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Retrouvailles avec MAB à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de leur nouvel EP !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Tompikar

(c) Tompikar

Pouvez-vous nous dire pourquoi votre nouvel EP a pris « autant de temps » ?

Hadrien : C’est vrai que nous avions tous les morceaux de cet EP depuis un an et demi mais nous avons voulu mettre en images chaque titre en liant tous les clips entre eux. En termes d’écriture, nous avons eu envie de créer comme des passerelles entre ces clips. Les tournages ont pris du temps car nous gérons tout nous-mêmes avec nos petits bras sans grosse prod derrière nous et en plus, avec le COVID, ça a pris du retard. L’avantage de tout cela a été de pouvoir rajouter un titre à la dernière minute sur cet EP.

Gabriel : Nous avons eu un projet très ambitieux ; nous voulions présenter à la fois de la musique très qualitative ; pour sept morceaux diffusés, nous avons dû en écrire une vingtaine en tout ; et qu’elle soit accompagnée par des clips soignés qui n’ont pas été faits au téléphone. On parle souvent d’un triangle qualité-moyens-temps et comme nous avions une grosse exigence de qualité mais des moyens faibles, c’est le temps qu’il a fallu aligner.

H : Et on n’a pas chômé ! L’Ep nous occupe au quotidien depuis presque trois ans maintenant !

Vos nouveaux morceaux ont-ils évolué musicalement parlant ces deux dernières années ?

H : Oui, par exemple, la version de « L’Instant de Grâce » qui est présente sur l’EP n’est pas la même que celle qui est sortie au début. Ce morceau est celui qui a déclenché cet EP mais c’est aussi celui qui nous a bien compliqué la vie. Nous avons refait ce titre une quinzaine de fois et cela prouve que ces morceaux ont évolué.

Les années passant, avez-vous la sensation de vous diriger ; consciemment ou inconsciemment ; vers une musique plus « accessible » et plus radiophonique ?

: « L’Hadès » et « Doudou 2.0 » sont les deux morceaux les plus récents de cet EP; ce sont ceux qui sont les plus Pop mais aussi ceux que nous avons réussi à garder les plus simples. Au fil du temps, on a compris que la simplicité, c’était cool. On aime supprimer des pistes.

G : Comme dit le proverbe, qui peut le plus peut le moins. Nous avons mis du temps à arriver à un résultat minimaliste ; c’est un peu le cas sur ces deux titres mais également sur ce qui arrivera derrière. Pour arriver à des choses plus simples et plus minimalistes, il faut avoir fait des choses plus touffues auparavant et ce mouvement-là,  c’est un peu le travail de cet EP. Par ailleurs, le message d’une musique simple sera plus limpide pour l’auditeur. En revanche, il ne suffit pas de faire de la musique simple, il faut passer par la phase touffue car sinon cette simplicité ne sera pas authentique. J’estime qu’aujourd’hui nous arrivons à un résultat radiophonique car nos ingrédients et nos procédés sont mieux maîtrisés qu’il y a deux ans et de ce fait, nous pouvons épurer la formule mais nos ambitions n’ont pas changées.

H : Je pense que personnellement, je suis plus à l’aise avec le fait de faire des morceaux plus radiophoniques ou plus accessibles. Pendant un temps, je ne voulais pas avoir cette étiquette-là mais aujourd’hui, quand nous avons un texte et des accords qui défoncent, je trouve qu’il n’y a pas besoin de se prendre la tête pour rendre le truc plus singulier et je préfère foncer.

(c) Tompikar

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Votre titre « L’Hadès » semble très important pour vous et même très personnel…Pouvez-vous nous parler de la naissance de ce morceau ?

G : « L’Hadès » part d’une histoire intime ; une expérience amoureuse que j’ai eu. J’ai écrit ce morceau dans la douleur ; une douleur que j’ai voulu refouler dans un premier temps. Je me sentais triste mais pas en mesure d’écrire à propos de cette tristesse. Had m’a fortement poussé dans mes retranchements et incité à écrire et quand c’est sorti, ça a jailli sans maîtrise. J’étais le média entre mon émotion et l’encre. Ensuite, nous avons fait ce que nous pouvions pour faire garder sa forme originelle à cette émotion tout en polissant ce qu’il y avait autour.

H : Ça n’a pas été un morceau facile à enregistrer. Je me souviens que Gab était vraiment à fleur de peau durant une séance…Nous nous parlions peu, c’était long et dur.

Pourquoi avez-vous opté pour des références mythologiques pour ce titre ?

G : Sur cet EP, il y a « Atlas », « Némésis » et « L’Hadès » ; la mythologie traverse un peu tout ce disque. Je suis passionné de mythologie depuis mon plus jeune âge et je m’en sers pour illustrer un propos afin de le rendre plus abstrait ; afin de passer d’une histoire personnelle à une émotion universelle ou pour passer par des archétypes et des formes abstraites qui façonnent au final notre inconscient collectif.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la conception du clip qui illustre « L’Hadès » ?

H : Il y a beaucoup de choses à dire sur ce clip qui a été une aventure improbable. Nous avons commencé à tourner ce clip en septembre 2019. Nous voulions des souterrains, de la danse et une personnalité féminine qui représenterait cette Aphrodite. Une partie du clip a été filmée dans une carrière souterraine dans l’Oise où les Allemands avaient construit des quais secrets pour transporter des missiles V2 qui heureusement ne sont jamais arrivés en France. Ces endroits sont interdits mais nous avons réussi à y aller grâce à des potes réalisateurs qui font un peu d’urbex. Nous avons été confrontés à l’obscurité, au froid, à l’humidité mais également à des gazes qui donnent mal à la tête, à un groupe électrogène qui saute, à des gens qui nous ont dit que ça pouvait devenir craignos à partir d’une certaine heure…un enchaînement de galères !

G : Nous avons trouvé une solution provisoire pour ces quelques jours de tournage mais nous avons été quand même pas mal impactés. Ensuite, nous avons monté, étalonné et fini une première version de « L’Hadès » mais plusieurs mois après, nous nous sommes résignés à retourner des plans car le clip n’était pas à la hauteur du morceau. C’était du temps et de l’énergie qu’il fallait dépenser à nouveau mais maintenant, nous sommes contents du résultat.

H : Sur ce coup-là, nous avons peut-être été trop gourmands et un peu fous d’aller dans un endroit interdit où nous ne maîtrisions pas grand-chose mais nous nous sommes bien marrés quand même.

Retrouvailles avec MAB à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de leur nouvel EP !

Vous qui avez toujours apporté un soin particulier à vos clips, n’avez-vous pas envie maintenant de mettre vos divers talents au service d’autres artistes ?

H : Musicalement, c’est quelque chose que nous faisons déjà et cela nous plaît. Nous aimons produire et écrire pour d’autres artistes et certains d’entre eux nous ont dit qu’ils aimaient grave nos visuels et qu’ils seraient curieux d’avoir des conseils de notre part. Cela nous flatte car ce n’est pas notre métier du tout. Nous nous sommes beaucoup intéressés au sujet, nous pourrions le faire vite et « bien » mais je ne me lancerais pas là-dedans car je ne suis pas réalisateur.

G : Sans prétention aucune, je pense que nous avons une polyvalence assez importante. Nous pouvons nous poser sur des D.A visuelles, nous faisons du montage et de l’étalonnage à notre échelle, nous pouvons réfléchir à des stratégies de promo…Être artistes aujourd’hui, ça englobe un certain nombre de compétences très très larges et nous avons mis du temps à être un minium compétents dans chacun de ces champs-là. Aujourd’hui, j’estime que nous pouvons aider d’autres artistes sur pleins de niveaux différents dont le visuel. Mais est-ce que nous allons commencer à nous mettre derrière la caméra et être réalisateurs d’un tournage ambitieux… non car ce n’est pas du tout dans nos priorités.

Voyez-vous votre nouvel EP comme un reflet de notre société ces deux dernières années ?

H : Il y a des morceaux qui sont intimement liés à ce qui se passe ou à ce qui s’est passé ces deux dernières années ; je pense notamment à « Atlas » et à « L’Abondance » qui sont clairement liés à des réflexions écologiques. Ces titres sont un reflet de la société mais aussi de nous quand nous nous posons des questions, que nous avons envie de changer le monde et que nous nous rendons compte de notre ambivalence ; il y a ce dont nous avons envie et ce que nous faisons vraiment.

G : Les morceaux de l’EP ne sont pas directement des reflets de la société car j’essaie toujours de passer par un personnage. J’ai abandonné l’idée de vouloir décrire des phénomènes politiques et sociaux dans un morceau. Je pars d’un « je » ; des fois, c’est moi, d’autres fois, c’est une partie de moi et parfois, c’est carrément un personnage fictif. A l’aide de ce « je », je vais décrire une intériorité, un individu particulier et pas forcément prétendre généraliser à tout ce qui peut se passer dans la société. Si nous parlons d’écologie, nous n’avons pas tous le même rapport à ce sujet. Il n’y a aucune prétention exhaustive à traiter ce sujet-là dans « Atlas » ou dans « L’Abondance », c’est un certain rapport à l’écologie tout comme celui aux nouvelles technologies et aux portables dans « Doudou 2.0 ».

Quelles sont les grandes thématiques de ce disque ?

G : Le conflit intérieur est l’un des grands thèmes de ce disque. Au final, les personnages de nos morceaux sont toujours tiraillés.  Dans « L’Hadès », on retrouve ce tiraillement entre l’amour que l’on peut avoir pour une personne et la nécessité de la quitter alors qu’après la rupture, on ressent cet amour encore plus fort. Dans « L’Abondance », il y a l’envie de vivre en cohérence avec ses idées écologiques tout en se sentant englué dans un monde consumériste et polluant. « Atlas » est carrément un paradoxe sur pattes car le personnage principal est un être cynique qui se rit de tous ceux qui font des efforts pour s’engager dans la lutte climatique. Pourtant, j’ai crée ce personnage pour m’aider moi-même à m’engager. Dans « Doudou 2.0 », le personnage veut se débarrasser de son téléphone car il se sent trop dépendant et en même temps, il en est incapable.

H : « Toutes Ces Tares » est un peu pour moi comme la conclusion de ce disque. La phrase « Que vais-je donc faire de tout cet art » fait écho à ce qui nous constitue, nous faisons de la musique et le résultat de ce tiraillement, c’est ce disque.

(c) Tompikar

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Les morceaux de votre nouveau disque sont plus électroniques, aimeriez-vous pousser encore plus le curseur dans cette direction avec des remixes ? Si oui, qui verriez-vous vous remixer ?

H : Effectivement, nous avons réfléchi à la possibilité d’avoir des remixes sur certains morceaux ; nous nous sommes dit que ça pourrait être cool mais nous n’avons pas trop d’idées au niveau des remixeurs. Personnellement, je manque de culture électronique. Tu nous rajoutes quelque chose sur la to do list !

Avec MAB, c’est toujours aussi bon mais c’est toujours trop court…Allez-vous enfin bientôt développer le propos sur un premier album ?

H : En octobre, au tout début du second confinement, nous avons fait une résidence afin de lancer les bases d’un futur album pour lequel nous avons pensé à tout un concept. Nous avons lancé plein de compositions mais à têtes reposées, nous nous sommes dit que nous étions encore trop jeunes pour un album car nous sommes pleinement conscients que nous sommes encore en train d’évoluer. Nous n’avons pas envie de nous mettre la pression pour un album. Je pense que nous allons d’abord repartir sur un prochain EP et à terme, nous pencher sur l’album. Nos ambitions grandissent avec le temps et nous avons envie de faire ce disque au moment où elles seront réalisables un minimum. Nous voulons sortir ce premier album au bon moment quand nous ne ferons que de la zik et que nous n’aurons plus huit casquettes à la fois. Ça va venir…mais plus tard.

G : Nous avons toujours sacralisé ce qu’était un album et nous en avons toujours parlé avec un ton rêveur mais c’est effectivement un tel chantier que nous voulons être certains de le mener à son terme au moment où nous le commencerons. Je préfère que nous fassions d’autres EPS qui soient réussis à chaque fois plutôt que d’amorcer un projet encore trop grand pour nous. Quand on voit à quel point nous avons sué pour arriver au résultat de ce nouvel EP, on se dit que l’on n’arrivera pas à faire un album à la hauteur de nos ambitions aujourd’hui. Mais, je rejoins Had sur l’idée d’avoir l’esprit totalement libre au moment où l’on commencera ce projet. Dans l’état actuel des choses, on ne peut pas se permettre de s’enfermer six mois pour faire un album car nous faisons encore tout un tas d’autres activités qui viendraient nous parasiter.

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