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Retrouvailles avec Emma Daumas à l’Idol Hôtel à l’occasion de la sortie de « L’Art Des Naufrages » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Peux-tu expliciter pour nous le titre de ton nouvel album ?

Pour moi, « L’Art Des Naufrages » est un peu une traduction de l’adage « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » et comment on transforme une tempête personnelle en petite victoire ou tout du moins en évolution personnelle. J’ai écrit cette chanson il y a quelques années pour une amie qui était en train de vivre beaucoup de tempêtes personnelles et je lui avais dit ne pas s’inquiéter, que l’on s’en sort et que nous ferions plein de belles choses ensuite…mais, il se trouve que cette amie est décédée quelques jours après l’envoi de ce texte.

Pourquoi y-a-t-il eu autant de temps entre « Vivante » et « L’Art Des Naufrages » ?

Pour moi, cette disparition a été un véritable tsunami dans ma vie et dans ma carrière car Danièle Molko était également ma productrice. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée à devoir gérer un gros chagrin et tous mes projets professionnels ont été bouleversés. A ce moment-là, plus rien n’avait de sens pour moi ; l’EP « Vivante » était les prémices d’un album qui aurait du porter le même nom mais le projet a été totalement avorté. En rencontrant et en travaillant avec Danièle, j’avais l’impression d’être à la maison ; j’avais la sensation d’être arrivée dans un lieu qui me correspondait et qui me ressemblait après avoir vécu dix années géniales chez Universal mais avec d’autres façons de fonctionner. Au moment où Danièle est décédée, j’étais perdue, je ne trouvais plus aucun sens à ma trajectoire artistique, je me suis posée beaucoup de questions et c’est le texte de « L’Art Des Naufrages » qui m’a permis  de rebondir sur un nouveau projet ; ça a été le point de départ d’une nouvelle aventure.

Pourquoi as-tu fait le choix de présenter le spectacle avant le disque ?

A cette époque-là, je ne me voyais pas refrapper aux portes des maisons de disques ; j’avais envie de vivre d’autres choses afin que cela corresponde vraiment à qui j’étais et à mon projet artistique, je n’avais pas envie de faire des concessions artistiques et je savais que dans un label, on aurait pu avoir la tentation de formater les choses dès leur création et ce n’était pas du tout ce dont j’avais envie. Je me suis dit que ça ne passerait pas tout de suite par un album mais par des choses plus simples comme le contact avec le public. Face aux gens, il n’y a pas besoin de formater ou de travestir. J’avais envie de quelque chose de direct sans médiateurs autour. Fin 2017, j’ai fait une première résidence de création autour des deux premières chansons de ce futur projet et en 2018, j’ai été invitée à un festival d’art contemporain organisé sur la plage de Trouville-Sur-Mer. J’étais installée dans une cabine de plage et j’y ai joué des morceaux en toute intimité pour des spectateurs qui rentraient un à un. Nous avons lancé ce projet comme cela. Ensuite, j’ai joué cette performance avec Laurent Derobert à l’accordéon et Étienne Roumanet à la contrebasse dans plusieurs lieux. Puis, j’ai eu envie de prolonger cela avec un spectacle et donc de réinvestir la scène mais sous la forme d’un concert augmenté. Après une résidence au Théâtre du Chêne Noir à Avignon, nous avons pu commencer à présenter ce spectacle transdisciplinaire qui était un concert construit sur une narration dans lequel il y avait une scénographie vidéo interactive et une mise en scène. Cette forme plus théâtrale était assez nouvelle pour moi. Ce spectacle que j’ai autoproduit avec ma structure Les Enfants Sauvages Music a été joué au Festival d’Avignon et cela a été une expérience très riche. J’ai pu trouver des partenaires, cela m’a pris du temps mais ça m’a permis de me former à ce métier de producteur et après ce long travail, le temps était venu de faire un album.

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Sur ton nouvel opus, il y a « L’Art Des Naufrages », « Mermaids Blues » et « Léthé »…l’eau est-il un élément fort dans ton onde créative ?

C’est vrai que pour cet album-là, j’avais plusieurs thématiques de chansons et assez vite, j’ai pu faire un lien ; un pont ; avec cet univers maritime/marin et cela m’a permis d’installer un univers comme nous l’avions déjà fait sur scène. Je me suis servie du champ lexical de la navigation et pour parler de cet album, j’aime bien employer le terme d’odyssée. N’importe quelle création artistique, de la façon dont je la perçois, est une façon de traduire une existence et c’est pour cela que j’aime bien ce terme d’odyssée qui m’a donné un cap. En revanche, nous ne nous sommes pas cloisonnés qu’à cela car il y a plein de chansons sur d’autres thèmes.

Ton cinquième album raconte-t-il une « histoire » du début jusqu’à la fin ?

Pendant le spectacle, avec l’auteure Murielle Magellan qui en a écrit le récit, nous faisions référence à ce voyage ; le personnage principal était au départ sur sa petite île et progressivement, elle avançait dans la mer et abordait de nouveaux rivages tout en vivant plein d’autres expériences. Sur l’album, j’ai voulu faire un peu la même chose en gardant un décorum pour chaque chanson afin que l’on puisse voyager d’un titre à l’autre comme si on était dans un atoll. Il y a un lien entre les chansons ; on peut en deviner une histoire si on veut mais on n’est pas obligé car ces chansons sont aussi indépendantes les unes des autres. Ce travail de cohérence musicale a été très bien réalisé par Alex Finkin. Plutôt que l’eau, c’est le filet de ma voix qui s’écoule tout au long des chansons qui donne une cohérence à tout cela !

Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?

Dans ce disque, je parle de l’enfance, de l’adolescence, d’avoir des enfants, de la mort et même de spiritualité. Comme je suis quelqu’un qui donne du sens à l’existence, je pense que les thématiques que j’aborde sont tout simplement les étapes de la vie d’un être humain.

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Comment l’as-tu voulu musicalement parlant ?

J’étais assez attachée ; comme je le suis depuis un petit moment déjà ; à l’acoustique. Nous avions commencé ce projet en accordéon-contrebasse-voix et il n’y a pas plus acoustique. Je voulais conserver ce noyau-là dans ma musique tout en le mélangeant à des éléments plus contemporains. Je n’avais pas envie de noyer les instruments dans de l’électronique mais plutôt de sublimer ces éléments acoustiques par des petites touches électroniques et je trouve qu’Alex a parfaitement réalisé cela. Cette idée de décors dont je parlais précédemment m’ont permis de me balader dans mes influences qui sont diverses et variées ; elles vont de Serge Gainsbourg à Joao Gilberto en passant par Radiohead, Björk, Portishead, Édith Piaf et Dalida. J’aime bien cette idée de Pop Music qui permet de voyager entre les styles. Par ailleurs, j’étais très attachée également au fait que l’on entende beaucoup les textes. Écrire est une chose qui m’anime beaucoup et je fais un vrai travail autour des textes. Encore une fois, Alex a beaucoup travaillé à cela afin que la voix porte les textes. Même si cela fait 20 ans que je travaille ma voix et que je peux compter sur une technique un peu solide, Alex m’a également beaucoup aidé à travailler dessus afin de trouver une couleur et un ancrage. Je trouve que le cap que nous avons donné à ma voix sur cet album est intéressant. Je peux avoir du coffre, faire une performance vocale mais ce n’est pas ce qui m’intéresse. J’aime la puissance vocale mais j’aime aussi que l’on puisse entendre toutes les fragilités et toutes les failles dans une voix car c’est beaucoup plus sensible et émouvant. Pour ma part, je suis beaucoup plus touchée par des voix faillibles comme celles de Yael Naïm et de Camille par exemple. Pour ce disque, Alex m’a conseillé de m’inspirer de chanteuses-crooneuses Latines, Italiennes, de Fado dont on sent le vécu, l’expérience, la maturité dans la voix.

Comment vous êtes-vous rencontrés avec Alex Finkin ? Que mettrais-tu en avant chez lui ?

Nous nous sommes rencontrés dans un contexte un peu particulier sur un projet d’art contemporain. J’avais été sollicitée par l’artiste Maxime Rossi pour la création d’une œuvre sonore qui s’inscrivait dans un projet global d’installation de films notamment. Ma mission était de créer une comédie musicale à base d’un livre d’art qui parlait d’une sœur activiste des années 60 aux États-Unis qui s’appelait Sœur Corita Kent et qui était la précurseuse du Pop Art. Sur ce projet, il a fallu déployer des ressources inconnues car je me suis lancée dans l’improvisation totale, dans la performance, j’ai vraiment cassé tous mes codes. Alex est arrivé dans le projet un peu par hasard car un ingé-son n’était pas dispo. Alex qui a notamment dirigé la comédie musicale Hair pendant des années sait absolument tout faire. Nous avons eu un vrai feeling sur ce projet. Alex est un excellent musicien, c’est un vrai gentil, il est extrêmement bienveillant et extrêmement consciencieux. Il a une approche tellement large tout comme sa culture que l’on peut vraiment arriver à donner du sens aux choses. Je ne louerai jamais assez toutes ses qualités et toutes ses compétences !

« Les Jeunes Filles En Fleurs » a-t-il été un premier single évident pour lancer la promotion de « L’Art Des Naufrages » ?

Non, nous nous sommes beaucoup posé de questions car rien n’est évident. C’est arrivé progressivement et « Les Jeunes Filles En Fleurs » a fini par s’imposer comme un premier single. La grille d’accords de cette chanson est la plus simple sur ce disque et je pense qu’elle est assez accessible mélodiquement et musicalement. Par ailleurs, elle traite d’un sujet assez actuel qui est émouvant, touchant, sensible. J’aimais bien cette idée de faire des choses efficaces mais sensibles ; nous ne sommes pas obligés d’être des bourrins pour être efficaces (rires).

(c) Frank Loriou

(c) Frank Loriou

Peux-tu nous parler de sa mise en images ?

Pour ce clip, j’avais en tête le réalisateur Seb Houis qui a une image assez cinématographique, très esthétique, bien léchée mais je voulais arrivée avec une idée à lui proposer. Nous avons fait un brainstorming de fou en studio avec Alex et il m’a demandé qui étaient ces jeunes filles en fleurs, si c’était moi, une petite fille, une adolescente …il m’a demandé de qui je parlais dans cette chanson et en fait, je parle de toutes ces femmes-là. Je parle de la petite fille qui rêve de l’être, de l’adolescente qui l’est et de la femme qui l’a été. A partir de là, il était assez évident qu’il y aurait ces trois personnages à l’image et nous avons construit un scénario autour de cela. J’avais cette idée de trois générations et que deux sœurs incarnent les plus jeunes. Seb a écrit son scénar et nous avons tout produit nous-mêmes. Le clip a été tourné dans ma région dans un lieu sublime à Banon qui se situe à côté de Manosque. Cette maison me parait être un parfait lieu de vacances familiales. Je suis très heureuse de cette belle collaboration et de ce clip. C’est une jolie et douce installation pour cet album.

As-tu commencé l’écriture d’un nouveau roman ?

On ne me pose pas souvent cette question et je t’en remercie ! Pour être honnête, j’ai commencé l’écriture d’un second roman il y a deux ans mais entre temps, j’ai eu tellement d’autres choses à faire ; la boîte, le spectacle, l’album, la préparation du live ; que je n’ai pas eu assez de temps pour le continuer. Ecrire est une vraie discipline et je pense que je ne suis pas dans les bonnes dispositions pour recommencer à écrire mais j’ai mon idée, mon cap, ma trame et j’aimerais que paraisse ce second roman courant 2022…C’est l’un de mes objectifs !

Retrouvailles avec Emma Daumas à l’Idol Hôtel à l’occasion de la sortie de « L’Art Des Naufrages » !
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