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Rencontre avec Théo Charaf à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Sarah Fouasier

(c) Sarah Fouasier

Peux-tu nous en dire plus sur toi ?

Je viens de La Croix-Rousse à Lyon, j’ai 27 ans, je suis auteur, compositeur et interprète. Je suis guitariste et je pianote un petit peu. Ma formation musicale s’est faite de manière autodidacte. J’ai du prendre un an de cours effectifs dans une MJC avec un professeur qui devait avoir peut-être trois ou quatre leçons de plus que nous ; c’était très cool, ça m’a initié à mort mais j’en ai vite fait le tour et je suis allé apprendre sur Internet comme tout le monde.

Évolues-tu totalement tout seul dans ton projet ?

Non, au niveau de la production, j’ai collaboré avec l’excellent Hervé Bessenay qui tient le studio Electronic Recordings. Hervé a su sublimer les morceaux que je lui ai apportés avec un talent indéniablement. Parmi mes collaborateurs, on retrouve également Cédric qui qui m’accompagne beaucoup et qui gère le son en live. Par ailleurs, je suis épaulé par le label Wita Records et Dangerhouse Skylab qui a coproduit le vinyle. Je dois beaucoup également à l’illustrateur Lyonnais Jean-Luc Navette qui m’a sorti de ma chambre car je faisais du Punk ; j’en fais toujours et j’insiste là-dessus ; mais je ne faisais pas cette partie plus intimiste et plus introvertie en public et Jean-Luc m’a juste botté le cul de manière extrêmement virulente (rires). C’est lui qui m’a programmé sans que je ne le sache, il m’a fait connaître Cédric qui fait le son à L’Épicerie Moderne qui est une grosse salle de concert près de Lyon. C’est Jean-Luc qui m’a lancé en fait.

Quel a été ton parcours musical avant la parution de ton premier album ? As-tu fait partie de groupes auparavant ?

A vrai dire, c’est la première fois que je me produis en solo. J’ai toujours joué en groupe car c’est plus facile à bien des égards. C’est plus facile pour se cacher quand on fait une « connerie » car il y a toujours du répondant dans un groupe pour rebondir. Là, c’est plus dur ! J’ai eu plusieurs groupes dont deux qui sont encore en activité ; les Scaners et les Beaten Brats.

(c) Sarah Fouasier

(c) Sarah Fouasier

L’anglais a-t-elle été la langue évidente pour ton projet ? Laisses-tu la porte ouverte au français à l’avenir ?

C’est une très bonne question. C’est plus simple et je dirais que c’est aussi par mimétisme. J’ai voulu faire cette musique pour suivre mes idoles. Fatalement, le mimétisme naturel fait que tu chantes en anglais. Par ailleurs, d’un point de vue de l’expression, l’anglais permet de rester plus évasif. Même si j’adore l’anglais, en revanche, cette langue n’est pas aussi riche que le français et c’est ce qui fait que notre langue est dure à utiliser. En français, il y a une pertinence et une précision dans les mots qui font que lorsque l’on veut exprimer le bon sentiment, c’est compliqué, il faut vraiment travailler la langue. Pour moi et pour beaucoup je pense, un texte en français peut être très rapidement gnangnan ou poète maudit. Pour être juste, cela demande un travail hors du commun et c'est important de le faire ; je laisse carrément la porte ouverte au français pour plus tard. Pour l’instant, je reste dans mes pénates avec l’anglais qui est une langue plus rebondissante. En termes de sonorités, l’anglais est plus rythmique et plus simple à faire sonner que le français.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Dans mon univers, on retrouve une énorme part de mélancolie car de manière générale, je dirais que je ne suis pas quelqu’un d’extrêmement joisse. Cathartique est un autre mot qui me vient immédiatement à l’esprit pour décrire cet univers. En premier lieu, j’écrivais parce qu’il fallait que ça sorte ; si ces choses restaient enfouies, je savais que cela allait être trop dur et ingérable. J’ai extrait cela dans mes morceaux. Cet univers est également sombre ; forcément. Faire du Punk, ça peut être marrant, il y a un côté festif, on peut avoir des propos enragés mais la vie, ce n’est pas que la fête, il y aussi le reste. Même si c’est quelque chose que l’on n’a pas envie d’explorer en permanence, c’est important d’y faire face aussi en allant explorer l’ombre autant que la lumière.

Ton premier album est éponyme, cela signifie-t-il que c’est toi à 100% et qu’il est donc très intime ?

Sans doute…En partie, oui mais aussi parce qu’il y a des antécédents ; beaucoup d’artistes que j’adule ont commencé comme cela. Beaucoup d’artistes ont débuté leur carrière en solo avec un disque éponyme. Ca entérine la chose, ça l’ancre et j’ai trouvé cela raccord. Il y aussi le fait que je n’avais pas envie de me casser la tête à trouver un nom à assumer alors que sans rien, c’était plus évocateur. Comme je le disais précédemment, écrire ces morceaux a tellement été un acte de résilience que oui, c’est ma gueule sans mégalomanie aucune. Je ne peux pas être plus à poil que dans ce cas de figure.

(c) Sarah Fouasier

(c) Sarah Fouasier

Quels thèmes abordes-tu sur ce disque ?

Cet album parle beaucoup de mal être, de ce qui peut me flinguer, m’enrager dans la société ou vraiment m’attrister dans ce monde qui est en permanence annoncé comme étant sur le déclin. Je parle un peu de fausses idoles, de Dieu, beaucoup d’errance, de résilience à ma manière… Il y a un côté très spirituel dans ce disque mais il n’est pas forcément parlé. Cet album aborde le fait de vivre la nuit. Il y a quelque chose de très nocturne dans ce disque. La première mouture du projet s’appelait « Nightbird » et c’est un terme dans lequel je me reconnais énormément. La nuit, c’est plus calme, plus apaisé, plus lent.

Musicalement, on peut dire qu’il est très acoustique, très épuré, peux-tu nous en dire plus sur ce parti pris ?

Il y a des contraintes de base de toute façon. J’aurais pu travailler ma guitare comme un malade ces dix dernières années et faire du Paco de Lucia ; quelque chose d’hyper technique ; mais je ne l’ai pas fait et j’aime cette approche assez rustique qui permet de libérer un peu le message. Le but n’est pas de me cacher derrière une technique incroyable, c’est plutôt d’avoir la bonne intention. Je joue à ma manière, mon approche est autodidacte ; c’est très casse-gueule mais les gens que j’adule ont cette approche-là. J’ai envie de suivre une approche personnelle et rustique malgré moi et avec un parti pris.

Puises-tu tes références musicales principalement dans le Blues et la Folk ?

Non, j’aime absolument tout dès l’instant que c’est fait avec de l’âme et que ça n’a pas pour unique vocation d’être vendu. Les voiles, la poudre aux yeux, ça ne me parle pas. J’écoute énormément ce que l’on a pu appeler les musiques noires : le Reggae, le Jazz, le Blues, la Soul, le Hip Hop,…j’aime toutes les déclinaisons même si j’avoue être un peu moins friand de la musique Disco. J’écoute beaucoup de Rock 60’s et 70’s, du Rockabilly,…J’ai des influences dans tous les sens et c’est aussi pour cela que c’est le bordel à ce point (rires).

Rencontre avec Théo Charaf à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de son premier album !

Quelle chanson déjà existante aurais-tu aimé écrire et pourquoi celle-là en particulier ?

Oulala, tu as la journée ? (rires) Je vais te répondre « 4+20 » de Crosby, Stills, Nash & Young car c’est la dernière chanson qui m’a vraiment parlé. Je me suis rendu compte que j’étais raccord à 200% avec les paroles. C’est un morceau que je joue un peu en concert. Précédemment, nous parlions de précision et dans cette chanson, les paroles sont tellement justes qu’elles font mouche directement. C’est parfaitement dit, il y a juste pile poil le bon compte de mots pour exprimer ce qu’il faut. C’est un morceau extrêmement mélancolique.

Toi qui as un son très Américain, as-tu déjà joué tes chansons aux USA ?

Je n’ai pas joué les chansons de mon album aux USA mais j’ai eu la chance de m’y produire avec les Scaners quand nous y sommes partis en tournée sur la côte Ouest il y a un peu plus d’un an déjà. Dans des soirées là-bas, j’ai un peu pris ma gratte pour jouer des trucs mais comme ce que je fais n’est pas très festif…on ne peut dire que je les ai vraiment joué mes chansons aux Etats-Unis.

Qu’aimerais-tu que le public retienne de ton premier album ?

Depuis quelques temps maintenant, je reçois des messages de personnes qui me disent que ma musique les aide à supporter cette période de morosité ambiante. Je me souviens d’un message qui disait que la personne vivait des temps très durs et que maintenant, avec mon album, elle les vivait avec de la bonne musique. Si mon album peut apporter de la lumière ou un certain « bandage », c’est tout ce qui compte !

Rencontre avec Théo Charaf à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de son premier album !
https://www.facebook.com/TheoCharaf
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