Rencontre avec Bleu Satellite au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution d’« Inmena » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je m’appelle Sohée et mon nom d’artiste est Bleu Satellite ; il faut savoir que Sohée veut dire petit satellite bleu en japonais et ce côté satellitaire ; un peu ailleurs ; hors de cette planète ; me correspond bien. Je suis auteure, compositrice, interprète et je fais les prods de mes morceaux. Je joue de la guitare, du piano et j’utilise les instruments de logiciels. Je suis également comédienne et réalisatrice de documentaires.

Comment es-tu venue à la musique ?

C’est plus la musique qui est venue à moi. Même avant ma naissance, ma mère mettait des écouteurs sur son ventre pour me faire écouter de la musique. Toute ma famille est musicienne. J’ai baigné très très tôt dans un univers musical très éclectique. Ma mère écoutait du classique et du tambour de la Martinique d’où je suis originaire, mon père écoutait de la Folk, The Police et Sting et ma sœur avait des influences très latines. Quand j’étais adolescence, j’ai eu une révélation et c’est venu du cinéma. La musique de films m’a ouvert l’esprit et précisé mon envie de faire de la musique mais aussi l’univers artistique dans lequel je souhaitais évoluer. Encore aujourd’hui, j’écoute beaucoup Ludovic Einaudi, Steve Jablonsky, Hans Zimmer, James Newton Howard…Pour moi, dans la musique de films, il y a une liberté qu’il n’y a pas la musique en général puisqu’il n’y a pas de paroles et du coup, l’émotion que l’on ressent en écoutant la musique d’un film est propre à chaque personne ; c’est une émotion brute ressentie à ce instant-là et c’est très libérateur ; c’est une plongée en soi et c’est ce qui est le filigrane de ma musique aujourd’hui.

Tu as présenté quelques reprises très réussies sur Tik Tok avant de dévoiler ton premier titre original, quel a été le déclic pour enfin sauter le pas avec « Inmena » ?

Les reprises sur Tik Tok sont venues d’une envie très personnelle de comprendre toutes ces musiques que j’écoutais et que j’adorais. J’avais à cœur de comprendre ce que les artistes racontaient. J’ai voulu traduire avec mon interprétation ces grands artistes Américains qui ont des messages à faire passer. Pour « Inmena », ça a été exactement la même chose car il se trouve que j’ai écrit ce titre en anglais et ensuite, je l’ai traduit en français car quand on veut dire quelque chose d’important, il faut que le plus grand nombre de personnes puisse le comprendre. En fait, il n’y a pas eu vraiment de déclic pour sortir cette chanson car auparavant, j’avais fait de la musique en famille, je pense que ça a été plus un vent porteur, beaucoup de gens qui écoutaient mes reprises m’ont demandé ce que je faisais moi-même, ils avaient envie de savoir qui j’étais.

« Inmena » a-t-il été un choix évident de premier single ?

J’ai énormément de chansons,  j’ai choisi celle qui me parlait le plus et qui me présentait telle que je suis. En studio, j’étais seule sans instruments, j’ai fait toutes mes voix et tous mes claps. « Inmena » est vraiment mon bébé. Il faut savoir que cette chanson a été faite il y a dix ans.

De quoi parle cette chanson ?

« Inmena » est une chanson féministe qui parle de la condition de la femme aujourd’hui. Cette chanson vient d’un ressenti empirique et d’une expérience personnelle. La femme aujourd’hui doit répondre à des règles pour correspondre à des codes physiques, vestimentaires, comportementaux pour correspondre à un idéal féminin qui n’existe pas puisqu’il est basé sur des filtres Instragram, des photos modifiées et des discours très travaillés. Je trouve que c’est la meilleure façon de se dévaloriser, d’oublier son soi, l’amour que l’on peut avoir pour soi et le don de soi puisque le soi n’existe plus car il n’est vécu qu’à travers le regard de l’autre et la validation extérieure. Pour moi, c’est le mal du siècle. Je trouve que l’on se perd là-dedans et qu’il faut essayer de se retrouver ; de retrouver la valeur que nous avons en nous au-delà de ce que les gens peuvent penser.

Vois-tu ton avenir dans la chanson consciente ?

Consciente est un très bon terme. Dans l’EP qui est prêt, je raconte l’histoire de Bleu Satellite qui est un petit être qui vient de l’espace, qui atterri sur Terre et qui est fasciné par ce qu’il voit ; les humanités, les relations entre les gens, les musicalités, les doutes et les peurs de chacun… ; mais qui a peur de s’intégrer à ce monde et cela me représente totalement. Au fur et à mesure des rencontres, des expériences et d’émotions, ce petit être plonge à l’intérieur d’elle-même et elle se retrouve. Dans cet EP, je parle de sexualité ; un sujet qui n’est pas ou peu abordé dans la chanson française et cette parole doit être libérée ; de souvenirs, d’appartenance et de déracinement, de comment je me sens dans ce monde dans lequel je navigue très mal…C’est conscient car ces textes peuvent parler au plus grand nombre de façon subtile.

Musicalement, « Inmena » donne-t-il le ton de ton premier EP à paraître prochainement ?

« Inmena » est une petite facette de ce premier EP. Je viens du cinéma et dans ce disque, je raconte une histoire. « Inmena » est l’arrivée de Bleu Satellite sur Terre. Les sonorités seront différentes sur les autres morceaux car plus on avance, plus on parcourt le monde, plus on rencontre des choses, des gens, plus on a des influences diverses, plus les instruments arrivent…Il y aura une évolution dans cet EP.

Peux-tu nous parler de la mise en images d’« Inmena » ?

J’ai réalisé moi-même ce clip et j’ai voulu représenter le moment où Bleu Satellite se trouve face à la douane terrestre ; un peu à la « Men In Black ». Les douaniers veulent bien qu’elle arrive sur Terre mais ils lui disent qu’en tant que femme, elle va devoir répondre à des règles. En tant que personne extérieure à ce que l’on vit aujourd’hui, c’est très déstabilisant de savoir qu’être une femme n’est pas simple. Dans ce clip, je suis un peu ébahie en tant que Bleu Satellite en arrivant sur Terre et d’un autre côté, je rigole en tant que cheffe des agents de la douane en me disant qu’elle ne s’en sortira pas dans ce monde, qu’elle n’est pas faite pour cela car être une femme est beaucoup plus compliqué que l’on ne pense.

Comment développerais-tu ton univers ?

Cinématographique et émotionnel. Créer une émotion et raconter une histoire sont deux choses très importantes pour moi.

Que retrouve-t-on dans tes inspirations musicales ?

Les compositeurs de musiques de films, les productions organiques que Timbaland a pu faire pour Justin Timberlake, l’impact de la musique de Kanye West, Madonna dans la mélodie, Stromae qui dit des choses qui ont du sens de façon légère dans ses textes, Sia ;  j’adore sa musique mais aussi ce qu’elle représente…

Quels sont tes prochains projets ?

Quelques concerts sont prévus en mai en région parisienne et un aussi en Martinique. Une live session sera dévoilée par petits bouts sur mes réseaux. Une version piano-voix d’« Inmena » sortira bientôt. Le prochain single paraîtra au début de l’été. L’EP sortira d’ici l’automne. J’aimerais recommencer à faire des reprises car j’adore ça tout en amenant cela dans l’identité visuelle de Bleu Satellite maintenant qu’« Inmena » est sorti.