Rencontre avec Margo Corto à l’Idol Hôtel à l’occasion de la sortie de son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteure, compositrice, interprète, et je joue du piano et de la guitare. Je vis et je suis née à Paris, j’ai grandi en région parisienne et j’ai des attaches en Bretagne. Mon ancrage est donc très urbain et je dirais que ma musique est un moyen de m’évader et qu’elle exprime beaucoup mon intériorité. J’ai un côté assez calme et posé, mais à l’intérieur, ça peut être agité. J’aime la poésie des choses et j’associe beaucoup la musique à des images car je suis également une artiste visuelle et les deux sont très difficiles à séparer pour moi ; dès que je pense musique, je pense images et couleurs et inversement et c’est aussi pour cela que j’ai investi vraiment ce premier projet dans sa globalité. Je joue de la musique et dessine depuis toujours ; j’ai eu la chance de commencer jeune et de ne jamais vouloir arrêter vraiment même si ce n’était pas le parcours que j’avais choisi au départ pour mes études qui n’ont rien à voir mais qui m’ont aussi construite.
Ton projet musical était-il en maturation depuis longtemps ?
J’ai pris le temps de réfléchir et d’aboutir ce projet mais cela fait plusieurs années qu’il était plus ou moins commencé. J’ai passé beaucoup de temps sur ce projet et je dirais que cette maturité s’est faite au fil du temps quand j’ai compris aussi que mon souhait était de l’investir dans une dimension artistique plus globale. Il fallait aussi une maturité plus personnelle, me sentir prête à l’investir et à le porter.
Quel a été ton passé musical ?
J’ai commencé le piano à l’âge de 6 ans, j’ai vraiment eu un coup de foudre pour cet instrument. Je me souviens d’en avoir vu un dans le hall de mon école maternelle, j’ai commencé à pianoter et j’ai adoré le son et le touché. J’ai alors eu la chance de pouvoir demander à mes parents d’apprendre à en jouer et d’aller au conservatoire de ma ville pour apprendre la musique, alors que personne ne faisait vraiment de musique dans ma famille. En revanche, je n’ai pas poursuivi l’apprentissage après l’adolescence, car le côté très cadré et très théorique ne me plaisait pas beaucoup. A 13 ans, je me suis mise à beaucoup dessiner pour contrebalancer, et à composer mes premières pièces au piano. Quand je suis partie faire mes études, j’ai pris une guitare car la musique était nécessaire. J’ai commencé à gratter en autodidacte et finalement, c’est la guitare qui m’a amenée à la chanson. Je m’y suis mise à 17 ans mais on dira en dilettante ; j’ai fait plein de projets artistiques à côté, avant de finalement me lancer le défi de ce projet musical.
Qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer avec « Inside » ?
Au départ, « Inside » était une première chanson d’amour, et un premier geste de confession intime. La mélodie m’est venue tout de suite et je la chantonnais hyper souvent. « Inside » est le fruit d’une rencontre, celle avec Léo, un ami rencontré dans un projet musical commun, et qui était déjà très impliqué dans la musique ; il roulait sa bosse plutôt dans le Funk. Ami + musicien de confiance dans lequel je voyais le talent et la sensibilité musicale que je cherchais, je me suis dit que c’était un bon test de travailler avec lui et c’est aussi comme cela que je m’y suis mise. Nous avons fait des premiers essais il y a cinq ans, puis j’ai laissé de côté. La vie m’appelait ailleurs on dira, et je ne me sentais pas vraiment prête. Finalement, j’ai fini par réécrire cette chanson que je jugeais trop personnelle et «passée» ; je lui ai donné une autre énergie, un propos plus universel, je l’ai reconstruite tout en gardant la mélodie, nous avons refait des tests d’arrangements, toujours avec Léo et là, j’ai senti que l’on tenait quelque chose. Ensuite, les autres chansons ont déroulé assez vite, suivant un fil narratif que j’estimais cohérent. J’avais vraiment besoin de saisir un «concept» narratif, artistique et musical qui raconte quelque chose de cohérent. Dès que j’ai senti que c’était le cas, après avoir entendu les premières bribes arrangées, j’ai considéré ça assez sérieusement ; ça a été vraiment une détermination de ma part de donner corps à ces chansons de façon consciencieuse.
« Inside » est le premier extrait de l’EP du même nom, quel est ton rapport à cette chanson ?
« Inside », je trouvais ça juste par rapport à où j’en étais et à ce que ça dit, faire expression de son intériorité, livrer un peu de soi. Je suis d’un tempérament plutôt pudique et je n’ai pas été encouragée plus que cela à pousser mon expression de manière publique. « Inside » est une ouverture assez sincère et c’est en même temps un challenge que je me donne à moi-même afin de partager quelque chose d’intime, qui vient de moi, à qui veut l’entendre.
Ce titre donne-t-il le ton musical de ton EP ?
Oui, plutôt car l’ambiance générale de ce disque est assez posée. Le fait de présenter « Inside » comme premier single a été une vraie question mais pour moi, c’était une évidence car ce titre est l’origine du projet. Même si je ne suis pas très bonne avec les étiquettes ; musicalement, on peut parler de Folk car j’ai composé ces titres piano/voix ou guitare/voix, c’est très acoustique et je donne à voir à des paysages intérieurs. Je dirais que ce disque est un peu Pop aussi car ça parlera un peu à tout le monde puisqu’il ne se veut pas spécifiquement dans une seule case. Pour terminer, cet EP peut aussi être un peu Jazzy, comme on me l’a dit, car on y retrouve de la trompette, de la contrebasse et certaines ambiances j’imagine.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Onirique et mélancolique mais également, je l’espère, lumineux et plein d’espoir. Je ne suis pas écorchée vive dans mes textes même si parfois, il peut y avoir de l’amertume, je suis quelqu’un qui cherche à aller de l’avant.
Quelles thématiques abordes-tu sur ton EP ?
Tout au long des cinq titres, il est question d’intériorité et de choses assez intimes. Je chante l’amour, c’est peut-être un peu classique pour une première livraison mais j’aborde l’amour au sens très large sur ce disque ; l’amour de soi, les liens à soi-même, aux autres, ceux qui sont filiaux…Je parle de blessures affectives, du sentiment de trahison, d’abandon ou de rejet. Ces blessures font écho à tout le monde car on les a tous ressenties à un moment ; je parle du fait de les dépasser afin d’aller de l’avant et se construire en tant qu’individu.
L’anglais vient-il de tes influences musicales ?
Complètement ! Durant mon enfance, j’ai été bercée par la musique anglo-saxonne. Mes premières vibrations ont été entre autres pour Michael Jackson, Nina Simone, puis Jeff Buckley, Leonard Cohen, Radiohead... J’ai écouté finalement assez peu de musique Française et je dois dire qu’à la maison, mes parents écoutaient très peu de musique à part de temps en temps du classique. Au-delà de cela, il y a un vrai plaisir de parler et de chanter en anglais, une musicalité propre aussi, que je trouvais plus alignée avec la musique que je voulais faire... ça a donc même été un peu un challenge car je savais mon anglais imparfait. Ces chansons me sont venues en anglais et je me suis posée la question de la traduction en français ; j’ai fait l’essai et sur une chanson que j’ai fait écouter ça tenait la route ; mais je n’ai pas cherché à aller dans cette voie-là car ça ne me paraissait pas sincère ni dans l’élan de ce que je voulais présenter car ce premier projet est un hommage à mes premières amours musicaux qui étaient anglo-saxons.
Peux-tu nous parler de tes envies visuelles pour le clip d’« Inside » ?
Pour ce clip, je ne voulais pas être dans ces choses que je considère trop attendues de la Folk, à savoir les décors paysagés, mélancoliques, ambiances brumeuses, ou des paysages urbains mélancoliques. J’en avais une image, à tort peut être, un peu poussiéreuse et mon souhait était d’en donner une image moins «évidente», dans le traitement visuel. Pour rester le plus neutre possible aussi sur le lieu de la narration, je voyais un décor, sans décor justement, dénudé, pas identifiable, minimal. De quoi plutôt concentrer le regard sur les sujets, les personnages, et jouer avec la notion d’espace, et suggérer plutôt que figurer le décor. J’avais en tête plein de références visuelles assez précises, très graphiques et photographiques, avec un traitement en noir et blanc. Quelque chose d’assez cinématographique, chic et un peu dramatique aussi. Et puis cette idée, pour le montage, de jeux de cadres, des diptyques et triptyques qui partagent l’écran et contraignent les personnages dans des espaces clos, mais potentiellement poreux, leurs propres enfermements, leurs propres barrières intimes. Car la chanson « Inside » questionne aussi cela, en 1er lieu : faire relation ça dit quoi de nous, de nos espaces intimes, comment gérer et concilier son espace, celui de l’autre, celui de la relation. Quelles fenêtres on ouvre, parfois à moitié, celles qu'on laisse fermées. Quel reflet de nous on projette sur l’autre, celui que l'on reçoit de l’autre. L’intériorité de l’autre m’est-elle à jamais inaccessible ? Et la mienne, au final, détient aussi ses propres parts d’ombre, pour l’autre mais aussi pour moi-même.
Les couleurs que l’on retrouve dans ce clip seraient-elles celles que tu donnerais également à ton EP ?
Oui, le noir et blanc, assurément, élégant et sobre et un peu nostalgique, avec une pointe de bleu blues, qui envahit les espaces de chacun au début. La dualité qui existe dans le traitement du noir et blanc m’intéresse car il y a du clair-obscur dans les sentiments intimes dont je parle sur mon disque ; ils peuvent être très intenses, parfois très dark et en même temps très lumineux. Il y a aussi cette idée d’avoir pris la photographie d’un moment qui appartient déjà au passé. Après pour l’EP sans parler du clip, j’ai réalisé une sérigraphie et une série d’illustrations pour chaque chanson, autour des deux couleurs : le bleu et le doré, ( et le noir et blanc des dessins au crayon). Bleu comme la couleur du blues, des mots bleus, de la profondeur, plus introspective, mais aussi celle à laquelle j’associe le piano ; et la couleur jaune doré, dynamique et lumineuse, plus ouverte vers les autres et qui me rappelle la chaleur des caisses de guitares acoustiques. Donc par ces couleurs, représenter la dualité dedans/dehors, introversion/extraversion, en quelque sorte, et les deux instruments avec lesquels j’ai composé les chansons de cet EP. Je trouvais que ça faisait sens, et c’est vraiment ça que je «voyais/sentais».
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Margo Corto - Inside (Clip Officiel)
Inside, 1er single disponible : https://margocorto.lnk.to/Inside-singlePré-commander l'EP Inside : https://margocorto.bandcamp.com/album/insideSuivre Margo ...