Rencontre avec Sophie de Quay lors de leur récent concert à La Boule Noire !
Pouvez-vous nous dire qui fait quoi au sein de votre projet musical ?
Sophie : Simon et moi avons écrit, composé et produit chaque morceau de notre nouvel album. Nous sommes toujours le regard extérieur de l’autre. En termes d’écriture et de composition, nous commençons généralement par le texte et ensuite, nous nous mettons au piano. Nous procédons souvent ainsi même s’il n’y a pas de recette magique. Une fois que nous avons la mélodie et le texte, c’est Simon qui s’occupe de tout l’aspect production et arrangements musicaux. Je suis toujours dans les parages pour dire si j’aime ou pas ou pour amener des idées.
Simon : De manière générale, nous travaillons soit ensemble soit chacun de notre côté mais derrière cela, il y a toujours la paire d’oreilles de l’autre qui va venir dire ce qu’il en pense. Nous chantons tous les deux dans ce projet ; il m’arrive de faire des harmonies, d’être derrière Sophie mais nous pouvons aussi chanter en duo.
Sophie : Simon rappe aussi beaucoup.
Vous êtes-vous destinés très tôt ; l’un et l’autre ; à la musique ?
Sophie : Oui, à 10 ans, je savais déjà que je voulais en faire mon métier. A l’âge de 12-13 ans, alors que j’habitais à New York, je suis entrée dans une troupe de comédie musicale et c’est là que tout a commencé. J’ai eu des premiers rôles assez rapidement et j’ai parfait mon apprentissage avec une coach de chant dès mes 14 ans. J’ai toujours fait des études en parallèle mais pas forcément pour avoir un plan b. J’ai beaucoup de centres d’intérêts différents, cela m’a amené à faire une école hôtelière en Suisse, j’ai appris le chinois à l’université en parallèle à des études d’histoire des religions…J’ai fait beaucoup de choses mais le rêve était de faire de la scène ; que cela devienne mon métier ; et ça s’est concrétisé quand j’ai rencontré Simon en 2016.
Simon : Pour ma part, il n’y a jamais eu de possibilité d’un autre plan. J’ai commencé la musique à l’âge de 4 ans, j’avais demandé à mes parents de m’acheter un piano, chose qu’ils ont bien évidemment refusée à cet âge-là, ils m’ont dit de faire deux ans de flûte et de solfège et à mes 6 ans, ils m’ont offert un piano. Je joue depuis cet âge-là et je suis passé par énormément de musiques différentes ; Electronique, Rock-Metal, Jazz, Funk…J’ai fait le conservatoire à Lausanne et j’ai cette chance de ne m’être jamais posé la question, la musique n’ayant jamais été un choix pour moi mais plutôt une évidence.
Musicalement parlant, « Y » s’inscrit-il dans la continuité de « Drop The Mask » ?
Simon : On peut parler de continuité mais je dirais aussi un affinage et une amélioration. Nous avons pu prendre le temps ; aussi grâce au confinement, il faut voir les choses du côté positif ; d’aller plus profondément dans les chansons et d’aller creuser un peu plus dans notre style et dans nos tripes.
Sophie : A l’époque de « Drop The Mask », nous ne nous concentrions pas encore uniquement sur notre projet ; nous travaillions tous les deux sur d’autres projets ; et ce n’est que juste avant le confinement que nous avons pris la décision de ne faire que de la musique et seulement Sophie de Quay afin de lui donner une chance d’aller plus loin et c’est le meilleur choix que l’on ait fait.
Simon : « Drop The Mask » était volontairement un album de recherche ; nous cherchions notre style et nous avons essayé plusieurs choses différentes. Sur « Y », nous avons beaucoup plus trouvé notre son même si nous nous sommes permis deux ou trois frasques comme notamment sur « Digital Native » qui est plus progressif et plus long que les autres morceaux. Nous avons notre fil rouge mais nous nous sommes permis de ne pas rester dans un seul son. Notre premier album nous a permis d’ouvrir les possibilités et nous nous sommes ciblés là où nous voulions réellement aller sur le second.
Sophie : Même au niveau des textes, c’est plus engagé, plus mature, nous avons grandi.
Le titre de votre second album fait référence notamment à la génération Y, qu’est-ce qui la caractériserait selon vous ?
Sophie : Tout d’abord, cette génération se pose beaucoup de questions et elle remet beaucoup de choses en question afin de trouver sa place. On nous appelle les digital natives. On est dans ce monde qui change avec ces réseaux sociaux qui prennent une place énorme. Contrairement à la génération de nos parents qui travaillait toute une vie dans une boîte, la nôtre en change souvent. Tout est en mouvement, il faut s’adapter tout le temps. C’est également une génération de voyageurs qui a besoin de sens dans sa vie de tous les jours plus peut-être que d’argent.
Simon : Nous sommes la génération où tout s’accélère le plus notamment sur des « « équilibres » » d’antan qui sont un peu bousculés comme notamment la place de la femme ; la femme travaille, elle s’émancipe, elle a beaucoup plus de voix qu’avant et cela fait bouger certains anciens équilibres, heureusement d’ailleurs. Il y a une grosse réadaptation et cela entraîne les questions dont parlait Sophie.
Y, c’est aussi why, le pourquoi en anglais…Est-ce ce questionnement qui vous fait avancer au quotidien et dans la musique ?
Simon : Absolument !
Sophie : Il nous fait avancer et réfléchir.
Simon : C’est ce que nous avons voulu mettre en avant sur cet album. C’est quelque chose qui nous a un peu sauté dessus durant cette pandémie car nous avons eu beaucoup plus le temps de nous poser ces questions qui étaient beaucoup plus évidentes du fait de cette crise qui a amené quand même un regain de l’écologie que ce soit sur l’homme ou sur la modernité.
Sophie : La place des artistes également durant cette période où était sous silence. Nous ne pouvions plus faire de scène, nous ne pouvions plus exercer notre métier. Nous avons été frappés par l’importance du lien avec notre public ; nous avons été très présents sur les réseaux sociaux et nous avons énormément développé notre fanbase et notre date à La Boule Noire a été un peu le résultat de cela. Des gens sont venus de Suisse et d’un peu partout en France alors que nous ne les avions jamais rencontrés auparavant. Nous avions à cœur de garder le lien ; l’humain était important ; nous voulions continuer à communiquer de manière positive ; être solidaires afin que l’on puisse tous ensemble sortir la tête de l’eau.
Simon : Pour nous, le fait de se poser des questions est un peu un processus artistique ; c’est plus le procédé que le résultat qui compte. On s’attend plus à grandir et évoluer en se posant les bonnes questions plutôt qu’à trouver des réponses.
Sophie : D’ailleurs, nous n’avons pas de réponses à toutes ces questions mais nous les posons (rires).
Quelles thématiques abordez-vous sur « Y » ?
Sophie : Notre place dans ce monde, la maternité, l’écologie…
Simon : …les combats à choisir alors que nous sommes assaillis d’un tas d’informations digitales tous les jours, comment retrouver son chemin ; sa place ; être vrai avec soi-même dans cet océan gigantesque dans lequel on navigue.
Sophie : « Digital Native » parle de qui est ce que l’on est dans la vraie vie et de qui l’on est derrière un écran car il y a des gens qui se perdent là-dedans.
Simon : Nous parlons également de développement personnel et d’amour ; toutes générations confondues.
Sophie : C’est un immense force ; nous abordons l’amour autant d’un point de vue amoureux qu’avec le public.
Quelle serait la question « centrale » posée par ce disque ?
Sophie : Comment pouvons-nous faire une différence ; nous, en tant qu’humains ; maintenant, pour aller vers quelque chose de plus lumineux et de plus beau dans ce monde qui change ?
« Drop The Mask » se terminait sur « Vingt Ans » et sur « Y », on retrouve « A L’Aube De Mes 30 Ans », ces chansons marquent-elles des étapes de vie ? Sont-elles en quelque sorte des bilans ?
Sophie : « Vingt Ans » n’a pas été écrite par nous mais par Pascal Auberson qui est un artiste très connu en Suisse. Je pense que c’est clairement une sorte de bilan car quand on passe une dizaine, c’est un cap, c’est comme au premier de l’an, on fait un peu le point sur son année. A 20 ans, on a plus de naïveté ; pour ma part, je savais que je voulais faire métier dans la musique mais je n’aurais jamais osé ; je chantais mais je n’osais pas prendre la parole sur scène. A 30 ans, on ferme la page de l’adolescence et on ouvre vraiment celle de l’âge adulte. A ce moment-là, on est plus ancré dans sa vie et dans ses choix professionnels et on se questionne sur ce que l’on va faire de ces dix prochaines années, on se demande ce qui aura du sens. J’ai mis beaucoup de temps à écrire « A L’Aube De Mes 30 Ans » ; Simon était mon regard extérieur ; c’est l’une des chansons les plus personnels de cet album avec « Je T’Attends ». Les thématiques abordées sont fortes dans cette chanson.
Simon : Sur nos prochains albums, il y aura potentiellement d’autres morceaux liés à cette thématique car nous aimons bien livrer notre regard sur la société qui nous entoure en musique donc pourquoi ne pas continuer à le faire à 32, 33 ans…
Sophie : Je me réjouis d’ « A L’Aube De Mes 100 Ans » ! (rires)
Vous vous exprimez en français et en anglais, comment se fait le choix d’une langue pour une chanson ? S’impose-t-elle d’elle-même ?
Sophie : Oui, elle s’impose complètement. Nous discutons ensemble de la thématique que nous voulons aborder et nous ne nous mettons pas de barrières par rapport à cela. Nous avons une grande feuille blanche devant nous et nous y écrivons les mots qui nous viennent.
Simon : Une chanson naît de quelques mots et si les premiers arrivent dans une certaine langue, c’est dans celle-là qu’elle verra le jour.
Sophie : J’ai l’impression que nos chansons en français sont les plus personnelles. Le français est une langue très riche qui nous permet d’employer le mot très précis pour décrire une chose et c’est quand même notre langue maternelle. Nous nous exprimons dans ces deux langues car même si je suis née en Suisse, j’ai grandi entre Singapour, New York, Shanghai et Paris. Je suis bilingue ; l’anglais vient aussi naturellement. Nous avons plus de chansons en français ; nous nous y dévoilons plus, elles sont encore plus profondes, plus intimes et sur scène, elles ouvrent une autre dimension, la mise à nue est encore plus forte.
Qui retrouve-t-on dans la culture musicale de chacun ?
Simon : A la base, ma culture musicale est plus anglophone que francophone même si depuis, j’ai rattrapé mes lacunes. Je suis passé par tous les stades ; de Kyo et Manau à System Of A Down en passant par les CDS de mon frère qui écoutait de la Trance ; DJ C.A, DJ Tatana ; mais aussi beaucoup de Rock et de Metal ; Gojira, Meshuggah, Linkin Park, The Offspring, Blink 182…Je pense que cela m’a donné une grande ouverture musicale et un penchant pour le rythme. Comme j’ai intégré des groupes de Funk, j’en ai beaucoup écouté ainsi que la musique Motown notamment Marvin Gaye. Comme je suis allé au conservatoire, je me suis intéressé au Jazz. En parallèle à tout cela, j’ai toujours aimé la Pop ; Coldplay ; mais aussi la Folk ; Angus & Julia Stone. En ce qui concerne les artistes Français, j’ai toujours beaucoup écouté Renaud et Brassens.
Sophie : Pour ma part, j’ai grandi avec Renaud, Pink Floyd, Deep Purple, Led Zeppelin, Barbara, Patrick Bruel, Véronique Sanson…Ma culture est très éclectique également. Comme j’ai fait mes premiers pas dans des comédies musicales, j’ai écouté du Cole Porter, du Jazz, Nina Simone, Ella Fitzgerald…J’ai écouté aussi Britney Spears, Céline Dion Linkin Park, Green Day, Avril Lavigne…J’ai toujours beaucoup aimé aussi la musique orientale mais je ne saurais dire pourquoi.
Simon : Aucun style musical ne nous repousse, nous cherchons toujours la qualité ; il y a du bon et du mauvais partout, il faut juste savoir sélectionner le bon et nous avons l’oreille qui est capable de faire la différence par rapport à nos goûts à nous.
Qu’est-ce chacun mettrait en avant chez l’autre d’un point de vue musical mais également personnel ?
Sophie : Simon est multi-instrumentiste. Il suffit qu’il ait un instrument entre les mains pour qu’il en joue de manière génuine et c’est vraiment génial car nous pouvons nous retrouver en duo sur n’importe quelle scène et cela donne un son d’orchestre ou de groupe puisqu’il peut faire beaucoup de choses en même temps. Simon ne se décourage jamais ; quand il a envie d’apprendre ou de réaliser quelque chose, il va passer des heures dessus pour être fort dans ce nouveau milieu. Pendant le confinement, grâce à des tutos, il a appris à faire de la vidéo. En faisant notre projet, il a appris à être producteur. Il va au bout des choses et cela me donne une immense confiance.
Simon : Musicalement, même si c’est un peu bateau, c’est le timbre de voix de Sophie que je mettrai en avant et c’est souvent ce qui ressort. Quand une personne lui dit que sa voix résonne particulièrement en elle, je trouve que c’est un beau compliment. Sophie a une voix unique et c’est une grande qualité pour moi. Au niveau personnel, c’est son amour avec un grand A que j’ai envie de mettre en avant et cela se ressent aussi énormément sur scène. Sophie aime le public, les gens qu’elle rencontre, elle donne une chance à tout le monde, elle est ouverte sur le monde et c’est juste magnifique.
Quels sont vos prochains projets ?
Sophie : Simon parlait d’amour et récemment, j’ai lu un article sur une jeune Afghane handicapée qui a quitté son pays avec toute sa famille ; leur périple a duré un an et deux mois ; et j’ai été très émue. Cette jeune femme est arrivée en Suisse, elle a commencé à peindre et elle a fait sa première exposition en juillet dernier. Elle se guérit à travers l’art. Quand j’ai lu cet article, je me suis dit qu’il fallait que nous fassions quelque chose. On ne peut pas aider les gens en Afghanistan mais elle, c’est le combat de sa vie. Elle était à deux heures et demi de chez nous en train, nous lui avons acheté un billet pour qu’elle puisse venir nous raconter son histoire. Elle écrit un petit peu, elle a fait un poème et nous avons décidé de le mettre en musique ; nous avons écrit une réponse que nous allons enregistrer pour mettre de la lumière sur cette jeune Afghane. En décembre, nous allons faire un premier co-plateau d’artistes Suisses ; comme ça se fait beaucoup en France ; nous avions lancé le concept l’année dernière mais nous n’avions pas pu le faire à cause du confinement.
Simon : L’idée à énormément plu aux radios Suisses qui avaient beaucoup diffusé le premier morceau que nous avions écrit à plusieurs mains. Les Suisses n’attendent que la possibilité de découvrir encore plus leurs propres artistes. Nous nous sommes dit que nous allions continuer ce projet et nous sommes sur le second morceau.
Sophie : Au-delà de ces collaborations, nous allons sortir un EP de chansons acoustiques de l’album ainsi que des remixes. Nous sommes en période de création, nous allons œuvrer avec des paroliers pour ouvrir à de nouvelles inspirations.
Simon : Pour le moment, nous n’avons pas d’autres concerts prévus en France mais ça ne saurait tarder ; on vous tiendra au courant !
Sophie : Nous avons des gens de qualité et de confiance qui aime le projet ici en France, nous pensons qu’il y a vraiment quelque chose à faire et puis, Paris c’est Paris !
Neues Release kommt am 10. September 2021
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