Retrouvailles avec Vanessa Philippe au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son album « Soudain Les Oiseaux » !
Pourquoi as-tu pris le parti de présenter une trilogie avec un poisson rouge pour annoncer ton nouvel album ? Ces trois morceaux sont-ils liés les uns aux autres ?
Tous les morceaux de l’album sont liés les uns aux autres. Ce poisson rouge était un peu la présence qui me manquait et dont j’avais besoin. Comme cet album est très personnel, j’étais un peu inquiète de livrer ces chansons intimes et même si c’était inconsciemment, je suis arrivée prudemment. J’ai d’abord dévoilé « Suivre Le Soleil » ; un titre très joyeux qui parle de souvenirs d’enfance ; avant d’y aller carrément avec « Les Maux » et ce clip tourné dans une piscine et le poisson rouge a fait le lien tout comme avec le troisième extrait qui donne son nom à l’album. On retrouve également ce poisson rouge sur la pochette de ce disque.
« Suivre Le Soleil » a-t-il été un premier extrait évident ?
Oui, ça a été une évidence. Ce titre est sorti avant l’été et il était assez léger ; si ça avait été en novembre ou en décembre, peut-être que je n’aurai pas choisi « Suivre Le Soleil », encore que. Je venais de terminer l’enregistrement de l’album, j’avais déjà les premières images dont celle de la pochette, je me sentais un peu dans cette ambiance-là de suivre le soleil d’autant plus que l’été arrivait. Il y avait une sorte d’apaisement qui était là et c’est ce que j’avais envie de transmettre.
Vois-tu « Soudain Les Oiseaux » comme un opus « thérapeutique » ?
Certainement mais je ne l’ai pas fait dans ce sens-là. En fait, ça s’est imposé à moi. Quand j’écrivais, je ne pouvais pas le faire sur autre chose. Quand on écrit une chanson, de la même manière que quand on danse, les émotions sont retranscrites par le geste et par les mots ; on ne peut pas passer à côté. Même si la thématique est différente, tout ce que l’on ressent vient s’imprimer par-dessus. Ecrire et composer ce disque m’a fait énormément de bien ; je pense que cela m’a aidé et permis de traverser l'onde de choc par laquelle nous avons tous été frappés. En 2020, un an après la disparition de ma sœur, j’ai eu besoin de faire quelque chose de concret pour m’en sortir et pour lui montrer l’importance qu’elle avait pour moi, c’est là que j’ai créé une chorégraphie qui s’appelait « Suddenly The Birds ». Il y a eu comme une sorte d’urgence à faire les choses. Quand on se retrouve face à la mort comme ça a été le cas, on ressent une urgence de vivre comme si ça pouvait arriver d’un coup et je me suis dit qu’il fallait que je vive assez longtemps pour lui rendre hommage.
Comment continuerais-tu le titre de ton nouveau disque ?
Soudain les oiseaux chantent. Quand je passe sous des arbres et que j’entends des oiseaux, j’ai l’impression que c’est ma sœur qui me dit bonjour. C’est quelque chose qui reste. Le chant des oiseaux s’est soudain imprimé dans ma tête. Tout à coup, je regarde plus vers le ciel et je vois et j’entends beaucoup les oiseaux.
Le deuil est au centre de cet album mais de quelle manière en parles-tu ?
La mort, c’est la vie aussi et je ne voulais pas en parler de manière très grave ou triste. Ça reste assez pudique. Cet album est aussi un hommage à la vie. Ma sœur disait beaucoup qu’elle voulait vivre dans les derniers temps et ses mots sont restés. Dans cet album, il y avait la volonté de la faire revivre pour qu’elle soit présente et qu’elle existe encore. Je voulais que ce disque soit très coloré, dynamique et qu’il lui ressemble.
Quelles autres thématiques trouve-t-on sur « Soudain Les Oiseaux » ?
Sur ce disque, il n’y a pas que le deuil qui est abordé ; « Soudain Les Oiseaux » parle d’amour, de la vie, de souvenirs d’enfance, de ma sœur…
Tu parles d’elle à cœur ouvert dans « Sister »…Peux-tu nous dire ce qui caractérisait ta grande sœur ?
C’était quelqu’un de très joyeux qui était tout le temps en train de rire et de faire des blagues. Elle était toujours souriante. Elle avait un sourire jusqu’aux oreilles jusqu’à la dernière seconde et c’est aussi pour cela que l’on ne pouvait pas croire qu’elle allait partir. Ma sœur était très forte de caractère et très positive. Elle était engagée dans l’armée avant de rentrer dans le privé, elle était infirmière-anesthésiste, elle a eu beaucoup de diplômes dans le milieu médical. Elle a fait des choses que je n’aurais jamais pu faire. Je n’aurais jamais pu vivre ce qu’elle a vécu aux urgences. Elle se faisait violence à elle-même car elle ne pensait pas pouvoir supporter ces choses-là ; c’était vraiment une battante. C’est pour cela que je dis que c’était une guerrière.
Quel genre de sœurs étiez-vous ?
Nous avions une relation de sœurs (rires) ; c’est-à-dire, amour-désamour. Nous étions très proches durant notre enfance. Nous avons vécu un peu une vie d’expatriés au Cameroun, nous étions souvent toutes les deux à jouer, cela pouvait générer des disputes mais également des moments incroyables. Par la suite, même si la vie nous a éloignées, nous sommes quand même restées proches. J’appelais souvent ma grande sœur. Même si parfois il y avait de l’incompréhension par rapport à nos choix de vie, ma sœur voulait absolument que ça fonctionne pour moi dans la musique ; elle avait même créé une Fan Page.
Comment tes proches ont-ils reçu ton nouvel album ?
Je n’osais pas trop envoyer l’album à mes proches car j’avais un peu peur de leur du mal ; on ne sait jamais car ça peut remuer des choses ; mais quand elle l’a reçu, ma mère m’a dit que les chansons et la pochette étaient très belles. Pour l’instant, je n’en sais pas plus mais elle avait beaucoup aimé les premiers extraits.
Par quels adjectifs pourrais-tu synthétiser « Soudain Les Oiseaux » ?
Joyeux, coloré, intense et intime tout en étant universel d’une certaine manière.
Aimerais-tu développer le propos de ce disque en livre ?
J’avoue que j’y ai pensé tout comme à un court-métrage mais comme je ne prémédite rien, quand une idée vient, elle se fait ou pas…Tout dépendra de ce qui va se passer maintenant. En tout cas, j’ai écrit pas mal de lettres directement à ma sœur et ça m’a beaucoup aidé mais écrire tout un ouvrage, il faudrait que ce soit bien dosé, sincère et très juste.
Vanessa Philippe - Pantalon de soi (Clip Officiel)
"Pantalon de soi", quatrième extrait de l'album "Soudain les oiseaux" de Vanessa Philippe, disponible le 21 janvier 2022.https://Modulor.lnk.to/SoudainLesOis...