Rencontre avec Julia Pertuy au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de son premier titre !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je fais de la musique depuis mon plus jeune âge ; j’ai été bercée par le piano dès ma naissance car mon père était pianiste ; cet instrument a vraiment fait partie de ma construction et j’ai commencé à en jouer très tôt à Nancy où j’ai grandi. J’ai eu plutôt un parcours classique avec le piano et je me suis mise à chanter dès que je pouvais dans des chorales et dans des groupes ; j’adorais le chant et je trouvais que c’était un autre moyen de s’exprimer par rapport à l’instrument. J’ai fait partie d’une formation plutôt Jazz et Funk au collège-lycée, je n’étais alors que chanteuse et j’ai vraiment apprécié le fait de me libérer du piano et de n’être qu’à la voix ; c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que la musique était ce que je souhaitais faire dans la vie car auparavant, ce n’était pas le cas. Par la suite, je suis allée vivre à Toulouse et je me suis mise au violoncelle. Dans mon projet musical, je suis auteure, compositrice et interprète.
Quel a été le déclic pour composer ton premier EP qui sortira cet automne ?
En 2019, il y a eu une évidence qui est venue d’un événement très perturbant à savoir le décès de mon père, tout a été chamboulé dans ma vie et j’ai eu besoin de me retrouver toute seule et d’écrire des chansons alors que je n’en avais jamais écrites auparavant. Ça a été un élément déclencheur dans ma vie à ce moment-là. J’ai ressenti le besoin de m’exprimer, de dire des choses et j’ai utilisé le piano et le violoncelle pour m’accompagner. Ce moyen d’expression me va parfaitement ; c’est là où je me retrouve le mieux et du coup, je ne m’arrête plus.
Comment as-tu voulu ce disque d’un point de vue musical ?
J’ai voulu habiller mes chansons en trouvant les sons qui me correspondaient vraiment le mieux. Il faut savoir que j’accorde autant d’importance à la musique qu’au texte. Au départ, je ne savais où j’allais en termes d’arrangements avec le squelette de mes chansons car j’avais plein d’idées ; d’inspirations ; mais le but était quand même pour moi de mélanger l’acoustique et l’électronique. A l’heure actuelle, je suis encore en train de peaufiner ma musique afin de trouver le mixte idéal entre les deux.
A quoi renvoie cet(te) enfant du vertige ; terme qui donne son nom à ton EP ?
Pour moi, c’est oser ; déjà ; c’est lâcher prise sur des blocages que l’on se met au quotidien d’un point de vue social. Il y a cette envie d’y aller mais aussi la peur de l’inconnu car on ne sait pas où l’on va ni les répercutions. En même temps, c’est aussi faire face à ses émotions ; c’est enlever une certaine pudeur afin de s’exprimer librement. Pour moi, le vertige est quelque chose de très attrayant et de très excitant mais il y a également cette petite peur qui est là. Quant à l’enfant, il renvoie au processus du passage de l’adolescence à l’âge adulte et ça a vraiment été cela pour moi ces dernières années.
Quelles thématiques vas-tu aborder sur ce premier pas discographique ?
Je vais parler de deuil, des rapports humains qu’ils soient douloureux ou beaux et d’addiction ; du rapport malsain qu’une personne peut avoir avec ce qui la rend addicte.
« Enfant Du Vertige » est-il un instantané ou synthétise-t-il la direction que tu veux suivre à l’avenir ?
Toutes mes chansons sont très réalistes ; j’écris sur des choses que j’ai vécues ou dont j’ai été témoin ; ça restera donc toujours dans ces thématiques-là. En revanche, d’un point de vue musical, j’ai besoin d’affiner encore afin d’avoir une direction un peu plus précise. Mon premier EP est très dense, il y a beaucoup d’influences sur ce disque car je me cherchais ; je me cherche encore et peut-être que je le ferai toute ma vie. En tout cas, je garderai toujours cet aspect mélodique un peu lyrique avec des envolées. J’ai besoin d’un peu plus de détente, d’être parfois moins à fleur de peau, d’aborder des sujets un peu plus légers.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Sensitif, authentique, libre, sensible, élégant et mélodieux.
Peux-tu nous parler de la mise en images d’« Abyssal » ?
J’ai voulu exprimer un état changeant d’humeurs ; ce qui rappelle les étapes du deuil ; c’est pour cela qu’il y a beaucoup d’images tournées dans des lieux différents avec des tenues diverses. L’image de fin où je m’en vais avec le bouquet à la main dans le paysage gelé est très forte. Il y a des moments où je ris et d’autres où je crie ; il y a des moments de joie extrême et puis, le manque et cette tristesse profonde me rattrapent.
Qu’aimerais-tu transmettre au public par le biais de ta musique ?
Des émotions et cela m’importe beaucoup. Pour moi, l’aspect phonographique et le live sont vraiment différents et je pense que mon EP prend vraiment tout son sens sur scène. Même si mes sujets peuvent être un peu sombres parfois, j’ai envie de donner de l’espoir aux gens.
Que retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Sigur Rós, Jeff Buckley, beaucoup de musique classique ; Bach, Chopin… ; du Jazz, du Rock notamment Pink Floyd et Led Zeppelin. En français, j’ai énormément écouté Brassens, Colette Magny, Brel mais ma culture musicale est très instrumentale et anglophone à vrai dire.
Quels sont tes prochains projets ?
Un second titre sortira fin septembre et l’EP sera dévoilé à l’automne. Des released parties sont en train de se mettre en place entre Toulouse et Paris ; j’espère également à Nancy car c’est là d’où je viens. Je vais tourner encore cet été mais plutôt en acoustique en solo et je défendrai sur scène ce premier EP après sa parution avec le guitariste Florian Soulier. Par ailleurs, je suis dans une nouvelle phase de création afin d’enchaîner très rapidement avec une suite en 2023…