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Rencontre avec Pollyanna au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Man Time » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Joseph Roumier

(c) Joseph Roumier

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je m’appelle Isabelle et mon nom d’artiste est Pollyanna. Ce nom peut correspondre à moi toute seule ou à un groupe selon la formule sous laquelle je me présente ; sur disque, je suis plutôt en groupe avec des amis musiciens. Je suis avant tout auteure, compositrice et interprète dans un style Folk-Rock Indé. Je joue de la guitare et je participe à l’arrangement de mes chansons. Depuis quelques temps, j’ai monté mon propre label afin de sortir mes disques et éventuellement ceux des petits copains ; je tâtonne dans ce monde de l’autoproduction pour l’instant mais c’est assez intéressant car c’est une autre façon d’aborder la musique.

D’où vient ton nom de scène ?

C’est avant tout le titre d’un livre paru en 1913. « Pollyanna » est un roman pour la jeunesse écrit par Eleanor H.Porter. C’est l’histoire d’une petite orpheline à qui il arrive plein de malheurs mais comme elle est toujours gentille et qu’elle pense que le bien va triompher à la fin, l’histoire se termine bien. Ce livre a longtemps été utilisé dans certains coins des Etats-Unis pour éduquer les petites filles. Par extension, être une Pollyanna, ça veut signifier être un peu naïf ; un peu genre Bisounours ; croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. A l’époque, j’allais me produire en concert après avoir déménagé de Marseille à Paris et je n’avais pas envie d’utiliser le nom de mon ancien groupe, j’avais une soirée pour trouver un nom et c’est une amie franco-anglo-américaine qui m’a dit que comme mes chansons étaient déprimantes, Pollyanna pouvait être un nom intéressant (rires). Au-delà de cette explication, avec le temps, je trouve que garder sa naïveté dans le monde dans lequel on vit ce n’est pas inintéressant surtout quand on prend un peu d’âge et que l’on fait de la musique. Il faut vraiment être une Pollyanna pour continuer dans la musique car l’adversité y est quand même assez forte. C’est intéressant de garder ce nom quand on fait de la Folk Indé. Finalement, ça pourrait être le nom de mon label mais aussi une posture philosophique.

Pourquoi as-tu attendu aussi longtemps ; sept ans ; avant de publier un nouveau disque ?

J’ai déménagé deux fois, j’ai eu deux enfants et il y a eu le COVID. Ces morceaux auraient pu sortir plus tôt mais les plans que j’avais n’ont pas abouti et finalement, j’ai préféré monter mon label pour faire une vraie sortie et marquer une pierre qui amènera à d’autres disques. Il a fallu faire beaucoup de choses en même temps et j’ouvre vraiment un nouveau chapitre avec ce format court.

(c) Joseph Roumier

(c) Joseph Roumier

As-tu été tentée par le fait de revenir en français dans le texte ?

Comme je n’y suis jamais allée, ça ne m’a vraiment pas traversé l’esprit. Je crois que l’anglais est consubstantiel à mon inspiration. J’ai appris l’anglais tôt quand j’habitais à Calais et j’ai toujours écrit dans cette langue. Ecrire en français est un autre travail ; c’est un exercice qui n’est pas simple, il faut trouver la dimension poétique d’un langage que l’on utilise au quotidien pour des usages qui sont moins « fun ». Ça ne sonne pas pareil. Par ailleurs, je trouve que quand on se met à chanter en français, on a un peu le poids de la crise de l’identité nationale sur les épaules et ça m’énerve un peu.

« Man Time » s’inscrit-il dans la continuité de ce que tu as fait auparavant ?

Oui car les musiciens qui ont joué sur « Man Time » étaient déjà présents sur les précédents et la couleur musicale est restée la même. En revanche, je pense que j’ai essayé de faire des chansons avec une forme un peu plus classique ; un peu plus Pop. J’aime la structure Folk avec des couplets qui s’enchaînent avec juste une phrase qui revient de temps en temps mais ce n’est pas vraiment un refrain et là, j’ai un peu plus veillé à ce qu’il y ait quelque chose qui ressemble plus à un refrain sur quelques chansons. « Man Time » est dans la continuité de mes précédents disques mais avec un côté un peu plus ramassé et une production moins DIY. « The Mainland » avait été enregistré avec beaucoup de talent dans le grenier de l’ingé son avec un son très live. « Polly & The Fine Feathers » était très acoustique et plus classique en termes de facture sonore. « Man Time » a été enregistré à Poptones chez Jean-Charles Versari qui avait fait aussi mon précédent disque. Je pense que « Man Time » a un côté Indé avec une forme à peu près classique dans les chansons et dans le son.

De quoi parles-tu sur ton nouveau disque ?

Par rapport aux précédents disques, celui-ci parle plus facilement de relations humaines. A part la chanson « Man Time » qui parle du harcèlement de rue et qui a été écrite bien avant #MeToo, le reste des titres ne parlent pas trop de ce qui se passe dans le monde. Ces nouvelles chansons parlent plutôt des doutes que l’on peut avoir et de comment on se positionne par rapport aux autres en amour, en amitié, en famille…J’essaie de prendre des situations très concrètes et très simples et j’extrapole par rapport à cela afin de voir jusqu’où cela peut emmener. Par exemple, « Diamond Ring » parle de la fascination qu’ont encore certaines personnes pour le mariage ou l’amour éternel.

(c) Joseph Roumier

(c) Joseph Roumier

Peux-tu nous parler de la mise en images de « Man Time » ?

Quand j’ai écrit cette chanson, j’habitais en face d’un bar dans le 19ème arrondissement à Paris. Il y avait des bagarres le samedi soir et les mecs me faisaient marrer car ils étaient bourrés et assez ridicules ; ils se donnaient des coups de pied improbables en ratant leur cible mais des fois, il y avait du sang. C’était à la fois drôle et un peu inquiétant. Mon idée était que quand on est une femme et que l’on marche tard le soir, on est un peu dans cette ambiguïté tout le temps. On est toujours sur ses gardes en essayant d’évaluer un petit peu les situations. A l’époque, un groupe de Riot Grrrl Berlinois avait fait un appel à projet pour participer à une compilation sur le thème du harcèlement de rue et j’ai utilisé cette idée qui me trottait en tête pour écrire cette chanson. Nicolas de Losange Noir s’est servi du texte de « Man Time » pour créer le clip qui suit un peu l’histoire de la chanson en y ajoutant aussi d’autres choses. J’adore les stéréotypes ; j’ai notamment déjà écrit des chansons sur les cowboys qui véhiculent une image virile assez marrante que l’on peut vite tourner en dérision et je lui parlé de cela aussi. J’aime bien cette notion de folklore viril. On est dans un temps très féministe ; je sais qu’il y a des besoins ; mais on a gagné très peu. On est dans un temps de prise de conscience sur ces choses-là mais on déplace rarement la lumière sur les mecs juste pour montrer leur petit folklore à eux. Nous avons parlé de cela avec Nicolas et c’est ce que nous avons voulu montrer dans ce clip qui suit un mec un peu mytho qui se prend pour un cowboy mais à Valenciennes, qui est violent mais ridicule tout en étant un peu flippant, tout cela intercalé avec des images de cowboys sexy.

Comment trouves-tu toi-même ta place dans ce man time aussi bien au quotidien qu’artistiquement ?

Je trouve que ce temps des hommes est un peu en train de basculer. Telle que la parole circule en ce moment, nous sommes passés dans autre chose mais en même temps, ce n’est que de la parole qui circule dans certains milieux. Ma nouvelle obsession serait plutôt le fait que nous sommes tous enfermés dans nos algorithmes et avec la musique, c’est vraiment frappant. J’ai ma place dans mon monde ; ça va ; je suis extrêmement normale dans le monde dans lequel j’évolue et qui a les mêmes valeurs que moi.

(c) Joseph Roumier

(c) Joseph Roumier

Comment résumerais-tu ton univers en quelques adjectifs ?

Sans aucune présomption, j’espère que mon univers est intelligent, sensible, ouvert sur le monde et avec un sens très fort de l’intimité.  

Fais-tu vivre ta musique à l’étranger ?

Oui via les tournées mais pas seulement car ma musique vit aussi à l’étranger grâce aux réseaux sociaux. Peut-être que tout va se décanter mais pour l’instant, je ne sais pas si le côté tournées DIY va revenir car le monde a vraiment changé entre le COVID et les crispations aux frontières…C’est plus compliqué pour l’Angleterre…En tout cas, je vais toujours régulièrement en Allemagne et en Belgique. Je garde les yeux ouverts sur l’Europe.

Quels sont tes prochains projets ?

Le 1er décembre, nous organisons une double release party avec OAIO à Lille à la Maison Folie Moulins et il en sera de même le 12 janvier à Paris à la Péniche Antipode. Entre ces deux dates, il y en aura d’autres à Rennes, Nantes, Plessé et Angers. Nous allons chercher des dates pour le printemps et peut-être participé à tes festivals durant l’été. Un clip pour « Your Smile Is Cold » sortira en janvier. Je travaille sur mon prochain disque !

Rencontre avec Pollyanna au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Man Time » !
https://www.facebook.com/pollyannamusicofficial
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