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Retrouvailles avec Siau au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Laurie Bisceglia

(c) Laurie Bisceglia

Quel a été le déclic pour proposer enfin un premier album après avoir publié deux EPS ces dernières années ?

Je ne me sentais pas prêt auparavant et c’est vrai qu’il y a eu un déclic. Quand j’étais ado, j’achetais des CDS et j’ai vraiment cette culture du dix-douze titres que l’on écoute presque un peu religieusement du début jusqu’à la fin même si nous sommes dans une époque de singles et que j’aime bien aussi écouter des playlists. Il a fallu que je me sente un peu plus « mature » et prêt à travailler sur un long format ; un peu comme un/une cinéaste qui ferait des courts-métrages avant de travailler sur son premier long métrage. Par ailleurs, quand j’ai commencé à travailler sur ce disque en 2018, j’ai eu trente ans, cela faisait près de dix ans que j’étais  à Paris et que je faisais de la musique de façon sérieuse, j’ai senti cette nécessité de synthétiser un peu tout ce que j’avais fait jusque là ; les différentes choses faites sous d’autres noms. J’ai eu la sensation de me ré-accorder avec tout ce que j’ai été ; il s’est produit une sorte d’alignement. Soudain, j’ai commencé à écrire la chanson « Superama » qui a donné ensuite naissance à l’album. C’est cette première chanson qui a déclenché l’album car je sentais que j’avais des choses à dire dans cette direction-là.

As-tu œuvré différemment pour ce premier long format ?

J’ai travaillé complètement différemment pour ce disque. J’ai composé une quarantaine de chansons pour n’en garder que dix. J’ai ouvert un peu les vannes afin que des choses sortent et j’ai arrêté de me juger. J’ai travaillé de façon artisanale en tâchant de sortir quelque chose tous les jours ; que ce soit bien ou non, j’essayais de ne pas trop juger le geste. Mes EPS, je les travaillais plus comme des compilations de singles. Je travaillais beaucoup chaque titre et sur une année, je pouvais n’en faire que six ou sept. Au-delà de cela, ma façon de produire a changé aussi. Sur les EPS, j’avais la « contrainte » de vouloir produire tous mes sons tout seul avec mes synthés et mon ordinateur alors que pour l’album, je ne me suis fixé aucune contrainte ; j’ai commencé à enregistrer des instruments virtuels avec l’idée qu’à un moment donné, j’irai en studio avec des musiciens. Cet album est donc beaucoup plus produit dans le sens où il a été joué en groupe en studio.

Peux-tu expliciter le titre de ton disque ?

Je cherchais dans divers champs lexicaux et j’ai découvert ce mot que j’adore. Quand je suis tombé sur ce mot, je l’ai trouvé extrêmement Pop et esthétique avec une résonance anglophone et j’ai eu envie de le chanter. Ensuite, il y a le sens du mot car une superama est un amas d’étoiles. Quand j’ai commencé l’écriture de cet album, j’étais en post-rupture, je venais de me séparer d’une longue histoire et je me suis senti dans une espèce d’obscurité avec le besoin d’une nouvelle quête comme une quête spatiale afin de trouver une direction et la superama illustrait parfaitement cela ; dans l’obscurité, on va chercher un espace de lumière qui va nous guider. Dans ce titre, il y a un équilibre entre le son esthétique et le sens.

(c) Laurie Bisceglia

(c) Laurie Bisceglia

Y-a-t-il un concept ou tout du moins une histoire qui se suivrait dans cet album ?

Ce n’est un concept album mais l’idée de suivre une direction a forcément créé un fil, un lien assez naturel entre les titres et les histoires.

Quand tu pensais/rêvais à ce premier album l’imaginais-tu ainsi ?

Quand j’ai commencé à écrire, j’imaginais un album qui ressemble énormément à celui-ci mais je n’imaginais pas certaines chansons qui sont arrivées dans ce disque. Sur certains titres de cet album, je suis revenu à des choses que je faisais à mes tout débuts et je ne m’y attendais pas mais j’ai accepté cette part d’inspiration assez lointaine. Je suis heureux d’avoir décomplexé cela.

Au gré de tes textes, on décèle l’omniprésence d’une poésie douce et nostalgique…d’où vient-elle ?

Je pense que ça me suivra toute ma vie. Je vais souvent puiser dans l’adolescence dont j’adore le côté paradoxal ; il y a des possibilités extrêmes à ce moment-là, tout est en train de s’ouvrir et pourtant, il y a également un enfermement car on est encore chez les parents et on est obligé d’aller au lycée. Je fantasme cela et pourtant, je n’ai aucune envie d’y retourner. La nécessité d’exister parallèlement par quelque chose de fort et d’intérieur ; des rêves, de la créativité ; a été un élément tellement déclencheur de tout ce qui est et sera ma vie que c’est impossible de ne pas y revenir afin d’aller puiser cette force vitale.

(c) Guillaume Fauveau

(c) Guillaume Fauveau

De quoi parles-tu sur « Superama » ?

Je parle notamment de la volonté de redémarrer la machine, de se défaire des chaînes sociales, de manipulation dans une histoire d’amour, de l’importance des larmes et du rapport à la masculinité, de reconstruction, d’apaisement, d’acceptation de soi grâce à une rencontre…

Que t’a permis « Superama » d’un point de vue musical/artistique ?

Durant les dix années de ma vingtaine, j’ai toujours été à fond dans quelque chose mais durant deux ou trois ans avant de ne plus vouloir en entendre parler. J’avais envie de faire des grands écarts de recherches. Je suis passé notamment de la chanson à la Pop électronique assez spé. J’avais la volonté d’aller chercher dans les extrêmes et à un moment, il y a eu un retour au centre de tout cela et c’est ce qu’illustre « Superama ». Dans cet album, il y a de la synthèse et de l’acceptation envers l’aspect pluriel des choses même au-delà de la musique.

Que retiendrais-tu de cette aventure discographique sur le plan personnel ?

Pour le moment, je n’arrive pas à faire autrement que d’écrire sur moi, sur ce que je vis et sur ce que je ressens. J’ai toujours un rapport un peu thérapeutique entre la musique et les textes. Pour moi, cet album est comme une sorte de journal intime qui marque trois ans de ma vie. Il y a un avant et un après ce disque.

(c) Guillaume Fauveau

(c) Guillaume Fauveau

Peux-tu nous parler de la mise en images d’ « Electricité » ?

J’ai donné quelques idées à Laurie Bisceglia mais je lui ai laissé beaucoup de liberté dans la réalisation et naturellement, elle a fait des choses un peu bancales, un peu penchées, assez instables, en déséquilibre et cette chanson, c’est exactement cela. Elle a vachement bien illustré ce titre que j’ai écrit à une période où je sortais beaucoup ; je faisais beaucoup la fête et parfois il y a eu des fêtes assez tristes. J’avais parfois une sensation de déséquilibre, de ville qui tanguait sous mes pieds, comme ça peut arriver quand on rentre tard d’une soirée et que l’on est un peu éméché. Dans le clip, je me prends notamment de l’eau sur le visage et à un moment la Terre est penchée et c’est exactement ce que je ressentais à ce moment-là. Il faut savoir que je n’ai pas tellement explicité tout cela à Laurie qui a elle-même posé ces idées-là spontanément. C’était très bien senti. Avec cette chanson sur laquelle je suis revenu à plusieurs reprises, il y a la volonté d’apporter quelque chose de lumineux et de faire du bien à ceux qui l’écouteront.

La pochette de « Superama » est un portrait de toi mais si tu devais illustrer cette cover de manière figurative ou abstraite, que retrouverait-on dessus ?

J’ai vraiment aimé cette photo prise par Laurie Bisceglia et j’ai eu envie qu’elle soit la cover de cet album car ; d’un point de vue stylisé ; c’était exactement la position, la tête, le regard un peu rêveur que je m’imagine avoir eu quand j’ai commencé ce disque seul dans mon appartement. J’ai eu cet effet miroir dans cette photo très contemplative. Cette photo a été une évidence incroyable. Maintenant, si je devais faire une représentation de cet album…je pense qu’il y aurait forcément un ciel couvert d’étoiles, quelque chose d’assez obscure mais avec de la lumière et une typographie hyper Pop avec de la couleur ; un peu comme un graph d’ado dans un journal intime des années 90 à l’image de ce que l’on peut voir au début du film « Virgin Suicides ». Peut-être une typo en nuage.

Retrouvailles avec Siau au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !
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