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Rencontre avec Makja au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Sessions Vivantes, Vol.2 » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Oeil de Ken

(c) Oeil de Ken

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Makja est le nom d’emprunt que j’ai choisi en 2015 pour écrire, composer et interpréter mes chansons. Je compose les mélodies chant mais je ne m’accompagne pas sur scène ni en studio ; Je pianote un petit peu et je sens les choses un peu comme un cuisinier, j’ai besoin d’ingrédients ; ce sont les sensibilités musicales des autres ; et je fais faufiler le mot sur ces compositions-là. J’interprète en français qui est ma langue originelle, c’est celle avec laquelle je rêve et partage des coups de gueule ou de cœur.

Musicalement parlant, as-tu rapidement trouvé ta voie ?

Je suis venu à la musique par les mots, j’ai vu qu’ils avaient un pouvoir et je me suis dit qu’en étant détenteur de ce pouvoir-là moi aussi, cela me permettrait d’ouvrir les portes. J’ai grandi dans une culture musicale Hip Hop ; une contre-culture par rapport à celle dominante qu’elle soit familiale ou celle des autres. J’ai voulu coucher sur papier ce que j’avais dans les tripes et je l’ai fait avec un phrasé rappé durant toute mon adolescence. Au fil des années, j’ai laissé la musique rentrer et je me suis un peu émancipé du code culturel en chantant, en poussant les notes et en créant des mélodies. Le fruit de certaines rencontres dans ce parcours-là, le fait de travailler avec d’autres auteurs-compositeurs-interprètes, le fait de voir aussi comment ils chantaient, ça a donné vie à Makja qui est un projet musical de chanson française qui n’a pas oublié que les mots ont un pouvoir et un rôle à jouer. Je dessine chaque chanson comme un tableau à part ; un plat de saison.

As-tu toujours eu un propos fort dans tes textes ?

Quand on nait, il y a toujours un cri mais est-il violent ou est-ce juste un cri d’espérance…Je crois que derrière une création, il y a une soif d’existence, de faire vivre une émotion et parfois, celle-ci est forte. Que ce soit dans la forme ou dans le fond, elle peut être puissante pour celui qui la reçoit. Pour ma part, je ne le perçois pas vraiment de cette manière-là, je vis à fond et du coup, quand je créé une chanson, je le fais pleinement. Des fois, cette chanson peut rentrer en contact avec les gens de façon percussive et à d’autres moments, de façon très agréable comme une caresse. Je ne me dis pas que je dois saisir les gens, je livre une émotion et c’est à chacun de la prendre comme il le souhaite.

(c) MC Monin

(c) MC Monin

Comment décrirais-tu ton univers ?

Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi Makja comme nom ; j’ai grandi aux abords de la Méditerranée, la grand-mère de mon père était pied-noir et originaire de Corse. Ce mot signifie le maquis et je me suis dit que ce serait une belle métaphore pour dépeindre la nature humaine. Du coup, on est au milieu de l’être avec des choses qui nous attire et d’autres qui nous repoussent. On revient au caractère sauvage et instinctif. Par ailleurs, j’aime jouer des codes, surprendre, être au service de la multiplicité de la vie car on ne sait jamais ce qu’elle va nous dire ; j’aime bien changer le message et la façon dont je vais le dire.

Qu’est-ce qui t’a amené à faire The Voice alors que ton projet était déjà lancé ?

Je crois que c’est la production (rires). Ils ont fait preuve d’abnégation. Ils m’avaient repéré sur une vidéo live de la chanson « Un Camp » et auraient bien aimé m’avoir dans l’émission. Quand ils m’ont contacté, je leur ai dit que je ne pensais pas être le bon profil car je ne fais pas de reprises et je ne chante pas non plus en anglais. Je les ai remerciés et j’ai raccroché mais ils m’ont contacté de nouveau. J’ai appelé mon éditeur et il m’a dit que ça pourrait être intéressant. Je me suis exercé à l’exercice de la reprise et je me suis dit que finalement, ça pourrait être une belle occasion de mettre un pied chez chacun des Français et de susciter l’intérêt. En plus de cela, tu envoies un signal à ta famille qui a beau considérer ce que tu fais par amour, quand on passe dans The Voice, c’est une référence. Mon fils, mon voisin, l’artiste intervenant qui était venu dans mon collège est passé dans The Voice ! Ca envoie un signal fort aux personnes qui te connaissent ; une sorte de légitimité.

N’as-tu pas eu peur du « formatage » en y participant ?

C’est plus les autres qui ont eu peur que moi. Je suis quelqu’un qui fonctionne à l’instinct et quand je désire quelque chose, je fais tout pour l’avoir. Je me peux me laisser influencer, me tromper mais l’erreur fait aussi partie du parcours. Au début, certains ont pu ne pas comprendre pourquoi je partais faire The Voice car je suis auteur-compositeur-interprète alors pourquoi aller chanter les chansons des autres mais j’avais envie de parler à tout le monde tant que la chanson me correspondait. C’est en parlant avec la prod que j’ai découvert « Tout Va Bien » d’Orelsan et le texte m’a totalement plu ; c’est très bien écrit et j’avais envie de porter cela sur un plateau de télé d’autant que ça correspondait un peu à une période de ma vie. Pour la petite anecdote, ma fille est née le jour de mon passage télé ; elle a volé la vedette à son père et elle a bien fait (rires).

(c) MC Monin

(c) MC Monin

« Sessions Vivantes, Vol.2 » vient de sortir, cet EP répond-il au premier volume paru il y a un an ?

Oui, c’est la poursuite de la volonté de se présenter à nu. J’avais envie de revenir à une forme très épurée ; guitare électrique-violoncelle ; afin de dévoiler l’essence-même des chansons.

Ces deux disques sont-ils nés de la même impulsion ?

Non, je n’avais pas cette projection-là. J’ai fait « Sessions Vivantes, Vol.1 » avec le pianiste avec lequel j’avais œuvré sur « Ne Te Retourne Pas », c’était une réorchestration épurée de ce disque alors que sur « Sessions Vivantes, Vol.2 », ce sont de nouvelles créations. Ce second volet s’inscrit dans la volonté de nudité, de revenir avec une voix et uniquement des cordes ; par contre, c’est une autre équipe artistique, une autre sensibilité musicale, il y a plus de chant, une autre façon d’interpréter. Je n’ai pas appréhendé ces deux disques de la même manière car j’évolue.  

Quelles thématiques abordes-tu sur ce second volume ?

« Tempérament » est une prise de parole citoyenne ; je regardais des citoyens sortir du rang et se mobiliser pour défendre nos droits et j’ai eu envie de faire un focus sur eux. « Yeux de Rouille » qui a été écrit par Zoé Simpson aborde la naissance du désir et le fait de ne pas céder ; j’ai rencontré ma femme sur ce titre dans une salle parisienne. Sur ce disque, il y a des parts d’intimité qui sont vraiment sur le fil. « Elle Tangue » a été écrit sur un rocking-chair devant les Pyrénées ; je me balançais et je me suis dit que c’était bizarre, ça tanguait et je me suis demandé ce qui tanguait ; la mémoire de nos anciens. Il y a une reprise de « Tout Va Bien » ; c’est un clin d’œil à The Voice. « Roi Soleil » questionne la tyrannie de l’égo avec le selfie.

(c) MC Monin

(c) MC Monin

Peux-tu nous en dire plus sur les envies visuelles/esthétiques concernant le clip de « Nos deux Mains » ?

Tout d’abord, j’ai voulu que ces mains soient les comédiennes dans ce clip. Je dis toujours que ce sont des aventurières qui ne reculent devant rien. Les gens s’arrêtent très souvent sur les yeux, sur les visages, sur les corps mais pendant ce temps-là, les mains se faufilent. Je suis issu d’une famille Méditerranéenne dans laquelle on parle beaucoup avec les mains et si on les laisse parler, elles peuvent nous trahir parfois. C’est aussi un petit clin d’œil à des histoires d’amour qui peuvent être compliquées car les mains n’attendent pas la permission, elles peuvent faire le mur afin de se retrouver entre elles avant de revenir. Ce clip est un petit moment de douceur et d’intimité qui n’est pas personnifié. On ne sait pas si ce sont des mains masculines ou féminines…On ne sait pas qui c’est et ça créé le questionnement !

Comment imagines-tu la suite ?

Tout d’abord avec du live et il y a deux sets. Le premier présente tout le répertoire depuis le début sous Makja et de belles dates arrivent pour 2023, l’équipe est un peu plus conséquente, c’est plus produit, il y a des machines et de la scénographie. Le second est en acoustique total afin de présenter ces chansons de manière épurée ; cela nous permet de pouvoir jouer chez l’habitant, en église, dans la rue, en médiathèque…En 2023, l’objectif est de partir à la rencontre du public sur des territoires différents. « Sessions Vivantes, Vol.3 » n’arrivera pas tout de suite car je travaille actuellement sur un album qui aura une autre direction artistique !

Rencontre avec Makja au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Sessions Vivantes, Vol.2 » !
https://www.facebook.com/makjaofficiel
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