Retrouvailles avec BARON.E au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de « Nuit Noire » !

« Nuit Noire » est votre troisième EP, comment percevez-vous votre évolution ces trois dernières années ?

Faustine : Notre premier EP s’est fait assez simplement ; je pense qu’il y avait une certaine naïveté de notre part sur ce disque et c’était cool car c’était authentique. « Jeunesse Dorée » était un peu un premier jet. Nous avons eu beaucoup plus de réflexion sur le second.  Nous avons essayé d’aller dans quelque chose d’un peu plus sombre sur « Créature » qui a été une étape nécessaire pour donner naissance à ce troisième EP qui est ; selon moi ; une sorte de mélange de nos deux premiers disques. « Nuit Noire » est un troisième step où nous avons essayé d’assumer à fond nos envies. Sur chaque morceau, nous sommes allés dans des directions un peu plus affirmées afin de leur donner une identité tout en gardant notre patte BARON.E.

Pourquoi cette nuit est-elle noire ?

Arnaud : Noire ne fait pas référence forcément à quelque chose de négatif et sombre. Récemment, Faustine disait que c’était également la face cachée de la lune pour elle. Nous avons remarqué que nous étions très à l’aise la nuit et que nous y vivions plein de moments festifs ou plus calmes ; c’est un moment où nous nous sentons bien notamment par rapport au stress du matin ou de la journée. La nuit est une période où plein de choses se cristallisent ; des fêtes, des nuits d’amour, d’insomnie ou d’angoisse…C’est quelque chose de lumineux et de sombre à la fois. Nous avons utilisé le terme nuit noire pour symboliser cette nuit profonde qui n’est pas que sombre.

Diriez-vous que votre nouvel EP est fait de contrastes notamment entre le fond et la forme ?

F : C’est effectivement quelque chose que nous aimons bien et qui était déjà un peu présent dans nos précédents morceaux. Nous aimons jouer sur l’ambivalence afin que notre musique puisse être écoutée à deux niveaux de lecture. On peut autant danser et s’amuser sur notre musique que l’écouter en solo en se plongeant dans les textes. Faire une chanson triste en l’habillant d’une musique qui l’est tout autant, ça ne nous parle pas trop, on aime jouer sur les contrastes car rien n’est jamais tout blanc ou tout noir et puis, on peut danser et pleurer en même temps.

A : Nous aimons les paradoxes, ce qui est ambivalent, quand on ne sait pas sur quel pied danser mais cela reste très agréable. Ce sont des sentiments que nous ressentons nous-mêmes. Tout n’est pas toujours très défini.

De quoi parlez-vous sur ce disque ?

A : C’est très varié même si comme auparavant, nous parlons de nos propres vies et du regard que nous posons sur ce qui nous entoure. Sur ce disque, nous parlons d’amour simple et heureux, de notre rapport à la mort, d’angoisses nocturnes…

F : C’est un EP qui est pas mal axé sur nous mais qui peut aussi toucher plein de gens qui vivent ou ont vécu les mêmes choses. « Nuit Noire » est un peu l’EP du passage à l’âge adulte ; ce fameux passage à l’âge adulte qui est à la fois angoissant, plein de nouveautés et de questionnements. On se questionne beaucoup sur ce disque ; quelle personne on a envie d’être, va-t-on laisser une trace dans ce monde, va-t-on être heureux.euses ? Nous ne sommes plus dans l’adolescence mais nous ne sommes pas non plus totalement dans l’âge adulte, nous sommes dans cette phase de transition un peu floue mais très belle.

« Madame X » existe-t-elle ou est-ce plutôt un personnage fictif représentatif d’une génération ?

A : C’est plus un symbole, un étendard de libertés. C’est une créature de la nuit libérée qui ne se fixe pas beaucoup de contraintes et qui ne respecte pas les contraintes que l’on veut lui imposer.

F : Cette chanson a été écrite en pensant très fort à une personne mais plutôt par rapport à ce qu’elle dégageait et l’effet qu’elle avait sur moi. Il y a des personnes comme celle-là qui te donne envie de te surpasser et de te libérer. « Madame X » est inspirée de quelqu’un mais en fait, plein de personnes ont ce don de sublimer les personnes qui les entourent par leur propre brillance.

Vous avez récemment mis en images « Chanson d’Amour », quelle serait la love song imparable pour chacun de vous ?

A : « My Kind Of Woman » de Mac DeMarco qui est très chill et très agréable.

F : « Je T’Aime De Ouf » de Wejdene mais reprise par ELOI pour la naïveté de l’amour dit simplement. Egalement, « Paradis » d’Orelsan.

Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?

A : Son intelligence, sa clairvoyance et sa détermination.

F : Sa grande sensibilité ; c’est très intéressant de le connaître toujours plus car nous sommes amenés à passer beaucoup de temps ensemble et c’est cette sensibilité qui lui permet de capter des énergies, des images et des ressentis qu’il met ensuite en musique. Par ailleurs, je ne suis pas musicienne et parfois, j’aimerais exprimer des choses en musique mais je n’ai pas les compétences pour le faire et c’est assez dingue car quand j’en parle à Arnaud, il arrive à capter cela et à me faire une proposition ; c’est aussi sa force.

A : Faustine dit souvent qu’elle n’est pas musicienne mais elle a une vision artistique très forte et cela rejoint l’intelligence et la détermination que j’évoquais la concernant.

Selon vous ; qu’est-ce qui fait la force de BARON.E en live ?

A : Nos deux personnalités très différentes ; Faustine est extrêmement énergique, communicative, intense et même spectaculaire alors que pour ma part, je suis plus réservé mais j’ai réussi à rendre cela intéressant aussi. Sur scène, il y a deux atmosphères qui arrivent à bien se mélanger et à communiquer l’énergie.

F : Notre complémentarité. Nous nous complétons tous les deux et j’espère que c’est aussi le cas avec le public.

Quel serait votre plus grand rêve concernant BARON.E ?

A : C’est le genre de questions auxquelles nous nous gardons toujours de répondre avec précision car nous n’aimons pas trop nous projeter…Nous avons appris à ne pas faire de plans et à juste bosser à fond. Nous avons à cœur de continuer, de faire de beaux morceaux, d’aller au bout de nos envies et si cela peut plaire aux gens, qu’il y en a plus, que l’on fait plus de concerts et des plus grandes salles, nous serons évidemment toujours preneurs.

F : On a beaucoup réfléchi à cette question. Mon rêve serait de faire cela toute ma vie mais aussi d’en être heureuse. Mon objectif est de garder intact le plaisir que cela me procure et si un jour, il y a plus de stress, d’angoisse et de prises de tête que de bonheur, ça sera le moment d’arrêter ou de commencer autre chose.

Actuellement, chez qui vous retrouvez-vous musicalement parlant ?

A : Je me retrouve beaucoup chez Slowthai ; un artiste Britannique qui se situe entre la Trap et le Punk.

F : Je me suis rendue compte que j’écoutais essentiellement des artistes féminines ces derniers mois ; j’aime les femmes qui ont un projet solo et qui ont une puissance de texte et de sincérité. Ce sont des choses qui m’inspirent et me donnent envie. J’écoute énormément Yoa et Iliona.

Quels sont vos prochains projets ?

A : Le clip de « Madame X » sortira prochainement. Après avoir fait une release party à Paris au Point Ephémère le 14 avril, nous allons en faire une chez nous à Fribourg dans une salle mythique qui s’appelle Fri-Son. Des festivals sont prévus en Suisse dont Festi’neuch. Ensuite, nous viendrons nous installer à Paris en septembre.

F : Nous avons décroché une résidence offerte par la ville de Fribourg qui possède un atelier à la Cité des Arts et chaque année, il le prête à un artiste Fribourgeois. A partir de septembre, nous serons là pour un an minimum. L’idée de cette année est de se consacrer uniquement à la création, ce que nous n’avons jamais pu faire jusqu’à présent car nous avions des petits jobs ou nous étions dans les études. Nous allons commencer à composer notre premier et nous dévoilerons des premiers sons en amont de sa sortie.