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Rencontre avec Irma afin d’en apprendre plus sur son album « The Dawn » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Elliot Aubin

(c) Elliot Aubin

Tout d’abord, peux-tu nous dire pourquoi il y a eu une si longue absence avant la parution de « The Dawn » en février dernier ?

J’avais prévu de sortir cet album très vite mais l’histoire a fait que pas du tout. Même moi, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si long. A vrai dire, j’ai décidé de tout reprendre à zéro et de tout changer. Par ailleurs, j’ai pris la décision de partir en indépendant. En fait, ça a été comme une restructuration de tout et notamment de ma manière de fonctionner car j’ai commencé la musique en label et il a donc fallu que je réécrive tout, que je crée ma propre structure et je me suis retrouvée à écrire des chansons, à les arranger, à les mixer, à les enregistrer, à faire tout et ça prenait du temps mais je me disais que c’était le temps qu’il fallait pour digérer ce qui venait de se passer.

Vois-tu ce troisième album comme une « renaissance » ? Le titre de cet opus symbolise-t-il une nouvelle ère pour toi ?

Oui, exactement. En français, the dawn signifie l’aube et c’est une manière de dire qu’avec cet album mais aussi tout le processus créatif de ce disque, j’ai pu me réconcilier avec moi-même et avec beaucoup de conflits intérieurs que j’avais et avec la société telle qu’elle fonctionne. Je me dis que cet album est une nouvelle naissance pour moi.

« The Dawn » est-il ton disque le plus personnel jusqu’à présent ? Il me semble qu’il a été également totalement auto-produit…

Oui, tout à fait. On a l’impression qu’à chaque fois que l’on fait un album, c’est le plus personnel ; il y a toujours ce discours qui dit que l’album le plus récent est celui qui nous ressemble le plus forcément mais c’est vrai que dans « The Dawn », il y a vraiment 300% de moi. Dans mes précédents, il y avait tout ce que je pensais être moi mais comme je n’avais pas fait cette recherche et ce questionnement que j’ai entrepris en faisant « The Dawn », ce n’était finalement qu’une toute petite partie de moi.

(c) Elliot Aubin

(c) Elliot Aubin

Comment as-tu voulu ce disque d’un point de vue musical ?

Je l’ai voulu à mon image. Cet album est un miroir de moi et de toutes mes influences. Je suis née au Cameroun, j’ai grandi en Afrique de l’Ouest jusqu’à mes 15 ans avant d’arriver à Paris. J’ai donc eu tout un mélange culturel et c’est comme si je faisais une sorte de paix avec toutes ces cultures-là dans « The Dawn ». J’ai voulu que chaque chanson raconte une partie de cette identité-là. Chaque chanson a son histoire, chaque chanson est différente. Plein de gens me disent qu’aucune chanson ne se ressemble mais pourquoi le faudrait-il en fait même si on aime toujours mettre dans des cases. Je ne fais pas que de la Soul ou de la Pop ou de la Funk ou du Blues, je fais tout cela.

Sur quels sujets t’exprimes-tu sur cet album ?

La recherche d’identité, la recherche de soi ; j’avais l’impression de m’être un peu perdue dans le sens où j’avais l’impression d’avoir vécu les choses sans trop me rendre compte de ce que ça me faisait ou m’enlevait, j’ai voulu revenir au centre de moi-même, à ce qui avait fait que j’avais pris une guitare à 12 ans et que j’avais commencé à écrire des chansons. « The Dawn » parle du masque social, de toutes ces couches dont on s’affuble parce que l’on a envie de ressembler à telle personne parce que les journaux nous on dit ça ou que l’on a vu telle chose à la télé…Je « pèle l’oignon » et je regarde ce qu’il reste au centre.

On a l’impression qu’il y a une progression dans ce disque, comme si tu allais de « l’ombre à la lumière », le vois-tu aussi ainsi ?

Merci d’avoir remarqué cela, ça me touche car c’est vrai. Au début, j’ai voulu appeler cet album « From Dusk To Dawn » qui est le titre de l’une des chansons car c’est exactement ça. Dans ce disque, il y a une partie très organique, très acoustique et il y a une autre partie un peu plus sombre et plus électronique. Il y a une progression dans cet album qui correspond au chemin que j’ai fait pour réaliser ce disque.

(c) Elliot Aubin

(c) Elliot Aubin

« The Dawn » étant une œuvre intime, as-tu pensé au français dans le processus de création afin que ton public accède aux messages encore plus directement ?

Oui et d’ailleurs, j’ai d’abord réfléchi la plupart des textes en français. Dans le livret de l’album, j’ai fait une traduction de chaque texte car c’était important pour moi que mon public francophone puisse comprendre ce que je dis dans ces chansons. Souvent en concert, j’explique de quoi de je vais parler pour que le public puisse comprendre les textes.

Peux-tu nous parler de la mise en images des premiers extraits ? Quatre clips sont déjà disponibles, d’autres suivront-ils ?

Mon objectif pour cet album était de tout mettre en images sans que les titres ne soient forcément des singles officiels car j’avais besoin de raconter en images chaque histoire. En ce qui concerne les quatre clips déjà en ligne, « Black Sun » parle du conflit intérieur que l’on peut avoir quand on a tendance à intégrer les limites que l’on nous crée socialement, que l’on devient son propre bourreau et que l’on s’interdit de faire des choses. Dans ce titre, je parle de ce conflit-là pour s’enlever ses propres barrières mentales et c’est pour cela que dans les clips, j’ai pris deux personnes qui luttent contre elles-mêmes. « Venom Of Angels » parle du désir et du plaisir féminin qui est encore trop stigmatisé pour moi. Je pense que quand on n’est pas maître de son corps, on ne peut rien faire. Dans le clip, il y a juste mon corps qui flotte dans une sorte d’étendue rose et cette couleur était pour moi une manière de parler des rôles que l’on se donne dans le genre ; rose pour les filles, bleu pour les garçons. « Shivers » raconte ce moment où j’ai décidé de prendre mon indépendance et de faire les choses et ma musique comme je l’entendais. Pour ce titre, je suis rentrée au Cameroun afin de me renourrir des influences avec lesquelles j’avais grandi et j’ai travaillé avec des musiciens là-bas. C’était important qu’il y ait toutes ces influences-là dans le clip. Il y a une chorégraphie faite par Nadeeya une danseuse Camerounaise justement. Dans le clip de « The Dawn », il y a des images des États-Unis, du Cameroun et de France et pour le coup, cette vidéo montre toutes ces identités qui m’ont construit. Je suis actuellement en train de travailler sur le prochain clip. J’ai déjà tourné des images auparavant pour les chansons qu’il reste mais rien n’est figé. Les clips ne sont pas montés car je me suis laissé le temps de réfléchir et de peut-être changé les choses. J’ai une banque d’images et j’essaie d’avancer en travaillant avec l’inspiration du moment.

Que mettrais-tu en avant dans « The Dawn » ? Serait-ce le message, la sincérité, l’authenticité, ton indépendance ?

Un mélange de tout cela mais à chaque fois que j’ai fait quelque chose, j’aime bien me dire que ça ne me regarde plus même si j’ai mis beaucoup de temps pour arriver à cela car avant j’étais beaucoup dans le contrôle. Avec « The Dawn », j’essaie d’avoir un détachement. En tout cas, dans cet album, j’ai mis mon indépendance, ma réflexion sur ce qui nous est imposé, sur ce qu’on accepte ou pas, mon rapport au monde mais après, je dirais que ça ne m’appartient plus, chacun peut en faire sa propre interprétation. Pour moi, la mélodie et la rythmique parlent autant que les mots voire plus parfois car ça parle à ce que nous avons de plus viscéral, l’intuition. Ce que j’ai mis dans cet album, les gens le recevront comme ils le veulent.

(c) Elliot Aubin

(c) Elliot Aubin

Peux-tu nous dire comment ton troisième album a-t-il été perçu par tes proches et par tes fans ?

On m’a tout le temps dit que c’était une autre personne qui chantait. Quand j’ai fait écouter « The Dawn » pour la première fois, on m’a dit ce n’est pas toi qui chantes mais c’était bien moi après des années de cours de chant (rires). Toutes ces personnes qui m’ont fait des retours avaient l’impression de m’entendre et ça me faisait autant plaisir que le contraire car je me demandais ce qui se passait sur les albums précédents. En fait, ils m’entendaient pareil mais on en revient à cet oignon que l’on pèle, on enlève des couches.

Quels vont être tes prochains rêves artistiques ?

Continuer à faire des albums, à apprendre, à grandir, ne jamais être blasée de ce que je fais et faire des tournées !

Peux-tu nous donner un adjectif, une couleur et un sentiment pour résumer « The Dawn » ?

C’est bien comme question ! Organique, rose et paix.

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