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Rencontre avec Romain Lemire au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus « Monument Aux Vivants » !

Publié le par Steph Musicnation

Rencontre avec Romain Lemire au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus « Monument Aux Vivants » !

Peux-tu nous résumer toutes les casquettes que tu as dans l’artistique ?

Actuellement, je suis comédien, chanteur, parolier et musicien ; sur certains spectacles, je peux être à la fois comédien et musicien. Si on prend l’ensemble de mon parcours, j’ai également écrit des dramatiques radiophoniques pour France Inter, des dialogues pour M6, fait un peu de doublage et des voix pour des documentaires.

As-tu toujours œuvré conjointement dans la musique et dans l’acting ?

Il n’y a pas eu d’hypocrisie chez moi d’aller à la fac en sachant très bien que ça ne m’aurait pas mené loin. Après avoir passé un BAC théâtre, je suis allé suivre un cursus de trois ans à l’Ecole Claude-Mathieu. Je me suis tout de suite orienté dans cette voie et je n’ai jamais choisi entre musique et théâtre car l’un a toujours servi l’autre. La plupart des rôles que j’ai pu jouer depuis plus de vingt ans maintenant, je les ai eus grâce au fait qu’ils recherchaient des gens qui étaient capables à la fois de jouer mais aussi d’un instrument et/ou de chanter. Ça m’a beaucoup servi car à ce moment-là, il y a moins de candidats.

Où te situerais-tu dans la variété Française ?

J’ai du mal à donner mes références car je trouve que chaque univers est singulier et je n’arrive pas à m’associer à un univers en particulier même si bien évidemment, il y a des chanteurs qui sont très importants pour moi et qui m’ont même permis d’écrire de la manière dont je le fais. Ma famille artistique, elle se situe vraiment dans une chanson Française où l’on fait attention aux textes sans pour autant négliger la musique. J’écoute énormément Thomas Fersen, Alain Souchon, M…En tout cas, le texte est toujours en avant et les arrangements peuvent beaucoup varier pour le coup.

Rencontre avec Romain Lemire au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus « Monument Aux Vivants » !

Peux-tu expliciter le titre de ton nouvel album baptisé « Monument Aux Vivants » ?

C’est parti du décès de ma sœur qui est morte très jeune il y a trois ans. A ce moment-là, moi qui ne suis pas du tout croyant, je me suis dit que le discours qui est produit sur cette question de la mort s’adresse principalement à des gens qui ont une vie spirituelle quelle qu’elle soit. J’ai constaté dans des enterrements profanes de gens qui ne sont croyants que l’on emprunte des textes qui sont très beaux, poétiques et qui ont beaucoup de sens mais qui prennent en compte une certaine spiritualité et une notion de vie après la mort. Après le décès de ma sœur, je me suis demandé comment on traite cette question si on ne prend pas du tout en compte cette notion-là. Cette croyance rend énormément service. La question de notre disparition est cruciale. C’est quelque chose qui nous taraude tous mais qu’est-ce que l’on fait avec ça si on ne croit en rien d’autre qu'en ce que l’on a autour de nous. Ce projet est parti de la première chanson « Je Suis Mort » et je me suis questionné sur le fait de se donner du courage sans la foi. « Monument Aux Vivants » qui est la troisième chanson de l’album est une célébration du vivant en tant que tel et au-delà de cela. La question sous-jacente est quel est le sens de la vie si on meurt à la fin. En fait, j’avais envie de faire un disque pour donner du courage en disant que tout le sens de la vie est compris dans la vie elle-même. Il faut en faire quelque chose de cette vie qui nous responsabilise. On ne peut pas se reposer sur le fait qu’il y a peut-être quelque chose après ; il faut lui donner tout son sens.

Tu as annoncé ce disque avec « Je Suis Mort », quel ton emploies-tu pour parler de ce sujet universel mais peu joyeux ?

J’ai l’impression d’avoir utilisé un ton assez neutre, ni triste, ni gai ; assez factuel dans un sens. Je me souviens que lorsque j’ai enregistré les voix pour cette chanson, j’étais assez souriant sans me forcer. Le discours est ni plombé ni plombant. Peut-être que la phrase à mettre en exergue dans cette chansons serait « la mort n’est pas un échec, c’est la fin d’une réussite ». Il n’y a pas à s’attrister de la fin d’une réussite. C’est aussi le discours de quelqu’un qui est un peu dans la force de l’âge, en pleine santé et qui a une majorité de chance de vivre encore quelques décennies. J’ai bien conscience que mon regard est un peu biaisé de ce point de vue-là. Je l’ai bien senti quand j’ai eu des retours de personnes beaucoup plus âgées que cette question interroge de manière très différente. Quand je perds quelqu’un, je suis très triste,  je pleure mais je trouve que nous sommes sévères vis-à-vis de la mort. On traite souvent ce sujet de manière un peu infantile mais il faut aussi réhabiliter la mort en la remettant à sa place car c’est quand même elle qui nous permet de vivre. Je crois que tous les envies de nous avons ; comme de se lever le matin, aimer, faire l’amour, voir des gens, manger, faire du sport, de la musique ; inconsciemment, c’est suscité par le fait que nous sommes presque tractés par cet ultime point d’orgue. S’il n’y avait pas la mort, à quoi bon vivre.

Quelles thématiques abordes-tu sur « Monument Aux Vivants » ?

La mort, la vie, la relation aux autres et comment elle nous augmente, les relations amoureuses dans ce qu’elles peuvent avoir de malentendus, la résilience…

Rencontre avec Romain Lemire au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus « Monument Aux Vivants » !

Comment décrirais-tu l’univers de cet album ?

Résiliant, qui donne du courage, plutôt souriant et doux.

Authentique, sincère également ?

Oui, c’est certain. Mon projet précédent s’appelait Gaston Moins Le Quart, c’était un personnage qui était un peu mon clown alors que pour ce disque et le spectacle qui porte le même nom, j’ai vraiment essayé tout le temps d’être au plus près de moi-même. Les thèmes dont nous venons de parler exigeaient que je m’exprime sans tricher, sans jamais biaiser, sinon cela n’aurait pas eu de sens.

Vois-tu ce disque comme une respiration, ce que pourrais laisser entendre la pochette qui l’illustre ?

Oui, vraiment. Nous avons financé ce disque en partie grâce à une contribution, beaucoup de gens l’ont déjà reçu  et la moitié des messages qui m’ont été adressés disaient que ces personnes l’ont écouté plusieurs fois et celles qui n’allaient pas bien me disaient que ce disque les consolait.

Rencontre avec Romain Lemire au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus « Monument Aux Vivants » !

Peux-tu nous en dire plus sur tes envies de partages avec d’autres artistes sur cet album ?

Ces envies sont nées de moi mais aussi d’Antoine Sahler qui est le producteur de ce disque. Au-delà des moyens de production, Antoine a fait un travail hyper important d’éditeur un peu comme en littérature et de directeur artistique. « Monument Aux Vivants » ne serait pas du tout ce qu’il est sans lui, ce disque aurait été très différent. A chaque fois qu’Antoine suggérait quelque chose, je me disais que cela allait rendre meilleur cet album. A la base, il devait y avoir un duo sur « Sympa » qui avait été écrit ainsi puisque c’est une chanson dialoguée. J’étais heureux de la faire avec Lucrèce Sassella dont je connaissais et appréciais le travail. Lucrèce chante de manière très droite et je trouvais ça bien de ne pas surligner en comédie le fait que la femme dans le texte n’ait pas de vocabulaire et qu’elle trouve tout sympa. En ce qui concerne, « La Même Chose », je ne l’avais pas écrit en pensant à un duo car pour moi, c’était juste le gars qui se demandait si nous vivons tous la même chose et Antoine m’a dit que ce serait beaucoup plus intéressant que les deux se posent la même question sans se le dire. Ça m’a paru évident. Je ne savais pas trop avec qui interpréter cette chanson et c’est Antoine qui m’a suggéré de le faire avec Sophie Le Cam qui est ma compagne. Nous avons essayé et ça a très bien marché. Je suis très content que l’idée soit venue de lui et d’autant plus heureux de l’avoir fait avec Sophie. Le troisième duo « Vivre En Fanfare » ne devait pas en être un et c’est Antoine qui m’a dit que ce serait intéressant de le faire avec François Morel afin que ce discours soit tenu à deux voix. Il faut savoir que nous travaillons tous les deux au théâtre avec François. Antoine s’est souvenu que François lui avait dit que cette chanson était sa préférée de mon répertoire. Il trouvait donc que cela avait du sens et ça m’a beaucoup plu de terminer ce disque avec François.

Quel serait le message/l’intention à retenir de ce disque ?

Aujourd’hui, j’ai vécu, ça m’a pris la journée. C’est une phrase que l’on retrouve dans « Vivre En Fanfare ». Avec plein de nuances, de tiroirs et de sens annexes, toutes les chansons disent en gros la même chose et cette phrase résume bien le propos. J’aimerais que les gens retiennent que le sens de la vie, c’est le présent. Il faut parfois sortir de cette espèce d’horizontalité mentale dans laquelle on se met tout le temps ; en étant nostalgiques de choses ou en se projetant ; afin de se mettre un peu dans une verticalité en se disant que c’est ici et maintenant que c’est important.

Quels sont tes prochains projets ?

« Monument Aux Vivants » sort le 28 janvier. J’ai créé le spectacle de cet album en duo avec Muriel Gastebois qui est percussionniste-claviériste. Le projet est de tourner au maximum ce disque en concert dans toute la France. Nous présenterons l’album le 12 février au Centre Socioculturel Madeleine Rebérioux à Créteil et le 12 mars dans le cadre du festival Chantons Sous Les Pins à Pontonx-sur-l'Adour. J’aimerais bien clipper « La Même Chose » au printemps. En parallèle à cela, je joue toujours « J’Ai Des Doutes » ; un spectacle avec des textes de Raymond Devos ;  et « Tous Les Marins Sont Des Chanteurs » et les deux en compagnie de François Morel.

Rencontre avec Romain Lemire au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus « Monument Aux Vivants » !
https://www.facebook.com/romainlemireofficiel
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