Rencontre avec Xavier Boyer de Tahiti 80 au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Here With You » !
Sans rentrer dès maintenant dans le propos de votre nouvel album, son titre sous-entend-il qu’il est ancré dans l’instant présent ou symbolise-t-il comme une « main tendue » en guise de réconfort ?
Honnêtement, je ne sais pas… Il faut savoir que « Here With You » est le titre d’une chanson qui ne figure pas sur l’album mais qui sortira plus tard ; surement à la rentrée. Here with you est l’ad lib de de ce morceau et quand j’en écrivais les paroles, je me suis dit que c’était pas mal comme titre. Après, évidemment, je l’ai rattaché à toute la période que nous avons vécue où nous étions là sans l’être réellement puisque nous étions à distance par écrans interposés. Parfois, quand on est musicien ou fan de musique, les chansons peuvent réconforter ; on a l’impression que c’est quelqu’un qui nous parle directement à l’oreille. Le titre de ce nouvel album joue donc sur ces deux tableaux-là. Il y avait quelque chose de mignon mais aussi d’un peu triste à cause de cette virtualité avec tout ce que cela comporte.
Comment en êtes-vous venus à vous intéresser à l’état hypnagogique pour ce disque ? Peux-tu nous expliquer à quoi cela correspond ?
C’est un état second entre le sommeil et le rêve éveillé. Je ne sais pas si c’est quelque chose qui ne frappe que les musiciens mais cela m’est souvent arrivé. Tout d’un coup, une mélodie arrive et deux options se présentent à nous : soit on se laisse porter par le rêve, soit on va se réveiller, prendre son téléphone et essayer de chanter. Pour ma part, j’ai déjà fait les deux et je crois que c’est mieux d’aller au bout du rêve. Parfois, il vaut mieux rester dans le fantasme que dans la réalité. On retrouve cette idée de communion avec la musique dans le morceau « Lost In The Sound ».
« Here With You » est-il un album concept ?
Il y a des passerelles entre les chansons. Le process de création d’un album est assez particulier car au départ, on a une vingtaine de chansons plus ou moins écrites et ensuite, on en choisi douze-quinze. Pour « Here With You », nous nous sommes consacrés à chaque chanson séparément. Il y a une unité temporelle sur ce disque même s’il a mis du temps à être finalisé à cause des diverses mesures prises par rapport au COVID. Quand on a cherché à articuler ce disque, on s’est rendu compte que certaines chansons répondaient à d’autres. Inconsciemment, il se passe des choses durant le processus créatif mais l’album n’a pas été pensé de manière conceptuelle.
Peut-on dire que vos envies musicales sur ce disque ont été à l’opposé de cette période ultra anxiogène ?
Certains artistes ont fait des albums intimistes durant cette période déstabilisante de COVID mais nous, au contraire, nous avons voulu faire un disque pour l’après, pour la période actuelle, afin d’oublier ce qui s’est passé et célébrer dans un esprit un peu festif ; ceci est l’un des thèmes de cet album, ne serait-ce que musical.
Quelles thématiques abordez-vous sur cet album ?
Au niveau des paroles, on retrouve un peu des monologues car durant cette période, on s’est souvent retrouvé seul et on essayait de se convaincre que ça irait mieux. Dans cet album, il y a eu peut-être plus de fantasmé que de vécu dans les thèmes ; nous n’avions pas le matériau habituel car nos vies étaient très quotidiennes durant cette période étrange et elles manquaient de rencontres que nous faisons d’ordinaire durant les tournées.
Quels adjectifs synthétiseraient au mieux l’univers global de cet opus ?
Lumineux, assez Californien, un peu insouciant, intemporel et un peu mélancolique dans les textes.
Comment arrivez-vous à garder intacte la fraîcheur inhérente à votre projet musicale depuis vos débuts ?
Nous nous posons toujours des questions sur ce que nous faisons mais aussi pourquoi nous le faisons. Nous nous interrogeons aussi sur ce que nous avons déjà accompli et vers quoi nous pourrions aller. Nous avons compris assez rapidement ce que nous voulions faire à savoir chercher la chanson Pop parfaite, toucher les gens avec notre musique, s’inscrire sur la durée, faire des albums…Nous nous remettons en cause à chaque disque, nous faisons nos albums en réaction aux précédents, nous ne restons jamais sur nos acquis tout en demeurant cohérents. C’est compliqué de durer car si les gens identifient quelque chose qu’ils aiment bien chez toi, tu vas essayer de ne pas trop les décevoir mais il faut aussi ne pas se décevoir soi-même ; il faut trouver le juste ratio. Par ailleurs, nous sommes musiciens mais aussi fans de musique ; nous avons écouté beaucoup de disques, nous avons été déçus par des groupes alors que nous ne l’avons jamais été par d’autres au contraire, nous nous nourrissons de cette expérience de fans pour continuer à être pertinents.
Quel serait l’album idéal pour faire découvrir Tahiti 80 à un néophyte ?
Souvent quand on fait la promotion d’un nouvel album, il y a une phase de « lune de miel » et pour l’instant, je suis encore dans cela avec « Here With You ». Nous commençons à faire des concerts, c’est encore frais, il y a tous ces souvenirs et je trouve que c’est un bon album pour commencer à écouter Tahiti 80. Il y a cette obsession Pop dans ce disque ainsi que quelque chose qui est ancré dans l’époque. Pour citer une anecdote, je sais que beaucoup de personnes nous ont découvert en jouant à la Playstation car notre morceau « Big Day » figurait dans un jeu. J’ai l’impression que tous les chemins mènent à Tahiti 80 (rires). On peut commencer par n’importe quel album mais le dernier me semble bien approprié.
A choisir…tu opterais pour Tahiti ou pour les années 80 ?
Les années 80 car ça reste une période vraiment charnière. J’ai grandi dans cette décennie durant laquelle il s’est passé plein de choses ; la musique électronique, l’arrivée du CD, les jeux vidéo, les clips, les cassettes…Les années 80 sont assez fascinantes. J’ai l’impression que le revival des années 80 est celui qui dure depuis le plus longtemps. Les années 80 restent étonnement encore modernes.
D’ailleurs avec un nom comme le vôtre, y êtes-vous déjà allés jouer ?
Non, nous ne sommes jamais allés jouer à Tahiti ; ça reste du domaine du fantasme. En revanche, nous avons donné des concerts en Indonésie, en Argentine, en Amérique du Nord…ce n’est pas Tahiti mais c’est déjà pas mal !
Avez-vous d’autres projets en parallèle à Tahiti 80 ?
J’ai sorti des disques sous mon propre nom ; Xavier Boyer ; et Médéric qui est le guitariste du groupe a un projet solo qui s’appelle MED mais depuis 1998, nous ne faisons quasiment que du Tahiti 80. Comme nous avons un studio, à une époque, il nous arrivait de produire des groupes mais nous le faisons moins maintenant. Finalement, nous avons pas mal de taches qui ne sont pas que musicales car nous sommes au cœur de notre carrière et cela demande beaucoup de temps aussi. En tout cas, quand je fais des disques en solo, ça se fait à l’instinct, ce n’est pas programmé ; c’est quelque chose qui arrive tous les cinq-six ans…pour l’instant, ça s’est passé ainsi.
Tahiti 80 - UFO (Official Music Video)
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