Rencontre avec Philippe Lavil au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Sous Le Même Soleil » !

Pourquoi avez-vous mis autant de temps avant de publier un nouvel album ? Avez-vous développé d’autres casquettes artistiques durant toutes ces années ?

Oui, j’ai participé à quelques séries TV ; ça m’a pris un tout petit peu de temps mais c’était très sympa. Par ailleurs, j’ai continué à me produire sur scène ; j’ai fait partie notamment de la tournée Âge tendre et Têtes de bois comme invité d'honneur et parrain de la saison 7. Ce nouvel album était déjà commencé quand le COVID est arrivé mais forcément, nous avons dû tout arrêter. S’il n’y avait pas eu cette pandémie, cet album serait sorti il y a deux ans et demi/trois ans.

Comment s’est fait le choix des chansons qui constituent « Sous Le Même Soleil » ?

Je ne suis pas passéiste mais j’ai gardé en mémoire des chansons formidables de mes albums studio faites notamment par Elisabeth Anaïs, Michel Héron, Patrick Lemaitre ou moi-même mais peu importe la chanson car ce que j’aime, ce sont les mélodies. Quand quelqu’un m’a dit que certains de mes disques n’avaient pas eu l’auditoire qu’ils auraient mérité, j’ai regroupé quelques unes des chansons de ces différents albums et j’ai constitué une sorte de carte de visite. Cet album sur lequel il y a deux nouvelles chansons s’est fait avec mes musiciens de scène et c’était vachement sympa car nous étions dans un petit studio à la campagne dans le Loir-et-Cher.

Comment avez-vous voulu revisiter musicalement certaines de vos chansons déjà connues du public ?

A vrai dire, nous n’avons pas réinventé ces chansons car c’est ainsi que nous les jouons sur scène ; je bosse avec des mecs qui sont formidablement créatifs. Nous n’avons pas forcément voulu moderniser ces titres, on a juste changé le tempo pour certaines.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le titre de cet album ?

« Sous Le Même Soleil » est une chanson qui date des années 90, j’avais chanté ce titre en duo sur avec Louis Chedid sur mon album « La Part Des Anges » paru  en 2011. J’ai fait cette chanson après avoir été au Liban avec mes musiciens, c’était juste après la fin de la guerre et j’en avais pris plein la tronche car c’était un pays déchiré mais les gens avaient une vraie énergie pour tout remonter. J’ai écrit « Sous Le Même Soleil » dans l’avion et la mélodie à Paris en rentrant. Quand j’ai parlé de ce morceau à Louis, il m’a dit qu’il était d’origine Libanaise, ce duo s’est donc fait très naturellement. La nouvelle version de cette chanson est plus solaire ; auparavant, ce titre était plus lent et peut-être plus récitatif. La nouvelle version permet de swinguer un peu et de mettre un peu de douceur dans la violence ; on atténue un peu les choses.

Quels sont les grands thèmes présents sur « Sous Le Même Soleil » ?

Il y a pas mal de second degré sur cet album à l’exception de « Ti Case » que je chante avec ma fille Lola et qui parle d’amour envers une maison. Par ailleurs, dans la chanson « Ne M’Oublie Pas » enregistrée en duo avec Viktor Lazlo, nous ne nous adressons pas l’un à l’autre mais à notre île. C’est joli, poétique et bourré de charme ; les paroles sont de Christophe Monthieux. Dans les grands thèmes présents sur ce disque, il y a la musique, l’amour au sens large, la liberté…

Comment sont nés les duos qui y figurent ?

J’ai rencontré Claudio Capéo en Martinique l’année dernière un soir sur une plage. Nous avons fait un petit bout d’ « Elle Préfère L’Amour En Mer » et quand je lui ai parlé de ce nouvel album que je préparais, il m’a dit qu’il viendrait la chanter avec moi. J’aime la couleur qu’il a dans la voix, il est ouvert à tout et il est très solaire. J’ai découvert Chloé Cassandre avec qui je partage deux chansons dans un restaurant où elle se produisait avec un trio de Jazz. J’ai tout de suite trouvé qu’elle avait une chaleur de voix extraordinaire. Viktor Lazlo, c’est la voix, la beauté, la douceur. Nous nous connaissons depuis longtemps. Et le dernier duo, c’est avec Lola qui est ma fille.

Le titre de ce nouveau disque pourrait illustrer une idée d’unité/d’égalité, serait-ce ce que vous avez à cœur de transmettre avec votre musique ?

C’est une lapalissade car le soleil ne brille pas de la même manière pour tout le monde. On chante devant des gens de tous niveaux sociaux et de toutes religions et les concerts doivent être fédérateurs. On essaie de ne pas faire dans la tristesse en mettant de l’humour là-dedans.

« Si Marianne Etait Black » illustrerait bien cette idée…

J’ai écrit le texte de cette chanson avec Thierry Séchan qui était le frère de Renaud et la musique est signée par Jean-Claude Naimro qui est l’un des compositeurs du groupe Kassav’. Retrouver un jour une pareille Marianne, ça me paraît être une évidence. Avec Titouan Lamazou, nous avions un très beau projet qui était de faire une sculpture du visage d’une femme avec un œil bridé, un œil bleu, des oreilles, un nez et une bouche qui auraient représenté la femme des Antilles, du Nord, du Sud... Un maire m’avait dit que si nous faisions cela, il n’aurait pas mis ce buste dans sa mairie. Nous chantons ce titre depuis 30 ans mais il y a encore des gens qui sont réfractaires. Monsieur Bertrand Delanoë avait trouvé le projet intéressant et il m’avait demandé de lui rédiger une lettre afin de la porter au Président ; tous les hommes politiques auxquels j’en ai parlé ont trouvé cela vachement intéressant mais pas un n’a suivi.

A quelle période de votre riche carrière seriez-vous le plus attaché ?

J’ai envie de vous répondre demain mais c’est une réponse de normand (rires). J’ai beaucoup aimé la liberté que nous avions dans les années 80 jusqu’au début des années 90. C’était plus facile dans les années 80 à beaucoup de niveaux. On pouvait vivre une passion et partir en tournée pendant des semaines ; c’était génial ; après cela, ça s’est un peu plus resserré.

Au quotidien, écoutez-vous plutôt de la musique solaire ou des choses plus mélancoliques ?

Je n’écoute pas de choses mélancoliques à l’exception de quelques très belles chansons. A la radio, récemment, ils ont passé plusieurs chansons magnifiques de Phil Collins. J’écoute notamment Stevie Wonder et Sting. Mes enfants m’ont offert la discographie du groupe Earth, Wind and Fire ; ils sont jeunes et ça me touche beaucoup car cela prouve qu’ils ne sont pas tombés dans des trucs pas possibles et attristants comme il peut y en avoir actuellement.

Quels sont vos prochains projets ?

Tout a été remis à plat, je travaille avec une nouvelle équipe et nous sommes en train de construire le live afin de présenter cet album sur scène. La promotion de « Sous Le Même Soleil » va se poursuivre auprès des médias.