Retrouvailles avec deux membres de Polar System à l’Idol Hôtel afin d’aborder l’actualité du groupe !

Comment voyez-vous votre évolution musicale depuis la parution de votre premier EP éponyme en 2019 ?

Tom : Je dirais que nous nous sommes senti.e.s un peu obligé.e.s de prendre un nouveau virage et cela notamment par rapport aux retours que nous avons eu sur ces titres. On nous a dit que notre musique était très internationale et au fur et à mesure, on a beaucoup entendu le mot mainstream ; ce terme ne nous dérangeait pas plus que ça mais nous avons pris conscience qu’il fallait aussi s’ouvrir un peu. Nous avons donc mis un peu plus de modernité dans notre façon de travailler notre musique sans dénaturer la direction de base. Par ailleurs, nous avons pris en compte les retours live que l’on nous avait faits et nous avons simplifié notre message. Nous avions toujours la volonté d’amener beaucoup de technique et de ce fait, beaucoup de complexité dans la lisibilité d’un message et du coup, c’était important de revenir à des choses bien plus simples.

D’où proviennent ces nouvelles sonorités ?

Lili : A côté de Polar System, Marius et Tom travaillent dans le Rap et à une période, ils ont beaucoup bossé avec des artistes de Trap et je pense que c’est aussi cela qui a insufflé un souffle de modernité dans notre musique même si nous ne sommes pas parti.e.s dans la Trap ou dans le Rap. Je crois que depuis la parution de notre premier EP, nous avons eu à cœur de nous diriger vers quelque chose de plus moderne tout en revenant également à des sources qui nous correspondent à tous.te.s ; à savoir le Trip-Hop et l’Electro. Quand le premier confinement est arrivé, nous avons eu l’opportunité de nous poser un peu et de ne faire que de la musique ; chacun.e de notre côté ; nous avons pas mal échangé et il en est sorti quelque chose d’un peu plus electronisant même si nous restons quand même dans la Pop. Au-delà de ça, je pense qu’il y a également une histoire de maturité musicale qui est venue se greffer à cela. Nous avons recentré notre musique. 

Comment décririez-vous l’univers de Polar System à l’heure d’aujourd’hui ?

L : Nostalgique/mélancolique ; c’est quelque chose qui est là depuis le début et qui restera.

T : Numérique ; nous aimons travailler dans une sorte de double sens numérique, nous nous en moquons un peu mais nous l’utilisons énormément. Pour citer un exemple, « She » est une dédicace à l’art numérique et à Kaspar qui travaille avec nous notamment dans le Vjing. On pourrait ajouter féministe aussi.

L : C’est vrai que les deux premiers morceaux sont assez féminins par rapport à ce que nous faisions avant mais je ne nous qualifierai pas de groupe féministe si ce n’est par modernité car nous ne sommes pas dans le militantisme même si nous sommes conscients des préoccupations de notre époque et que ces questions nous tiennent à cœur. Je rejoins Tom sur le terme numérique car c’est vers cela que nous nous dirigeons également dans notre D.A image, nous partons dans le collage numérique et dans quelque chose de beaucoup plus coloré par rapport à avant. En fait, nous gardons de la profondeur dans notre musique mais nous enlevons un peu la carte sombre que nous avions auparavant même si elle reste à certains endroits quand même.

Il y a quelques semaines, vous avez sorti « Rush », de quoi parle ce titre ?

T : « Rush » est un titre très grinçant dans le message qu’il amène. C’est féministe, c’est clair et net mais nous avons essayé d’aller dans l’exagération de tout cela pour revendiquer plutôt que de faire un fer de lance évident et toujours un peu chiant ; je trouve. 

L : En ce qui concerne les paroles de cette chanson, elles viennent d’un rêve que j’ai fait il y a très longtemps. Il faut savoir que je note mes rêves dans un carnet et après que Tom que nous ait envoyé sa prod pour ce morceau, je l’ai sorti et je suis retombée sur ce rêve qui raconte l’histoire d’une femme qui va dans une soirée un peu bizarre où elle ne connait pas grand monde, elle y rencontre un mec qui lui plait, ils commencent à flirter et ça se passe très bien. Ensuite, ils vont dans une chambre pour faire leur affaire et en plein acte, elle se rend compte qu’il la filme. En fait, le gars fait un live Instagram. Elle essaye de se débattre et de lui prendre le téléphone mais le mal est fait. Elle sort complètement paniquée de cette chambre et elle a l’impression que tout le monde est sur son téléphone, que toutes les personnes présentes la regardent et se foutent d’elle. Elle ressent à la fois un sentiment de rage, de honte et de tristesse. Nous avons repris ce rêve afin d’en faire quelque chose d’ironique dans les paroles. Dans les couplets, il y a quelque chose de très factuel qui suit le déroulé du rêve et le refrain dénonce un peu tout cela en disant que tout ce qu’il y a faire, c’est d’arborer son plus grand sourire, d’enlever ses vêtements et de dire bonjour à la caméra. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur sa mise en images ?

T : La mise en images de ce titre a été un peu plus globale. Je me suis inspiré du texte mais j’avais envie de toucher quelque chose d’un peu plus large. Quand j’ai entendu les paroles de Lili, plusieurs choses sont arrivées sur le tableau notamment le slut-shaming et le numérique. Au même titre que les paroles, je voulais faire quelque chose qui provoque un choc. Au départ, nous avions pensé coller au texte mais j’ai eu envie d’aller un peu plus loin en essayant de travailler un nouveau format. C’est là que j’ai pensé à utiliser plein d’images de stars afin de presque leur faire dire les paroles, j'ai fait avec Théo mon petit frère un gros travail de recherche sur ce clip. C’était un peu une grosse dédicace au film « La Classe Américaine » de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette. Par ailleurs, il y a un vrai message bio là-dedans car moi qui suis réal, je dois dire qu’on met tellement d’énergie à faire une image et à la faire exister si peu de temps que je trouve ça un peu dommage de ne pas la réutiliser. Il y a un petit doigt d’honneur que j’avais envie de mettre à l’industrie. En deuxième temps, dans ce clip, il y a la sursexualisation de la part des hommes (le male gaze) par le biais du star-system féminin. Ce clip raconte plein de choses !

Quels ont été les retours les plus fréquents sur ce clip ?

T : Vous allez vous faire censurer ! Vous êtes mort.e.s ! Vous êtes foutu.e.s ! (rires) 

L : C’est vrai que nous avons beaucoup ces retours-là. 

T : Plus sérieusement, les retours ont été exceptionnels car toute personne qui regarde ce clip rentre bien dans le délire et ça fait vraiment plaisir.

« She » votre dernier titre ne s’adresse-t-il qu’à une elle en particulier ?

L : Pas uniquement bien évidemment mais la fille de ce morceau est Julie notre ingénieure lumière en concert. Ce titre est né à la suite d’une discussion que Marius a eue avec Julie ; car Marius et Julie s’aiment, on fait tout en famille dans Polar System (rires). Julie nous avait parlé du sentiment d’appartenance et de l’intégration dans un groupe. En écrivant les paroles de « She » avec Marius, ça m’a fait écho à plein de situations et je me suis rendue compte que malgré nous, le message résonnait de manière assez féministe parce que l’on pouvait aussi dresser un parallèle avec la place de la femme dans la société qui veut s’intégrer à un groupe et qui à l’impression de ne jamais en faire assez ou que ce n’est jamais assez bien alors qu’en fait, elle fait déjà partie de ce groupe. C’est aussi ça le message de ce titre. Il y a un souci d’appartenance et de confiance mais c’est un leurre ; une illusion ; car en fait, la personne existe déjà quelque part. 

Il y a quelques mois, vous aviez repris admirablement bien le « Therefore I Am » de Billie Eilish, avez-vous tenté de lui envoyer votre cover ?

L : Oui, complètement, nous avons tout tenté, nous avons tagué son frère, nous l’avons envoyé à Billie sur Instagram mais en fait, elle bloque beaucoup de personnes et c’est normal qu’elle se protège car elle a des millions de fans. En tout cas, nous avons tenté de lui envoyer et nous espérons que ça arrivera jusqu’à elle un jour…

L’effervescence de ces derniers mois autour de votre projet indique-t-elle qu’un nouveau disque se profile ?

T : Notre stratégie est très simple, elle consiste à sortir beaucoup de singles en peu de temps. De la même manière que l’image dont je parlais plus tôt qui meurt très rapidement, aujourd’hui, nous sommes dans une culture de l’immédiateté et du coup, on consomme tellement vite que j’ai l’impression que les gens n’ont même plus le temps de se poser sur un album. 

L : D’autant plus sur des artistes qu’ils ne connaissent pas. Peut-être qu’à un moment donné, nous compilerons ces singles mais nous avons une volonté de cohérence et cela nous permet aussi d’approcher plus rapidement les gens. 

T : Nous voulons donner un rendez-vous régulier aux personnes qui nous suivent et nous y tenir.

Maintenant que les artistes peuvent clairement savoir où ils sont les plus écouté.e.s, quel est le Top 3 des pays où Polar System est plébiscité ?

L : Même si je n’ai pas les chiffres exacts, je sais que la France est dedans et qu’elle est talonnée par les États-Unis/Canada et nous avons un peu d’écoutes au Brésil ! Comme nous chantons en anglais, c’est cool de savoir que nous sommes écoutés dans des pays anglophones.

Des live sessions sont-elles prévues ?

L : Elles ne sont pas encore programmées mais nous aimerions faire un mix entre clips et live sessions.

T : Nous sommes aussi un groupe de live et nous avons envie de défendre nos morceaux et pour l’instant, la seule façon de le faire serait d’enregistrer des live sessions.