Retrouvailles avec Bintily à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de « Radicale » !
« En Mode Blasée » que tu as sorti il y a un an t’a-t’il confortée dans tes choix artistiques ?
Oui, complètement. Tout d’abord, j’ai eu de bons retours, quelques papiers qui m’ont fait plaisir et les streams ont un peu augmenté. Le fait que les gens soient confinés, mine de rien, ça m’a un peu aidée car si je n’ai pas pu défendre cet EP sur scène, j’ai pu proposer des concerts en direct sur Instagram. « En Mode Blasée » m’a fait du bien et m’a permis de lâcher le guitare-voix-cajon. Ce second EP était plus produit et les instrumentales avaient vraiment été créées autour de mes chansons et j’ai encore plus accentué le côté Pop Urbaine sur « Radicale » qui vient de sortir.
Tu as maintenant trois EPS à ton actif, ils ont chacun une couleur musicale, est-ce une façon pour toi de ne pas rentrer dans une case et de montrer ton éclectisme ?
Chacun de mes EPS, c’est moi à l’instant T. On me demande souvent pourquoi je ne fais pas un album mais pour moi, c’est quelque chose de fou et je pense que pour cela, il faudra que je sois épaulée par un label. Pour l’instant, le format EP me permet de faire ce que je veux et quand je le veux. Mon premier EP comprenait beaucoup de textes qui dataient de 2013, « En Mode Blasée » me représentait au moment où j’arrêtais le journalisme pour vraiment me lancer dans la musique ; j’avais plein de peurs, de déceptions amoureuses, j’étais un peu blasée de ma vie sentimentale et de mon début de vie professionnelle qui ne se passait pas comme je le souhaitais même si j’ai fait des rencontres fantastiques. Pour moi, « En Mode Blasée » représente la fin d’un cycle fatiguant où je m’oubliais et où j’oubliais ma musique alors que « Radicale », c’est moi complètement dans la musique et totalement libérée.
De blasée, tu passes à radicale, cela veut-il dire que tu hausses le ton dans tes nouvelles chansons ?
Je hausse complètement le ton, c’est tout à fait cela. Le fait d’avoir arrêté le journalisme depuis un peu plus d’un an me fait me sentir plus libre. Ce n’est plus du tout la journaliste qui écrit mais la personne, l’artiste. J’ai beaucoup hésité sur le titre de l’EP mais quand j’ai réfléchi à ce qui ressortait de ces nouveaux morceaux, j’ai pensé tout de suite au mot radicale même si c’est un terme que j’emploie rarement dans ma vie. Certaines personnes de mon entourage m’ont dit que j’étais folle de vouloir baptiser mon disque ainsi car ça pouvait renvoyer à la politique voire même au terrorisme. Ils m’ont fait douter mais finalement, je me suis dit que l’on ne pouvait pas confisquer les mots de la langue Française d’autant que mon radicale à moi est orthographié avec un E. Ce n’est pas un parti et je ne suis pas une terroriste en puissance (rires).
« Radicale » est-il un disque féminin ou féministe ? Le rose de la pochette pourrait « brouiller les pistes »…
Pour le coup, ce disque parle de féminisme et de féminité à 100%. Dans mon second EP, j’étais beaucoup dans la déception et la désillusion alors que dans celui-ci, je n’attends plus rien. « Radicale » est un peu un EP contre les injonctions de la société sur les femmes.
Quelles seraient tes actions de féministe au quotidien ?
Je sais que ça choque beaucoup mais au quotidien, j’essaie de moins écouter et de moins lire des hommes. J’ai lu beaucoup de livres féministes ces derniers temps notamment « Le Génie Lesbien » d’Alice Coffin, « Sorcières : La Puissance Invaincue Des Femmes » de Mona Chollet et « Moi Les Hommes, Je Les Déteste » de Pauline Harmange. Je ne suis pas une « féminazie » comme ils disent mais je me rends compte que mes nièces et mon neveu qui sont au collège étudient encore et toujours les mêmes hommes. Mais attention, je ne m’arrête pas pour autant d’écouter totalement des hommes, je suis très fan des derniers albums de Ben Mazué, Gaël Faye et Toma. J’essaie juste d’écouter plus de femmes, d’en lire plus également et de prêter ces livres de femmes aux femmes de mon entourage: ma mère, l’une de mes sœurs, mes amies. Par ailleurs, je pense souvent à appeler une association afin de faire des collages car ceux que l’on peut voir dans Paris me réjouissent. J’étais allée manifester contre les violences faites aux femmes avant le premier confinement et j’y retournerai quand on le pourra.
« On N’En Veut Pas » qui ouvre ton EP semble sentir le vécu, est-ce le cas ?
Oui, dans ce titre, je parle d’une vieille histoire d’amour. « On N’En Veut Pas », c’est un réveil. Je me suis rendue compte que dans chacune de mes relations, je me mettais dans le rôle que la société me proposait. Comme je suis une femme, je devais me mettre à la cuisine alors que je me souviens, à cette époque-là, je faisais de la Zumba, j’étais déjà journaliste et j’étais hyper active. Quand je me suis mise avec ce mec, il continuait à voir ses potes, à faire ses soirées et à faire son sport mais moi, de moi-même sans qu’il ne me le demande ou ne me le fasse sentir, je me suis mise à la cuisine, je lui faisais des quiches et des pizzas et je l’attendais. L’illusion du couple est vraiment le thème de cette chanson. On fait semblant d’aimer le rugby, ses copains…jusqu’à ce que l’on se réveille et qu’on se dise que l’on n’a pas envie de ça.
Pour rester dans la thématique de ce titre qui évoque les difficultés de la vie de couple, peux-tu nous dire quel serait le pire type de mec pour toi ?
(Rires) Celui qui a l’impression d’être féministe, qui dit qu’il aide sa nana à faire les taches ménagères et qui se dit non macho. Pour moi le pire, c’est celui qui s’ignore et avec qui on ne peut même pas ouvrir un débat.
Ton titre « La Fausse Copine » est-il destiné à quelqu’un en particulier ?
Ce titre parle des déceptions liées à l’amitié et je dois dire que durant le premier confinement, j’ai eu deux bonnes prises de tête avec deux personnes et ça m’a épuisée d’autant qu’il y en a eu d’autres après le déconfinement…Très honnêtement, je pense que le confinement m’a beaucoup fait changer et j’ai l’impression que ça a trop perturbé mes amis. J’ai été très déçue en amitié l’année passée. Le fait que je mette le journalisme de côté, que je fasse des stories, que je me mette en avant…on m’a reproché mon égo alors que les gens ne comprennent pas que ma page Instagram est devenue un outil de travail. Je ne m’amuse pas à faire des selfies toute la journée ! Cette chanson m’a permis de ranger ces gens dans une petite boîte et de leur dire adieu.
Quels sont les autres thèmes abordés sur ton nouvel EP ?
Je parle de ruptures qui laissent des traces dans « Elle l’a Attendu » et « Mon Serge », deux histoires d’amour qui finissent mal, mais j’ai essayé de les rendre belles en chanson. J’évoque aussi l’identité et la dualité dans ma chanson « Qui Je Suis ? » En tant que métisse j’ai souvent du mal à trouver ma place, à me positionner dans ce monde et à me sentir comprise, j’en ai profité aussi pour lancer une petite punchline à Zemmour en revenant sur la polémique sur le prénom « Corinne ». Je me projette aussi dans une hypothétique réouverture des boîtes de nuit avec mon titre « Danse Danse » où je me moque de ces gens qui sont sur la piste et qui ne dansent pas mais prennent toute la place, c’est un peu la suite de mon titre « Champagne » présent sur mon deuxième EP, « Danse, Danse » c’est un gros délire. Dans « Regarde-Moi » le titre qui referme l’EP, je m’adresse à certains membres de ma famille qui m’ont blessée.
Tu as retardé la sortie de « Radicale » de deux mois, que s’est-il passé ?
J’ai repoussé la sortie car j’ai changé d’équipe de travail à cause de divergences d’opinions. J’ai dû enregistrer à nouveau tous les titres, les réarranger, changer plusieurs instrumentales, c’était un peu de boulot, mais vu que tous les morceaux à la base étaient des guitares-voix à moi ou des a cappella, ça n’a pas été un travail de titan non plus. Ça m’a permis de faire vraiment l’EP que je voulais à 100% et de mettre tous les titres aboutis sur lesquels j’avais travaillé depuis le premier confinement, c’est-à-dire 8.
As-tu profité des deux confinements pour composer de nouveaux titres voire un quatrième EP ?
Oui, j’ai été prolifique durant le premier confinement et des titres sont nés. J’ai de nouveau pas mal composé au déconfinement et à la rentrée et il se pourrait qu’un quatrième EP arrive très vite voire même un cinquième EP que j’imagine plus « variété » car j’ai beaucoup composé à la guitare et il se pourrait que je revienne aux sources. J’ai plein de choses dans mon cartable ! En revanche, je n’ai absolument pas cherché à composer durant le second confinement, le coeur n’y était pas.