. Selon les tableaux, ça allait de choses très calmes et expérimentales à des choses beaucoup plus intenses. J’ai un peu vu ces tableaux comme des histoires. Comme il y a une notion de temporalité dans la musique qu’il n’y a pas dans une image fixe, les morceaux pouvaient raconter le début de l’histoire du tableau et une fin potentielle.
Concrètement, à quoi ressemblaient tes performances au Louvre ?
Un groupe de visiteurs me suivait ; ça se matérialisait vraiment comme une visite guidée. J’avais un établi mobile monté sur roulettes avec un plateau en bois où je posais mes synthés et deux enceintes et un second en dessous sur lequel j’avais mis un caisson de basse. Je déambulais de tableau en tableau en poussant mon chariot. Je m’arrêtais devant un tableau, je présentais très brièvement le nom de l’œuvre et celui de l’artiste, je jouais la musique et j’invitais les visiteurs à ne pas forcément me regarder moi mais à se projeter dans le tableau en écoutant la musique en même temps. Après, je leur demandais ce que eux avaient ressenti et c’était la partie vraiment intéressante de la visite. Les retours étaient souvent assez intéressants car on passe rarement de trois à cinq minutes devant un tableau surtout au Louvre où il y a pléthore de choses à voir. Tout le monde était très enclin à partager ce qu’il avait ressenti et c’était assez amusant car chacun voyait des choses différentes. Par ailleurs, tout le monde essayait de deviner ce que j’avais voulu faire moi aussi, chaque personne émettait des hypothèses. C’était un vrai échange. Une fois que nous avions terminé avec un tableau, j’avançais jusqu’au suivant et le groupe me suivait et ainsi de suite. La dernière performance a eu lieu le 08 juin mais j’espère qu’il y en aura d’autres…
Aimerais-tu réitérer l’expérience avec d’autres formes d’arts ?
Je suis très ouvert à cela car ça m’oblige à sortir de ma zone de confort de producteur. J’ai déjà fait un peu de musique à l’image et pour le coup, le cinéma est vraiment l’art sur lequel j’ai envie de travailler ; peut-être pas à court terme dans l’immédiat mais c’est un objectif à l’avenir. Composer une musique de film serait une belle chose à réaliser. Faire de la musique à l’image te force à revoir tes propres concepts pour t’adapter ou t’imprégner du travail de quelqu’un d’autre pour toi aussi créer. Pourquoi pas aussi la sculpture, le street art…Mélanger les arts, je trouve cela fascinant.
Tu as sorti plusieurs singles depuis le début de l’année, annoncent-ils le successeur d’ « Alba » paru en 2022 ?
Absolument ! Je travaille actuellement sur mon prochain EP qui devrait sortir d’ici la fin de l’année. Ce disque prendra la suite d’« Alba ». En revanche, les titres déjà sortis resteront des singles, ils ne feront pas partie de l’EP.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Pink Floyd, Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan, B.B King, Eric Clapton, Led Zeppelin, The Cure, The Clash, Sex Pistols mais aussi NTO, Rodriguez Junior, Moderat…
Quels sont tes prochains projets ?
Un remix de « Wheels » réalisé par le très talentueux Vapa sortira le 06 juillet. Je commence à organiser une tournée avec mon tourneur ; pas mal de dates sont en train de se caler. Je vais notamment jouer à Quiberon le 12 août, au Havre en octobre, à Rouen ma ville de cœur en décembre…Idéalement, mon prochain morceau devrait paraître à l’automne et l’EP d’ici début 2024.