Rencontre avec Lewis OfMan à l’occasion de la parution de son EP « Dancy Party » !
Peux-tu nous résumer les casquettes que tu as dans ton projet musical ?
Je suis compositeur en premier lieu mais aussi producteur, DJ même si ce n’est pas une casquette que je mets souvent, auteur également car au fil du temps, j’ai commencé à écrire mes chansons et à le faire aussi pour d’autres artistes et je suis également chanteur.
Es-tu tombé très tôt dans la musique ?
Pas vraiment si ce n’est que mon premier contact avec la musique remonte à mes 7-8 ans quand j’ai découvert un petit jeu de musique sur le téléphone portable de ma mère ; il fallait assembler des boucles de son ; c’est comme cela que je suis tombé dedans. Par la suite, je me suis retrouvé un peu par hasard dans le studio de musique d’un ami de mes parents et là, j’ai fait de la batterie et je suis totalement tombé amoureux de l’instrument. Je devais avoir 10-11 ans. Ensuite, je suis parti à New York pendant un an et c’est là que j’ai vraiment appris à en jouer. On peut dire alors que c’est tôt mais je ne suis pas né avec.
Comment vois-tu « Dancy Party » ton nouvel EP par rapport à tes précédentes productions ?
Cet EP est un peu plus radical dans le sens où je suis vraiment allé chercher mon son. J’avais produit de la musique pour pas mal d’autres artistes dont Rejjie Snow et Vendredi Sur Mer et d’un coup, je me suis dit que je m’éparpillais avec d’autres gens et que mon vrai son ne se voyait pas dans mon propre projet. Je suis parti à Barcelone et j’ai fait tout ce que je pouvais pour créer un son qui soit vraiment proche de moi. A vrai dire, ce son est tellement lié à moi qu’il est comme le son de ma voix. Je voulais créer des chansons qui me fassent ressentir quelque chose d’énorme après coup.
Cette envie évidente de faire danser le public est-elle née « en réponse » au fait que les discothèques soient fermées depuis un an ?
Eh bien, non puisque ces chansons ont été faites plus ou moins avant ce malheureux COVID. En revanche, le fait de prendre la décision de sortir cet EP maintenant vient du fait que je trouve que l’on a bien besoin d’avoir des chansons qui font kiffer. Nous avons attendu pas mal de temps en pensant que ça allait rouvrir et que mon projet pourrait sortir dans des conditions plus ou moins proches des conditions habituelles mais nous nous sommes rendu compte que ça n’allait pas être possible et que ça allait durer encore longtemps. Nous nous sommes dit alors autant sortir ce disque maintenant afin que nous puissions tous kiffer sur des sons qui font danser.
Qu’as-tu voulu insuffler dans cet EP ?
De la rêverie ! Pour cet EP-là, j’ai beaucoup étudié la façon de penser de Picasso et de Miro et même la peinture de façon plus large. Je voulais créer un moment en le reproduisant à ma façon. Pour te citer un exemple, pour « Las Bañistas », j’avais en tête une petite soirée sur un toit en Grèce avec des petites guirlandes, il est 21H, le soleil se couche un peu, on se met à danser et on met cette musique en buvant de l’Ouzo. J’aimerais que l’énergie que j’ai mis à recréer cela permette aux auditeurs d’avoir également une rêverie comme si cet EP était un aéroport et que chaque chanson permettait aux gens de voyager afin que chacun puisse aller à sa propre destination en fonction de sa propre rêverie. Le concept de fête, je le prends dans son intégralité, ce n’est pas juste le fait d’être à une fête mais plutôt tout ce qui se dégage d’une soirée, les moments que l’on ne peut pas prévoir et qui peuvent changer beaucoup de choses dans une vie car on peut être très heureux ou très triste à cause d’un événement. On ne peut pas savoir comme va être une fête, elles ne sont jamais les mêmes, on ne s’en souvient jamais toujours très bien, c’est comme un rêve (rires) et l’idée est de créer cela avec ces chansons.
Quelles ont été tes références musicales pour ce disque ?
Je dirais que c’est un mélange de deux choses ; la première : New York et les années 90 notamment le documentaire « Style Wars » sur la naissance des cultures urbaines du graffiti. On retrouve cette influence dans des sons assez bruts de samples et de batterie. J’ai voulu mélanger cette fermeté des percussions qui est plus ou moins radicale avec les vraies mélodies de musiques de films qui ont été ma seconde inspiration. Je pense notamment à Vladimir Cosma. Je me suis également inspiré du Jazz notamment pour « Rainy Party ». J’ai insisté pour faire un grand solo dans ce morceau et j’ai pensé notamment pour se faire à Herbie Hancock. Je dois avouer que j’adore les contrastes ; j’adore quand on mélange quelque chose d’un peu ferme avec quelque chose de très mélodieux qui va nous emmener rêver et que l’on puisse le faire en dansant.
Pourquoi n’as-tu pas mis plus de mots sur tes nouveaux morceaux ?
Au moment où j’ai fait ces chansons, je n’ai pas voulu chanter car j’avais peur que cette musique soit caractérisée comme de la Pop Française. C’est quelque chose que je tends à éviter car c’est un monde dans lequel je ne me reconnais pas et qui peut être réducteur dans la façon dont on considère ma musique. Sur cet EP, l’idée était de transmettre ces émotions sans passer par le filtre de la langue. J’ai opté pour quelque chose que je considérais plus personnel et plus universel à ce moment-là.
Peux-tu nous parler de la mise en images des titres « Attitude » et « Dancy Boy » ?
Les deux clips sont liés. Nous sommes allés un peu par hasard à Atlanta car pour mettre en images « Attitude » qui est très inspiré par le documentaire « Style Wars », j’avais éventuellement dans l’idée de tourner le clip à New York. Le réalisateur avec qui nous discutions à ce moment-là voulait faire un documentaire sur ces personnes qui font du roller skate à Atlanta et il s’est dit autant faire le clip avec eux. Il a eu l’idée de faire un clip lié avec l’histoire de ce petit enfant qui danse dans les rues d’Atlanta. Ces deux vidéos dont je suis très content sont des illustrations de ma musique par quelqu’un mais elles ne sont pas exactement ce que j’avais envie de faire moi-même car dans ma tête, pour « Dancy Boy », je voyais un vieux monsieur qui dansait dans un club. En revanche, pour le clip de « Las Bañistas » qui vient de sortir, nous avons vraiment mis en images ce que j’avais en tête. Nous sommes partis à Barcelone et nous avons filmé deux filles qui dansent sur un toit.
Dans quel lieu concret aimerais-tu jouer en live « Dancy Party » ?
J’ai vraiment envie de jouer cet EP sur un toit dans une petite ville méditerranéenne et devant vingt personnes qui seraient toutes dans le même mood que moi. J’aimerais jouer ces morceaux et que nous soyons dans une cohésion totale et pris par une frénésie de danse. On serait super content, super joyeux, on commencerait à être bourré mais on ne le serait pas encore (rires).
Ton premier album est prévu pour l’automne, « Dancy Party » en est-il un avant-goût ou ce disque sera-t-il tout autre ?
On peut dire que c’est un avant-goût de cet album puisque je considère que les chansons que je sors sont un cheminement. En revanche, les chansons de « Dancy Party » sont dans la rêverie alors que pour l’album, je me suis approché des sentiments humains ; de ce que nous ressentons tous. Il y aura plein de choses différentes sur cet album que j’ai construit comme une sorte d’endroit où se réfugier afin d’entendre tout ce qu’il y a dans l’humain.
Quels sont tes prochains projets ?
Le clip de « Siesta Freestyle » a été tournée dans la foulée de celui de « Las Bañistas » et je serai un peu plus présent qu’habituellement dans cette vidéo ; c’est chouette, j’en suis content. Je continue à travailler sur mon album. Je suis parti à Londres en décembre dernier afin de collaborer avec Tim Goldsworthy qui a été le premier producteur de LCD Soundsystem et qui a crée le label DFA Records à New York au début des années 2000. C’est comme si Tim m’avait montré comment trouver la formule exacte pour sublimer beaucoup de mes idées. Je dois normalement y retourner en avril mais c’est un peu galère en ce moment avec le variant…Le COVID a beaucoup tout retardé mais on fait en sorte que l’album sorte bien pour la fin de l’année. Pour finir, je vais sortir un featuring un peu Rock et assez fun avec un artiste Anglais.