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Retrouvailles avec Cassandre au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus notamment sur « L’Arc-En-Ciel » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Cédric Vasnier

(c) Cédric Vasnier

Vous êtes revenus fin 2020 avec « Burning Dancefloor », un titre assez différent de vos morceaux habituels, le voyez-vous comme une parenthèse ? Un test ?

Flo : En ce qui concerne la parenthèse, je ne sais pas…peut-être par rapport au fait que notre album « Nous » ne soit pas sorti car nous avons eu quelques déboires avec le producteur qui produisait ce disque. Je crois que le test est un joli mot. Cela fait longtemps que nous faisons de la musique, Pier et moi, et effectivement, il y a un moment dans une carrière où l’on a envie de casser des choses même si « Burning Dancefloor » n’était pas un vrai virage électro car nous avons toujours eu des morceaux électroniques depuis nos débuts. Plus que l’idée de test, je pense que c’était l’idée de jeu car nous voulions jouer avec les styles. Actuellement, je trouve que tout se mélange : la pop n’est plus vraiment la pop, l’urbain n’est pas réellement l’urbain, et nous composons avec cela aussi. Par ailleurs, les goûts évoluent. Nous allons revenir avec des titres qui ne seront pas forcément électro pour le coup ; parfois oui et parfois non.

Pier : C’est vrai que les virages ne nous font pas peur, du moins, nous n’avons plus envie de les éviter ou de freiner ce qui nous fait du bien. Nous avons besoin de délivrer des choses spontanément.

Justement, le clip de cette chanson a-t-il été pensé comme un vrai besoin d’oxygénation en pleine crise sanitaire ?

F : C’est joliment dit ! Il y avait un peu de cela et l’idée était de montrer une nature qui est domptée. Dans ce clip qui a été réalisé par Jodel Saint-Marc, il y a des images de vraie nature qui ont été tournées en Auvergne et des images de nature domptée qui ont été filmées dans la serre à la Cité du Design à Saint-Étienne. Cette nature complètement maîtrisée pourrait être celle du futur quand le monde ne sera plus monde et que nous vivrons peut-être ailleurs. Maîtriser la nature peut être dangereux. Comme actuellement, nous continuons de danser et de jouer alors que la nature nous envoie des signaux. Nous voulions que « Burning Dancefloor » soit une dichotomie entre les personnes qui continuent leur chemin de manière insouciante et les messages comme ceux de Nicolas Hulot qui nous annoncent un peu l’apocalypse.

« Ma Liberté » qui est sorti au printemps a été écrit avant la pandémie et pourtant, il est totalement raccord avec ce que nous vivons depuis un an et demi…Quelle liberté vous a le plus manqué ces derniers mois ?

P : Traverser la frontière librement pour rendre visite à ma famille et mes amis en France, voyager. « Ma Liberté » ne parle pas de la crise sanitaire car en effet, elle a été créée avant mais c’est vrai que cela pourrait prêter à confusion vu la période durant laquelle ce titre est sorti.

F : C’est vrai que nous avons vécu un moment très particulier auquel nous n’aurions pas pensé. Parmi les libertés individuelles qui nous ont été supprimées, heureusement nous avons gardé notre liberté de penser. C’est celle de se déplacer/de mouvement qui a été profondément dure pour ma part notamment le fait de demander l’autorisation pour sortir de chez soi. Cette chanson avait un aspect un peu plus universel au départ mais effectivement, elle pourrait très bien s’appliquer à cette période vraiment anxiogène de confinements.

(c) Cédric Vasnier

(c) Cédric Vasnier

Diriez-vous que le terme liberté en lui-même est en train de se redéfinir ?

F : Je pense qu’il se construit et se déconstruit au fur et à mesure du temps. C’est une valeur qui nous est chère mais elle est extrêmement fragile ; elle n’est jamais acquise en fait. En France, en 2021, nous pensons être très avancés en termes de liberté justement et parfois, dans les mots de certains penseurs, de certains essayistes, on se rend compte que nous sommes en train de régresser ou que nous sommes dans une sorte de tension où les gens se mêlent de la vie privée des autres et cela quelle que soit cette liberté… On a cette tendance à vouloir s’immiscer dans la vie des autres et parfois de manière un peu liberticide.

: Je rejoins Flo sur la notion évolutive de la liberté. J'ajouterais qu’il ne faut pas oublier que nous vivons dans une époque noyée dans les réseaux sociaux et que chacun y va de plus belle derrière son écran en ayant la certitude que ce qu’il pense est la vérité. Pourquoi en serait-il autrement au fond vu que ces mêmes réseaux sociaux analysent notre activité et nos centres d’intérêt pour nous proposer de voir encore et toujours (et finalement uniquement) seulement ce qui conforte notre opinion ?

Quelle liberté serait la plus importante pour vous dans le monde de demain ?

: Si on met de côté les libertés fondamentales qui sont pour moi celles d’expression et de se mouvoir, je dirais celle d’être soi-même ; ce qui n’est pas gagné car je ne suis pas certain qu’il soit si facile d’être soi-même aujourd’hui mais c’est possible malgré tout.

P : C’est une question difficile car il y a tant à faire au nom de la liberté. Je vais dévier un peu en disant la liberté d’être égaux, qui qu’on soit, d’où qu’on vienne et où qu’on soit. Tant de facteurs sociaux, culturels, religieux et territoriaux sont des écueils à la liberté, souvent invisibles !

Votre nouveau titre s’intitule « L’Arc-En-Ciel », de quoi parle-t-il ?

F : « L’Arc-En-Ciel » est une chanson que nous avons remodelée, elle était dans notre tout premier album autoproduit et nous l’avons gardée dans nos tiroirs car elle nous tenait à cœur. Nous avons axé cette chanson sur le harcèlement. Dans ce titre, un enfant est harcelé à l’école mais il ne comprend pas trop ce qui lui arrive ; il pense que la vie, c’est subir des coups. Il y a une certaine naïveté mais surtout une souffrance qui peut être fatale.

P : Oui, et ce titre parle aussi de la difficulté à trouver sa place, de la souffrance du rejet des autres. L’enfance est un moment fondamental car les émotions fortes que nous y éprouvons modèlent l’adulte que nous serons demain

(c) Cédric Vasnier

(c) Cédric Vasnier

Que représente cet arc-en-ciel ?

F : L'arc-en-ciel, ce sont les couleurs de l’enfance qui sont salies et bafouées par toutes les blessures que l’on peut subir dans sa vie. Cet arc-en-ciel va s’affadir et pâlir. Quand on est adulte, cet enfant intérieur qui nous est si important et qui représente notamment l’émerveillement et la curiosité constante est parfois mis à mal.

P : Cet arc-en-ciel, c’est un peu chacun de nous. C’est le mélange de nos rires et de nos pleurs d’enfant qui forment des êtres aussi complexes, aussi riches et aussi beaux qu’un arc-en-ciel qui relie les Hommes et la Nature.

Pouvez-vous nous dire pourquoi ce titre vous tient tout particulièrement à cœur ? Y-a-t-il une part de vécu dans « L’Arc-En-Ciel » ?

F : Du harcèlement, je ne pense pas mais des duretés et des méchancetés entre adolescents, sûrement. Pier et moi qui sommes enseignants savons que les enfants et les adolescents ne se font pas de cadeaux. S’il y a bien un moment où l’enfant doux, naïf, sans barrières et sans armes reçoit des coups, c’est à l’adolescence qui est un moment difficile.

P : Comme le dit Flo, notre expérience d’enseignants nous rend témoins de cette dureté, de cette violence qu’il peut y avoir durant l’enfance mais surtout durant l’adolescence selon nous. Et pour ma part, il y a une part de vécu, oui. On ne pourrait pas écrire sur quelque chose qui ne nous a pas touchés de près ou de loin. Je ne parlerais pas de harcèlement à proprement parler dans mon cas mais plutôt de difficulté à trouver ma place parmi les autres adolescents, de mise à l’écart, de moqueries plus ou moins récurrentes. Je n’ose même pas imaginer comment se sent un enfant aujourd’hui harcelé sur les réseaux sociaux ! C’est très grave ce qui se passe.

L’arc-en-ciel est composé de plusieurs couleurs mais laquelle chacun de vous nous donnerait-il pour représenter cette chanson et pourquoi celle-là ?

: Pour ma part, ce serait le bleu car c’est une couleur profonde, onirique, qui fait rêver, c’est une couleur de la nuit entre chiens et loups. Le bleu Klein ou le bleu Majorelle.

P : Je dirais le rouge, le rouge sang pour la passion. Je ne sais pas vivre autrement que passionnément.

(c) Cédric Vasnier

(c) Cédric Vasnier

Que conseilleriez-vous à un jeune qui subirait du harcèlement scolaire ?

F : De communiquer. Le harcèlement est parfois tellement insidieux que l’on ne sait même pas que l’on est harcelé. Quand ça arrive, il y a la plupart du temps la ou les bonnes personnes à qui s’adresser afin de désamorcer la « grosse machine » avec un noyau central et des éléments secondaires. Le harceleur ne sait pas forcément qu’il l’est et le harcelé non plus. C’est un phénomène très complexe qui est amplifié notamment par les réseaux sociaux. Pour citer un exemple : dans mon collège, à la fin de l’année scolaire, deux élèves avaient filmé avec leurs téléphones portables un troisième élève qui tabassait un autre élève. Imaginer un ado tenir son téléphone et filmer ce genre de scène, c’est quelque chose d’extrêmement dur. Pourquoi cela a lieu ? Je n’en sais rien mais c’est une espèce d’escalade où il faut réagir dès le début car c’est trop grave pour ne pas en parler.

P : Je ne sais pas si l’on est aptes à donner des conseils mais la communication me semble être quoi qu’il en soit le point de départ, oui.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre nouveau clip ?

F : Je ne crois pas que nous ayons fait un tournage aussi long depuis que Cassandre existe. Nous sommes partis en Suisse où Pier vit et nous avons tourné sur quatre jours au bord du Lac Léman. Nous avons eu la chance d’être accompagnés une fois de plus par Jodel Saint-Marc qui a mis en images pas mal de nos précédents titres. Nous avons eu également la chance d’avoir de magnifiques talents et des aides chaleureuses. Nous espérons que ce clip qui sortira en août va plaire car ce tournage dans de très beaux lieux a été une superbe expérience.

P : Nous avons hâte de l’offrir à notre public ! Le tournage a été intense et la météo très compliquée. Mais d’une certaine manière, c’était un mal pour un bien car le scénario nécessitait tous les temps. Après tout, il faut autant de pluie que de soleil pour créer un arc-en-ciel !

Comment envisagez-vous la suite ?

P : En totale liberté, sans nous soucier des qu’en-dira-t-on.

F : Nous avons envie de sortir de cette « bulle » qu’est un album pour faire des retours ponctuels et réguliers un peu à la façon des vidéos que l’on retrouve sur Youtube où comme peuvent faire les rappeurs sauf que nous ne sortirons pas quarante titres par an (rires). Nous ne sommes plus vraiment dans une logique d’album mais dans quelque chose d’assez ponctuel afin d’entretenir le lien avec notre public car c’est ce qui nous a manqué énormément durant les multiples confinements. Par ailleurs, vivre en sous-marin, produire un album, c’est une très longue étape d’autant plus dans un marché qui est fondamentalement en crise. Le monde va de plus en plus vite et nous avons un peu l’impression d’avoir besoin de rattraper le temps ; nous n’avons plus envie d’attendre ; quand quelque chose est fait, on y va !

Retrouvailles avec Cassandre au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus notamment sur « L’Arc-En-Ciel » !
https://www.facebook.com/cassandremusic
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