Rencontre avec Oldelaf au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie du clip de « Demi-Dieux » !
Ton album « L’Aventure » est sorti juste avant la pandémie…As-tu eu peur que cette aventure ne puisse finalement pas commencer ?
Pour le coup, c’est ce qui s’est passé. L’album est sorti le 28 février 2020, la tournée commençait le 12 mars et elle s’est arrêtée le 13. Ça a été très dur car c’est un album sur le voyage et vu ce que nous vivions, le sujet devenait presque obsolète ; presque un sujet de science-fiction. Nous avions répété des semaines durant avec les gars, nous avions vraiment bien bossé, nous avions hâte et nous avons été amputés de tout cela. Même si ça a repris en partie aujourd’hui, il y a le problème des jauges et il y a encore des annulations. On souffre toujours. Tout a été décalé alors que pour une fois dans ma vie, je m’étais un peu organisé, l’équipe était coordonnée en termes de sortie, le timing était bien fait mais cette aventure a été complètement abîmée. Heureusement, quand ils sont revenus, les gens ont été vraiment au rendez-vous, ça a été super de vivre ces moments-là mais vu l’importance que cet album a dans mon cœur, je garde un petit goût d’inachevé.
Un EP de cinq titres est venu prolonger cet album à la rentrée, ces morceaux sont-ils nés « grâce » aux confinements ?
Je n’ai pas écrit de morceaux pendant le confinement en tant que tel car je venais d’écrire quinze chansons pour l’album plus une quinzaine d’autres pour les crowdfunders qui avait misé sur ce disque. J’avais à cœur de faire découvrir cet album et d’en profiter et c’est pour cela que je n’ai pas écrit beaucoup de chansons pendant le confinement, il m’a fallu du temps ; environ un an voire un an et demi ; pour reprendre la plume. Ça a été violent quand même et j’avais envie de garder un peu de fraîcheur.
Quelles thématiques retrouve-t-on sur « L’Aventure Continue » ?
« Demi-Dieux » est directement lié au masque. Certains morceaux sont encore sur le voyage car cet EP est la suite de l’album et au fond de moi, je parle de l’aventure. Cet EP est venu pour prolonger et raviver cet album que nous avions enregistré en camping-car. Si c’était à refaire, je repartirais sans hésiter car c’était vraiment chouette. Comme je n’avais pas pu le raconter à ce moment-là, je voulais vraiment le faire sur ce demi-album.
Peux-tu nous parler de la mise en images de « Demi-Dieux » ? Est-ce ta manière de dédramatiser la situation ?
Ce clip a été réalisé par Lorraine Houpert qui est une amie de longue date. Lorraine a pris les manettes et elle a géré de main de maître le tournage de ce clip qui a été autofinancé. Nous avons imaginé cette vidéo pour dédramatiser évidemment la situation et le rapport au masque car c’est quelque chose qui m’atteint beaucoup au quotidien. Si tenté que ce soit nécessaire et je ne nie pas cela, c’est une barrière que l’on met entre les gens. Nous avons vu l’inconfort que cela génère durant les concerts, nous sommes face à des demi-visages ; d’où le titre « Demi-Dieux » ; et nous qui faisons rire, nous perdons beaucoup de choses car nous ne pouvons pas voir les gens sourire. Ça a vraiment été une souffrance y compris quand nous avons repris car il y a une différence entre les salles « libres » et celles qui étaient masquées. Je dois dire que j’ai peur à long terme des masques car je pense que c’est entré comme une évidence dans la tête de certaines personnes qui se disent que si ça ne fait pas de bien au moins ça ne fait pas de mal et je crains que nous n’ayons plus jamais des rues, des métros et des spectacles sans personnes masquées. On se protège des autres et c’est cela qui me gonfle car on se méfie et on a peur d’autrui. D’un point de vue biologique, il faut que l’on partage nos miasmes car c’est en s’en protégeant trop que l’on va se mettre en danger ; on le voit avec la gastro et la grippe.
Sur « Au Loin », tu joues allégrement avec les mots, as-tu très tôt eu cette aisance ou l’as-tu travaillé projet après projet ?
Je dois t’avouer qu’un jour, j’ai eu l’apparition de la Vierge Marie et au lieu de me donner l’esprit saint, elle m’a donné l’esprit con ; ce qui me permet de faire des jeux de mots (rires). Je pense que j’ai eu une déformation de l’esprit très tôt. Petit, à l’école, dès que l’on me donnait un mot, je voyais tout de suite ce que l’on pouvait en faire et comment m’amuser avec. En vieillissant, je me suis mis à jouer au Scrabble et c’est le seul truc dans ma vie où je peux dire que je suis fort. Je pense que dans mes vieux jours, je ferai des compétions de Scrabble à l’Ehpad. Dès que l’on me donne des lettres, je les glisse dans tous les sens et je vois ce que je peux faire avec. On m’a vite fait comprendre que les jeux de mots étaient une déformation de l’esprit ; Desproges appelait cela « les pets de l’esprit ». J’ai essayé de ne pas trop développer ça, je me suis autocensuré en calmant le jeu mais ça revient au galop.
Pour reprendre les visuels de ton album et de ton EP, où aimerais-tu partir en van et où planterais-tu ta tente ?
Si on parle de partir en vannes, je peux te faire des blagues mais c’est encore un jeu de mots…Je ne veux pas me fixer un point spécifique. Avec ma compagne et mes enfants, nous avons expérimenté le fait de partir sans destination. A plusieurs reprises, sur l’autoroute, je demandais droite ou gauche et cela nous a permis de vivre des moments assez fantastiques. Ceux qui ont le plus de mal avec ça, ce sont les enfants car ils se demandent où l’on va dormir. Si tu as un van en plus, là, tu es le roi du monde. Globalement, je sais qu’à un moment donné, j’aurai besoin de la mer en été, de la forêt en automne et de la montagne en hiver. Comme j’aime la vraie aventure, j’aurais rêvé de passer des vacances qui auraient consisté à faire le plein, rouler jusqu’à tomber en panne et l’aventure aurait débuté à ce moment-là.
L’humour a-t-il toujours fait partie intégrante de ton projet artistique ?
A partir du moment où je me suis regardé dans la glace, oui, il a fallu adapter l’extérieur à ce que je vivais ; le pire a été quand je me suis vu de dos (rires). Pour répondre à ta question, je vais dire non car je suis naturellement un amoureux de la chanson ; les chanteurs m’ont toujours plus fait rêver que les humoristes ; sauf que ça a été plus fort que moi, à un moment, il a fallu que je dise des conneries et j’ai vu immédiatement les effets à court terme. Dès que l’on fait une vanne, on voit tout de suite si elle est fonctionne ou pas. Ensuite, on a toujours envie de réessayer car ça devient une drogue dure. J’ai senti un engouement quand j’ai fait des chansons humoristiques et c’est devenu ma différence ; ma particularité. J’ai cultivé cela mais de base, j’étais parti sur un projet chanson ; j’ai essayé d’y revenir de temps en temps mais l’humour me rattrape. J’ai accepté l’idée mais aujourd’hui, ma plus grande fierté serait le fait que les gens qui viennent me voir en concert ne savent pas au début d’une chanson s’ils vont rire ou pleurer.
La question à 100 000…D’après toi, peut-on rire de tout ?
Vas-y, donne les 100 000 avant et je réponds après ! Mais pas avec tout le monde, c’est ça qu’il faut dire ? Je ne sais pas quoi répondre…J’aimerais te dire oui sauf que je ne le fais pas moi-même. Je m’autocensure même si j’aime bien parfois dire des choses qu’il ne faut pas dire ; dans l’idéal, il faut le faire avec des gens qui ont une capacité de réflexion. Je ne ferai pas le guignol face à une foule. J’aime bien rigoler sur des sujets qui piquent mais je veux rire avec les gens, pas leur faire de la peine. En spectacle, on se permet pas mal de choses mais on a apprivoisé les gens avant et d’ailleurs, on commence par rigoler de nous-mêmes.
Qu’aimerais-tu apporter au public par le biais de tes nouvelles chansons, que ce soit à distance ou en live ?
L’homme est un animal social qui a besoin des autres pour grandir, apprendre, se développer et devenir lui-même ; c’est le paradoxe de notre espèce. Rester chez soi devant la télé ou un ordinateur, c’est une petite mort. Les chansons permettent de rêver un petit peu mais si elles peuvent donner l’envie de faire des choses, de sortir, de voir des gens, de réfléchir, ça serait ce qu’il y a de plus précieux.
Toi qui a déjà fait pas mal de choses dans ta carrière, te verrais-tu proposer un seul en scène au théâtre dans la lignée de La Chanson d’Oldelaf ?
Un seul en scène, je l’ai déjà fait un petit peu mais je ne l’ai pas développé car j’ai toujours flippé de me retrouver tout seul. Quand tout marche bien, c’est génial mais quand ça ne fonctionne pas, c’est plus violent. En tournée, je préfère ne pas être tout seul mais je pense que ça arrivera et si ça voit le jour, ça sera plus autour d’un piano.
Quels sont tes prochains projets ?
D’autres clips vont arriver dont celui de la chanson « Les Fourmis » que j’aime beaucoup. J’ai écrit un nouveau spectacle qui s’appelle « Traqueurs de Nazis » et nous allons commencer à le roder à partir du mois de mai ; ce sera un duo humoristique. Nous allons fêter les 10 ans de mon album « Le Monde Est Beau » avec une réédition et un gros concert au Trianon le 14 juin. Une petite tournée suivra en 2022 et nous continuons également celle de « L’Aventure ». Mon prochain album « Saint-Valentin » sortira courant 2023.
OLDELAF Demi-Dieux [Clip officiel]
OLDELAF "Demi-Dieux"Extrait de l'EP "L'Aventure Continue"Commander et écouter : hhttps://oldelaf2.lnk.to/LaventurecontinueEn tournée dans toute la France : h...