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Rencontre avec Loran Stahl au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Stevens Drean

(c) Stevens Drean

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis Alsacien d’origine ; Stahl veut dire acier en Allemand. Je suis auteur, compositeur, interprète et arrangeur. Je fais de la musique depuis la fin des années 70. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai eu au moins cinq vies ; j’ai été directeur de festival pendant 15 ans et programmateur pendant 25 ans pour une scène nationale et dans le cadre de plusieurs gros événements ; je suis également investi dans l’audiovisuel où je participe à la production de captations de spectacles vivants en salle sans public retransmises sur les chaînes du câble ; je suis aussi directeur artistique. Je vais sortir un album en mon nom très prochainement et je suis en train de finaliser un EP de cinq titres pour Pascal Mathieu qui était très proche d’Allain Leprest et qui a beaucoup écrit pour d’autres artistes dont Enzo Enzo. Nous avons co-écrit ensemble certains textes et Pascal en a écrits aussi pour mon album. Je suis multi instrumentiste, autodidacte au début mais à force de travailler avec des professionnels, j’ai appris leur langage musical. Mon parcours musical, c’est le home studio avec toutes les évolutions technologiques que nous avons pu connaître ces trente dernières années.

Comment expliquerais-tu que ton premier album n’ait pas vu le jour plus tôt ?

Comme je l’ai dit précédemment, j’ai eu pas mal de métiers différents dans la musique et la vie fait qu’à un moment donné, on s’éloigne du plateau. Par exemple, il suffit de faire deux enfants pour que votre vie change radicalement. Au-delà de la paternité, mon rapport au métier a évolué au fil des années. Il fut un temps où je n’étais pas trop d’accord avec ce qu’on me faisait faire dans la musique. J’ai été en contrat avec des majors et je n’étais pas très ok avec le process qui m’était proposé. J’ai également vécu des échecs ; et c’est très bien d’en parler car quand on s’en remet, on peut approcher le succès.

Quel a été le déclic pour te lancer dans la composition de « Kintsugi » ?

L’idée de « Kintsugi » m’est apparue d’évidence à partir du moment où j’ai commencé à compiler un certain nombre de compositions et de maquettes. Je me suis rendu compte que j’étais dans un propos liminaire qui parlait de reconstruction. Mon principe était de me faire du bien avec ces chansons qui étaient comme des médicaments de l’âme. Quand j’ai fait écouter ces chansons autour de moi, on m’a dit qu’elles étaient chouettes et que le propos faisait du bien. C’est toujours sousjacent car il y a du jeu de mots. La première couche est très Pop mais si on creuse un peu, on trouve autre chose.

(c) Stevens Drean

(c) Stevens Drean

As-tu su immédiatement quelle allait être la direction musicale de ce disque ou y-a-t-il eu du tâtonnement ?

Il faut être humble et savoir reconnaître que l’on ne sait faire finalement que trois chansons dans sa vie ; je crois que c’est Neil Young qui disait cela. Je sonne comme du Loran Stahl, je voudrais sonner comme du Depeche Mode, je ne pourrai pas car je ne suis pas Depeche Mode. Il y a la limite de nos propres compétences et la façon dont on digère notre culture musicale. Quand on appelle l’énergie créatrice, il en sort ce que l’on porte en soi. C’est une contrainte qui peut devenir un avantage. Ensuite, il faut douter, chercher, tâtonner, remettre le travail sur l’établi 100 fois, 200 fois…Il faut s’écœurer soi-même de sa propre musique pour qu’il en reste quelque chose. Il faut composer vingt titres pour en sortir dix. En étant arrangeur pour d’autres, j’ai appris qu’une œuvre n’est jamais fixée ; elle peut être reprise ou adaptée par quelqu’un d’autre. Au départ, je n’avais pas de direction, c’est plutôt le propos des chansons et cette première contrainte à savoir ce qui est mon son/mon énergie qui m’ont permis de définir les choses.  Ensuite, j’ai eu la chance de travailler avec Steve Forward, il m’a permis de vraiment faire le tri afin de rendre plus lisible et plus claire ma démarche.

T’es-tu posé la question du choix de la langue ?

Oui, tout à fait. Par le passé, j’ai sorti des albums sur lesquels je chantais en anglais mais là, je m’étais vraiment fixé comme contrainte de faire un album en français. Je pense que le prochain EP sera lui aussi en français. Dans mes influences, on retrouve Bashung, Christophe, certains albums de Manset, Stephan Eicher et donc Philippe Djian, certaines chansons de Maxime Le Forestier. Ma culture est autant liée au Do It Yourself Post-Punk et New Wave de ma génération qu’à la poésie ; j’aime beaucoup notamment Prévert. Comme tout bon Français, je dois faire le grand écart entre cette appropriation culturelle qu’est la Pop et le Rock et cette culture Française de la chanson et de la poésie.

Quelles thématiques abordes-tu sur ton premier album ?

Je suis parti d’un sujet plutôt touchy, noir et difficile et j’ai essayé de l’emmener dans la lumière. La majorité de mes chansons parlent d’absence, de la mort, de la difficulté d’être, de quête existentielle, de la société de consommation mais sans aller dans un discours intello ou donneur de leçons. Ces chansons ne sont pas autobiographiques mais je me suis inspiré de ma sensibilité et de comment j’ai vécu ces cinq vies dont je parlais un peu plus tôt. Sur cet album, on retrouve la chanson « Le Spam » qui aborde le fait de se prendre un râteau en boite de nuit ; je trouvais que c’était important de rappeler que quand une fille vous dit non, c’est non. J’ai voulu aborder ce sujet avec légèreté même s’il y a une petite allusion politique dans cette chanson.

(c) Stevens Drean

(c) Stevens Drean

Peux-tu nous en dire plus sur ce qu’est le kintsugi ?

Le principe du kintsugi est de réparer des objets cassés à partir d’or et donc de donner plus de valeur à ces objets. J’ai 57 ans et je lutte contre l’âgisme qui est un fait sociétal ; je me sens plus beau et je pense être une meilleure personne que lorsque j’en avais 30. Je crois que c’est important de pouvoir témoigner de ça.

Cet album a-t-il été un travail solitaire ?

Oui, cet album a été un travail de reconstruction mené seul. Ce disque est d’abord parti d’une intention intime, personnelle. Dans ce répertoire, j’ai intégré des chansons anciennes et des nouvelles. Je ne suis pas du tout parti de mes acquis ; je suis allé voir des gens plus jeunes que moi qui m’ont expliqué comment ils travaillaient, je me suis ré-équipé et j’ai réappris. Je suis dans la formation continue depuis toujours et c’est ce qui m’a permis de me renouveler. Je pense que quand on prend le micro pour raconter des choses aux gens, il faut y croire, il faut que ce soit sincère et authentique et ça, ça passe par un temps d’introspection. Il a fallu que je passe par cela pour me sentir d’accord avec ce que j’allais pouvoir livrer car j’ai envie de le faire le plus longtemps possible.

Le Kintsugi renvoie à la poudre d’or, ton album s’ouvre sur « Monochrome », quelle couleur donnerais-tu à ce disque et pourquoi ?

C’est une excellente question ! Je vais répondre l’or mais quand il est un poil terni. C’est vraiment la couleur or sans le brillant. Exactement comme moi finalement (rires).

(c) Stevens Drean

(c) Stevens Drean

Ce premier album ne manque pas de rythme, te verrais-tu le décliner sous la forme de remixes ?

C’est le cas ; c’est en route…J’aime beaucoup la musique de danse en général ; l’Electro, la Techno…Je suis un grand fan de Techno minimale depuis toujours. J’ai une grande affinité avec Berlin. J’ai eu la chance de grandir à côté de la frontière Allemande et Suisse et de pouvoir voir sur scène tous les artistes qui ne passaient pas en France. Mes influences sont donc très ouvertes et très larges.

Quels sont tes prochains projets ?

L’album sortira le 04 novembre. De la scène est prévue à Grenoble où je vis depuis presque vingt ans, ça sera un concert sur invitations dans un lieu secret. Je suis programmé le 15 décembre au Noumatrouff à Mulhouse qui est ma ville d’origine. Des premières parties sont prévues en 2023. Je finalise l’EP de Pascal Mathieu. Deux remixes voire plus sortiront début 2023 et un EP qui est en préparation devrait voir le jour avant l’été.

Rencontre avec Loran Stahl au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album !
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